Apparemment, ils en avaient fini. C'est que ça creusait l'appétit, de rester sans faire grand chose à discuter de nourriture, de faim et d'autres choses. Du moins pour le jeune garçon. Cet entretien lui aura fait tout de même beaucoup de bien. C'est rare, les instants où le jeune garçon redevenait sérieux et ouvrait son coeur. C'était peut-être à cela, donc, que servaient les psychologues. Autant rester à écouter une personne n'était peut-être pas le job le plus passionnant au monde, autant pour cette personne, se confesser avait quelque chose de libérateur. Beaucoup plus que s'il disait la même chose à un mur. Parce que les murs, ça allait très bien dans une confiture mais pas dans une discussion.

"Euh, merci à vous de... Euh... Pour vos cheveux."

Le jeune garçon tendit une main avec un grand sourire. Il ne savait pas vraiment quelles étaient les formalités pour conclure un rendez-vous, mais une poignée de mains était généralement universel. Enfin, normalement. Théoriquement. C'est vrai que ce geste aurait peut-être pu être déplacé. Généralement, une poignée de mains se faisait entre deux personnes de même rapport, pour signifier que les deux personnes se respectent mutuellement avec le même degré de respect. Mais cela n'était pas le cas entre un élève et une psychologue. Entre un enfant redevable à une école et une employée de cette école. C'est pourquoi il avait un doute sur le geste qu'il venait de faire. Le respect étant une valeur primordiale chez lui, il ne voulait absolument pas paraître impoli.

"Quoi que ce soit... Ca veut dire que je peux venir vous voir si j'ai envie de parler mais que je sais pas à qui le dire?"

Cela sous-entendait beaucoup de choses et de situations dans lequel le jeune garçon s'imaginait. Comme s'il venait de faire une grosse bêtise et qu'il ne savait pas vraiment quoi faire. Ryusaki s'imaginait à ce moment là avoir mangé quelque chose d'important. En général ou pour quelqu'un. Comme par exemple, s'il avait mangé une culotte juste par curiosité et que la personne à qui la culotte appartenait pensait qu'il était un voleur de sous vêtements fétichistes. Alors que ce n'était que pure curiosité. Ou comme beaucoup d'autres situations. Où il faudrait qu'il s'enfuie. Et vite. Et quel meilleur moyen pour s'enfuir qu'un moyen de transport à moteur?

Et ainsi, reprenant son lapin en peluche sur ses épaules, le jeune garçon fila en direction de la porte, agitant ses bras comme un poulet et se prenant pour un avion. C'était beau, l'imagination débordante d'un enfant qui cherchait juste à s'amuser et à goûter plein de choses. Ryusaki disparut ainsi dans les couloirs de l'école, à la recherche de nouvelles choses à manger, et peut-être même à la recherche de cet endroit sacré qu'était le réfectoire.