L’air embaumait une douce odeur sucrée. Il n’y avait pas meilleur endroit que les jardins de Tadakai pour flâner. Les fleurs tapissaient à chaque saison  l’endroit de couleurs tendres, chaudes ou froides, toujours plus chatoyantes l’été et plus douces glacées l’hiver, dans une harmonie éternellement parfaite. Kumi ne se lassait jamais d’aller lire sous le couvert des arbres quand le temps était au beau fixe. Aujourd’hui, bien que l’hiver fasse sentir sa présence et que les pluies saisonnières d’automne ne manquaient pas, le ciel se parait d’un bleu d’azur sans nuages. Kumi en avait profité pour s’adonner à son passe-temps.  C’était revigorant de bouquiner. Elle en oubliait ses problèmes et ses ennuis de la veille. Kumi aurait rêvé de rencontrer une graine d’écrivain. Elle était sûr que parmi les étudiants de l’académie devait bien se trouver des personnes douées pour l’écriture, cependant elle n’avait jamais cherché à entrer en contact. L’écolière préférait s’adonner à ses devoirs et à sa magie.  Dans un sourire satisfait, elle finit de feuilleter les dernières pages de son roman et le rangea dans son sac. Sa veste d’uniforme, une grosse écharpe et d’épaisses chaussettes en laines avait réussi à la protéger de la température ambiante, mais elle avait des fourmis jusqu’au bout des orteils.  Kumi jeta un coup d’œil à son téléphone, il était 11h. Il lui faudrait bientôt rentrer, car si elle avait l’immense chance d’avoir son Lundi matin de libre, les cours de l’après-midi se prenaient tôt et se finissaient tard.

-Mouki, on rentre ! –appela-t-elle tout en se dégourdissant les jambes.-

Kumi soupira avec violence quand Mouki, comme à son habitude, manqua à l’appel. Elle adorait son familier, mais le chenapan sur deux pattes et à la langue bien pendue ne manquait jamais l’occasion d’aller faire les quatre cent coups ailleurs. Enfin, il était son meilleur ami et quoi que les autres en disent, elle ne se voyait plus vivre sans lui. Elle refit une de ses couettes et s’avança vers le chemin qui menait à la serre. Le goinfre de chat avait dû repartir réclamer quelques pommes ou autres fruits au club de jardinage. Kumi fréquentait souvent ces membres, pour les séances d’Ikebana du club d’art Japonais ou pour se fournir en thé. C’était agréable de collaborer avec eux, la plupart étaient des élèves consciencieux et des amoureux de la nature. A peine avait-elle fait trois pas qu’elle entendit une bagarre éclatée, entre feulement rageur et miaulement coléreux. Décidément en ce moment, il n’en rate pas une ! Mouki pouvait être aussi adorable qu’excité. L’adolescente se demanda, si ce n’était pas un peu sa faute, peut-être l’avait-elle trop délaissé ou manquait-il d’amis. Kumi n’avait jamais compris pourquoi Mouki était si solitaire alors qu’il était la gentillesse incarnée. Ou du moins, c’est ce qu’elle croyait. Elle accéléra le pas, mais arriva trop tard sur les lieux du drame.

-Ça suffit !

Un parterre entier de fleurs avait été ruiné. Le jardinier lança les deux coupables  en l’air et elle rattrapa Mouki au vol entre ses bras. Celui-ci, lui adressa un immense sourire innocent qui ne trompait personne, sauf elle. La jeune fille se mordit les lèvres. Elle s’avança pour proposer son aide, mais fut interrompue par la brusque poussée d’un immense buisson de lilas en parfaite santé. Kumi cala Mouki contre sa poitrine et observa avec un émerveillement certain la plante bourgeonner et s’ouvrir, comme si deux saison venaient de s’écouler en un instant. Les fleurs étaient radieuses, pétillante de vie comme si le soleil d’été était revenu réchauffer leurs pétales de ses rayons bien faisant. Elle aurait presque cru voir les racines s’agitaient sous terre pleine d’une vie nouvelle. Kumi retint une petite pointe d’envie. Les plantes rayonnaient d’une force incroyable, c’était un spectacle magnifique. Ce qu’elle créait grâce à son don, n’avait rien d’aussi délicat que ces douces fleurs fragiles aux tiges déjà emportées par les remous du vent frais.

