Tout le monde retourna ainsi dans leur chambre commune. L’étrange quatuor se dirigea chacun vers son lit. Ichirouta, le premier, avait sorti tout un ensemble de flacons différents, dont Ryusaki ne connaissait pas le contenu, cependant, si c’était pour le mettre dans leur salle de bains, c’étaient surement des savons. Ou du miel et des confitures. Bien qu’il était généralement plus propre de se nettoyer avec du savon qu’avec de la confiture. Mais on sait jamais, il y avait tellement de gens bizarres dans cet endroit que plus rien ne le surprendrait. Toutefois, ayant apparemment peu de maîtrise des vents, Ryusaki doutait fortement de la capacité d’Ichi-kun à avoir un autre pouvoir sur de la confiture nettoyante.

Et fiou. On dirait qu’Ombrage commençait à brûler un peu. Oooh. Les flammes allaient assez bien avec ses cheveux. Le petit blondinet se demandait si ces flammes pouvaient changer ou non le goût que cette demoiselle pouvait avoir. Après tout, la viande était généralement meilleure cuite, ou plutôt, plus saine à avaler, ce n’était pas vraiment le même goût entre cru et cuit. Cependant, Ryusaki n’avait jamais pensé à faire griller des cheveux. Généralement, il les mangeait directement, juste pour goûter, savoir au « naturel » ce que leur porteur faisaient d’eux. Oui, Ryusaki regardait Ombrage s’enflammer sans même bouger un sourcil ou s’inquiéter de son état de santé. Ou du moins, il n’avait pas encore pensé à cette éventualité.

Et fiou. On dirait qu’Ichirouta commençait à paniquer un peu. Créant un fort vent à l’intérieur de la chambre. Oooh. Bon, ben, la voilà, sa démonstration. Ce vent assez fort et assez frais était très agréable pour Ryusaki. Le jeune blondinet ouvrit grand la bouche pour sentir sur sa langue le potentiel de ce vent. Et il lui apparut que ce vent était magique. Car ce n’était pas le même air que d’habitude. Ce dernier avait un goût légèrement plus… Energétique. Genre, les boissons sportives qui redonnaient plus d’énergie qu’un soda normal. Bah là c’était un peu pareil, ce n’était pas un vent normal mais un vent sportif. Difficile de décrire cette sensation. En tout cas, le jeune garçon se délectait du vent frais qui s’opposait à la chaleur de sa colocatrice désormais recouverte de vêtements trempés pour l’éteindre. Cela aidait un peu à faire digérer. Au moins, le jeune garçon se disait qu’il pouvait éventuellement absorber l’énergie magique de ce vent en cas d’urgence, s’il avait trop faim, le temps de se déplacer ailleurs pour trouver réellement quelque chose à manger.

Et soudain, un doute prit le jeune garçon. Autant, Ombrage pouvait, devait, être habituée à ses propres flammes, autant, peut-être qu’Anko ne les supporterait pas aussi bien. Après tout, son super pouvoir était de se rendre invisible, et l’invisibilité n’aidait généralement pas avec les flammes. Et vu la proximité des deux demoiselles lorsque l’incident s’était produit, le jeune garçon commença légèrement à s’inquiéter.

“Ca va, vous deux? Rien de grave?”

Puis Ryusaki tourna la tête vers celui qui avait réagi le plus vite. Un grand sourire aux lèvres, le jeune garçon regarda celui qui, héroïquement, avait lancé ses vêtements trempés pour éteindre le début d’incendie, et qui était censé bientôt rejoindre la douche. Et si ses vêtements étaient sur la tête d’Ombrage… Ca voulait dire qu’ils n’étaient plus sur lui.

“Merci pour tes super réflexes, Ichi-kun. T’es tout de même drôlement bien foutu, à moitié nu comme ça. J’crois qu’il y a un club de mannequinat, tu pourrais leur intéresser.”

HRP:

Ça allait être notre  première soirée ensemble! J'avais à la fois un peu d'appréhension parce que je n'avais vraiment pas l'habitude de la vie en groupe et aussi de l'excitation. Ma tristesse et ma timidité s'étaient envolée avec la rencontre de mes amis. Je me jetai sur mon lit avec un soupir de satisfaction tandis qu'Ichi-kun partait en direction de la salle de bain.
Ombrage avait fait la même chose que moi: elle s'était jetée sur son lit. Elle paraissait cependant toujours aussi pétillante de bonne humeur et, tout en s'enflammant, sauta sur mon lit pour me faire part de son idée. J'accueillis celle-ci avec un éclat de rire. On allait drôlemen,t bien s'amuser.

Cependant, je n'avais pas remarqué que cette petite flamme vivante et câline (Ombrage évidemment, pas l'idée, voyons!) menaçait de mettre le feu à mon lit et également me causer des brûlures.
(HRP: désolée si ta flamme d'excitation c'était pas ça, mais il faut que je me conforme aux posts des garçons ^^)

Les réflexes d'Ichi-kun me permirent d'éviter le pire mais je reçus tout de même un T-shirt trempé sur la figure.
En le retirant, je sentis aussi une bouffé d'air frais.

-Par cette chaleur, ça fait du bien!

C'est alors que je m’aperçus, tout comme Ryu-kun qu'il était en sous-vêtements. Ceci plus la réflexion pour le moins curieuse de Ryu-kun me firent intensément rougir, si bien que je ne pus résister et dû me rendre invisible pour masquer mon embarras. A la réflexion, il s'agissait d'un réflexe curieux étant donné qu'il soulignait plutôt qu'il cachait cette gêne.

