C'était l'heure du combat. Ryusaki avait les larmes aux yeux. Cela faisait au moins la septième, ou même, la huitième brûlure que le jeune garçon se prenait, dans des endroits diverses du corps. Evidemment, cela faisait un mal terrible. Il n'y avait pas une partie de son corps qui n'avait pas actuellement mal. Enfin si, c'était plus ses jambes et ses bras qui prenaient plutôt qu'autre chose. Cependant, heureusement, le fait d'aspirer, de dévorer ces flammes, lui permettait de soigner la nouvelle brûlure qu'il venait de prendre. Ce n'était pas le moment de se plaindre parce que cela faisait mal. Il se plaindrait plus tard, il rouspèterait plus tard, la seule chose qui compte était la sécurité de ses colocataires là tout de suite. Ca va, Anko et Ichi ont pu se frayer un chemin hors de la chambre, et le petit renard semblait pouvoir contrôler ces flammes pour les rassembler, petit bout par petit bout, devant Usa qui aspirait de la même manière que Ryusaki.

"J'vais bien pour l'instant, merci pour ton aide !"

Anko était revenue, équipée d'un extincteur. C'était un extincteur à neige, on dirait. Au moins, maintenant, les flammes ne se propageraient pas à l'extérieur de la chambre. Il fallait juste contenir l'incendie, et tant pis pour les lits et leurs affaires. L'entendant tousser légèrement, le jeune garçon s'arrêta un moment pour s'enquérir de son état de santé, et Anko préféra ressortir de la chambre au moment où Ombrage sortit de la salle de bains. Elle s'était appuyée contre un mur, tout en dirigeant sa main vers les flammes. Et semblait se concentrer. Fort. Très fort. Le jeune garçon continuait son extinction et son cycle de brûlure-guérison pendant ce temps là, cependant, il sentait qu'il y avait quelque chose qui se passait. Les flammes bougeaient différemment. Comme si elles étaient ligotées, mais qu'elles cherchaient à s'échapper.

"Allez Ombrage. Je sais que tu peux le faire. J'ai confiance en toi."

Là, tout de suite, encourager Ombrage était la meilleure chose à faire. Après tout, c'était elle qui avait la situation en main, elle qui avait le meilleur potentiel pour arrêter ces flammes. Bon, continuer à manger les flammes qui semblaient être légèrement immobilisées aussi. Sauf que lesdites flammes se mirent à voler, se concentrant devant Ombrage. Du feu concentré... Le jeune garçon croqua dedans. La sensation de pouvoir, d'énergie qui se répandait, semblait encore meilleure. Ryusaki était entièrement soigné après trois morsures dans la boule de feu. C'était cool. C'était bon. Mais il fallait maintenant s'en débarrasser au plus vite.

Ombrage semblait se diriger vers la fenêtre. Ryusaki courut alors vers celle-ci, avant de l'ouvrir aussi grand que possible pour être sur qu'elle ne soit pas gênée, tout en regardant le lac. Oui, à cette heure, l'envoyer dans le lac au loin était une bonne idée, car l'eau ne s'embraserait pas longtemps et tout serait terminé. Adieu petite boule de feu concentré. Ryusaki soupira.

"Fiou, on a... Ombrage!"

D'un saut, le jeune garçon se replaça derrière Ombrage avant de la prendre dans ses bras afin qu'elle ne tombe pas par terre. Ryusaki avait des réflexes plutôt vifs, ou alors c'était l'adrénaline qui faisait encore son effet. Le jeune garçon voulait être le chevalier idéal, rattrapant la princesse au vol pour qu'elle ne se fasse pas mal. Cependant, le jeune garçon avait encore une fois surestimé sa force, ne parvenant pas à rester debout avec Ombrage sur lui, finissant encore une fois au sol, allongé avec la demoiselle, sauf que cette fois, c'était elle qui était sur lui. Qui demandait si tout allait bien...

"Je... Vais bien, j'ai juste mal partouuuut. Et puis... J'suis coincé."

L'air cependant commençait à devenir plus pur, un petit vent commençait à souffler dans la pièce. Pas de doute, Ichi était aussi revenu, et sa simple présence permettait de dégager toute la fumée de la chambre vers l'extérieur.

Le prof était toujours là et les mages qu'il avait envoyés quérir aussi. Malheureusement pour lui, mes amis semblaient avoir réussi à contenir l'incendie et même à l'éteindre. Je ne savais pas trop comment ils avaient fait mais la fumée s'était dissipée, avec un peu d'aide d'Ichirouta et de son pouvoir. Je m'avançais à sa suite tandis que le prof, blasé, demandait si quelqu'un avait comme pouvoir de remettre la chambre dans son état de 10 minutes avant.

