Depuis quelques temps, des bruits s'élevaient plus souvent que d'habitude dans les couloirs. Je pus remarquer que le mot resortant le plus souvent était « Hanami ». Curieuse, je fis alors une petite recherche sur internet. Après avoir essayé plusieurs orthographes, je finis par tomber sur le bon.
Apparemment, la période d'Hanami était là où les cerisiers fleurissaient. Des fêtes sont organisées durant ces jours. L'école en ferait aussi une ? Une petite visite sur le site de l'école m'apprit que oui. Je comprenais mieux l'agitation.

Je jetai un regard autour de moi. Mes colocataires étaient sorties. Je ne les connaissais toujours pas énormément. À peine leur nom. Après, il y avait Noélie avec qui ont s'est incrustée dans un cours qui n'était pas le notre, le jour de notre arrivée. J'eus un léger sourire à se souvenir. Quoiqu'il en soit, elle était déjà sortie. Le silence planait dans la chambre.
Quelque chose frôla ma joue, me chatouillant. J'eus un mouvement de recul. C'était Kly. Je le saluai d'un sourire. Il n'était pas en train de dormir, tout à l'heure ? Il me dit de vérifier mon écran. Je lus une seconde fois, légèrement perplexe sur son insistance. Puis je compris pourquoi. La fête d'Hanami se déroulait aujourd'hui ! Je me frappai le front.


Je levai mes bras en signe de défense puis me dépêchai d'enfiler mes vêtements. Quelques minutes plus tard, j'étais prête. Je jetai un regard à mon crayon. Non, ça ne sera pas pour aujourd'hui. Déjà que j'ai eu du mal à m'habiller en un peu plus coloré que d'habitude, je ne vais pas tout casser maintenant. Je jetai un regard à la fenêtre. Plusieurs personnes s'éloignaient du dortoir, tenant dans leur bras des couvertures et des boîtes bentô. Leur goûter sûrement.
Je n'avais rien de tout ça. Les couvertures avaient disparu et je n'avais qu'un paquet d'Oreo dans mes tiroirs. Alors je le pris. De toute façon, personne ne fera attention à moi dans la foule. Enfin, je l'espère. Alors que j'allais ouvrir ma porte, je me souvins d'une autre chose. La baguette à chocolat, reçue à Pâques. Le sourire aux lèvres, je m'en allai à la recherche au fin fond de mon armoire. Plusieurs minutes après, je réussis enfin à la trouver. Je la levai au plafond en signe de victoire. Un carré chocolaté me tomba sur la tête. Je pestai avant de la manger.

Maintenant, en direction du parc ! Bah oui, c'est bien là qu'il y a des cerisiers non ? Si les gens n'allaient pas là, j'aurai l'air idiote. Je réfléchis. Prenant mon courage à deux mains, je me décidai d'y aller.
Et comme je suis une grosse flemmarde... J'enfilai mes bottines avant de me mettre face à la fenêtre, fermée au préalable, puis fermai mes yeux. Je me visualisai. Puis le parc. Ah non, je n'y étais encore jamais allée. Bon, bah l'entrée du campus. La porte d'entrée, la rue, la route. Localisation terminée. Je me retrouvai à l'entrée de Tadakai. Je sortis.

Je ne savais pas trop où aller. Jetant des regards à droite et à gauche, je finis par repérer une petite troupe de personnes avec des couvertures dans les bras. Je les suivis discrètement.

Une pétale rosée passa devant mes yeux. Je levai ma tête. On aurait dit de la neige rose. C'était beau. Kly était heureux aussi, voletant partout.
Quelqu'un me bouscula. Je me dépêchai de m'excuser, avant de continuer à avancer comme tout le monde dans l'allée du parc. La foule était dense. La plupart s'installait confortablement sur le gazon. Je comprenais mieux, à présent, l'utilité des couvertures. Malheureusement, je n'en avais pas prises. Je soupirai, puis marchai.

Soudain, je vis une jeune fille, à peine plus âgée que moi, à la chevelure blonde, assise toute seule. Il me semblait qu'elle était aussi de Tadakai, je crois l'avoir déjà aperçue quelques fois dans les couloirs. Attendait-elle quelqu'un ? Après de longues hésitations, je me dirigeai vers elle. Elle semblait plongée dans ses pensées. Je la saluai d'une main, un léger sourire aux lèvres.