Et tout se passa très vite. Mais alors, très très vite. Entre le coup de chaud d'Ombrage, les super réflexes d'Ichi, et la soudaine extinction de lumière, Ryusaki s'était retrouvé totalement perdu dans cette chambre. Ah non, ce n'était pas la lumière qui s'était éteinte, mais le jeune garçon qui avait repris la chemise trempée d'Ichi dans la figure. Essayant d'enlever ce vêtement de là, le jeune garçon vit qu'en effet, un vêtement mouillé, c'était plutôt cool quand il y avait un vent frais par là. Et un vent frais, dans une chambre, c'était possible grâce à Ichirouta. Dommage que le vêtement était devenu un peu tiède, voire chaud, mais avec le vent qu'il y avait, il se refroidira très vite.

Apparemment, la réflexion de Ryusaki n'était pas très bien perçue par son colocataire. Une réaction défensive, le beau garçon avait mis son oreiller devant lui, comme pour se cacher derrière, comme s'il cherchait une protection mentale avec ce coussin. Comme si ce que Ryusaki avait dit était très offensant. Et à en juger par le vent dans la salle qui avait doublé d'intensité, il était évident que ces paroles avaient provoqué une émotion vive. D'après ce que Ryusaki avait compris, le mannequinat était vu assez différemment au japon par rapport à la Thailande. Une activité féminine? Le jeune garçon arqua un sourcil avant de se prendre un oreiller dans la face. Ah, ils voulaient jouer à ça. Bon ben, très bien.

"ฉันขอโทษ, voulais pas t'offenser. J'savais pas qu'au Japon, c'était surtout pour les filles."

Et sur ces mots, le jeune garçon prit aussi son oreiller, avant de rendre son coup à son interlocuteur. Sauf qu'il n'avait pas qu'un seul adversaire. Il en voyait deux. Il fallait donc faire attention des deux côtés pour ne pas se faire prendre en traitre, même si les coups de coussin ne faisaient pas mal. Mais ce n'était pas sa capacité à rendre les coussins comestibles qui allaient lui donner un avantage quelconque. Tenter d'esquiver, tenter de taper, avant de se rendre compte d'un détail tout à fait flagrant. Il n'avait pas deux adversaires... Il en avait trois.

"En Thailande, le mannequinat définit des idéaux de beauté. De montrer des gens si beaux qu'ils font baver le genre opposé. Et ce serait dommage de priver les demoiselles de ce plaisir aussi, tu ne crois pas? La preuve... Rien qu'en te regardant..."

Ryusaki prit son coussin, et regarda les plis des lits. Là où il y avait un petit creux, signe que quelque chose d'invisible était appuyé dessus. Un petit sourire en coin, le jeune garçon vit où il devait viser.

"... Anko est devenue tellement rouge qu'on la voit même plus."

Et le petit blondinet lança son oreiller. Il eut le plaisir de voir cet oreiller rebondir sans raison apparente, signe qu'il avait touché la demoiselle aux cheveux d'argent.

-Aïe!
Ce coup, si soudain m'avait prise au dépourvu. Je m'étais prise le coussin en plein sur la tête sans avoir pu parer le coup. Il fallait dire, aussi que la vu d'Ichi en sous-vêtements m'avait troublée. Certes, plus tôt dans l'après-midi, il avait enfilé son uniforme. Cependant, ça avait été très rapide et je n'avais pas regardé. Là, il restait un peu plus longtemps dans cette tenue.

Retrouvant mes esprits, je saisis mon oreiller et exécutais un mouvement circulaire avant de le projeter sur Ombrage-chan puis d'envoyer son T-shirt à Ichi-kun.
Je profitai de la cohue pour quitter le lit, où j'étais trahie par l'enfoncement du matelas.
J'évitai un coup venant de je ne savais où et me plaçai dans un endroi stratégique où je pourrais aisément intercepter un oreiller et m'en servir pour attaquer Ryu-kun alors que je me trouvais vers lui.

Je m'étais bien dit que c'était un peu vicieux de rester invisible pour tabasser ses ennemis mais après réflexion, je me dis que mon pouvoir ne pouvais pas servir qu'à cacher mon embarras et qu'autant m'en servir dans ces conditions. De toute façon, au bout de quelques minutes, je serais obligée de réapparaître, pour recharger mon énergie magique.

Il restait tout de même le risque de recevoir un coussin perdu ou être victime d'une esquive. Enfin, ça risquait d'être marrant.

Je fus tout de même tirée de mes pensée lorsque j'atterris lourdement par terre. Je n'avais absolument rien compris à ce qu'il venait de se passer et la seule chose que je savais c'était que j'avais été bousculée et que maintenant, j'étais redevenue visible.

Un peu sonnée, je me remis péniblement sur mon séant et tentais de saisir un coussin qui traînait par là, avant de me rendre compte que cette chute avait retroussé ma jupe jusqu'au haut de mes cuisses.

Difficile de décrire l'état de la chambre à l'heure actuelle. Les coussins et polochons volaient dans un peu tous les sens, et il était difficile d'esquiver un coussin sans s'en prendre un autre. Mais Ryusaki s'amusait beaucoup, interceptant un coussin au vol pour le renvoyer. A taper sur les gens, aussi bien physiquement que mentalement. Ce n'était pas méchant. Juste taquin et innocent. Et ce que le jeune garçon trouvait drôle, c'est que plus il embêtait ses colocataires, plus un effet indésirable se montrait. Comme une boite à surprise. En l'occurrence, c'était le pauvre Ichirouta qui en faisait les frais. Car plus il se mettait en colère, plus le vent de la chambre s'intensifiait... Et Ryusaki n'avait jamais mangé un air aussi frais, aussi concentré en énergie que celui là. Ce qui était super agréable.

