~Les clés de Tadakai ~

Sincèrement, Scarlett espérait que Bakura accepterait ses excuses. C’était de sa faute si l’ambiance était comme elle l’était. Silencieuse et dans le mal aise. Il faudrait qu’elle se rattrape. Un sujet de conversation, un sujet … Elle se creusait la tête pour savoir ce qu’elle pourrait bien faire pour se rattraper. Ce n’était pas souvent qu’elle discutait aussi ouvertement avec quelqu’un hormis avec Gold.

La mage fut surprise de sa réponse. Il ne lui en voulait pas et cela la rassura. Ce qui la surpris le plus, c’était qu’il était intéressé par sa vie et il l’a complimentait. Ce n’était pas souvent qu’on faisait des compliment à Scarlett. Du moins face à face. Et puis il la comprenait. C’était rassurant.

- Désolé si je parais présomptueux en disant ça !

- Oh non non pas du tout. Au contraire vous n’avez pas l’air sûr de vous. Mais merci.

Scarlett avait répondu presque automatiquement. Elle n'avait pas prit le temps de réfléchir, sa réponse avait été soudaine. Elle eut l’impression qu’il était paniqué et gêné ce qui valut un petit rire de la mage. Elle le remerciait pour ses compliments puis elle reprit la marche vers la salle qu’il voulait voir. L’ambiance était redevenue comme avant, voir même mieux qu’avant. Sortant ses clés d’une poche de sa robe, Scarlett prit la parole.

- C’est une salle un peu étrange. Je n’y suis jamais vraiment allé alors je ne pourrais pas vous en faire la description exacte. Mais disons que c’est un endroit où tout est possible.

Scarlett lui fit un petit sourire en coin et ouvrit la porte. A peine avait-elle ouvert qu’on sentait déjà une grande magie à l’intérieur. Elle fit quelques pas et regarda les lieux. Ce n’était décidément pas une salle bien rangé. Des feuilles se trouvaient dans tous les coins, des feutres éparpillés sur le sol. Bref, un lieu désordonné qui rappelait pourquoi Scarlett n’y allait pas souvent.

~Les clés de Tadakai ~

Marchant un peu dans la salle, Scarlett croisa les bras et regarda le professeur qui entrait dans la pièce. Là, pour le coup s’était une très mauvaise guide parce qu’elle ne savait pas vraiment ce qui avait de particulier dans cette salle. Elle s’approcha du mur où se trouvait une feuille blanche vide. Il n’y avait rien dessus. La mage regarda pendant quelque instant le papier blanc. C’était comme si on était poussé à dessiner quelque chose. Surement une feuille magique qui permettait beaucoup de choses.

La tirant de ses pensées Bakura mentionna son enfance quand il dut rentrer à l’université. 14 ans … c’était incroyablement tôt ! Elle connaissait des surdoués qui sautaient des classes, une voir deux, mais autant que lui, c’était une première. Elle prit alors un feutre noir qui se trouvait devant et le fit tourner entre ses doigts.

- J’imagine que ça n’a pas dû être évident. Ca n’a pas été trop dur l’université ? Je veux dire, vous étiez bien plus jeunes que les autres, la cohabitation n’était pas trop dure ? Parce qu’après tout vous n’aviez pas les mêmes centres d’intérêts, ce qui est normal. Les cours vous arriviez ? C’était une université publique ou privée ?

Tout en discutant, elle observa le tableau. C’était comme si tout à coup elle avait envie de dessiner quelque chose sur le papier blanc, si blanc, si neutre. Bakura lui demanda alors s’il y avait des « trucs bizarres ». Elle réfléchit un moment et ouvrit le bouchon du feutre.

- Il y a bien sûr tous les « ragots » tel une école normale … Il y a aussi une légende par rapport à la salle de musique, qu’on n’y entend une mélodie triste la nuit mais que dès qu’on rentre dans la salle il n’y a personne. Après il y a bien sûr des histoires d’horreur sur le cimetière, des noms qu’il ne faut pas prononcer. C’était une école vieille, ce qui signifiait qu’elle a des siècles de secrets. Après des choses bizarres, il y en a surement, plus qu’on ne pense mais, ils n’ont pas été découvert. Après il faut voir si les rumeurs sont vraies ou non.

Elle avait essayé de prendre une voix tel un narrateur qui narrait une histoire d’horreur. Une voix mystérieuse. Peut être que le professeur n’aurait pas le moins du monde peur mais, au moins elle aura essayé. Tout en parlant, Scarlett avait dessiné un rond puis cinq traits. Elle pencha la tête sur le côté. Son niveau de dessin était vraiment médiocre. C’était la seule façon qu’elle savait faire pour dessiner un bonhomme. Se sentant un peu idiote d’avoir dessiné quelque chose de si laid, elle essaya de trouver quelque chose pour effacer.

