La douce chaleur d'un après-midi à paresser sous le soleil, allongé sur un banc, y'a que ça de vrai. C'est comme ça que je passais l'heure, au lieu de réviser pour un contrôle de … De quoi d'ailleurs ? Bah, de toute façon j'allais encore me ramasser alors autant ne pas perdre de temps te faire ce qui me plaît plus. Je ne suis pas une lumière et je ne le serais probablement jamais. Ca ne me perturbe pas plus que ça de toute façon, comme je le dis : pas besoin d'être intelligent pour faire le tour du monde. Et puis il paraît que plus t'es intelligent, plus t'es malheureux. Et ça, c'était la dernière chose au monde que je souhaitais. J'étais très bien comme ça ! Je me mis à sourire en repensant un peu à tout ce que j'avais déjà vécu à Tadakai. Pas grand chose, certes, mais j'avais retrouvé un vieux pote déjà, et ça, c'était cool. J'ai eu quelques petits trucs en plus à côté aussi, des mini-aventures sympa tout de même. Mais si je m'attendais à jouer les super héros pour une hybride …


Des élèves ricanant m'avaient tiré de mes réflexions. Je les écoutais discrètement, parce qu'ils semblaient rire d'un ton moqueur et assez rabaissant. Je m'étais assis, regardant dans leur direction. Ils étaient trois, et semblaient jeter des regards vers un arbre. Ils me bouchaient la vue, alors ça ne servait à rien d'essayer de voir ce qui attirait leur attention, et leurs moqueries. Je me rapprochai un peu pour les écouter, et savoir ce qui se passait.



« - Pffft ! Elle s'est encore faite avoir aujourd'hui ! Ha ha ha, qu'elle est cruche c'te fillette !

- Ouais, c'est trop marrant de la faire chier ! En plus, ses cookies sont super bons.

- Clair, on a même plus besoin de se payer un goûter, elle nous le livre avec une bonne tranche … de rire ! HA HA HA !

- C'est trop ça. Eh les mecs j'ai une idée ! La prochaine fois, on lui pique son portable et on envoie des SMS chelous à tout son répertoire ! Z'en dites quoi ? »

- Trop bonne idée, on va se marrer ! Ah, c'est l'heure, merde. Bon ben ce sera pour plus tard ... »


Effectivement, la cloche venait de résonner dans la cour, signe que c'était l'heure de reprendre les cours. Pour certains. Techniquement, pour moi aussi, mais bon, comme je vous le disais, j'avais la flemme d'aller réviser en classe. Et puis cette pauvre fille avait visiblement besoin d'aide. Je la vis, suspendue dans le vide, à une cinquantaine de mètres de moi. En plissant les yeux, je pus constater qu'elle s'était faite prendre par une corde, qui la faisait pendouiller dans le vide. Ces types sont vraiment des gros crétins sérieusement … M'enfin. Personne ne semblait se soucier d'elle, c'est donc naturellement que je grimpais dans l'arbre le plus proche, afin de m'élancer plus facilement et rapidement de branche en branche pour la rejoindre. J'étais un peu surpris en arrivant sur la branche où elle se trouvait. Quelle idée de mettre un short sous une jupe … Elle cria une phrase qui me vrilla les tympans. Elle avait de la puissance dans la voix celle-là … Comment on dit déjà ? Des demi-bellles ? Des babybels ? Ah non, des décibels, voilà c'est ça ! Bon alors apparemment elle s'appelait Rebekah, à en juger par ce qu'elle avait dit. Viandivores … Je me demandais ce que c'était. Je me suspendis à la branche à l'aide de ma queue de singe, pour me mettre dans la même position qu'elle. Elle était assez bizarre comme fille. Elle m'avait entendu arriver dans l'arbre, et qu'elle n'était plus sûre du sens de ce monde … Mais comment le sens du monde peut changer ?


« Salut ! C'est cool de se balancer la tête en bas, mais fais gaffe à ce que le sang remonte pas dans ta tête … 'fin vu ce que tu me chantes, c'est déjà le cas, t'as l'air de débloquer un peu. Bien sûr, je vais t'aider, attends, bouge pas. »


Je me balançai deux ou trois fois pour me propulser dans un petit saut à terre, cherchant où l'a corde avait été attachée. Ah, voilà, derrière le buisson. Je saisis la corde, la libérant de sa prison, et fit descendre doucement la fille. Une fois qu'elle fut saine et sauve, allongée sur la terre ferme, je la rejoignis et lui pris la main pour l'aider à se relever.


« Doucement. Vu ta tête toute rouge et tes bras tout pâles, ça doit faire un moment que t'es là. Tu vas avoir la tête qui tourne alors repose-toi un peu va. On va s'asseoir sur le banc. »


Passant son bras par-dessus mon épaule, en le tenant avec ma main, ma queue simiesque un peu enroulée autour de sa taille pour éviter qu'elle ne tombe, je la guidais vers le banc placé à quelques mètres de nous, et l'y installa. Je lui adressai un grand sourire bienveillant avant d'aller chercher son sac, resté sous l'arbre. Puis, je m'assis à ses côtés, le posant devant elle.