Et c'est là qu'Ichirouta se mit à crier. Le silence dut se faire pendant au moins deux bonnes secondes au moment où Ichirouta s'était arrêté de parler. Oh. Ce qu'il venait de dire était très intéressant. Parce que Ryusaki venait d'apprendre une chose. Les paillettes sont comestibles pour les princesses. Il savait qu'il pouvait tout rendre comestible, mais le jeune garçon n'avait jamais essayé de manger des paillettes. Chose qu'il trouva très intéressante, et la curiosité commençait à le piquer. Et apparemment, Ichi n'avait aucune envie de plaire aux demoiselles. Curieux, cela. Ryusaki lui même aimait bien plaire aux demoiselles, n'était-ce pas la même chose pour tous les autres garçons? Envie de rester seul? Ou bien... Etait-il d'un autre bord? Vu son air soudainement géné et calmé, et le rire qui sonnait assez faux, cela n'avait pas l'air d'être le cas, mais...

"J'ai jamais dit que tu étais une princesse... Mon prince."

Et ce fut sur un gros éclat de rire que Ryusaki se prit un coussin dans la tête, le désorientant un peu, et le faisant tituber légèrement. Sauf que le jeune garçon avait titubé du mauvais côté, trébuchant sur quelque chose au sol... Quelque chose qui se révéla être Ombrage elle même. C'est ainsi que Ryusaki tomba, évitant de peu la tête d'Ombrage, mais en se retrouvant ainsi presque allongé sur elle.

"Ah, désolé, t'ai pas fait mpfffff?!?"

Pas eu le temps de finir sa phrase, le jeune garçon reçut un coussin dans la tête, qui était auparavant destiné à la demoiselle et qui avait simplement rebondi sur son visage. Se tournant et voulant répliquer, un petit détail attira son attention.

"Ooooh, c'est quoi ça, sous le lit?"

Ce qui attirait le regard du jeune garçon n'était pas les livres qui étaient sous le lit de... Euh... Bonne question, le jeune garçon ne savait même plus lequel était son propre lit. Non, ce qui l'intéressait était l'un des familiers qui avait un oreiller sur lui et qui semblait vouloir se cacher sous un lit. Avec deux-trois livres à côté. Et le jeune garçon tendit le bras pour essayer de récupérer ce coussin... Mais de là où il était...

"C'est dommage, Anko, que tu deviennes invisibles. T'as de très jolies jambes, pourtant."

Je ne comprenais absolument plus rien de ce qui se passait. Des oreillers, des coussins et des chemises mouillées volaient à droite et à gauche, tout le monde tombait, se relevait, vociférait. La tête commençait à me tourner tandis que je tentais de m'asseoir pour reprendre mes esprits.

C'est la petite remarque de Ryusaki qui provoqua le déclic qui me rendit mes esprits. Certes, c'était flatteur, mais aussi terriblement gênant. Je ne pouvais plus me rendre invisible, alors je me redressai vivement et rajustai ma jupe comme il se doit, récupérant au passage un oreiller qui traînait dans le coin.
J'en assénait un bon coup à ce petit pervers qui, l'air de rien, n'avait pas l'oeil dans sa poche et devait être bien content d'avoir été installé avec deux filles dans sa chambre.

D'un autre côté, je ne pouvais pas lui en vouloir, avec son air de gamin trop mignon et ses grands yeux... Je ne pus retenir un sourire en lui donnant ce fameux coup. J'avais vaguement entendu la petite dispute en Ryu-kun et Ichi-kun et je ne pus m'empêcher d'ajouter, taquine:

-Tu sais, Ichi-kun, je suis sûre qu'avec ton corps d'athlète et tes magnifiques cheveux bleus, tu deviendrais rapidement le plus populaire des garçons du lycée.

Là-dessus, je lui adressai un clin d'oeil et lui envoyai un sourire éclatant et tentait une magnifique et fulgurante attaque dans sa direction, sautant lestement au dessus d'Ombrage-chan et Ryu-kun, lesquels avaient roulés l'un sur l'autre, déséquilibrés.

Si on devait faire un classement des meilleurs duellistes à ce moment là, on pourrait certainement constater que j'étais celle, de nous quatre, qui s'était pris le moins de coup mais qu'Ichi-kun n'était pas encore tombé.

C'est ce moment que choisi Shanku pour débouler comme une furie par la fenêtre ouverte et piquer droit sur moi, un oreiller miniature entre les pâtes. Avec stupeur, je la vis foncer droit sur le petit renard d'Ombrage qui semblait s'être enfin débarrassé du coussin qui trônait sur sa tête quelques instants auparavant.

S'il fallait aussi compter sur nos familiers, nous allions donc être huit dans la partie. Cela risquait de s'avérer dangereux et , abattant le fameux oreiller que je tenais, sur le bras d'Ichi-kun, j'envisageais une alliance potentielle avec Shanku ou avec Ombrage.

Ce fut finalement cette dernière que je me proposai de choisir en raison du déluge de coup qui me parvint de ma dragonne. Il me semblait qu'elle avait passé un accord avec Ludicra.  