~Les clés de Tadakai~

Tout en cherchant quelque chose pour effacer cet horrible dessin, Scarlett écouta Bakura. Elle hocha la tête. Elle comprenait la solitude. Elle-même, en étant pourtant dans une école de mage avait été très solitaire. Alors lui ! A l’université si jeune. La psychologue se rappelait de ses études supérieurs, elle avait paru étrange devant tout le monde parce qu’elle refusait tout contact avec qui conque. Mais, elle s’en fichait, parce qu’elle appréciait sa solitude.

- D’accord, je comprends, je suis moi-même très solitaire, même durant mes années ici à Tadakai, je parlais aux autres mais, je ne créais pas vraiment de lien.

Ha trouvé ! Enfin elle avait trouvé quelque chose pour effacer ce dessin. Se retournant vers son dessin et essayant par tous les moyens que personne ne le voient. Elle était dans son intérieur agacée par son familier qui lui rigolait de plus belle en voyant ce bonhomme. « C’était un dessin de primaire ! Non de maternelle » répétait-il en rigolant de plus belle. Il agitait ses ailes comme s’il allait s’envoler mais en même temps, poser sur l’épaule de la mage il se collait à elle. Ce familier n’avait vraiment aucune éducation !

Bakura lui fit un signe d’arrêter. Oh non, il avait son dessin. Devant toutes les personnes possibles et inimaginables, elle avait montré ses « talents » au professeur d’art plastique ! Elle se sentait légèrement rougir. Heureusement que dans la nuit, il ne la verrait pas, du moins elle espérait. Elle plaqua sa main sur son dessin.

- Je vous en prie ne regardais pas ça.

Mais elle enleva rapidement sa main quand elle remarqua que le professeur feutre à la main s’approcha de son dessin. Il lui rajouta une robe et des cheveux ondulés. Scarlett esquissa un petit sourire en le regardant en coin. On aurait dit que le dessin lui ressemblait. Puis il s’attaqua à un deuxième bonhomme. Il fit du même genre que le premier mais, en bien plus gracieux que la psychologue. Cette fois son dessin ressemblait plus à lui. Avec un kimono,  des lunettes et un Yukata. Scarlett reporta son attention sur lui. Il avait l’air soudain pensif. Qu’est-ce qui lui avait donné cet air là ? Elle pencha légèrement la tête.

Mais en quelques instants à peine, il retourna sur son dessin et il y dessina un sourire. Ce fut une étrange sensation. Voir son portait sourire. C’était comme s’il souriait naturellement. Heureux de la vie. Quelque chose que Scarlett n’arriva pas à faire. C’était toujours de petits sourires. Il prit la parole. Scarlett regardant le dessin final haussa un sourcil et le regarda.

- Vous savez je doute qu’un si dessin si enfantin puisse exprimer mes sentiments. Enfin si vous le dites je vous crois. Après tout, c’est vous l’expert mais, en tout cas grâce à vous il est plus joli.

Scarlett trouva cela charmant de dire que dans toutes créations il y avait un peu de soi. Un autre sourire s’étira sur ses lèvres. Elle espérait ne pas avoir vexé le professeur. Sentant que Bakura s’était approchée d’elle, elle eut une envie de reculer. Ils étaient trop proches. Mais cela serait impoli. Il avait l’air si sérieux. Il fut coupé dans sa phrase quand les dessins se mirent à s’animer. Cela valu un haussement de sourcil de la part de la mage.

- C’est vous qui avez fait ça ?

~Les clés de Tadaki ~

Scarlett regarda les dessins se mettre à bouger. C’était différent que l’expérience au lac. Là, ils restaient sur la feuille mais ils étaient animés. C’était comme regarder un court métrage. La mage se tourna un peu vers Bakura, elle se demandait pourquoi son dessin s’effacer. Mais, elle reporta rapidement son attention sur le dessin animé. D’autres choses se dessinèrent au fur et à mesure. Le premier passage fut la petite fille qui ressemblait à Scarlett. Elle lui ressemblait trop, elle éloignait toutes personnes autour d’elle. Comment savait-il tout ça ? Est-ce parce que c’était elle qui avait dessiné ce personnage et qu’elle avait un peu donné de son « âme » ?

Elle était mal à l’aise et ne savait pas trop si elle devait continuer ou bien arrêter de regarder. Mais la petite fille disparue rapidement laissant place à l’autre dessin. C’était Bakura tout crachait. Mais en plus petit. Il n’était pas souriant, les gens passaient autour de lui tel des corps sans âmes… Bizarrement c’est deux premiers acte semblaient tristes. Scarlett risqua un regard vers Bakura pour voir sa réaction face à son portrait.