« Voilà, ça devrait aller mieux. Ca va sinon, pas trop de mal ? Tu te fais souvent embêter comme ça ? J'ai vu un groupe de gros lourds crétins se moquer de toi, je suppose que c'est à cause d'eux si t'étais suspendue dans le vide ? »


Je marquai une petite pause. J'espérais qu'ils parlaient en l'air tout à l'heure. Faut vraiment avoir une vie de merde pour s'amuser à embêter les autres, surtout les plus petits que soi … Jusqu'au jour où le plus petit qui se fait victimiser leur dégomme la tronche avec son pouvoir. Mais cette fille Rebekah je crois, n'avait vraiment, mais alors vraiment pas l'air d'être comme ça. Trop gentille, ou trop naïve. Ou les deux. Je reportai mon attention sur elle, en lui souriant de nouveau. Tapant mon cœur avec le poing, je me présentai.


« Moi, c'est Zael. Zael Farahr, hybride singe du désert d'Hybriland. Toi c'est … Rebekah, c'est ça ? Ravi de te connaître ! Si tu te fourres encore dans le pétrin, tu pourras compter sur moi. »


Quelque chose me disait que cette phrase, j'avais bien fait de la lui dire, parce que des situations comme celles-là, elle allait sûrement en vivre d'autres, la pauvre. C'était injuste, donc j'aimais pas ça, donc je voulais l'aider. Logique, non ? Et puis, je sais pas … Elle a l'air cool comme fille. Un peu siphonnée du bocal, mais cool.

Je sais pas si elle était piquée à la feuillerêve ou quoi, mais Rebekah ne m'avait plus l'air siphonnée. Elle était complètement allumée la pauvre. Quelque part, je me disais que c'était un miracle qu'elle ait survécu aussi longtemps à la dureté de la vie. Si ça se trouve, quelqu'un l'avait protégée tout ce temps, mais qu'au final cette personne n'a plus pu s'occuper d'elle et l'a donc envoyée à Tadakai ? C'était une hypo...truc. Une possibilité, quoi. Quoi qu'il en soit, elle m'amusait bien cette petite. Elle avait une drôle de façon de s'exprimer, en plus. Toute champ de boulet ? Elle voulait pas dire chamboulée ? M'enfin, c'était pas important. L'essentiel, c'est que maintenant, elle était en sûreté. Et puis si on venait l'embêter à nouveau, je pourrais la défendre comme ça. Par contre, là où ça devenait légèrement plus … embarrassant et compliqué, c'est que le sac n'était pas le sien. Mais alors c'était celui de qui ? Qu'est-ce qu'il faisait là ? Ca puait l'embrouille tout ça … J'en profitai pour l'examiner un peu plus en détail. Elle était plutôt petite, un peu comme moi, bien que je la dépasse, blonde comme moi, les yeux aussi bleus que les miens … C'était bizarre. J'avais l'impression un peu de me voir en fille. Moi en fille … Mon dieu.


Elle me parla ensuite de la relation qu'elle avait avec les gros lourds que j'avais entendu un peu plus tôt. Mais quels pourris ces mecs … Ils abusaient de la naïveté de Rebekah pour lui faire toutes les misères possibles et imaginables. C'était dégoûtant. Je me sentais insulté personnellement, et en tant que tête brûlée impulsive, j'avais envie d'aller les voir et de les humilier à coups de pépins. Oh, j'en aurais l'occasion bien assez tôt, de toute façon ! Et je m'arrangerais pour qu'elle puisse voir ça. Elle me confirma également son prénom ainsi que ses origines … Angleterriennes ? Je n'avais strictement aucune idée d'où était l'Angleterre, mais une chose était sûre, c'est que ce n'était pas à Hybriland. Ce devait donc être sur Terre. Hum, un pays à visiter en plus, donc. Mais pourquoi disait-elle qu'il ne fallait pas le dire ? Curieux, ça …



« Pour le sac, on se débrouillera … Garde-le le temps qu'on retrouve à qui il est. Mais sinon, tu sais, il ne faut pas croire ces types … Ils te disent n'importe quoi pour pouvoir faire ce qu'ils ont envie avec toi. Ne les écoute plus, d'accord ? Les seuls grands que tu dois écouter, c'est … les profs. »


Ca me coûtait de dire ça, puisque j'étais le premier à n'en faire qu'à ma tête. Mais puisqu'elle m'avait l'air assez enfantine dans sa tête, je lui parlais un peu comme tel. Elle me fit sursauter en criant soudainement. Mes oreilles ! Elles sont sensibles, merde ! J'avais l'impression de m'être presque assommé, vu qu'elles sifflaient. Et que ça me donnait mal à la tête. Okay, okay, alors état de la situation : Ombre, sûrement son familier, dans son sac, perdu. Et il a faim. Et si il mange pas, apparemment, c'est une terreur … Ca marche. Une mission pour le Super Ouistiti de Tadakai. Ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Même les jours qu'on appelait fériés. Je lui adressais un sourire, posant un pied sur le banc de façon héroïque, le regard tourné vers l'horizon. Ouais, ça me semblait classe, alors je pris cette pose. Puis je lui adressai un sourire étincelant – j'aurais même juré qu'une petite étoile avait brillé au coin de mes dents, mais passons – avec le pouce levé.


« T'inquiète pas Rebby, les crétins j'en fait mon affaire. On va retrouver ton sac et les guignols qui t'ont embêtée. Et je jure, sol âne et … et … Mince c'est qui le dernier déjà … Ah oui ! Sol, âne et lemant qu'on sauvera ... »


Mon effet épique fut totalement gâché par mon ventre qui gargouilla, laissa un blanc de quelques secondes. Je ris nerveusement un petit instant, avant de me gratter la nuque, un peu gêné.