Quand j'entrai, j'aperçus Ryusaki, coincé sous Ombrage qui avait dû s'écrouler de fatigue après un intense effort magique. M'approchant d'eux, j'entrepris de dégager le blondinet et, avec l'aide d'Ichirouta, de transporter notre pyromancienne sur son lit à moitié brûlé.

Je m'empressais ensuite de retourner auprès de Ryusaki et de lui demander si ça allait bien.

- Ça va, Ryu'-kun? Pas de brûlures? Pas blessé?

Il m'avait vraiment beaucoup impressionnée lorsqu'il s'était mis à agir de cette façon calme et réfléchie que je ne lui connaissais pas.
Je me mis à rougir sans trop savoir pourquoi tandis que je l'aidais à se relever.

C'est ce moment là que choisit ce prof que je n'avais jamais vu pour pénétrer dans la chambre avec un élève à l'air moqueur.

-QU'EST-CE QUI S'EST PASSE ICI ?!

Je fermai les yeux très fort et me tus lorsque le personnage se mit à hurler qu'il fallait faire attention avec ses pouvoirs, qu'on était responsables du matos, qu'on aurait pu faire cramer tout le pensionnat.

Cependant, on s'en sorti mieux que je ne l'avais espéré: Juste le règlement intérieur des dortoirs à copier deux fois...
L'élève qui l'accompagnait rétablit notre chambre dans l'état où elle se trouvait avant l'incendie, et finalement nous nous retrouvâmes à nouveau seuls tous les quatre.

Je n'osais pas proférer une seule parole. Je m'allongeai juste sur mon lit, la tête tournée vers la fenêtre.
Le silence se fit toutefois pesant.

-Vous... vous allez bien, Ombrage-chan? Ryu'-kun?

Je repensais encore à la curieuse transformation de Ryu' et, comme en me retournant vers mes camarades, je sentis mon coeur battre plus fort dans ma poitrine en croisant son regard, je me mis à observer un point, au delà du mur.

A ce moment, la seule chose qui occupait vraiment l'esprit du jeune garçon était l'état dans lequel se trouvait la jeune demoiselle tombée sur lui. Ryusaki s'inquiétait pas mal pour Ombrage, qui avait fourni un magnifique effort pour enlever toutes ces flammes. Cela avait du prendre pas mal d'énergie, elle devait donc être dans un plus piteux état que lui. Cependant, les doutes du jeune garçon s'envolèrent tous d'un coup lorsqu'il entendit la respiration calme d'Ombrage. Ca va, il n'y aurait pas de complications, elle était juste à moitié endormie, épuisée par son acte. Ryusaki soupira alors, un sourire aux lèvres. Toutes les tensions, les inquiétudes, et autres sentiments négatifs disparurent pour laisser place à un intense soulagement. La sensation d'un poids sur ses épaules qui semblait s'être envolé... Ah, oui, plus qu'une sensation, puisqu'en fait, Anko et Ichi ont remis Ombrage sur son lit. Et Anko qui aida aussi Ryusaki à se relever.

"Je... Vais bien, juste un peu inquiet pour Ombrage."

Une fois relevé, le jeune garçon tituba légèrement. Il ne tenait plus vraiment debout non plus et peinait légèrement à trouver son équilibre. Cependant, cela n'était qu'un simple détail. S'adossant au mur, le jeune garçon réprima tout de suite un petit cri de douleur avant de se remettre bien droit. Apparemment, il valait mieux éviter tout contact pendant un petit moment. La régénération avait beau avoir été effectuée, ses muscles étaient toujours endoloris et ses nerfs encore hyper sensibles. Un professeur se mit à crier, mais Ryusaki ne l'écoutait pas vraiment. Deux fois le règlement intérieur à copier, ou un truc dans le genre. Bah, pour le moment, ce n'était pas du tout une de ses préoccupations. Il fallait juste attendre que le monsieur s'en aille, laissant un grand silence dans la chambre... Pendant que Ryusaki examinait l'état de son pyjama qui était il y a quelques instants à moitié brûlé, puis réparé avec un peu tout. Jusqu'à ce qu'Anko rombe ce silence pour demander à nouveau s'ils allaient bien.

"Merci de t'inquiéter pour moi, mais tant que toi, tu n'es pas blessée et que tu vas bien, ça ne peut qu'aller bien pour ma part."