L’ennui quand on était sur quelqu’un en plein milieu d’un champ de bataille, c’était que l’on protégeait cette personne, que l’on le veuille ou non. En effet, Ryusaki semblait se prendre deux fois plus d’oreillers qu’il y a quelques instants. Ceux qui lui étaient destinés, et ceux qui étaient destinés à la demoiselle en dessous de lui. Plus ceux de la demoiselle en dessous, qui était idéalement placée pour lui envoyer des coups sans qu’il ne puisse faire quoi que ce soit contre. Et pouf, un coup d’Anko, et pouf, un coup d’Ombrage, et viouuu, une Anko qui passa au dessus d’eux pour taper sur Ichi. Bon, il fallait qu’il sorte de cette position, cela pouvait être mal interprété. Mais cela lui laissait surtout une énorme faiblesse, qui aurait du être protégée par la convention de Genève tant cette attaque était déloyale.

“Ah ah ah, arrête Ombrage, c’est de la triiiiiiche!”

Le jeune garçon se faisait chatouiller. Il était tout de même assez sensible à ce genre d’attaques, et n’arrivait plus vraiment à avoir une prise ou un équilibre stable. Et ce n’était pas en protestant entre deux éclats de rire qu’elle allait arrêter… Ah, ben, en fait, si. C’était suffisant en tout cas pour déloger Ryusaki et libérer Ombrage de son emprise. Cependant, le jeune garçon fit de grands yeux lorsqu’il vit que les familiers commençaient à se joindre à la bataille… Et qu’ils n’avaient pas une once de loyauté envers leur mage respectif. Elles étaient deux, ils étaient deux, le familier d’Ichi semblait ne pas vouloir participer. Peut-être que le fait que des plumes sortant des oreillers volaient légèrement dérangeait l’oiseau. Et Usa-chan… Euh… Tiens, il était passé où? Et si Ryusaki s’attendait à une attaque en traître de son propre familier, il ne s’attendait pas…

… Au fait qu’Usa-chan devienne lui même un projectile lancé par Anko.

“Usa! La convention du pudding ensanglanté marche aussi pour mes colocataires et leurs familiers!”

Un cri net et étrange, dont la signification n’était perçue que par l’auteur du cri et la cible de ce cri. Car il n’existait qu’un seul témoin de cet accord passé entre Ryusaki et son familier, et ce témoin n’était (fort heureusement) pas dans cette pièce. Mais le message était clair, et Usa avait atterri sur Shanks, le dragon-potame d’Anko, ayant une de ses pattes dans la bouche. Mais sans mordre, sans croquer. Juste en lui immobilisant une patte, tout en ayant le goût de cette patte dans la bouche. Une sucette géante quoi. Et valait mieux ne pas l’enlever de force, plutôt, attendre qu’il lâche de lui même. En attendant, Ryusaki frappait aussi. Jusqu’à ce que tout le monde soit épuisé. Deux familiers, deux demoiselles, un garçon… Tiens? Ichi avait disparu. La porte de la salle de bains était fermée, et on voyait de la lumière qui passait à travers le bas ou le haut de la porte.

“Bouh! Ichi s’est planqué dans la salle de bains pendant qu’on regardait pas!”

Tricheur, tricheur! En même temps, il l’avait dit, il serait le premier à se doucher. Le jeune garçon regarda vers Anko et Ombrage. C’était une trêve, un temps de repos. La porte de la salle de bains semblait fermée à clef. Bah. Le jeune garçon retrouva lequel était son coussin, et retomba mollement sur son lit, tout sourire, et tout épuisé. Il faudra aussi qu’il prenne une douche lorsqu’Ichi aura fini. Cependant, Ryusaki se releva en sursaut lorsqu’un cri de douleur se fit entendre depuis la salle de bains. Qu’est-ce que?

Par réflexe, le jeune garçon fila vers la porte de la salle de bains, sauta en arrière pour prendre appui sur le mur, avant de donner un grand coup de pied dans la porte dans l’espoir de la défoncer afin de voir ce qui s’était passé. Après tout, un incident dans une salle de bains, ça arrivait, genre un sèche cheveux dans l’eau. Cependant, le jeune garçon avait surestimé sa force, et la porte n’avait absolument pas bougé malgré son coup. La seule conséquence était maintenant que le jeune garçon sautillait à cloche-pied en tenant son autre pied endolori.

“Mmmmpff! Il faut aller sauver Ichi, j’ai pas réussi à ouvrir la porte!”

Cependant, les inquiétudes du jeune garçon se dissipèrent lorsque ladite porte s’ouvrit, laissant un Ichirouta sifflotant, en pyjama, tout ce qu’il y avait de plus détendu. L’inquiétude laissa place à un mélange de colère et de soulagement.

“Qu’est ce qui s’est passé? Ca va pas de crier comme ça? J’ai eu peur, t’sais!”

Plus de munitions! Avisant un lapin en peluche qui traînait par là, je m'ensaisit et le projetai tel une grenade sur Ryusaki avant de me rappeler avec un petit cri qu'il ne s'agissait pas d'une vulgaire peluche, mais du familier de ce dernier. Cependant, son esquive involontaire due à ses contorsions pour échapper aux chatouilles d'Ombrage fit atterrir mon projectile sur Shanku.
Un frémissement me parcourut: je savais qu'Usa possédait le même appétit vorace et aveugle que son maître et visiblement elle avait très envie de croquer dans la patte de ma dragonne. Celle-ci commençait d'ailleurs à montrer des signes d'angoisse et à claquer des mâchoires pour tenter d'impressionner son agresseur. Cependant, ce qui la sauva fut cette curieuse évocation d'un traité sur le pudding... Qu'est-ce que c'était que ça?

Sans me poser plus de questions, je m'écroulai à terre après avoir reçu l'ultime coup qui avait sapé mes dernières forces. Je me trouvais donc tout contre Ombrage, essoufflée.

