Alors c'était ça, ma salle ce classe ? Grande, mais pas spacieuse avec tous ces bureaux pour les élèves que j'attendais tranquillement. Mes affaires installées et préparées, je me tenais assis, tordu sur ma chaise, vérifiant toutes les deux minutes que j'avais encore un peu de temps devant moi. Un peu de temps, mais pour ne pas faire grand-chose. J'attendais, je patientais, presque comme un idiot. J'avais des fois l'impression que mes élèves attendaient eux aussi, debout en file à côté de la porte fermée mais pas verrouillée. Peut-être qu'ils attendaient que je vienne la leur ouvrir. C'était fréquent d'entendre parler de la paresse innée des enfants et adolescents, sans doute n'y étais-je pas encore pleinement habitué, et que je les croyais dûment capables de prendre des initiatives. Non, je devais encore attendre, inutile de se presser alors que l'heure n'était même pas encore arrivée. Vous savez ce qu'on dit : avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure. Alors pour l'instant, je me contentais de pianoter bêtement sur mon bureau dans un rythme répétitif et sobre.

Pour tuer le temps, je jetais un énième coup d'œil à l'intérieur de la salle de classe que j'utilisais pour mes cours en informatique. Des ordinateurs, des claviers, des souris, des unités centrales, mais pas d'haut-parleurs. Tant pis, je n'aurai qu'à penser à emmener les miens pour les prochaines fois. Ou peut-être que mes élèves seront assez idiots pour embarquer les leurs, ça me faciliterait la vie. Je souriais intérieurement à cette idée, ne pouvant m'empêcher de me remémorer mes vieux souvenirs, quand j'avais leur âge. Bon sang, c'était le bon vieux temps. Ça l'aura été jusqu'à la fin de mes études, en tous cas. Je me posais des questions, surtout sur l'avenir qu'avait choisi mes anciens camarades de classe. Que faisait-il ? Ont-ils également été envoyé à Tadakai ? Non, pour ça il leur faudrait un atout que j'étais le seul à posséder. Du moins, jusqu'à maintenant. Je me croyais spécial, à l'époque. Enfin, pas le temps de rêvasser, la sonnerie retentit bruyamment, m'arrachant à mes pensées. C'était l'heure. Enfin, il était temps. Juste pour être certain de ne pas avoir de retardataires, je partis ouvrir la porte afin d'accueillir les têtes que j'allais voir pendant deux heures d'affilées. On m'avait brièvement expliqué comment ça se déroulait, malheureusement je n'avais pas une mémoire extraordinaire et il se pouvait que quelques informations m'avaient échappé. Heureusement, j'avais encore le planning des cours que je devais leur enseigner, ainsi que la liste des élèves présents dont je me hâtais, après m'être éclaircit la gorge, à appeler par leur nom complet.