Mais très vite, elle reporta son attention sur le troisième dessin. Cette fois-ci s’était les deux petits bonhommes vers un lac. Ils avaient l’air content, heureux. Scarlett fit un petit sourire. C’était comme revivre le même moment une deuxième fois mais en étant spectateur. Après les deux premières scènes plutôt tristes, celle-ci était joyeuse et mignonne. Scarlett ne remarqua que une fois que la pluie soit tombée que les deux personnes étaient assez éloignées. Il est vrai que depuis le début, même en parlant ils avaient une certaine distance. Scarlett s’en voulu. C’était un peu à cause d’elle qui avait cette habitude. Pourtant à ce moment-là, ils s’étaient légèrement rapprochés.

Puis vint une autre partie. Une autre scène, où là les deux personnages étaient tristes de se séparer. Allait-elle être triste quand elle quitterait elle-même vraiment Bakura une fois la visite terminer ? Elle baissa un peu les yeux « pourquoi pensait-elle à ça maintenant ? ».

La dernière partie n’était pas claire. Des tâches noires apparaissaient, et puis le dessin de Bakura était à genoux et celui de Scarlett allongée sans expression. Scarlett eut un mouvement de recul quand elle vit la feuille prendre feu. Qu’est-ce que c’était que ça ?

- Meiyo-san c’est vous qui avez fait ça ?

L’ambiance avait une nouvelle fois changé. Elle ne chercha pas à comprendre ce qu'elle avait vu sur le dessin parce qu'elle observait Bakura. Est-ce une larme qui avait coulé de sa joue ? Scarlett se rapprocha. Elle voulu poser sa main sur son bras mais hésita. Elle décida plutôt de se mettre face à lui, assez proche pour capter son regard. Il semblait contrarié et sous le choc de ce qu’il venait de se passer. Y avait-il quelque chose sur le dessin que Scarlett n’avait pas vu que lui avait vu ?

- Hé, ça va aller ? Vous en faites pas ce n’est qu’un dessin et puis ça arrive souvent que les feuilles brûlent ainsi.

Maintenant Scarlett se sentait encore plus mal et plus idiote. Le professeur semblait mal en point et elle ne savait pas quoi dire. Elle se sentait impuissante. Une sensation qu’elle n’avait jamais ressentie auparavant.

- Mais, on peut en parler si vous voulez ? Y a eu quelque chose d’autre avant que la feuille ne disparaisse ? Ou s’était dur de regarder le dessin ?

Scarlett avait légèrement levé ses mains comme si elle allait le toucher pour le « consoler » ou le serrer dans ses bras, mais elle n’osa pas. Ce qu’elle voulait surtout c’est savoir s’il allait bien et comprendre ce qu’il n’allait pas.

~Les clés de Tadaki ~

Scarlett cherchait son regard en vain. Même quand il la regardait il était ailleurs. Elle le perdait. Que c’était-il passé ? Qu’avait-il ? Est-ce à cause d’elle ? Son attitude froide ? Avait-elle loupé quelque chose ? Fait quelque chose de mal ? C’était étrange … Voir Bakura dans cet état rendait malade Scarlett. Elle était inquiète. Qu’avait-il ? Elle ne se préoccupait plus du dessin, plus de la visite, elle avait mal de le voir souffrir.

Il avait murmuré. Elle avait plissé les yeux. Qu’avait-il dit ? C’était grave ? Sur elle ? Ses yeux bleus étaient toujours en train d’essayer de capter son regard mais il sortit de la salle rapidement. A peine avait-il commencé à sortir qu’elle l’avait suivit mais, elle resta près de la porte regardant Bakura. Il était stressé, énervé, anxieux, pour une raison qui échappait à Scarlett et cela elle le ressentait comme si c’était de sa faute.

Il s’excusa. Mais de quoi s’excuser t-il ? Avoir montré une faiblesse ? D’avoir fait sa connaissance ? Ce pouvoir n’était pas la cause de tout ça, c’était peut-être la salle. Qu’importe de toute façon. Scarlett voulu parler mais il enchaîna de suite.

Son cœur avait un bon. Elle avait comprit que Bakura aurait pu être un ami, un bon ami, voir même plus. Elle l’appréciait, voulait plus le connaître, voulait passer du temps avec. Scarlett voulait même que lui l’apprécie, qu’elle lui raconte sa vie. Mais il avait fallu une seule phrase pour rendre compte que Bakura aurait pu être quelqu’un d’important pour la psychologue. Cela faisait mal. Scarlett posa une main sur son cœur et sera le poing. Voulait-il vraiment ça ? Lui qui avait l’air quelques minutes plus tôt intéressé par la jeune femme, agréable, gentil, maladroit. Scarlett avait l’impression de ne plus pouvoir respirer. Et elle prit une voix triste.

- Vous voulez vraiment … ça ?