Un simple sourire et un regard plein d'assurance lancé vers Anko, afin de la rassurer sur son état qui, même s'il n'était pas parfaitement positif, n'était pas si mal non plus. Ce n'était pas la mort, le jeune garçon avait connu bien pire. Et tout ce qu'il voulait, c'était que les deux demoiselles sourient sans se soucier de son état. Cependant, Ombrage semblait avoir répondu totalement autre chose... Litchi. C'est donc avec un petit rire que le jeune garçon posa sa main sur l'épaule d'Anko. Oui, il valait mieux éviter tout contact, et cela faisait encore un peu mal, mais le jeune garçon tenta autant que possible de ne rien laisser transparaître pour ne pas l'inquiéter.

"Allez, couches-toi à ses côtés, Ombrage a bien mérité un peu de réconfort après l'effort qu'elle vient de faire. Je... Ferai mon possible pour que cela ne se reproduise pas, et je serai toujours là pour vous sauver ou vous protéger si cela arrivait."

Et Ryusaki avait une petite idée sur la question. Certes, il y avait des cours sur la maîtrise de la magie et de leurs pouvoirs, ou des cours de combat magiques, cependant, il fallait plutîot par ses propres moyens réussir à contrôler cet afflux enflammé au plus vite et par eux même au cas où les cours n'abordent pas le sujet de la bonne façon. Il fallait juste de la pratique, et le jeune garçon semblait se rappeler d'un lieu où tout cela était possible, et même prévu pour. Si Ombrage voulait apprendre à maîtriser ses flammes, un autre pyromancien pourrait certainement l'aider, mais tant qu'ils n'avaient pas cela en stock, le jeune garçon se disait qu'il serait la personne la plus adaptée à l'aider dans ce domaine, pouvant avaler les flammes qu'elle produisait sans courir trop de risques. Et c'est avec cette pensée que le jeune garçon retourna dans la salle de bains.

Rouvrant l'eau de la douche, cette fois pour de l'eau froide, le jeune garçon reprit sa seconde douche en moins d'une heure. Cette fois-ci, l'eau était froide, afin de rafraichir tout son corps. Sa peau avait beau avoir été totalement reformée et régénérée, il n'empêchait qu'il était encore très chaud à l'intérieur même si cela ne le blessait plus. Et, étrangement, le jeune garçon était encore totalement en forme. La sensation de douleur disparaissait peu à peu, comme lavée par l'eau, ne laissant juste qu'un étrange sentiment. Celui d'énergie intense, comme s'il venait de se réveiller, se sentant capable de déplacer des montagnes. Peut-être était-ce pour cela que le jeune garçon souriait à l'idée d'aider Ombrage à contrôler ses flammes. Car si accident il y avait encore, il serait là pour les éteindre... Et se régaler en même temps.

Il s'agissait du premier pas dans la quête du goût ultime.

Bon, Ombrage ne semblait pas aller trop mal. Elle s'était juste endormie dès qu'on l'avait posée sur son lit. Toutefois, elle avait répondu "Litchi" lorsque je l'avais interrogée sur son état de santé. J'avais ensuite senti deux mains s'agripper à mon poignet et tirer dessus comme pour essayer de ramener une peluche tombée du lit. J'en étais encore à me demander ce à quoi tout cela pouvait bien correspondre lorsque je sentis un contact sur mon épaule.

-Allez, couches-toi à ses côtés, Ombrage a bien mérité un peu de réconfort après l'effort qu'elle vient de faire. Je... Ferai mon possible pour que cela ne se reproduise pas, et je serai toujours là pour vous sauver ou vous protéger si cela arrivait.

Je ne savais pas trop quoi répondre, mais comme Ombrage enserrait déjà mon bras droit, je me dis qu'après tout c'était vrai. Je fis donc "oui" de la tête à Ryusaki puis m'allongeai à côté d'Ombrage, sur son lit et fermai les yeux.

Une phrase du garçon me revint à l'esprit tandis que j'entendis l'eau à nouveau couler.

-Merci de t'inquiéter pour moi, mais tant que toi, tu n'es pas blessée et que tu vas bien, ça ne peut qu'aller bien pour ma part.

Je... Quelle était cette étrange impression, cette chaleur qui irradiait en moi quand je pensais à lui un peu trop longtemps? Pourquoi est-ce que, tout à coup, j'avais tendance à rougir quand il me disait quelque chose de gentil?

Et voila... J'avais à nouveau rosi. J’enfouis mon visage derrière mes longs cheveux argentés et m'installai confortablement.
Je ne tardai pas à m'endormir moi aussi. Mine de rien, j'étais éreintée.