« Euh par contre, on va passer vite fait au réfectoire … J'ai faim, et faut que je pique un bout de pastèque pour mon pouvoir. Sans ça, j'ai que mon agilité, et je doute que ça fasse l'affaire quand même. »


Je fis une pirouette en arrière et atterrit sur mes jambes, avant de m'avancer vers elle. Ouais, pour le style. Je lui pris sa main, doucement et la lui serra. Je l'emmenais avec moi comme un grand frère accompagnerait sa petite sœur vers la cantine.


« Tu as une idée d'où on devrait chercher en premier pour retrouver ton sac et Ombre ? C'est bien de se lancer dans un sauvetage, mais si on sait pas par où commencer, c'est un peu foireux le truc ! »


Pour le coup je n'avais pas fait attention à quelque chose qui avait son importance également. Mais ça me frappa pendant qu'on marchait tous les deux. Familier … Mais où tait le mien ? Oh, non. Peu dégourdie comme elle était, elle s'était encore fourrée dans de beaux draps.


« Euh, ça te dérange si on cherche en même temps mon familier ? Elle s'appelle Nausicaä. Tu peux pas la rater elle est très … hum … Verte et épineuse. Et très maladroite. Et elle a une forte tendance à crier et à trouver les gens petits trop mignons et à vouloir les câliner. Si jamais tu la vois, ne te laisse pas câliner. Faire ça à un cactus vivant, c'est clairement pas une bonne idée ... »


Nausicaä, j'espère que tu t'es pas attiré d'ennuis toi non plus … Bon ben, on peut considérer ça comme une quête annexe du héros accompagné de sa petite protégée. Double mission : sauver un petit dragon dans un sac, et un cactus humanoïde fan d'affection ! J'espère au moins qu'il y aura un buffet à la fin !

Mon petit discours improvisé semblait avoir beaucoup affecté Rebby. Elle était excitée comme une puce maintenant. Je pouvais voir les étoiles dans ses yeux. Ca me gonflait un peu l'orgueil. Et moi aussi j'étais excité à l'idée de m'amuser comme ça. Oui, je ne prenais pas ça au sérieux. Plutôt comme un défi. J'aimais bien les défis. Et là en plus, j'avais une fille qui comptait sur moi, je DEVAIS assurer ! Mais d'abord, on va se remplir la panse. Les héros, ça combat jamais le crime le ventre vide. Et ça ne rate surtout jamais l'heure sacro-sainte du grand goûter. La petite hybride blonde semblait partager mon appétit, puisque son ventre gargouilla avec le mien. Je l'aimais bien, même si elle était bizarre. On était sur la même longueur d'ondes, et nos estomacs aussi. D'un commun accord sous-entendu, nous nous dirigions donc vers le réfectoire. Nausicaä m'inquiétait un peu, mais je ne m'en faisais pas. Sa maladresse risquait de lui attirer quelques ennuis, mais on ne pouvait pas lui faire de mal, même si on le voulait. L'avantage d'être un cactus vivant, c'est que l'expression « qui s'y frotte s'y pique » n'a jamais été aussi vraie … Rebby sembla très curieuse à propos de mon pouvoir. Elle posa quelques questions assez rapidement, si bien que je n'avais pas tout enregistré, ma tête pensant à moitié à mon familier. Je lui souriais et la regardai dans les yeux pour lui répondre.



« Alors oui, je dois manger un bout de pastèque pour utiliser mon pouvoir. C'est pour ça que j'essaie de toujours avoir un morceau sur moi quand je ne suis pas en cours … Bon ok, là j'y suis pas alors que je devrais y être, mais c'était des révisions, et en plus des maths. Qu'est-ce que c'est chiaaaaant. Sinon, on va pas les attendre, j'aime pas repousser l'éché... lécher … lécher qui d'ailleurs ? Bon, j'aime pas repousser la confrontation. Je les ferais sortir, t'inquiète pas. »


Je n'avais pas du tout apprécié leurs paroles et leurs actes. En plus, ça devait durer depuis un moment … Je ne comprends pas non plus pourquoi personne ne la défendait … Elle était trop mignonne ! Et c'est connu, ce qui est mignon, on a tendance à le protéger, non ? Ou alors je réfléchis bizarrement. Mais bon, ça me semblait naturel de l'aider. Par contre, c'était certain que Nausicaä allait l'adorer. Là par contre, ça risquait d'être problématique comme situation. Ca fait toujours une séance d'acu pont de cure gratuite, mais Rebby n'avait pas l'air très stressée, alors … Elle me répondit d'ailleurs que ça ne la dérangeai pas qu'on la chercher également. Bon, eh bien tant mieux, même si j'étais prêt à parier que c'était elle qui allait nous trouver …



« En effet, elle ne rentre pas dans le sac. Elle est plus grande que moi, et un peu plus épaisse aussi … non ce n'est pas une pastèque. Comme je te disais, c'est un cactus qui ressemble à une fille. Je sais pas si elle te ressemble beaucoup, je te connais pas encore assez pour le dire, mais … Elle est spéciale. Et trèèèèèèès affectueuse … Trop, même, beaucoup trop. Mais t'en fais pas, elle est aussi intelligente que moi, y'aura pas de souci pour que tu la comprennes ! »