« On ne peut briser un cœur de pierre ». Le sien était touché. Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps pourtant Scarlett avait pu se confier et écouter différemment que au niveau professionnel. Elle aurait pu avoir un bon contact avec lui. Une petite voix dans sa tête lui chuchotait « mieux vaut être seul … sinon tu ne feras que souffrir ». C’était des sensations nouvelles pour la mage. Elle n’avait jamais ressenti de l’inquiétude pour quelqu’un, jamais ressenti ça. Elle ne pouvait donner un nom à tout ce qui se passait dans sa tête. Mais, il fallait réagir.

- Comme vous voulez, suivez-moi.

Sa voix la trahissait. Elle se tient droite et dépassa Bakura. Aucun regard. Les poings seraient elle gravit les marches des escaliers. Elle était arrivée, elle sentait qu’il était derrière alors elle continua de marcher dans le couloir. Elle était énervée, triste, ses yeux commençaient à être mouillés. Par la colère ou par la triste ? Elle n’aurait su le dire.

- Pour le 3ème étage, il y a donc la salle des 3èmes années, la grande salle, la terrasse et la salle de la peur.

Elle ne faisait plus aucun signe, plus aucun regard. Si elle le voyait elle allait craquer. Scarlett ne se reconnaissait plus, elle n’avait qu’une hâte que la visite se termine mais, d’un autre côté …

~Les clés de Tadakai ~

La visite du troisième était fut rapide. Scarlett avait ralentit pour que le professeur ait le temps d’observer les lieux. Elle ne le regardait pas. Elle ne parlait plus. Les poings toujours serrés elle regardait dans le vide. Gold qui tournait autour d’elle essayait de la calmer. Sans succès. Il observa alors le professeur. Bakura ne faisait plus attention à leur vitesse. L’atmosphère était lourde.

Dans sa tête Scarlett s’énervait. Elle avait laissé quelqu’un franchir ses barrières qui la faisaient paraître si froide et maintenant elle en subissait les conséquences. Pourtant, elle aurait très bien pu dans un future proche avoir une relation amicale avec lui. Peut être il aurait été son confident. La psychologue revoyait tous les scénarios qui auraient pu se produire entre eux. Si seulement elle ne l’avait pas forcé à rentrer dans cette salle … Si seulement ils avaient continué la visite, si seulement elle n’avait pas dessiné. Si elle s’était retenue de faire n’importe quoi sur cette feuille de papier !

Scarlett poussa un grand soupir et passe une main sous ses yeux. Plus elle y pensait, plus elle sentait ses yeux devenir humide. En à peine quelques heures, il avait réussi à franchir une étape que très peu de personnes arrivait à passer chez elle. Décidé à en finir vite elle gravit les marches du 4eme étage. Derrière elle, elle eut la sensation que Bakura accélérait le pas. Il voulait en finir vite lui aussi

- Là, vous trouverez les salles des 4èmes et 5èmes, la salle informatique et le passage. Bien vous connaissez la sortie alors je vais vous laisser.

Elle s’était arrêtée au seuil des escaliers et avait attendu que Bakura soit à sa hauteur. Sans un regard elle se pencha légèrement pour le saluer et descendit deux, trois marches. Scarlett s’arrêta et se retourna vivement vers lui.

- Vous vouliez que notre conversation soit donnant-donnant ? Et bien il y a quelque chose que vous ne savez pas sur moi.

Elle remonta les marches pour se retrouver à sa hauteur. Sans attendre un instant elle lui prit délicatement les mains.

Contact.

Tout en lui donnant de l’énergie, elle sera ses mains et se rapprocha de lui. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été aussi proche de quelqu’un. Leur corps était à la limite de se toucher. Scarlett ne voulait pas paraître grossière face au professeur. Elle le regarda un instant dans les yeux puis les ferma, appuyant son front contre le sien. Elle lui donnait de l’énergie, beaucoup d’énergie. Son but était qu’il soit assez fort pour supporter ce qu’il avait vu, ce qu’il avait ressenti.

~Les clés de Tadakai ~

Gold était derrière elle et il devenait de plus en plus d’une couleur or. Le papillon lui-même avait du mal à rester en plein vol. Scarlett lui donnait trop d’énergie. La mage, elle pour le moment s’en fichait. Bakura lui avait prit les mains. Se n’était plus un contact timide, mais un vrai contact. Elle ouvrit les yeux. Ses yeux bleus mouillés qui allaient en un instant, verser des larmes. Il dit quelques mots. Elle souriait. D’un sourire franc, un vrai sourire, un beau sourire.

Son comportement avait changé envers la mage. Il l’avait tutoyé, appelé Scarlett. Et puis il pleurait. Elle relâcha une des mains de Bakura pour toucher l’une de ses larmes. Scarlett ne le quittait pas des yeux. Jusqu’au moment où il posa sa tête sur son épaule. « Pardonne-moi ». De son bras libre, elle le passa autour de son cou, la rapprochant presque au maximum de lui.

