"Shiro, tu ne devrais pas ..."

Le renardeau était dans l'une de ses phases de jeu. Il courait partout pour se défouler un peu. Après tout, il restait un animal, et rester calme et de bon conseil toute la journée n'était pas forcément dans sa nature profonde, c'était un état d'esprit acquis avec les années. Résultat : quand il se lâchait, il se lâchait. Une véritable petite tornade de fourrure blanche était en train de retourner la chambre. Je m'étais d'abord inquiété de la réaction de Tsukasa ... Mais les choses venaient tout juste de changer.

Le renardeau s'était jeté sur le fil d'une lampe de chevet. D'où le début de ma phrase. Hélas, je n'eus pas le temps de la terminer, que l'accident était là. L'imposante lampe de bureau venait de tomber. Mon familier gisait à présent, un filet de sang coulant de sa tempe.

"SHIRO !"

Je me précipitai vers lui. Le filet de sang était très léger, et je pus capter sa respiration, ainsi que son poul. Je soupirai de soulagement. Toutefois, deux précautions valent mieux qu'une. Et puis, il a besoin de soins. Le prenant délicatement dans mes bras, et prenant soin de ne pas trop le secouer, Je me dirigeais d'un pas pressé vers l'infirmerie. A peine poussais-je les portes de la section dédiée aux familiers que Shiro émit un grognement. Le regard brumeux, le renardeau bougeait à peine, visiblement fortement sonné.

"Madame Hesediel ? Madame Hesediel !"

Je me mis aussitôt à chercher la jeune femme et un endroit adéquat pour déposer le petit patient, qui gémissait faiblement.

*__*__*__*

Ma tête ... j'ai mal. Je crois que je saigne, je sens comme un liquide couler sur mes poils. je me rappelle juste que je jouais, et puis ... le noir. Je suppose que je me suis blessé par accident. Ridicule. Enfin, au moins Akuzo avait prit la situation en main. Il est digne de confiance, je sais que tant qu'il aura son mot à dire, je n'aurais rien à craindre. on doit être à l'infirmerie, ça sent l'aseptisé. Il appelle l'infirmière ... la douleur dans ma tête se réveille. Je laisse échapper un petit gémissement. ma vue est encore un peu floue, j'espère que ça va vite s'améliorer ...

-D'ailleurs, comment cela est-il arrivé ? Sa blessure ?

Je retournai mon attention vers l'infirmière. Après avoir pris Shiro en Charge, Mme Hesediel m'avait rapidement rassuré. Ce n'était pas une blessure grave, bien qu'il faille effectuer une transfusion pour remettre mon compagnon sur pattes. J'avais été amusé par les réactions de son familier, une jeune et jolie petite chatte qui semblait s'intéresser à mon petit renard. Je laissai la professionnelle finir son installation, mettant sa question en suspens, suspendu aux réactions de mon familier. C'est alors que ses paupières s'agitaient que je me permis enfin de prendre la parole, entièrement rassuré.

_ _ _

Les soins ... l'infirmière est douce, ça ne me fait pas le moindre mal. Elle est vraiment douée. je sens bien qu'Akuzo est encore tendu : cet idiot n'a pas encore compris que ce n'est pas son devoir de me protéger : nous sommes des partenaires, je ne suis pas qu'un simple animal de compagnie. Je lâche tout de même une petite exclamation quand l'aiguille de la perfusion se plante dans mon corps : même si elle est fine, je ne suis pas des plus massifs non plus, après tout.

Mon regard encore embué par le choc se pose finalement sur l'assistante de l'infirmière : elle l'a appelée Mille-feuille je crois, quel drôle de nom. Enfin ... je n'ai rien dis, ce nom est superbe. Au moins autant que la jeune chatte au pelage sombre et à l'air taquin et vif qui me dévisage, interrogative. Mon dieu qu'elle est belle. je ne saurais dire si les battements de mon cœur sont accélérés par le manque de sang ou par sa seule présence : sans doute les deux. Je tente de bomber le torse malgré un léger vertige qui persiste, et je m'apprête à la saluer quand Akuzo répond à une question de l'infirmière, à savoir ce qui m'a mis dans cet état. Mon expression se décompose : non, tais-toi ! Elle va ...

- ... Et donc il a reçu le pied de la lampe sur la tempe. Merci de vous en être occupé, je suis rassuré de voir que mon petit gaffeur va mieux.

Mes oreilles pendaient misérablement de chaque côté de ma tête. On dit que le ridicule ne tue pas, mais par les dieux qu'il vous rend la perspective de la mort attrayante. j'aurais, en cet instant, voulu disparaître. Aucune chance que le regard de Mille-feuille soit resté le même, attentif et intéressé. Rencontrer une telle beauté pour ne passer que pour un idiot en cinq minutes à peine ... je ne pus m'empêcher de penser que le destin était cruel.

Sayuri G. Hesediel a écrit:

Le ridicule ne tue pas...mais quand même.

Dire que j'étais déçue, était un terme bien faible. Le maître du dénommé Shiro eut à peine ouvert la bouche que mon cœur de chat cessa de frétiller, puis sombra dans un grand "bang" jusqu'au fond de mon estomac. Le son imaginaire se répercuta dans ma tête 300 fois au moins, en échos au rire de ma magicienne. La raison de la présence du renardeau à l'infirmerie était simplement, tout bonnement et clairement ri-di-cule. Mes yeux s'étrécirent instantanément. J'étais tout bonne dégoutée et scandalisée d'avoir perdu une seule seconde de mon précieux temps à baver devant un abruti pareil.

La queue en panache, mes yeux se posèrent sur la pathétique boule de poil que formait le corps de Shiro, recroquevillé tel un bébé sur lui-même. Avec ses oreilles baissées et son air de chien battu, il était adorable, mais vraiment pas masculin. Il me faisait plus l'effet d'un chaton sur le point de pleurer que celui d'un partenaire avec lequel j'aurais pu m'amuser. En clair, il était à cent kilomètres du compagnon idéal que j'avais espéré trouvé une minute plus tôt.
Je miaulai à l'intention de Sayuri. Cette dernière me jeta un regard intrigué, et c'est avec un reniflement de dépit que je m'apprêtai à quitter la table d'opération.

-Remets-toi vite, patte gauche.-Lâchai-je, moqueuse.

Je ne pus m'empêcher de lui jeter un ultime léger et doux regard. Il était vraiment mignon.Quel gâchis... J'effleurai les oreilles du renardeau du bout de la queue et finit par sauter, déterminée à sortir de l'infirmerie.

Dans mon dos, Sayuri termina de nettoyer la plaie. Elle en profita également pour aller chercher une petite friandise qu'elle tandis amicalement à Shiro.

-Il devrait s'en remettre bientôt et Mille-feuille, attend !

Je me stoppai et la foudroyai du regard. Elle n'en démordit cependant pas et exigea d'un ton autoritaire.

-Tu vas veiller sur Shiro cet après-midi. C'est un ordre !

-De quoi ?! -miaulai-je désespérément. Si seulement elle pouvait parler chat.

Codage par Kuroki sur Epicode !