Je ris un bon coup. Se moque de soi-même était un très bon humour. J'assumais totalement être aussi stupide qu'un caillou, c'était pas un problème. Et justement, j'utilisais souvent cette provocation quand je battais quelqu'un qui se vantait d'avoir une grosse tête. Les p'tits génies, j'en bouffais au petit déjeuner moi ! En parlant de bouffe, on arrivait à la cantine. Je l'entraînai avec moi, toujours gardant sa main dans la mienne, jusqu'aux présentoirs de fruits. Rebby se libéra toute seule, et alla fureter à droite à gauche pour piocher à manger, mais rien e semblait l'intéresser. Moi, j'avais trouvé mon bonheur, et prit une bonne tranche de pastèque. La bouche pleine et les joues gonflées comme un hamster, je la regardai arriver, toute joyeuse et triomphante, exhibant un kiwi. Pourquoi un kiwi ? Je haussai un sourcil, la bouche toujours pleine, dubitatif, avant d'exploser de rire et d'éjecter un peu de partout des morceaux de la pastèque que je mangeais, avec quelques pépins sans aucune magie, donc inoffensifs. J'éclatai de rire à ce qu'elle venait de me dire. Un bébé pastèque ? Ouah, c'était violent. Mais ça me plaisait. On était deux abrutis, on ne pouvait que s'entendre, après tout. Heureux les simples d'esprit comme on dit, non ? Mon fou rire se calmant, je lui lança un grand sourire, et lui ébouriffa les cheveux.



« T'es marrante Rebby, je t'aime beaucoup. Non, ça c'est un kiwi. C'est un autre fruit. Une pastèque, c'est plus gros. C'est vert, avec d'autres tâches plus foncées dessus, comme sur un zèbre. Attends, bouge pas, je vais t'en montrer une, et en quoi consiste mon pouvoir. »


Je grimpai sur le comptoir et pris une pastèque dans mes bras, avant de sauter au sol de manière souple, lui montrant le fruit.




« Ca, c'en est une, de pastèque. Tu vois, c'est pas la même chose. C'est assez lourd, mais c'est constitué principalement d'eau, comme tu l'as dit tout à l'heure. Et maintenant, place à la démonstration du meilleur pouvoir du monde : le PASTEQUATOR. »


Je reposai la pastèque où je l'avais prise, et lui pris le kiwi des mains, avant de le poser sur un e table, à une dizaine de mètres de nous. J'ajustai l'angle de tir, me concentrai, puis tira une rafale de graines lumineuses, insufflées de ma magie. Le kiwi explosa en morceaux à l'impact. Je souris e pris une pose de victoire devant la jeune hybride. Elle me posa également une question sur les cactus.J'allais lui répondre, mais ...



« Et voilà l'travail ! Une mitraillette de pépins ! C'est pas cool ça ? Sinon un cactus, c'est ... »


La porte s'ouvrit dans un énorme fracas. J'eus à peine le temps de me retourner que j'aperçus – trop tard- Nausicaä. Sers les fesses, Zael … Ca va faire mal. Un cactus vert, avec des épines de partout plus ou moins visibles, les bras ouvert en chouinant te fonçait dessus. Allez, ça allait bien se passer ... Ou pas. Un mauvais moment à passer, en somme.



« ZAAAAAAAAAAAEEEEEEEEEEEEEEEEEEL J'AI EU PEUR JE ME SUIS ENCORE PERDUUUUUUUE ! Bouhouhouh ! Et tu n'es même pas venu me chercher, tu es trop méchant ! »


Elle se jeta dans mes bras et me serra fort contre elle. Je serrai la mâchoire de douleur.



« Lâchemoilâchemoilâchemoilâchemoiiiiiiiiiiiii ! »


La poussant, me faisant encore plus mal par la même occasion du coup, je me dégageai de son emprise. Eh voilà, j'avais encore des milliers d'aiguilles plantées sur la peau, une pauvrel arme dégoulinant sur ma joue.


« - Nausi, je t'ai déjà dit que les câlins, ça fait MAL quand c'est fait par un cactus !

- Oh excuse-moi, je voulais pas, ça va tu n'as … Ooooooh mais elle est trop mimiiiiiiiiii ! »


Ca y est, elle avait vu la petite hybride qui m'accompagnait. Et je ne pus empêcher ce qui était sur le point de se produire, puisque quelques épines s'étaient plantées dans mes nerfs, me paralysant un peu. Elle serra fort Rebekah dans ses bras.


« Tu es trop choupinette ! Comment tu t'appelles ? Moi c'est Nausicaä, je suis un familier cactus, et j'appartiens à Zael ! En plus tu es toute douuuuuce, je t'adore ! »


Je soupirais, m'enlevant du mieux que je pouvais les épines qui m'empêchaient de bouger, et sépara les deux filles, m'attelant à faire le même travail sur la peau de Rebby que sur la mienne. Je souris un peu à cette dernière.


« - Excuse-là, comme tu vois, elle est très affectueuse … Et elle t'apprécie déjà beaucoup on dirait … Faut pas lui en vouloir si elle t'a fait mal, elle est comme ça. J'essaie depuis que je suis à Tadakai de lui trouver de quoi empêcher de piquer les gens parce que c'est un vrai problème, mais j'ai rien comme piste pour le moment.