-Pffff! J'suis crevée, moi! Qui c'est qui va à la douche après Ichi-kun?

Shanku paraissait encore plus épuisée. Pour tout dire, elle avait regagné son "nid": un creux aménagé dans le tronc d'un gros arbre qui poussait à deux mètres de la fenêtre.
Je me demandais bien quelle heure il pouvait-être. Moins de 22h00, en tout cas puisque la ronde du couvre feux n'avait pas été faite.

Je fermai les yeux. On était bien, là. J'étais entourée de mes nouveaux amis et on s'amusait bien. Que rêver de mieux? Bien sûr, je trouvai immédiatement la réponse mais la repoussai: je ne voulais pas y penser à nouveau.

Ce fut ce cri effroyable provenant de la salle de bain qui me tira de mes pensées. J'ouvris les yeux au moment où Ryusaki tentait d'enfoncer la porte comme les personnages de films policiers. M'attendant à une action véritablement héroïque, j'explosai littéralement de rire en voyant que la porte n'avait même pas daigné bouger tandis que lui semblait s'être fait très mal. Je m'en voulus tout de suite, bien que c'eut été plus fort que moi, et me précipitai vers lui.

-Ça va, Ryu-kun, rien de cassé?

J'allais également m'informer de l'état d'Ichirouta lorsque celui-ci ouvrit la porte. Il avait l'air d'aller tout à fait bien. Pourquoi avait-il hurlé, alors?

Laissant Ryusaki clopiner jusqu'à son lit, je me saisi de mes affaires.

-Bon, je passe la deuxième!

L'eau était brûlante, ce qui me fit échapper un petit gémissement.Tournant le robinet, je baissai la température pour qu'elle soit fraîche. Je ne me douchais jamais avec une eau vraiment chaude, préférant l'avoir fraîche ou tiède.
Je humais le parfum de mon gel douche: litchi. Merveilleux...
Comme c'était agréable... Finallement, je restai presque un quart d'heure tandis que l'eau ruisselait sur mon corps avant de me souvenir: deux personnes restaient à passer!

Alors vite, je me séchai et enfilai mon pyjama -sans licornes- avant de sortir.
Mince, j'avais omis d'apporter mon sèche-cheveux.

-Désolée d'avoir été si longue! Euh... Quelqu'un aurait un sèche-cheveux à me prêter? J'ai oublié le mien chez moi.

"Ca va... Aller..."

Le jeune garçon sautillait toujours en se tenant le pied. Quelques secondes plus tôt, il aurait bien voulu crier que ce n'était pas drôle. Cependant, il y avait deux fait qu'il fallait qu'il prenne en compte. La première, c'est qu'il n'avait pas vraiment mal. Enfin si, sur le coup, ça faisait évidemment mal, étant donné qu'il ne savait pas donner correctement de coup de pied. Mais heureusement, la force de l'impact était insuffisante pour lui causer des dommages internes ou pour fracturer un os. Il n'avait donc rien, à peine un bleu, et la douleur avait déjà quasiment disparu. La seconde, c'était que celle qui avait éclaté de rire était tout de même venue s'enquérir de son état. Ce qui était tout de même gentil et rassurant, faisant légèrement disparaître la sensation de douleur comme un placebo. Et puis, avec un peu de recul, le jeune garçon se remémora la scène, imaginant ce que cela pouvait donner d'un point de vue extérieur. Et même si l'intention n'était pas la même, le jeune garçon ne put s'empêcher de penser qu'effectivement, l'action avait malgré tout un fort potentiel comique.

"Anko?"

Cependant, à peine le jeune garçon eut-il posé son derrière sur le lit qu'il entendit un gémissement provenant de la salle de bain. Craignant une hydrocution ou un accident, le jeune garçon descendit de son lit et voulut, par réflexe, retenter l'action, à ceci près que deux détails l'empêchèrent de le faire. La première était la raison; Après tout, il venait d'essayer de le faire il n'y a même pas deux minutes, et ce fut un échec critique. Rien ne dit que la seconde fois sera couronnée de succès, vu le résultat de la première. La seconde, c'est que ce calcul prenait en compte le fait que Ryusaki soit à 100% de ses capacités. Or, là, il avait déjà un pied qui lui faisait mal et qu'il valait mieux ne pas retaper dessus. Sinon, le risque de fracture serait réel à ce moment là. Donc tant pis pour l'action, le jeune garçon se contenta de marcher jusqu'à la porte. Où il colla l'oreille, pour savoir s'il entendait quelque chose. Non, plus de gémissements, juste des soupirs de plaisirs.

Le jeune garçon s'assit devant la porte, soufflant légèrement de soulagement. Non, il s'était vraiment inquiété pour la demoiselle. Ce n'était pas par perversité ou par voyeurisme. Puis, de toute façon, il n'y aurait certainement pas eu grand chose à voir. Non pour contester les formes de la demoiselle, mais après tout, d'une, c'était à cela que servait le rideau de douche, et de deux, la jolie demoiselle sous l'eau actuellement pouvait se rendre invisible. Ce qui, tout de suite... fit que Ryusaki frissonna. Parce qu'après tout, fermer la porte de la salle de bains à clef était une chose, mais il fallait en plus s'assurer qu'Anko ne soit pas présente dans ladite salle de bains au moment où il fermerait cette porte à clef. De quoi devenir paranoïaque... Non. Le jeune garçon chassa ses pensées. Pourquoi diable avait-il le coeur qui battait aussi vite à ce moment là?