-C’est incroyable. -lâcha-t-elle d’une voix enfantine avant de s’incliner poliment en direction du grand homme blond.- Je m’appelle Kumi Hayashi, classe 2, troisième année. . Je viens m’excuser pour le comportement déplacé qu’a eu mon familier, si je peux faire quoi que ce soit.

Elle se sentit rougir de honte, car elle n’avait même pas dit bonjour. Les formules de politesse, elle les connaissait pourtant très bien. Kumi était troublée. Elle posa Mouki  à terre et lui fit signe de présenter ses excuses. Le chat magicien bien qu’il ne se considéra en rien obligé de faire quoi que ce soit, présenta son sourire le plus immense et le plus contrit. Dans un mouvement, il retira son chapeau et s’inclina bien bas, les yeux brillants d’une petite lueur malicieuse.

-Je suis désolé. –exprima-t-il du ton sournois qui était le sien.-

Mouki baissa les oreilles sous le souffle froid qui vint heurter son visage. Il ne répondit pas à l’excuse forcée du second familier, qui disparut alors sans une trace entre les mains habituées de son propriétaire.

L’Œil mauvais Mouki se retenait de cracher. Kumi sentit les griffes de son familier perçait dans sa peau et vint lui murmurer à l’oreille d’une voix rassurante de se calmer. Bien que Mouki ai l’habitude d’être détesté des familiers du coin, il ne supportait guère d’entendre sa maîtresse adorée le réprimander, c’est donc d’un bond qu’’’’il se dégagea, vexé, des bras de celle-ci pour s’enfuir à toutes jambes en direction de l’académie.

Elle lui adressa un regard désolé et se promit de lui offrir quelques friandises ce soir, son chat ne la boudait jamais longtemps. Elle le gâtait beaucoup. Alexander s’était présenté de façon poli et cordial. Ce auquel elle répondit d’un signe poli.

-Je suis Kumi Hayashi, en troisième année, classe 2. -claironna-t-elle suivant du regard Alexander qui s’éloignait déjà.

Il s’employait à nouveau à son travail et Kumi admira, une fois de plus, la splendeur de ce pouvoir qui accordait vie et santé aux plantes. C’était à croire que dame Nature l’avait béni des doigts à la naissance, lui confiant une tâche dont elle-même était la seule maîtresse. Kumi s’approcha, émerveillé. Elle en oubliait l’heure et ses cahiers restaient ouverts sur le bureau, dans sa chambre. Dans l’air, le parfum des roses fraîches embaumaient à présent l’air d’un parfum capiteux et princier.

-J‘ai cours dans une heure. -acquiesça-t-elle dans un mouvement d’épaule contrit, elle aurait pu passer l’après-midi ici, sans grandes difficultés.- Mr.Keiling, pourrais-je vous demander ce que vous préférait dans votre métier.

Kumi chercha dans son sac un petit cahier remplis d’esquisse et se mit à dessiner une des longues roses qui penchaient avec application. Elle aimait à se servir des beautés premières de la nature pour créer. Ce soir, elle imaginerait une nouvelle fleur. Elle voulait tentait de créer une plante qui ferait rêver. Cependant quoi qu’elle tente, elle devait toujours se résoudre à approuver la supériorité du monde. Dés fois elle se disait, que s’il y avait un Dieu, celui-ci avait bien fait de la Terre un paradis. Même les hommes dans leurs imperfections étaient parfaits. Dieu aurait nourri le monde de cruauté et de défauts pour que les qualités et la beauté, n’en soient que plus appréciés. C’était peut-être un peu exagéré.

-Je trouve vos plantes, tellement magnifique. Au club d’Ikebana, c’est toujours un ravissement de travailler avec.

Ha les animaux

Le jeune homme blond s'étirait légèrement en regardant l'animal de la jeune fille partir vexé. Il détestait ce genre de familier capricieux, heureusement que son propre familier n'était pas comme sa, cela ferait longtemps qu'il aurai virer son propre familier. Alors qu'il s'occupait de son jardin , il entendit la jeune voix de la fille aux cheveux bouclés s’adresser à lui.