- Zael, Zael, on l'adopte ? Dis ouiiiiiiii …

- On adopte pas les gens comme ça Nausi … Mais on la reverra souvent, t'en fais pas. Mais t'arrêtes de la câliner, d'accord ?

- Mais c'est dûûûûûr de pas le faire ! Elle a une bouille si jolie que j'ai envie de lui tirer les joues !

- Ouais, eh ben le fait pas, c'est tout !

- C'est pas juste ! »


Elle prit l'air boudeuse, comme d'habitude. Je finis de lui retirer les aiguilles restantes, mais moins gênantes à l'aide de mon pouvoir qui les fit sauter une à une sans douleur.


« Bon, Nausicaä, c'est fait, maintenant c'est Ombre qu'on doit trouver. On y va Rebby ? On est des héros ou pas ? Si on est des héros, tape-moi dans le poing. C'est ce que fait une équipe qui marche. Ca a la classe. »


Je lui tendis mon poing fermé, un grand sourire sur les lèvres. Et évidemment, Nausicaä arriva, et se joignit à nous, nous tapant elle aussi dans un cri de joie nos poings. Aïe. M'enfin … je suppose qu'au bout du compte je trouverais comment gérer son … épineux problème.

Rebby était probablement un cas désespéré, mais elle me faisait marrer. Elle persistait sur son bébé pastèque. Bah, pourquoi pas après tout … Si ça se trouve, l'un est dérivé de l'autre. J'en sais rien. Moi mon domaine c'est les pastèques, pas les kiwis et les relations inter-fruitales. Si une pastèque voulait se croiser avec un kiwi, eh ben .. C'était son droit ! Y'a pas de barrières à l'amour ! Enfin soit. Je la vis noter un truc dans son carnet. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien y écrire ? A quoi cela lui servait-il ? Bah, je le lui demanderai plus tard. Elle gonfla d'ailleurs mon ego à un point, en me félicitant et en me complimentant. C'est définitif, elle, je la prends sous mon aile. Après un petit rire qui se voulait charismatique, je lui levai mon pouce dans sa direction, avec un clin d'oeil et un sourire.



« T'inquiète pas Rebby, on est potes ! Et puis je t'apprendrais quelques trucs pour plus que tu te laisses faire par les méchants. Et puis comme tu m'as l'air un peu … hum … Bon, disons que tu as un peu de mal avec le monde extérieur, alors je m'occuperais de toi. En plus ça me permettra de sécher, les cours ça me gonfle. »


C'était à ce moment que Nausicaä avait fait son entrée. Oh j'avais bien vu que Rebby la jouait polie, mais que la maladresse de mon familier lui avait causé du tort. Je plaignais à la fois ma consœur hybride, mais aussi mon cactus vivant. Je devrais lui demander un jour de me raconter plus en détail son passé. Une chose est sûre, c'est qu'elle a eu du mal à s'intégrer chez les cactus, à cause de sa forme. Et chez les hybrides parce qu'elle faisait mal quand elle touchait les gens. Et qu'avec sa maladresse, forcément, elle n'a pas eu de chance pour tout un tas de trucs … Cette impossibilité de montrer sans « danger » son affection devait être un sacré fardeau quand même. C'est comme si on me mettait dans une énorme cage. Et qu'on ne me nourrissait que de bananes. Oh l'horreur. Je détestais les bananes. Et les humains s'amusaient à m'en donner. Hin, hin, comme si c'était marrant, trouducs. Enfin bref, tout ça pour dire que de donner l'illusion de pouvoir faire une chose qui nous tient à cœur mais qu'en fait on ne peut pas faire, c'est horrible.


Cela n'enlevait en rien le caractère adorable de Nausi, mais bon. J'avais promis que je lui trouverai une solution pour qu'elle puisse câliner qui elle voulait sans problème, et je m'y tiendrais. C'est vrai qu'elle avait la peau duce, la petite blonde ! Et puis quand elle plaquait ses mains sur ses joues, c'était trop mignon. Hum, peut-être que je vais l'adopter plutôt … Officieusement de toute façon. Ca ferait plaisir à mon familier, et probablement à Rebekah également. Je ris un peu en la voyant ainsi et lui ébouriffa un peu les cheveux. Enfin, notre signe d'équipe. Elle me fit d'ailleurs l'honneur de voir un peu son pouvoir. Sympa le petit truc d'ombre pour se protéger. Eh mais, et si c'était ça la solution pour Nausi ? Enfin, il fallait voir. On avait plus important pour le moment à faire : rattraper Ombre. Elle cria un truc en anglais que je ne compris pas. Je surenchéris par-dessus en hurlant.


« OUAIS ! QUOI QUE CA VEUILLE DIRE ! »


Puis, je ris un bon coup. Un mangeur de pastèque, une allumée du bocal et une gourde, c'était une équipe de choc invincible ça ! Après avoir mangé un peu, on s'en alla tous les trois. Maintenant, chasse au mage … J'avais repris la petite main douce et chaude de Rebby dans la mienne. C'était plus affectueux qu'autre chose. Et au moins j'étais sûr qu'elle ne se perdrait pas. Elle m'avait l'air d'avoir une sacrée tendance à perdre sa concentration et à papillonner un peu de partout. Et comme je ne connaissais pas encore très bien tout Tadakai, mieux valait prévenir que guérir.