Probablement la peur de se faire attraper. Surement cela. Après tout, il ne pensait pas à mal, il ne voulait rien faire de mal, la seule chose qu'il voulait était de s'assurer du bien-être de sa colocataire. Autant donc retourner sur son lit, regarder Ombrage coiffer Ichirouta, tandis que lui-même préparait ses affaires afin de prendre sa douche. Sortant de sa valise ses vêtements, le jeune garçon ouvrit son armoire et commença à ranger ses affaires. Un peu en vrac, des habits de toutes les couleurs et de toutes sortes. Le tout tout en chantonnant. Bon, il ne restait plus qu'à choisir son pyjama préféré, celui avec des motifs de lapin dessus, sa petite serviette, sa brosse à dents, son dentifrice et... Tiens? Il n'avait plus de savon? Le petit blondinet chercha dans sa valise, désormais vide. Et puis il se souvint que ledit savon était parfumé à l'huile d'olive avec une pointe de bergamote douce, finement amère. Et qu'il nettoyait désormais son estomac depuis hier soir.

"Euh dites? J'ai... Pu de savon, je peux prendre un des votres?"

Et une fois qu'Anko sortit de la douche, Ryusaki s'en alla prendre la sienne à son tour.

Lorsque j'ouvris la porte de la salle de bain, je me rendis compte que Ryu' attendait de pied ferme devant, tout prêt à prendre son tour.

-Désolée, je voulais pas être si longue. Juste... c'était agréable...

Pourquoi me justifiais-je ? C'était plutôt logique et ça allait de soi. Alors pourquoi ?
Toutefois, ce fut Ryusaki lui-même qui me fournit une excuse pour changer de sujet.

"Euh dites? J'ai... Pu de savon, je peux prendre un des vôtres?"

Lui tendant le mien, celui au litchi, je lui répondis qu'il pouvait me prendre le mien mais qu'il ne devait pas le dévorer parce que j'en aurais certainement à nouveau besoin.

Je m'approchais ensuite d'Ombrage qui s'amusait à coiffer les cheveux d'Ichirouta.

-On s'est bien amusés, riche idée que t'as eu là de faire cette bataille de polochon, Ombrage-chan!

Je me jetais ensuite sur mon lit et tendis la main vers ma table de chevet pour saisir mon livre. Je ne rencontrai cependant que du vide. Il avait dû valser pendant le conflit.
Je me mit donc à sa recherche, retournant tout mon lit, fouillant mon armoire, inspectant le sol... Tiens, qu'était-ce donc? Un manga. Et pas à moi vu le sujet.

-A qui c'est ? demandais-je en agitant le dit manga en l'air tandis que je continuais mes fouilles archéologiques sous le lit.

-Aïe!

En relevant la tête, je m'étais cognée contre le sommier du lit. Levant les yeux vers la fenêtre, je compris que quelque chose clochait. Après un instant de réflexion, je me rendis compte que Shanku était en train de lire mon livre, oui, de LIRE!

Trop choquée pour faire quoique ce soit d'autre, je m'allonge sur mon lit.

Je finis quand-même par demander à mes amis s'ils trouvent ça normal ou bien si Shanku est vraiment spéciale.

La principale différence entre Ichirouta ou Anko et Ryusaki était le soin apporté à la douche. Car si pour eux, la douche était un moment de détente absolue, où l’eau semblait couler pour faire couler aussi tous les soucis et tracas du quotidien, du côté du petit blondinet, c’était juste le strict minimum pour qu’il soit considéré comme propre physiquement. S’étant lavé les cheveux assez récemment, se cantonnant à un rythme d’une fois tous les deux ou trois jours, le jeune garçon ne prit même pas la peine de les mouiller pour ne pas avoir à les sécher ensuite. De plus, comme ce savon là n’était qu’un savon d’emprunt, il avait des scrupules à en prendre un peu trop. Juste de quoi se frotter le visage et le corps vite fait, en rinçant à l’eau tiède. A vrai dire, le jeune garçon ne savait même pas si l’eau était réellement tiède ou froide ou chaude, vu le peu d’importance qu’il prenait pour cela.

Deux minutes étaient suffisantes pour que le jeune garçon sorte déjà de sa douche. Le brossage de dents fut aussi très rapide, mais pas pour la même raison. Les dents de Ryusaki étaient étrangement blanches malgré la quantité de sucreries ingurgitées en une journée, le jeune garçon essayait d’en prendre soin, mais à vrai dire, il n’avait pas grand chose à faire. Du fait de son pouvoir, les bactéries étaient simplement incapables de s’attaquer à ses dents, et de plus, le fait d’utiliser une brosse à dents trop longtemps faisait que beaucoup des poils de la brosse se faisaient couper sur ses dents. Juste de quoi rincer vite fait… Et s’habiller, en pyjama, avec ses petits lapins roses. Le voilà prêt, sorti en un rien de temps. Peut-être était-il sorti trop vite…

Tiens? Malgré ses pensées, le jeune garçon se rendit compte qu’il avait même oublié de fermer la porte à clef, s’étant juste contenté de rabattre la porte. Bah, de toute façon, il était allé vite, et il n’y avait plus qu’Ombrage qui n’avait pas pris sa douche, donc, il avait peu de chance d’être interrompu. Ouvrant donc cette porte sans le déclic du verrou, le jeune garçon… Se rendit compte de son erreur. Car ce qu’il voyait du petit couloir où il sortait était… Une demoiselle en train de se changer. Ombrage semblait faire peu de cas qu’Anko puisse la voir se déshabiller puis se rhabiller… Et encore moins du fait que, fort probablement, Ichi soit là aussi. Peut-être que ce dernier s’était tourné, de là où il était, il ne voyait pas le jeune garçon. Bon. Tout de suite… Demi-tour, retour furtif dans la salle de bains. Pour… Euh… Réarranger correctement les serviettes, éponger un peu le sol avec la serpillère présente… Bref, laisser le temps à Ombrage d’avoir fini de se changer avant de revenir.