- Je suis Kumi Hayashi, en troisième année, classe 2

Alexander sourit finement. Une seconde année alors. Il y avait vraiment toute sorte de classe qui trainait dans le jardin. Il avait déjà croisé des classes 4 ici. Enfin bref, il continuait de s'occuper de son jardin , sous les yeux étonnés et brillants de la jeune fille derrière lui qui visiblement adorait son travail dans le jardin ,vue la façon dont elle regardait les fleurs qu'il faisait poussé.

- J‘ai cours dans une heure. Mr.Keiling, pourrais-je vous demander ce que vous préférait dans votre métier.

Alexander se redressa alors assez rapidement. Il n'avait pas pour habitude qu'on lui demande de parler de son travail, et cela l'étonna beaucoup, mais en voyant ce qu'elle faisait sur son carnet, il compris rapidement pourquoi elle venait dans le jardin. Il s'étira finement, en caressant du bout du doigt une rose qui se fanait, et à l'aide d'une simple caresse, elle reprit vive couleur grâce à sa magie.

- Dans mon métier ? Et bien .. ce que j'aime c'est l'idée de pouvoir faire vivre la nature. C'est très enrichissant de voir toute ses couleurs se développer dans ce trop plein de verdure. Pouvoir égayer toutes ses fleurs qui pleure par moment, qui penche, c'est tellement triste de les voir mourir de la sorte

Il regardait le croquis de la jeune fille prendre forme. C'était très intéressant la façon dont elle donnait des coups de crayon rapide sur le papier, donnant naissance à une très belle rose.

- Je trouve vos plantes, tellement magnifique. Au club d’Ikebana, c’est toujours un ravissement de travailler avec.

Il sourit finement, en allumant une cigarette et s'éloignant un peu pour s'assoir sur un banc. Cela lui fit tout de même plaisir de savoir que des gens prenaient du temps à regarder son travail

- Ah oui ? dans le club , vraiment ~ Mais, vous en faites partit, je me trompe ? Vue la qualité de votre croquis, vous ne pouvez que faire partit d'un club d'art ~

-Je ne suis pas aussi talentueuse que ça ! -ria Kumi sous le compliment.-

En vérité, parfois elle aurait préféré être entrée dans un club d’art pour perfectionner son sens de l’esthétisme ou de sport pour améliorer ses capacités physiques, or elle venait d’une famille très traditionaliste qui lui avait maintenu une éducation rigoureuse en dépit de son enfance francophone. Kumi n’avait jamais mis les pieds au Japon avant Tadakai, mais son père c’était chargé de lui faire faire des cours privés autant sur l’histoire du pays que sur la bienséance et sa grand-mère s’était chargé de lui enseigner les bases des pratiques inhérentes à la culture, comme l’art de l’arrangement floral ou du thé. Elle finit son dessin d’un trait et vint rejoindre Alexander sur le banc.

Kumi n’osa pas s’asseoir trop prés. Elle profita de la légère distance instauré et l’examina du coin de l’œil. Les hommes à Tadakai était plutôt beaux. Mr. Keiling, ne faisait pas exception à la règle. Elle admira les longs cils de celui-ci que faisait briller d’un éclat doux le soleil au dessus d’eux tout en découpant sur les joues pales du jardinier des ombres que dessinaient le passage des rayons à travers les feuilles d‘arbres. L’académicienne rougit un peu et détourna le visage, gêné d’avoir ainsi fixé l’éphèbe blond. Elle avait toujours cette réaction enfantine à l’égard des hommes qui étaient de les observer dans le moindre du détail, de la pointe de la tête jusqu’à la coupe du menton et des épaules droites au bas des pieds. Kumi n’était jamais complètement à l’aise face à quelqu’un du sexe opposé, il y avait toujours ce mur qu’elle créait inconsciemment, comme persuadé qu’elle ne pourrait jamais comprendre la mentalité d’un individu de sexe masculin.