Maintenant, insérez ici le générique de Mission Impossible, de James Bond ou n'importe quel film d'espionnage. On était à fond tous les deux, et je faisais de mon mieux pour impressionner la jeune blondinette avec mon agilité. Je ne me prenais pas au sérieux, mais je m'amusais. Rebby s'en sortait très bien d'ailleurs ! Je la félicitai plusieurs fois. Finalement, nous arrivâmes devant la salle de classe des tortionnaires de l'hybride. Elle m'informa de leurs noms. Et que c'était Cassius, la perche du groupe, qui avait son sac. Ok, cible identifiée. Par chance, leur salle était au rez-de-chaussée aujourd'hui, et nous étions dans la cour. Bon le plan, le plan … QUI A BESOIN D'UN PLAN ? Allez, on y va à la barbare. Je me mis à hurler à l'attention des trois crétins.


« CASSIUS, RAPHAEL ET HIDEAKI, TOUT LE MONDE DOIT SAVOIR QUE VOUS PISSEZ ENCORE AU LIT ! VENEZ DEHORS QUE JE VOUS CHANGE LA COUCHE ! ALLEZ VENEZ MESGROS BEBES D'AMOUR ! »


Je croisai les bras d'un air fier. La provocation, y'avait rien de mieux pour faire sortir des brutes débiles de leur trou. Je leur fis face, en ricanant pour encore plus les provoquer. Je le savais très bien puisque j'étais un peu pareil, mais la colère et l'impulsivité font faire des erreurs énormes. Rebby me donna une info qui aurait pu être importante. Mais c'était trop tard de toute façon, Ombre avait complètement déchiré le sac dans lequel il se trouvait. Il s'était réveillé et il avait faim. Eh bah, ça c'était du dragon. Point positif, il avait fait diversion …


« Je vois le truc, ouais … Dis, tu peux pas le … calmer … ? A ce rythme-là on aura plus de couloir d'ici une minute. Et encore ... »


Mais elle ne m'avait pas écoutée. Rebby était devenu une enragée, au sens propre du terme. Elle se changeait en bestiole même ! Une louve ? Ouah. Note à moi-même, ne pas la foutre en pétard. Elle se jeta d'elle-même dans la mêlée, me laissant seul comme un débile. Je souris en reprenant mes esprits et la surprise passée.


« J'aime quand y'a pas de plan. BANZAÏ ! Rebby, je m'occupe de la perche et de … Oh et puis on y va comme ça, go go go ! »


Pendant que Nausicaä s'était cachée, j'avalai tout cru ma part de pastèque, et chargea en énergie des pépins, avant de tirer une rafale sur le visage de Castiel, avant de finir par un gros tir qui le sonna un peu. Je courrai vers lui, pris appui sur son abdomen, et lui lâcha un coup de pied sous le menton qui le mit KO. Petit cri de victoire. Je regardai comment Rebekah s'en sortait. Oh, elle gérait très bien. C'était fou comme on s'amusait. Il ne fallait juste pas penser aux conséquences, quoi. Mais ça, ça viendrait dans pas longtemps … On continuait à se battre tous les deux pour la justice et la libération du petit peuple soviét...hybride, opprimé par les tyrans, et tout et tout, bla bla bla on s'en fout. Les grands vaincus, il ne restait plus qu'à …


… dompter …


… la Bête. Instant dramatique.

Rebby était devenue une vraie louve. Ouaip, une vraie de vraie. Et là, elle faisait carrément la déchaînée. Je n'avais pas spécialement peur, téméraire que j'étais, mais elle m'impressionnait plutôt. Une louve blondinette. C'était assez marrant parce qu'avant que sa transformation ne se termine, c'était une louve avec des looooongs cheveux blonds. Et y'avait de quoi rire. Mais étant donné la situation, j'esquissais un simple sourire amusé. Mais c'est qu'elle savait y faire avec ces vilaines griffes et ces énormes crocs ! Alors comme ça, elle était noctémachintruc ET pouvait se transformer en louve ? La classe. Vraiment, respect. Bon, la bave qui giclait, un peu moins, surtout que je m'en pris en plein visage … Beurk. Je l'essuyai d'un revers de la main, la secouant un peu pour faire tomber ce qu'il me restait dessus, puis je me jetai dans la mêlée à mon tour. C'était moins bourrin et plus gracieux que Rebekah tout de même, grâce à mon agilité. Tirs en rafales, coups de pieds, appuis sur les murs, ouais, je faisais de mon mieux pour donner du spectacle aux autres élèves. Je me demandais d'ailleurs ce que faisait le prof … Pourquoi n'étai-il toujours pas intervenu ? Bah, c'était sans importance. On était là pour du FUN ! Et il y en avait …


… du moins jusqu'à ce que Rebby me bouffe la fesse. Je sais pas ce qu'il lui a pris, mais c'était horriblement, affreusement douloureux. Et en plus elle m'arracha un bout de pantalon au passage, super ! J'avais une fesse à l'air ensanglantée ! Enfin, c'est ce que je supposais, car je ne pouvais pas voir les dégâts. Je la regardais finir le travail, me relevant en frottant ma fesse meurtrie par les crocs de la diablesse blonde. Limite, j'aurais préféré un câlin de Nausicaä plutôt que ça … Beurk, en plus y'avait de la bave dessus. J'étais debout lorsqu'elle se retransforma en humaine. Elle avait retrouvé son petit air tout mignon tout gentil tout doux. J'en fus soulagé. Elle me demanda de la pastèque, probablement pour Ombre. J'acquiesçai.