- Tu n’as pas à t’excuser, c’est plutôt moi qui suis désolée pour tout ça …

Elle le tutoyait. Cela faisait extrêmement longtemps à son souvenir, qu’elle n’avait pas tutoyé quelqu’un. Mais maintenant plus rien n’avait d’importance. Si elle le pouvait elle se serrerait encore plus à lui. Mais par crainte d’être trop possessive elle se retenu. Elle était déjà bien assez collée à lui.

Ce contact lui permit de voir ce qu’il avait vu quelques minutes plutôt dans la salle. Son souvenir. Un homme noir, souriant. Cela lui donna un frisson et elle se réfugia encore plus dans le cou de Bakura. Les larmes qu’elle avait tant gardées au fond d’elle se mire à couler. Pas comme un flot de larme, mais une goutte par une goutte.

Gardant sa main dans la sienne, sa tête posé sur son épaule au contact de son cou, son souffle chaud, ses larmes sur son épaule, Scarlett en oubliait presque que petit à petit elle perdait de l’énergie. Elle lui en donnait à chaque geste de plus en plus. Ce n’était pas volontaire, c’était comme ça. L’énergie passait à une vitesse folle.

Gold qui peinait à la voler incitait la mage à prendre de l’énergie à Bakura, même si c’était qu’un peu ! Elle refusa. Quand elle volait l’énergie à quelqu’un s’était une horrible sensation pour la personne. Elle en avait l’habitude mais, elle ne voulait pas faire subir cette expérience à Bakura. Pas maintenant qu’ils étaient si proche.

Scarlett fermant les yeux essaya de se concentrer de donner moins d’énergie. Mais, peu à peu, la jeune femme desserra son emprise de Bakura. Elle qui l’avait si fort jusque là commençait à faiblir. Elle n’était pas endurante, jamais personne ne l’avait tenu aussi longtemps, elle n’était pas habituée.

~Les clés de Tadakai ~

Sombre ? Parlait-il de l’homme qui était apparu sur le tableau ? Un autre frison la parcouru revoyant les souvenirs de Bakura et se sourire vicieux. Elle ne voulait pas y penser, du moins pas maintenant. Pas tous de suite. De toute façon, elle n’aurait pas vraiment pu répondre. Sa concentration se portait sur l’énergie qu’elle lui transmettait mais aussi sur la chaleur que Bakura le procurait. Elle voulait se souvenir encore pour longtemps de cette sensation. De son contact avec lui.

Mais peu à peu, les forces lui manquaient. Elle avait du mal à garder les yeux ouverts. Scarlett se sentait poser lourdement sa tête sur l’épaule de Bakura. Elle avait chaud, froid. Elle se sentait mal. Il lui dit quelque chose. Pour toute réponse elle secoua légèrement la tête. Un « oui » qui voulait dire que ça allait. Un « oui » menteur parce qu’elle commençait à transpirer, à avoir une respiration plus lente et ses yeux avaient du mal à s’ouvrir.

- Hey ... il lui toucha la joue, essuyant ses larmes, maintenant qu'on est arrivé à faire quelque chose de sensé, ça serait bête que tu me lâche maintenant, hein ?

Elle rigola. Un petit rire. Il est vrai que cela aurait été dommage de s’endormir maintenant. Ouvrant doucement les yeux elle sentit sa main sur sa joue. Un geste en plus. Un geste qu’elle appréciait. Elle referma les yeux et se sentie partir en arrière. Elle tombait. La mage se sentit vide pendant quelque instant, arraché au toucher de Bakura mais, en quelques secondes qui lui parurent trop longue elle ressenti son contact. Elle soupira de soulagement. Il ne lavait pas lâcher.

Scarlett rouvrit doucement les yeux. Elle était dans ses bras. Il arrivait à la porter sans trop de mal. Soulagée elle n’était pas trop grosse. Pourquoi pensait-elle maintenant à son poids ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Doucement, elle posa sa tête contre lui. Une main le long de son corps et l’autre sur le torse de Bakura. Gold en avait profité pour se réfugier dans la main de Scarlett. Le papillon était maintenant tout doré.

- J’ai oublié ?

Elle avait murmuré ses mots. Comment avait-elle pu être si étourdie. L’infirmerie ? Pourquoi l’infirmerie ? Elle secoua la tête. Il marchait mais elle ne put dire s’ils étaient encore au quatrième étage ou s’ils étaient passés à un autre. Ouvrant un peu plus les yeux et elle décala sa tête pour le regarder

- Pas besoin d’aller à l’infirmerie, pose-moi dans une salle, n’importe laquelle, j’ai juste besoin de m’asseoir, s’il te plait.