La magicienne hésita à démarrer la conversation une nouvelle fois, ouvrit la bouche, puis se tût. Elle avait envie de remercier Alexander pour son compliment, toutefois plutôt que de procéder verbalement elle se décida à être plus originale. Une expression de profonde concentration se peint sur ses traits, les lèvres légèrement pincées. Quand on crée, ce qui compte le plus c’est le sentiment qu’on veut donner et offrir. Kumi songea à toutes les fleurs et au jardin de Mr-Keiling. Elle voulait que ressorte d’entre sa magie et de ses doigts, un objet si délicat que les pétales de roses qui se flétrissaient et se ravivait sous les doigts experts du jardiner. A la lumière de sa pensée, une rose commença à se matérialiser dans l’air, sa tige et son cœur rouge et en verre reflétant la lueur chaude de l’astre solaire dans un éclat divin. Les pétales étaient ciselées dans une harmonie certaine, mais glacée. Kumi s’empara de sa création avec un soupçon amer. Elle avait beau y avoir mis beaucoup d’énergie, elle ne trouvait nullement cela à la hauteur de la magnificence du jardin dans lequel elle siégeait. C’est donc avec une moue un peu contrite qu’elle tendit la rose à Alexander.

-Tenez, Mr Keiling, je voulais l’offrir en remerciement pour votre compliment et votre talent.

La fragilité, quelle beauté

- Je ne suis pas aussi talentueuse que ça !

Le blond posé sur le banc regardait du coin de l’œil la jeune fille assise à ses cotés, cependant avec une légère distance qu'elle avait volontairement décidée d'installer entre eux. Peut-être la jeune personne n'était tout simplement pas à l'aise en présence du jardinier au joli minois. Car malgré qu'il regardait devant lui en allumant une nouvelle cigarette, il remarquait bien que la jeune fille le dévisageait. Il était cependant vrai que les formes du blond était parfaitement défini, très beau à regarder. Il tournait alors sa tête vers la jeune fille en question.

- Pas si talentueuse ? J'ai a vrai dire rarement vue des jeunes gens dessiner aussi bien en quelques coups de crayon vous savez ~

Dit il toujours en complimentant la jeune fille présente à ses cotés. Il aimait bien la compagnie de cette jeune personne, toujours visiblement à la recherche de la beauté. Il s'étirait en continuant de fumer sa petite cigarette qui se consumait peu à peu, alors qu'il essuyait par la suite ses mains pleines de terre sur son pantalon fait exprès pour cela. Il était sale de la tête au pied, mais c'est ce qui arrivait, même quand on manipulait la magie terrestre. Soudain, il regardait la jeune fille, qui concentrée, matérialisa devant eux un objet, entièrement constitué de verre. Le blond avait les yeux bien ouvert, tout à fait fasciné par cette magie. La rose prenait forme dans la glace, qui laissait passer les fins rayons du soleil de cette fin de matinée.

- Tenez, Mr Keiling, je voulais l’offrir en remerciement pour votre compliment et votre talent.

Alexander reçu entre ses mains la rose en verre confectionnée par les pensée de la jeune personne. Il glissait ses doigts sali par la terre sur les pétales soigneusement dessiner. Il en frémit presque à cette rose qui jamais ne se flétrirait. C'est alors qu'il tournait son regard envoutant vers la jeune personne qui avait déjà les joues rosie par la gêne. Alexander se rapprocha alors volontairement de la jeune personne, prenant une petite mèche de sa chevelure entre deux doigts, et déposa un fin baiser sur la mèche, se redressant ensuite en la fixant droit dans les yeux.

- Merci à vous, pour votre talent, et votre présence ici, rare sont les personnes qui prennent la peine d'observer un minimum mon travail ~

Il glissa soigneusement la fragile petite fleurs en verre dans la poche de sa veste, ne voulant à tout pris, pas la casser, étant une des plus belles choses qu'on ne lui est jamais faite. ayant un peu chaud maintenant, il remontait ses manches. Son tatouage <666> fut ainsi dévoilé aux yeux de la jeune fille, choses à laquelle il n'avait pas penser d’abord, avant de légèrement rabaisser sa manche sur le tatouage, en espérant qu'elle ne l'ai pas vue, sans doute trop gênée par le petit baiser qu'il avait déposé sur les cheveux de la jeune personne.