« Yep, tiens. Mais t'es sûre qu'il va la manger ? J'ai plutôt l'impression qu'il veut de la viande … Ou du poisson. Ca mange quoi d'ailleurs un dragon à ton avis ? J'en ai jamais vu, mais on m'a toujours dit que c'était carnivore. »


Effectivement, le gros machin noir arrivait vers nous, le pas lourd. Il sembla dubitatif par la pastèque qu'agitait Rebby … Je savais que c'était carnivore ces trucs … Par contre ce que je savais pas, c'est que j'allais explorer l'intérieur d'un dragon de très très près. Et plus tot que je l'aurais préféré. Genre là, maintenant, tout de suite en fait. Sans comprendre, sans un cri de stupeur, je me suis fait bouffer. Et je suis mort. Fin.


Nan j'déconne. Je n'entendais que quelques bruits de fond, sûrement Rebby qui protestait. Bon, moi j'étais bien barré … Comment sortir d'un estomac de dragon. C'était grand. Et je me faisais pas digérer pour le moment. Par contre, mon dieu l'odeur … Si t'avais le rhume ou de la morve en trop, tu venais là et hop, c'était directement débouché ! Bon, réfléchis Zael, réfléchis. Sinon t'es un singe mort. J'avais deux options de sortie. Soit par le haut … Soit … beurk … Soit par le bas. Le haut c'était risqué malheureusement, à cause des crocs. En plus, je ne savais aps si ce dragon pouvait cracher des flammes. Si je remontais je risquais de le chatouiller, et il pourrait faire le lance-flammes. Ma seule option viable c'était de sortir … par en bas. Ignoble, mais bon, quand on a pas le choix, on a pas le choix vous savez ! J'entrepris de bouger dans cette direction … Et je sentis Ombre bouger, puis s'asseoir lourdement. OOOOK. Là c'était mort. Ravi de t'avoir connu, Zael. Je fus ballotté dans toutes les directions. J'étais couvert de sucs digestifs et autres bouts de viande en décomposition. Charmant, joyeux … Géééénial ! Ca me rappelait la fois où je me suis fait avaler par un ver des sables, et que mon père m'avait sorti de son ventre en lui tranchant le ventre et en me tirant par la queue. Ou encore la fois où un scarabée géant m'avait chopé entre ses mandibules et commencé à me grignoter. Je crois que j'avais encore la cicatrice sur ma jambe, mais comme je regardais jamais derrière ma cuisse … Ou même … Ok c'était pas le moment. Je pouvais mourir, mais là, j'avais plus le choix. J'allais devoir remonter par la bouche … Ok mon grand c'est parti pour l'ascension d'une montagne avec les mains qui glissent !




Nausicaä



Zael et la petite hybride avaient l'air de s'amuser à la bagarre. Moi, je n'aimais pas ça du tout … Comment les humains et les hybrides pouvaient tirer du plaisir à se faire mal en se tapant dessus ? Ils n'étaient pas normaux ! Ou bien c'était moi l'anormale … Après tout, je ne suis qu'un familier cactus. Même si les humains m'intriguaient, il y avait des choses que je n'arrivait juste pas à comprendre. Je m'étais donc cachée, déjà parce que le gros dragon noir me faisait peur, mais aussi parce que je n'aimais pas la violence. Moi, je préférais faire des câlins, mais les gens n'aimaient pas que je leur en fasse, à cause de mes épines. Si je pouvais, je les enlèverais toutes, mais je ne pouvais pas. J'ai déjà essayé : si j'en retire une, elle repousse. Et ça me rendait triste. Alors j'ai arrêté. Lorsque tout s'était calmé, je revins vers Zael et Rebekah. Mais … où était mon maître ?



« Ben il est où Zael ? »


La petite fille trop mignonne m'expliqua qu'il avait été mangé. Je sursautai et cria d'une voix émue un « QUOI !? » avant de fondre en larmes en prenant l'hybride dans mes bras par réflexe. Non, Zael était mort … Ce n'était pas possible, pas comme ça, je l'adorais, et puis on avait encore plein de choses à vivre tous les deux ensemble ! Je ne voulais pas, je n'y croyais pas …


« BEUHEUHEU, C'EST PAS JUUUUUSTE ! Zaeeeeeeeel … Revieeeeeeeeeens s'i te plaît, ne me laisse pas toute seuuuule ... »


J'étais touchée que Rebekah veuille bien de moi, alors qu'à part Zael, tout le monde m'avait rejeté. Pourquoi ? Je ne le savais pas, et ça me faisait mal et me faisait beaucoup de peine. Je ne demandais qu'à aimer les gens, et à leur faire des câlins … Il paraît qu'en recevoir un, c'est bien, ça apaise toutes les douleurs et ça réchauffe le cœur. Je voulais juste faire plaisir aux gens et leur apporter du réconfort … Entre deux sanglots, je baragouinai un merci à l'hybride. Puis ilse passa quelque chose d'inouï. Zael qui revenait d'entre les morts ! Je me jetai à son cou et le serra très fort en pleurnichant de joie.