~Les clés de Tadakai ~

Bakura se mit à rire. Cela la fit sourire. Même son rire l’apaisait. Elle aurait pu rester des heures dans ses bras. Malheureusement pour elle son pouvoir ne lui permettait pas ce luxe. Par chance, quand la mage lui dit qu’elle souhaitait aller dans une salle, il accepta et s’arrêta vers une salle. Un simple geste de la tête pour signe qu’elle avait compris.

Il la déposa délicatement. Sa tête s’approcha près de la sienne. Elle se mit à rougir et tourna légèrement la tête. Elle n’avait jamais autant rougit et autant ressenti d’émotion jusqu’à ce jour. Il la tenait pour l’amener jusqu’à un bureau. Son bras sur sa taille lui donnait la sensation d’être protégé, soutenue et que quoi qu’il arrive il ne la lâcherait pas.

Puis Scarlett s’assit sur la chaise. C’était une chaise plutôt confortable. Mais elle n’avait pas la tête à réfléchir si la chaise était bien ou non. « Une princesse ». L’expression fit rire à nouveau Scarlett. Maintenant qu’elle y pensait, elle n’avait surement jamais autant rit, à part quand elle avait trop bu. Encore un peu sonnée, Scarlett le laissa prendre soin d’elle. Elle le regardait. Il avait l’air sérieux dans sa tâche d’éponger son visage. Cela la fit encore plus sourire. Il était rare que quelqu’un prenne autant soin d’elle…

Elle voulut lui rendre son mouchoir mais il fut plus rapide qu’elle. Il prit un verre d’eau et le tendis à Scarlett. D’une de ses mains elle prit délicatement le verre et bu quelques gorgées. De l’eau. Ca faisait du bien. Il s’assit devant elle et se mit à dessiner.

- Merci de m’avoir emmené jusqu’ici et pour le verre. Et désolée encore une fois pour ça …

Scarlett reposa le verre et passa une main sur son front. Elle reprenait un peu d’énergie. Elle n’avait pas besoin de toucher quelqu’un pour en prendre, c’était comme s’il fallait juste quelque temps pour ravoir de l’énergie, une sorte de mécanisme qui lui donnait de l’énergie à chaque instant. Elle remarqua enfin qu’ils étaient dans la salle d’art plastique. Un lieu qu’elle ne fréquentait pas beaucoup mais que maintenant elle allait surement vouloir y aller tout le temps.

- C’est moi que tu compte dessiner ? Je veux dire, je ne crois pas avoir une tête présentable pour être sur un papier.

Elle secoua la tête et reprit un verre d’eau. Puis reposant son verre, elle le fixa.

- Si je suis une princesse, toi qu’est-ce que tu es ?[co

Scarlett se mit à rougir. Elle avait dit tout haut ce qu’elle pensait. Gênée, elle reprit son verre faisant semblant de boire. Pour elle la réponse était simple, elle le voyait comme un prince …

~Les clés de Tadakai ~

Bakura s’excusa une nouvelle fois. A croire qu’ils voulaient tout deux, être coupables de ce qui s’était passé et être rassuré que l’autre ne lui en veuille pas. Un frisson la parcouru à nouveau. Repensez aux souvenirs de Bakura de cet homme, lui donnait une mauvaise impression. Gardant son verre à la main elle murmura un petit « d’un côté vu ce que tu as vu … » mais elle n’osa pas le dire à voix haute. Devait-elle lui dire qu’elle avait vu aussi cet homme qui lui avait fait tant de peine ? La réponse était simple : non. Elle ne voulait pas faire mal à Bakura.

Scarlett sourit. Au moins son pouvoir avait été bénéfique pour lui, même si elle s’était retrouvée dans cet état. S’il fallait le refaire, elle le referait. De toute façon, elle n’aimait utiliser son pouvoir que pour ça, donner de l’énergie. Elle refusait presque catégoriquement à enlever l’énergie de n’importe qui. Elle poussa un petit soupire de soulagement. Il ne la dessinait pas et d’un côté heureusement. Elle lui refit un sourire et reprit une gorgée d’eau.

- Tu me montreras à la fin ?

Au moment où elle avait posé la fameuse question de ce qu’il serait si elle était une princesse, la réponse instantanée fut qu’il sera un prince. Peut être même son prince. Lui se voyait plus comme un chevalier qui était là pour la protéger. C’était mignon mais, d’un autre côté, elle aurait voulu pouvoir elle aussi le protéger et ne pas paraître comme quelqu’un de faible … Un peu déçu elle fit tourner le fond d’eau qui lui restait dans le verre, le regard ailleurs.

- Ce qu'il s'est passé tout a l'heure dans les escaliers ... [Bien 10 longues secondes] ça t'arrives dés que tu touches quelqu'un ? C'est contrôlable ?