Kumi n’eut pas le temps de se demander si son cadeau avait plu que Mr.Keiling déposait déjà un baiser doux sur une de ses boucles de cheveux, acte attentionné qui la fit rougir plus que de raison. Bien que chez elle, en France, chacun la traitait avec déférence, elle n’était au yeux de tous qu’une enfant. Elle n’avait pas d’amis, n’avait jamais eu de petit-amis. Sa richesse avait tendance à éloigner les gens et à attirer les rapaces de la pire espèce. Ainsi, c’était la première fois qu’un homme lui accordait un geste d’une telle maturité, tout en délicatesse.

Et, pour l’adolescente ingénue aussi éloignées que furent les lèvres d’Alexander de sa peau, elle put jurer sentir celles-ci brûler, embrasant son corps d’un agréable frisson. Elle ne quitta pas la bouche pale des yeux durant plusieurs minutes encore. C’était presque comme si il avait directement mordu dans la chair  tendre de ses lèvres roses, quand il n’en était en réalité absolument rien. La jeune magicienne tenta de chasser la gêne qui immobilisait son corps. Elle savait qu’il n’y avait pas le moindre sous-entendu dans ce qui venait de lui être offert.  Mais le cœur battant quand même à tout rompre, elle n’entendit par l’horloge de l‘académie annonçait de son tintement strident la fin de la pause du midi.

- Merci à vous, pour votre talent, et votre présence ici, rare sont les personnes qui prennent la peine d'observer un minimum mon travail ~

-Non, je..-elle se tût, intimidée.-

Kumi suivit le jardinier du regard. Son bras musclé attira ses yeux comme une abeille séduite par l‘appel du miel. Le tatouage qui en ornait la peau avait réveillé sa curiosité naturelle. C’était un de ses traits de caractère qui contrastait le plus avec sa discrétion apparente. Si elle possédait une personnalité chaude et joyeuse, elle faisait en sorte de rendre l’image d’une personne calme et sérieuse au quotidien. Pourquoi des six ? La signification du nombre lui échappait. Elle doutait que Mr.Keiling soit le genre d’homme à se tatouer sans un but quelconque. Elle ne le connaissait pas, mais il s’adonnait à son travail avec tellement d’ardeur qu’il lui paraissait peu concevable que le grand blond ne se soit tatouer au hasard pour le simple geste !  A moins, qu’il n’ai fait une erreur de jeunesse….

Une légère bise se mit à souffler faisant bruisser les feuilles des arbres. Kumi se leva souple et vint désigner le triple six de l’index dans un effleurement à peine appuyé, aussi léger que le frôlement du vent qui léchait leurs joues.

-Il vous vient d’où ? -osa-t-elle demandée dans un raclement de gorge timide.- Enfin, je m’excuse, c’est indiscret.

Kumi honteuse de l’audace dont elle venait de faire preuve, jeta un œil par-dessus l’épaule du jardinier pour se concentrer sur les murs en pierres de Tadakai. Elle s’y focalisa avec tant d’attention qu’elle sembla en oublier de respirer. Elle espérait ne pas s’être montrée déplacée.

La fragilité, quelle beauté

Alexander souriait déjà. La gêne de la jeune fille, les joues rouges qu'elle prit si soudainement. Il en riait un peu. Elle était mignonne, elle semblait complètement bloquée par la gêne, cependant quelque chose de pensif restait en elle. • A quoi peut-elle bien penser ? • Se demandait le jardinier qui ne lâchait pas son regard charmeur de la jeune adolescente. Il passerait surement pour un pervers si quelqu'un apprenait son geste. Mais la fleurs taillé dans le verre était si belle, si vivante, une fleurs qui ne se flétrit jamais est tellement merveilleux, surtout pour ce jeune homme qui ne vit que par la nature.

« Non, je.. »

La jeune fille fixait son bras. Elle n'arrivait toujours pas à parler, surement à cause de la gêne mais celle ci disparut peu à peu. La fin des cours retentit dans l'enceinte externe du lycée, alors que le jardinier était toujours assis sur le banc en présence de la jeune fille aux cheveux bouclés. Il aimait déjà énormément la compagnie de cette jeune fille. Souriante, timide et un peu curieuse ou admirative, c'était le genre de personne dont la compagnie ne le dérangeait jamais.