Elle me répondit qu'elle était venu avec plein d'ami. Ils allaient sûrement revenir d'un moment à l'autre, c'est pourquoi j'hésitai lorsqu'elle me proposa de m'installer, car elle semblait en plus légèrement paniquée. Finalement, lorsqu'elle me proposa sa boîte remplie de cookies après s'être présentée en tant que Rebekah, je ne pus résister et m'assis sur sa couverture, jambes en tailleur.

Et ? Je devrais aussi dire mon nom de famille ? Ou mon année ? Je ne savais pas. Heureusement, enfin, pour moi, un dindon débarqua, plongeant la tête la première dans les biscuits de la blonde, je retirai ma main de la boîte de justesse. Le cookie qui se trouve dans ma main sera-t-il un survivant ? Et bien non. Car Mlle.Noroi, professeure de magie appliquée, fit une entrée majestueuse digne d'un plongeur professionnel. L'oiseau, après avoir testé le bonheur qu'était d'être une cloche, se retrouva expulsé de notre zone de vision dans un vol plané.

« - Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? Vous avez jamais vu quelqu'un courser une bestiole qui a piqué son goûter ? Pas la peine de me regarder comme ça … Oh tiens, mais tu ne serais pas la petite Rebekah Devilson toi ? Cette mignonne petite bouille … Ouais c'est possible, fis-t-elle avant de diriger son regard vers moi. Et toi … Hmmm … Désolée, mais ta tête ne me reviens pas. Tu n'as pas dû me faire une forte impression dans mon cours. Tu es … ? 
- Shirley Lin, en deuxième année, mademoiselle Noroi.»

J'avais répondu machinalement. À peine avait-je terminé, qu'un son nouveau attira mon attention. Je détournai ma tête dans la direction d'où il provenait. Mon regard se posa sur le sac de la professeure précédemment sauvé du bec du dindon. Deux pattes noires y dépassaient. Un chat ? Un familier ? Kly revint de sa petite ballade tout joyeux et fixait comme moi la tache noire.
Rebekah intervint avec empressement. Serait-ce donc son familier ? Elle proposa des cookies pour se faire pardonner. Alors je sortis à mon tour ce que j'avais en réserve. Mon paquet d'Oreo entre autre.

Je terminai ma tirade avec un sourire. Suite à quoi, je testai le bâton pour la première fois. Je le secouai légèrement, plusieurs carrés tombèrent du la couverture, s'empilant délicatement en une pyramide. J'étais bouche bée. C'était magique !
Envieuse, je refis. Cependant, ma main effectua un geste trop brusque sûrement. Quelques carrées s'envolèrent je ne sais où. Aha, à consommer avec modération donc, au risque de créer des pluies de carrés de chocolat risquant d'être plutôt dangereux. Je souris, gênée.

La blondinette semblait se régaler des biscuits que j'avais apporté. On aurait pu croire qu'elle avait des étoiles dans les yeux, comme si elle découvrait ça pour la première fois. Quand j'avais agité ma baguette, elle était encore plus enthousiaste. Je souris.

« - Mais c'est génial ça!! Tu l'as eue où! Je veux la même!! M'avait-elle demandé.
- Tombola de Pâques, héhé. Mais je crois que ça sera difficile de t'en procurer. Apparemment, c'est rare. » Je lui avais répondu d'une voix enjouée, entraînée dans sa bonne humeur.

Les cris de Mlle.Noroi nous interrompirent. J'observerai discrètement la scène en me retenant de rire. Je détournai mon regard sur le gazon ô combien intéressant. Finalement, les bruits cessèrent. Notre professeure eut un grand sourire sur les lèvres après avoir jeter un regard aux alentours. Je restai passablement perplexe devant ce changement soudain d'attitude. Mon regard s'illumina lorsque je vis ce qu'elle fixait.

Un marchand de glace ! Je pris mes affaires en vitesse, acceptant avec plaisirs l'invitation. Sur le chemin, Rebekah parlait. Elle sortit une longue tirade.

Je souris, m'abstenant de lui faire remarquer sa contradiction. Si elle est venue avec ses amis, pourquoi ne sont-ils pas encore là ? En général, je n'aime pas ce genre de mensonge, mais là, sa panique me faisait sourire. Je retins également qu'elle a vécu en Angleterre.