Et c’est donc complètement rouge cramoisi que Ryusaki ressortit de la salle de bains. A croire qu’il avait pris une douche plus que brulante, mais non, la température de l’eau n’avait absolument rien à voir avec la couleur de ses joues. Devait-il dire, ou non? Parce que s’il ne disait rien, il se sentirait coupable et s’il disait… Il y avait un risque de provoquer un incendie. Il fallait vraiment qu’Ombrage apprenne à contrôler ses flammes d’abord… Quitte à l’aider pour cela. Cependant, les mots étaient sortis tout seuls.

“Ombrage… Quand tu… Pyjama… Salle de bains… S’il te plait…”

Bon. Cela ne voulait pas dire grand chose, mais le teint rouge de Ryusaki expliquait tout.

Ma tête me faisait mal mais je demeurais tellement stupéfaite que je ne ressentais pas la douleur.
De tout façon, je n'avais rien, je serais juste quitte pour une petite bosse. Je le fis d'ailleurs savoir à Ombrage lorsqu'elle me posa la question. Elle avait l'air très inquiète, ce qui me fit sourire.

- Ca va, tu n'a rien ?? Oui, c'est normal. Mais toi ?? Tu n'as rien à la tête, tu veux des pansements ou autre ....

-Nan, j'ai rien, je t'assure...

Je bâillais avant de m'allonger de nouveau sur mon lit défait. Un mouvement sur le côté attira mon attention. Ombrage se changeait, comme ça, sans se cacher. Rougissant, je fis tomber mes cheveux devant mes yeux, remarquant toutefois que Ryu' venait de passer sa tête par l'embrasure de la porte de la salle de bain... pour la rentrer au plus vite dans l'instant.

C'est alors que j'entendis une demande qui me fit me figer:

- Cela te dirait de dormir avec moi ??

J'étais trop gênée, impossible de résister: je devins invisible.
Je réapparus cependant très vite.

-Si... Si tu veux...

Je ne savais pas vraiment que penser. C'est alors que déboula Ryu', visiblement tout aussi gêné que moi:

“Ombrage… Quand tu… Pyjama… Salle de bains… S’il te plait…”

J'éclatais de rire et roulais sur le côté, ce qui eut pour effet de me faire chuter du lit, et accessoirement de faire cesser mon rire.

Bon. Une chose à la fois. Ce qui ne devait pas être dit a été dit. Il fallait donc relativiser, et comprendre ce qui se passait, ou plutôt, tenter de prévoir les conséquences de ses actes et très très vite, parce que ces conséquences allaient arriver dans moins de cinq secondes, le temps que l'information remonte au cerveau, soit traitée, et qu'une réponse automatique n'enclenche un processus réflexe, qui là, allait probablement poser problème. Le jeune garçon venait d'avouer à Ombrage qu'il l'avait vue à moitié nue. Enfin, à moitié, le petit blondinet écrevisse n'avait pas pris réellement le temps de profiter de ce qu'il avait vu et était retourné par réflexe des la salle de bains à ce moment là. C'était certes un dos très joli, mais tout de même, cela ne laissait absolument pas Ryusaki indifférent. La première des choses à faire était donc de relativiser. Aussi vite que possible. De laisser toute cette gène couler comme l'eau du pommeau de douche laissé volontairement ouvert, en prévision de ce qui allait se passer. Calme et volupté. Détente et sérénité. Inspiration, expiration. Et accessoirement s'écarter du chemin en prévision de ce qui allait arriver.

A ce moment, une Anko légèrement rougissante se mit à éclater de rire. Apparemment, Anko avait bien vu ce qui s'était passé, et semblait s'amuser du fait que le petit blondinet était deux à trois fois plus gêné qu'elle. Peut-être le fait d'avoir déjà vu des demoiselles dans des vestiaires féminins aidait un peu l'autre charmante occupante féminine dans son cas. Après tout, le jeune garçon n'avait pas eu tant de soucis lorsque Ichi s'était lui aussi retrouvé en fort petite tenue il y a quelques instants. Mais n'ayant jamais réellement pu observer de demoiselle se changer, cela faisait tout drôle au jeune garçon. Toujours est-il qu'il vit Anko tomber de son lit. Cependant, il y avait plus d'urgence à côté, ou plutôt, lorsque l'analyse serait terminée, il fallait qu'il se tienne prêt à agir. Après tout, le lit n'était pas bien haut, Anko n'avait donc pas du se faire bien mal, mais ils allaient avoir des problèmes quand...

Ah, ça y est, Ombrage semblait avoir totalement planté, immobile et silencieuse. Ce qui fit sourire le jeune garçon, qui se mit à faire un petit décompte à l'envers dans sa tête. Trois. Deux. Un. Zéro. Et au moment où le jeune garçon pensa au mot zéro, la réaction se fit : Le visage d'Ombrage devint totalement rouge. Et elle commença à provoquer un véritable petit incendie, dont le centre était son ravissant minois. Ce qui envoya plein de braises partout et un petit départ d'incendie un peu partout aussi. Et tandis que la boule de feu vivante se dirigeait vers la salle de bains, et que Ryu' se disait qu'il avait bien fait de laisser la douche couler, le jeune garçon se précipita aussi, avec le petit renard qui commençait apparemment à en avoir l'habitude, sur les petites flammes pour les éteindre. La méthode d'extinction du jeune garçon était simple : poser sa bouche dessus, et aspirer un coup.