Il la sorti de ses pensées. Il était curieux sur ce qui s’était passé. C’était normal après tout. Elle lâcha un soupir et posa le verre. Elle avait reprit des forces. Par ou commencer ? Scarlett mit quelques minutes avant de répondre.

- Oui, à peine un contact et mon pouvoir se déclenche. Au départ, si je n’ai pas de problème, que je suis en bonne santé, pas fatigué, pas dans un état second, je transmets de la « bonne énergie ». Après j’arrive à doser facilement, je peux en donner un peu mais pendant longtemps. Sauf que tout à l’heure, prit un peu de vitesse j’en ai peut-être donné un peu trop d’un coup et pendant longtemps.

Repenser à cette étreinte la fit rougir. Elle aurait voulu boire dans son verre pour cacher un peu sa gêne, et éviter de trop montrer qu’elle avait aimé se contact, mais elle n’avait plus d’eau alors elle ne serait pas crédible. Alors décida alors de continuer sur ce sujet.

- Mais j’ai un pouvoir un double tranchant. Je peux en donnant comme je peux en prendre. Mais je n’aime pas prendre de l’énergie aux personnes je sais que c’est désagréable vu que moi-même je le ressens à chaque fois, seulement avec le temps je m’y suis habituée.

~Les clés de Tadakai~

- Ce n'est pas le genre de choses auxquelles ont devrait être habitué ... ce que tu me dis, c'est que tu ne peux être en contact physique avec personne, sans que ça te vide ou que tu vide quelqu'un de son énergie c'est ça ?

- C’est ça, après ça peut faire un "roulement", je donne et je prends en même temps, à peu près la même dose. Dans la théorie ça ne devrait rien changer pour aucune des deux personnes, mais dans les faits je n’arrive malheureusement pas à donner et prendre pareil. Il y en a toujours un des deux qui reçoit plus ou moins.

Voilà, maintenant il savait tout. Du moins presque tout sur son pouvoir. Et plus elle en parlait plus elle se sentait pathétique et avec une vie qui tournait vers le dramatique. Ayant exposé ainsi les faits, Bakura ne voudrait surement plus le toucher et ça l’attristait. Elle regrettait d’avoir dit autant sur son pouvoir, maintenant le contact allait être difficile pour eux. Scarlett baissa légèrement les yeux sur Gold qui s’était mis sur sa main. Il était revenu à sa couleur normale, le noir et il allait mieux lui aussi.

- C'est un beau pouvoir que tu as, mais aussi un pouvoir très triste ... quelque part il te correspond bien, toujours tout donner aux autres sans penser à toi jusqu’à épuisement ...

Scarlett eut un petit rire triste. Beau pouvoir ? Elle ne l’appellerait pas comme ça. Pouvoir faire sortir des choses de ses dessins ça c’était beau ! Donner de l’énergie ou en prendre était plus une contrainte. Mais Scarlett y voyait beaucoup le côté subjectif. Elle préféra ne pas débattre sur ce sujet de son pouvoir mais, il était simple de comprendre qu’elle le trouvait loin d’être « beau » ou « bien » ou quoi que ce soit d’autre. Il lui tendit alors le dessin. Elle le prit sans le toucher. Elle avait peur qu’il la rejette si elle tentait un autre contact.

- Merci.

La mage fit de grands yeux étonnés par le dessin. C’était un paysage. Une grande plaine verte avec des fleurs, des oiseaux, des nuages, des montagnes. C’était beau. Et il avait fait cela en peu de temps ce qui le rendait encore plus impressionnant.

- Il est vraiment magnifique !

Après l’avoir regardé sous toutes les coutures elle lui tendit le dessin. Les dortoirs. Elle aurait voulu rester plus longtemps avec lui mais, d’un autre côté elle aurait encore envie de le toucher et elle ne supporterait pas le refus. Surtout pas le refus de Bakura. Elle hocha la tête et se leva.

- Oui oui ça va beaucoup mieux, merci. C’est vrai qu’il commence à se faire tard, on devrait rentrer.

Sa voix n’était plus neutre mais triste. Même dans son regard on y sentait de la tristesse. Elle aurait bien voulu paraître insensible au fait de se quitter mais, face à lui elle se sentait complètement impuissante…

~Les clés de Tadakai ~

Scarlett se replongea alors vers le dessin que Bakura venait de lui offrir. Un lança un « merci » sans quitter des yeux le dessin. Il était beau. Même magnifique et il prenait encore plus d’importance vue que c’était Bakura qui lui avait offert. Elle se sentait envahi d’un nouveau sentiment –encore- comme si elle était une petite fille qui venait de recevoir son plus beau et son premier cadeau.