Mon regard se perdit dans le ciel, se teintant d'un air nostalgique. Kly passa dans mon champ de vision, cependant, au risque de passer au ridicule, je me retins de l'appeler.

Le marchand n'avait pas de sorbet à la coco ou à la mangue à ma grande déception, alors je me contentai d'une boule à la stracciatella et une seconde à la vanille. La blonde semblait hésitante devant la sienne, tandis que moi, j'étais en train d'attaquer goulûment la mienne. La sensation de contacte avec la mousse froide et sucrée, un délice.
Au bout d'un certain moment, l'hybride m'emprunta ma baguette qui dépassait de ma poche. Elle voulait apparemment rajouter du chocolat sur son cornet. Je la regardai faire, l'idée était intéressante, bien que le fait qu'elle n'ait toujours pas avalé une seule bouché de sa glace m'intriguait. Seulement... Elle rata son tir, transformant le cerisier à côté de nous en chocolat. Wow. C'était... Beau. Enfin, si une nuée de dindon n'avait pas été attiré par le végétal à présent parfaitement comestible de la pointe des racines jusqu'aux branches les plus hautes.

C'en état fini. J'éclatai de rire devant la scène ridicule argumenté par ce commentaire si attendrissant. Kly fut attiré par mon chahut. Une petite foule commençait à se former autour de nous, admirant l’œuvre de Rebekah.
Entre deux éclats de rire, je finis par m'atteler à la tâche, téléportant le plus discrètement possible quelques-uns des volatiles à l'écart. Mon familier m'aidait.

J'essayai de retenir mes rires quand la professeur commençait à devenir furibonde. Peut-être ne devrais-je pas rire d'une bêtise comme ça ? Mais lorsque je compris vers quoi était dirigée sa haine, j'abandonnai. De toute façon, je commençai à avoir mal au ventre. J'eus mal au cœur quand même pour ses boules de glaces qui s'étaient retrouvées par terre. Respire, expire, resp-... Mfh-... A-ahahah...

Je respirai calmement, essuyant les larmes qui perlaient sous chacun de mes yeux. J'observai Mlle.Noroi qui était plus que furax. Elle avait un sourire... Flippant. Oui, voilà, flippant. Mais vraiment, quoi. Je fus bloquée à fixer son expression quelques dizaines de secondes. Elle maîtrisait à merveille son pouvoir, en tout cas. D'un côté, j’éprouvais du respect. De l'autre, je me disais que tuer autant d'animaux – Oui, parce que s'ils étaient toujours vivants, chapeau – n'était pas la meilleur des solutions.
Les vendre à la boucherie du coin nous ferait pas mal d'argent, ceci dit. Ok, je me tais.

Finalement, les volatiles ayant tous disparût de l'arbre en chocolat, la professeur avala quelques sachets qui me rendirent curieuse. Enfin, il valait mieux que je ne me mêle pas de ce qui ne me regarde pas. Après quoi, elle partit à nouveau s'acheter un cornet identique à sa première. Je la comprenais. Mais elle me donna envie d'en faire de même. Sauf que ce ne serait pas raisonnable. Je soupirai.
Rebekah ne semblait pas extrêmement intéressée par les glaces. D'ailleurs, elle avait finit par jeter sa première. Pourquoi en avoir acheter, dans ce cas ? Cela m'intriguait. Elle se contenta de ses cookies. Je n'osai pas lui en demander, je me contentai de marcher à leurs côtés.
La blonde finit par briser le silence qui s'était installé entre nous.

Mmm, parce que transformer un arbre en chocolat à la vue de tous, c'est génial ? Bah, c'était marrant, je l'avoue. Autant de dindons en ville, c'était plutôt étrange par contre. Mais je suis d'accord, je me suis amusée. Enfin, j'ai trouvé tout ça amusant... Comment ça, ça revient au même ?

Finis-je par lui répondre. Bien que je n'étais pas sûre qu'elle en attendait une. C'est ainsi que se termina l'après-midi. Les cerisiers étaient magnifiques.
L'année prochaine, il faudra que je note de prendre une couverture. Un kimono aussi, ça serait pas mal. Mais avec mes maigres économies... Puis zut, de toute façon j'oublierai sûrement. Comme toujours, quoi. Je souris discrètement.