Et là, ce fut une véritable révélation. Le jeune garçon pouvait sentir le goût de la flamme : C'était de l'énergie pure et intense, sous forme de chaleur, et mélangée à de la magie émotionnelle. Ce qui avait un goût totalement unique et très épicé, mais délicieux. Une texture vaporeuse, encore plus légère que de la barbe à papa, qui fondait littéralement au contact avec la langue, tout en restant d'une légèreté infinie. Même en avalant, cette sensation semblait parcourir son estomac et se diffuser ensuite dans tout son corps. Une sensation gustative unique, mais malheureusement, qu'il savait qu'il ne pourrait pas partager. Les flammes, par définition, sont mobiles et changeantes. Elles se créent et se recréent. Il fallait un contact permanent ou une consommation immédiate pour que la propriété de comestibilité soit activée. Cependant, peut-être était-ce un grand début vers sa quête du goût ultime. Intérieurement, le jeune garçon était vraiment heureux des tendances pyromanes de sa colocataire.

Mais pas le temps d'apprécier. Il y avait encore plein de petites flammes à manger, plein de petits départs d'incendie à avaler, et il fallait tous les éteindre ou les manger avant qu'un événement imprévu n'arrive. Evènement imprévu qui surgit directement derrière lui, lorsqu'Ichi sembla avoir comprit ce qui s'était passé, et s'était mis à imaginer la scène. Un vent assez fort qui commença à attiser quelques flammes. Et Ryu' avait beau gober ces flammes magiques comme des flans, il n'en restait pas moins qu'il fallait éteindre tout cela, avant que l'intégralité de la chambre ne parte en fumée. Le comportement du garçon changea du tout au tout, passant en quelques secondes de petit enfant qui avait à sa portée d'étranges bonbons à un combattant qui se battait pour sa vie et celle de ses camarades.

"Anko! Ichi! Sortez de la chambre et allez chercher de l'aide!"

Il commençait à y avoir pas mal de fumée, et le jeune garçon semblait commencer à avoir quelques brûlures. Evidemment, cela faisait mal. Mais étrangement, plus il consommait ces flammes, plus Ryusaki semblait être soigné aussi. Comme si son corps annulait les brûlures au fur et à mesure qu'elles apparaissaient. De même, le jeune garçon ne respirant que par la bouche, la fumée ne lui faisait rien non plus, étant consommée au lieu d'être réellement respirée. C'était un fait, Ryusaki pouvait survivre à ces conditions. Cependant, ce ne devait pas être le cas pour ses colocataires.

"Je peux tenir le coup et éventuellement tout éteindre avec l'aide d'Ombrage, mais vous deux, restez pas là pour l'instant!"

Certes, il y avait bien le renard d'Ombrage et Usa-chan qui aidaient aussi de la même manière. A quatre, ils pourront surement faire quelque chose. Mais le temps qu'ils y arrivent...

Emergeant de derrière mon lit aen fronçant les sourcils et en faisant une mine boudeuse, je constatai que qulque chose n'allait pas.
Le temps semblait comme figé, personne ne bougeait et il n'y avait pas le moindre souffle de vent.

Tout à coup, tout se précipita. Ombrage se plongea sous la douche, des bourrasques de vent se déchaînèrent dans la pièce, Ryusaki se mit à avaler des flammes.
Attendez? Avaler des flammes? Mais! Mon Dieu, Ombrage avait foutu le feu sous le coup de l'émotion et Ichirouta, visiblement paniqué et choqué attisait le feu tant qu'il pouvait à cause de son pouvoir non contrôlé.

Si le petit blondinet s'était mis à gober les départs d'incendie, c'était justement pour éviter que la chambre, voire même tout le pensionnat parte en fumée, submergé par des langues de feu.

J'étais moi-même restée tétanisée, incapable de prendre une quelconque décision avant que Ryu', qui semblait avoir les choses bien en main et avait changé du tout au tout de personnalité, passant du petit garçon tapageur à un garçon plus mature et tout-à fait calme.

-Anko! Ichi! Sortez de la chambre et allez chercher de l'aide!

La fumée devenait suffocante et celui-ci ne parvenait plus à contenir les flammes qui se propageaient maintenant un peu partout, sautant même vers mon lit sur lequel je me trouvais.  

-Je peux tenir le coup et éventuellement tout éteindre avec l'aide d'Ombrage, mais vous deux, restez pas là pour l'instant!

Évacuant Ichirouta dans le couloir pour qu'il cesse d'alimenter le feu en oxygène, je me saisis d'un extincteur placé dans un endroi stratégique et retournais dans le brasier pour tenter d'être utile, en recommandant à Shanku et Ichirouta d'aller chercher une autorité compétente comme un prof ou même un préfet.

-Ca va, Ryu'-kun? Je suis venue aider!  *kof kof*

Il commençait vraiment à y avoir beaucoup de fumée mais j'aspergeais la base des flammes avec la neige carbonique de l'engin, comme indiqué dans le mode d'emploi. Car oui, j'avais tout de même pris le temps de le lire.

Je dus finalement ressortir pour reprendre ma respiration et je me rendis compte qu'une foule d'élève regardaient avec frayeur et curiosité l'avancée des opérations.

C'est alors que surgit un prof qui se mit à hurler des consignes à droite et à gauche, comme aller chercher des mages d'eau et de neige pour éteindre tout ça.