A force de le regarder et d’être en admiration devant ce dessin, elle oubliait presque que Bakura l’observait. D’un sursaut elle regarda alors le professeur. Il avait l’air pensif, ailleurs même s’il la regardait. Scarlett fronça légèrement les sourcils. A quoi pouvait-il bien penser ?

- Nous devrions y aller alors …

Cette phrase resserra le cœur de la psychologue. Elle baissa doucement la tête mais, la releva. Sur le coup, il lui sembla que Bakura avait fait un geste vers elle. Il avait dû se raviser. Surement à cause de son état. Scarlett se releva doucement et laissa le professeur avançait devant elle. Gold voleta devant elle. Avait-il peur maintenant d’elle ? Est-ce qu’il la rejetterait ? Elle divagua un moment dans ses pensées. Que devait-elle faire maintenant ? Continuer une relation sans contact allait être difficile surtout qu’elle voulait plus le toucher.

Scarlett une de ses mains et Gold se posa dans celle-ci. Le familier ne savait pas quoi lui dire. C’était la première fois qu’ils leur arrivaient ça. Et le problème était toujours le même : le pouvoir de Scarlett. Après un soupir, Scarlett se dirigea vers la porte. Bakura était là avec son familier. Elle était triste. Mais il ne fallait pas le montrer ! Surtout pas. Elle ferma la porte et s’avança vers Bakura.

- Merci encore pour le tableau. Il est vraiment magnifique !

« Continuer la conversation, continuer la conversation ! ». Il ne fallait pas gâcher à nouveau ce qu’ils avaient en ce moment. Pourquoi fallait-il toujours parler ? C’était le point faible de Scarlett avoir une discussion « normal » avec une autre personne. Il lui avait fait un dessin, autant parler de ça. Scarlett ouvrit la marche mais resta à côté de lui. Gardant une distance respectable évitant ainsi tout contact.

- Qu’es que tu aimes le plus dessiner ? Les paysages ? Les portraits ? Des choses imaginaires ? Plus dans l’abstrait le moderne ?

Elle le bombardait de question. Il fallait quelle profite un maximum de ce dernier moment avec lui. Quel en apprenne plus sur lui. Et puis même juste pour passer du temps avec lui. L’entendre parler, le regarder, voir ses différentes expressions. Scarlett se sentie un peu gênée d’être aussi curieuse ce qui lui fallut le geste qu’elle passa une main dans ses cheveux pour tenter de dissimuler sa gêne.

~Les clés de Tadakai ~

Gênée d’avoir posé autant de questions d’un coup Scarlett n’osa pas regarder de suite Bakura. Descendre ses escaliers donnait une étrange sensation à la mage. En peu de temps ils allaient arriver au premier, puis le rez-de chaussée, suivit de l’extérieur pour finir les dortoirs. Le lieu où ils devraient se quitter. Ce qui la dérangea le plus, c’est que Bakura avait l’air d’accélérer le pas. Peut être que lui ne ressentait pas la même chose. Mais que ressentait-elle vraiment ?

La voix de Bakura la sortie de ses pensées. Il répondait à ses questions avec passions. Il aimait l’art cela se voyait et cela se sentait. Scarlett le regarda. De son regard bleu marine elle voyait un homme passionné, qui explorait tout. Elle admirait cette partie de lui qui aimait ce qu’il faisait. Mais son regard changeant vite quand elle remarqua qu’ils étaient sortis. Ralentissant la cadence, elle regarda le ciel. Un vent léger fit voler ses cheveux blonds.

Tout en regardant le ciel elle écoutait le professeur. « L’art est partout ». Elle abaissa la tête quand il dit « en toi aussi ». Non pas pour la phrase mais parce qu’elle avait senti qu’il avait fait une pause. Puis d’un geste qui semblait timide à la psychologue il s’approcha. Il souriait. D’un geste délicat il place une mèche rebelle derrière l’oreille de la mage. Sa seule réaction fut de rougir légèrement. Son cœur battait. Sur le coup elle ne sut pas quoi faire. Elle soutenait son regard mais restait immobile. Si elle bougeait elle allait vouloir plus.

Ce fut quand Bakura retira sa main que Scarlett eut le déclic. Elle fit un pas vers lui et voulu l’enlacer mais s’arrêter avant les mains levées prêtent à le toucher.

- Bakura … je … enfin, on … euh … pourrais …

C’était la première fois qu’elle ne trouvait pas ses mots. « Je veux que tu m’enlace ! ». C’était une simple phrase, pourtant Scarlett avait du mal. Elle qui disait toujours des choses réfléchies, posées. Elle n’arrivait pas à poser ses mots. Pour essayer de s’expliquer, Scarlett avait un geste simple de la main pour qu’ils se rapprochent tous les deux. La question était de savoir si Bakura avait comprit et s’il le voulait aussi.