Le blond frémit lorsque le vent passait à travers les feuilles des arbres, s'étirant un peu en sentant ensuite les doigts fins et doux de la jeune fille glisser sur le tatouage qu'il avait sur le bras. • Mince ..• pensait-il alors qu'il avait oublier de redescendre sa manche, laissant donc celui ci apparent.

« Il vous vient d’où ? »

Le blond se mordait un peu la lèvre, sentant un petit frisson. Il prit une grande inspiration, et regardait la jeune fille de ses yeux jaunes, gardant son regard dans celui de celle ci.

« Tu le sauras, dans ce cas. Mais sache que si ton regard change, je comprendrais, si tu veux ne plus me revoir je le comprendrais. »

Il reprit une inspiration, regardait son tatouage alors que les images du passé lui venait en tête.

« J'étais tueur en série.. j'ai tué des gens, un nombre incalculable de personnes, elles n'étaient pas toutes innocentes, mais j'étais payé pour les tué, alors je devais exécuter sans discuter. J'observais chaque jours mes victimes, avant de les prendre au dépourvu, et de les tuer de sang froid. Un jour, on m'a arrêté. J'ai été mis en prison, et j'y suis rester un moment. Le numéro tatouer sur mon bras, est le matricule par lequel j'ai été désigné lorsque j'étais en prison. »

Le blond ne lâchait pas son regard de la jeune fille. Il espérait que celle ci l'accepte, et ne cherche pas à ne plus le revoir, cela le blesserait. Il avait changé, il aimait la compagnie, il ne repensait plus au passé. Il voulait commencer une nouvelle vie.

Kumi ne s’était pas attendue à cette réponse. Une sueur froide coula le long de son dos. Les yeux papillonnants, elle se mit à fixer Alexander. Il était rare que quelqu’un vous déclare soudainement avoir été tueur à gage. Elle avait du mal à y croire tout en étant certaine qu’il ne s’agissait pas là d’un mensonge, car il n’avait aucune raison de lui mentir. Elle savait aussi que tout cela devait venir d’un passé lointain qui n’avait plus de raisons d’être remué. Elle ne pensait pas que leur jeune, mais raisonnée directrice aurait engagée un individu dangereux. Ami tenait trop à son école pour se risquer à loger des personnes qui auraient pu en menacer le bon fonctionnement ou les élèves.

De ce point de vue, il paraissait évident à Kumi que l'intègre travailleur ne pouvait être un meurtrier sanguinaire, prêt à lui sauter à la gorge à la moindre occasion. En faite, elle avait même plutôt du mal à imaginer qu’il eut pu se tâcher les mains de sangs, quand c’est avec ses mêmes doigts qu’il faisait naître la vie au sein des jardins. Elle restait troublée. Son estomac gargouilla vide et elle trouva là, une bonne occasion pour se retirer. Elle tenait à réfléchir posément à cette histoire et pourquoi pas se renseigner dans les vieux journaux, pour en apprendre davantage sur le mystérieux Mr.Keiling. Elle aurait tout le temps qu’il lui faut à la bibliothèque ,ce soir. Toutefois, elle ne tenait pas à donner au jardinier, l’impression qu’elle le fuyait quand ce n’était là, nullement son attention.

-Honnêtement, je ne sais pas trop quoi dire. -déclara-t-elle nerveuse.- Ça me perturbe un peu, mais je pense pouvoir dire avec certitude, que vous n’avez plus rien avoir avec tout ça, c’est du passé n’est-ce pas ?

Les mains dans son dos, l‘étudiante réfléchissait à ce qu’elle aurait du faire ou dire. L’heure tournait, il lui fallait aller déjeuner et finir ses derniers devoirs, mais elle sentait qu’il serait mal venu de partir sur des paroles vite lancées et une poignée de mains un peu froide. Aussi, elle s’approcha et comme pour le rassurer sur la sincérité de sa pensée, vint déposer un léger baiser sur la joue pale d’Alexander. C’était un geste un peu osé, cependant elle n’avait pas su trouver acte plus significatif pour lui prouver, en tout bien, tout honneur, qu’elle ne le considérait pas comme une personne à craindre. Les joues roses, Kumi trépigna sur place. Elle espérait que son geste ne serait ni mal-interprété, ni mal pris. Un peu timide, elle fouilla à l’intérieur de sa poche d’uniforme à la recherche d'un joli portable en plastique blanc. C’était le mobile typique des petits étudiants nippons, un objet facile à transporter et qu’on pouvait décorer de strass et autres fantaisies adolescentes.

-Je vais devoir y-aller. Mais, si vous êtes d’accord, on pourrait rester en contact ? Enfin, je suis une élève, mais on pourrait se revoir et parler de notre passion pour les plantes ?

Sur ces mots, elle attendit nerveuse. Elle ne savait pas s’il allait accepter et elle fuyait les yeux dorés comme la peste. Elle se sentait gênée par sa propre audace. Il était rare pour elle de se nouer des rapports avec les autres, alors elle craignait qu’il ne rejette froidement sa proposition. Au fond, elle n’était qu’une enfant de seize ans et lui un adulte mature, qui avait déjà un passé lourd. Il n’y avait aucune raison pour qu’il accède à sa proposition. Peut-être même la trouvait-il hasardeuse et incorrect. Ce n’était pas très poli d’agir ainsi, mais Kumi n’avait, en cet instant, que faire des codes traditionnelles de la société japonaise, elle voulait juste savoir la réponse de Mr.Keiling.

La fragilité, quelle beauté

Alexander avait répondu aussi sincèrement que possible à la jeune fille qui avait eu l’audace de poser cette question sur son passé. Il avait été quelque peu hésitant, mais lui avoua tout de même qu'il avait tué de nombreuses personne, pour de l'argent, ayant été tueur à gage dans son ancienne vie. Mais comme il le pensait, tout cela était du passé, qui n'avait plus rien à voir désormais avec son envie de reprendre une nouvelle vie au sein d'un établissement aussi pur que réel et dans lequel il se sentait déjà bien.

La jeune fille au récit qu'il venait de raconté pâlie un peu. Elle ne devait pas du tout s'attendre à un tel passé, si lourd de conséquence, avec un chiffre maudit tatouer sur l'avant bras. Quel horreur et quel gâchis pour un jeune homme aussi beau et charismatique ! Il détournait un peu son regard. Pour tout dire il s'attendait à ce que la jeune fille parte en courant et qu'elle ne revienne pas, ou du moins pas de si tôt pour lui reparler. Et cela était tout à fait compréhensif.

« Honnêtement, je ne sais pas trop quoi dire. Ça me perturbe un peu, mais je pense pouvoir dire avec certitude, que vous n’avez plus rien avoir avec tout ça, c’est du passé n’est-ce pas ? »

Le blond regardait la jeune fille qui était tout aussi nerveuse que lui. Elle venait pourtant de lui faire un si beau cadeau, il serait franchement dommage qu'elle parte si vite, et qu'elle le laisse seul ici, déjà qu'il n'avait que très peu d'ami dans tout le pensionnat, n'ayant rencontrer que très peu de monde. Il hocha la tête à la jeune fille.

« Oui, tout ceci est du passé, je suis sortit de prison et j'ai commencé dès lors une nouvelle vie qui à prit son véritable départ dans le pensionnat .. »

Il sentit alors les lèvres de la jeune fille se poser contre sa joue légèrement plus blanche que la normale. A force de ne pas bouger il avait relativement froid, il secouait un peu ses mains alors pour se réchauffer légèrement. Il frémit à son baiser alors qu'elle redemandait quelques secondes plus tard.

« Je vais devoir y-aller. Mais, si vous êtes d’accord, on pourrait rester en contact ? Enfin, je suis une élève, mais on pourrait se revoir et parler de notre passion pour les plantes ? »

Le blond regardait la jeune fille qui avait prit son portable entre ses mains pour ensuite se redresser et prendre le visage de la jeune fille entre ses deux mains, la regardant droit dans les yeux en murmurant doucement;

« Oui, je veux bien que l'on se revoient, que l'on parle tout les deux, je ne te force pas à revenir, sache le, si tu ne veux plus me voir je comprendrai. »

Il prit cependant le portable de la jeune fille et rentrait son numéro dedans, alors qu'il lui fit un petit sourire et un clin d'oeil. Il laissait ensuite la fille partir, attendant par la suite que celle ci lui envois un message alors qu'il retournait à son travail, repensant à ces deux heures en présence de la jeune fille.

[ FIN ]