« Zaeeeeeeeeeel ! Tu es pas moooort ! Ne me refais plus jamais ça, c'est pas gentil ! »


Zael



Une, deux, une, deux … Main, pied, autre main, autre pied … Je grimpais vers la bouche d'Ombre, qui toussait un peu. Je craignais qu'il me rote des flammes, mais visiblement, ça allait … Pour l'instant. J'avais entendu Nausi crier et pleurer. Pour ça, j'avais l'oreille. Et je détestais l'entendre pleurer. Elle plus que n'importe quelle autre fille. C'est pourquoi je me dépêchai de remonter cette foutue gorge. J'arrivai au bout et … Oh non. Je glissais. Ma queue s'enroula autour d'une dent d'Ombre. Bon, suspendu dans le vide … J'allais devoir tirer dessus … Je détestais ça. C'était pas du tout agréable de tirer sur sa propre queue simiesque pour se hisser. En grimaçant, je le fis et arriva finalement dans la bouche du dragon. Prenant appui, je mobilisais toutes mes forces pour ouvrir sa gueule et sortir de là. Chose que je réussis finalement à faire. Et à peine extirpé de cette embrouille, encore gluant et compagnie, Nausi sauta à mon cou et planta ses aiguilles dans mon corps. Aïe. Mais qu'est-ce que j'avais fait pour mériter ça. Prenant tout de même un air cool, je balançai une réplique.


« Je suis Zael Farahr, il est pas né le dragon qui me bouffera ! Et puis, je t'aurais pas laissée toute seule ma p'tite Nausi … Princesse Rebby non plus, sinon qui c'est qui s'occupera des têtes de pioches qui t'embêtent ? Et puis j'allais pas laisser une hybride aussi mignonne toute seule sans protection quand même ! »


Je me mis à rire un bon coup. Je venais de passer pas très loin de la mort probablement, mais moi ça me faisait marrer. Si on m'avait dit que je visiterais les tripes d'un dragon et que j'en ressortirais pour pouvoir en parler … J'aurais ri aussi, en fait. Et j'aurais cru cette personne.


« Bon par contre va falloir que j'aille prendre une douche. Nausi, tu peux me lâcher s'il te plaît ? J'ai des aiguilles à enlever. Toi aussi faudra que t'ailles sous l'eau maintenant … Rebby, on fait quoi pour Ombre ? Dépêche-toi de décider, avant qu'un prof ou pire arrive … On va passer à ma chambre, histoire que je me lave un bon coup, et que Nausi se rince ... »


Je lui adressai un sourire … gluant. Et probablement pestiféré, mais bon, on a pas trop le choix quand on vient de passer quelques minutes dans l'estomac d'un dragon hein ! Une bonne douche, ça me ferait le plus grand bien, ça, c'était clair. Attendant que la blondinette se charge de son familier, ou le laisse à son sort et qu'elle me dise qu'on pouvait y aller, je me retirais les aiguilles de Nausi du corps. Lorsqu'elle me dit que c'était bon, je me relevai et lui fit signe de me suivre. Direction ma  chambre ! Normalement à cette heure, il n'y avait personne dedans. Je n'avais qu'une seule volonté : LA DOUCHE.

Je ne me prenais pas au sérieux, quand je sortais des phrases comme celle que je venais de citer. Cependant, Rebby était sincèrement impressionnée et ses compliments, je les sentais innocents, simplement vrais. Et ça me faisait très plaisir, quand même. J'avais un peu l'impression d'être spécial à ses yeux, dans un sens plutôt positif. J'éclatai de rire en la voyant se trémousser pour une danse de la victoire, comme elle le disait. Visiblement, les sucs digestifs de dragon ne semblaient pas la déranger plus que ça … C'est bizarre, j'aurais cru. Après tout, si elle avait un pouvoir qui lui permettait de se transformer en louve blonde, je pensais qu'elle aurait un odorat plus fin … Mais bon, soit ce n'était pas le cas, soit elle était trop enthousiaste pour sentir l'odeur. Même Nausicaä semblait heureuse, et dansait avec elle. J'aimais beaucoup cette scène, que je regardais d'un œil bienveillant et attendri. Rebby m'avait l'air d'être un aimant à problèmes, et d'être souvent seule. Quant à mon familier, elle était radieuse, et souriait en poussant des petits cris de joie. Ca me réconfortait de la voir comme ça. J'avais tout pour me plaire : une petite protégée un peu fofolle, mignonne et super marrante, et Nausi heureuse.


L'hybride blonde sortit ensuite une arme qu'elle appela « sarbacookie ». Hein ? Mais qu'eeest-ce que c'était que ça ? Le père Cookie ? Woah, je voulais pas savoir ce qu'il se passait dans sa tête des fois. Mais j'avais envie de lui faire une blague pour la taquiner un peu. Je me rapprochai d'elle, l'air dévasté, me mis à genoux devant elle, lui agrippant sa jupe et je fis mine de pleurer toutes les larmes de mon corps, imitant faussement une voix cassée.



« C'est pas vrai, le père Cookie il existe  Dis-moi que tu meeeens ! TU MENS, J'EN SUIS SUR ! BEUHEUHEUH JE SUIS MALHEUREUX, MA VIE N'EST QUE MENSONGE ET TROMPERIE, JE VEUX MOURIR ! »


Je marquai une petite pause, puis je lui fit un grand sourire sans crier gare, et je repris d'une voix amusée.



« Nan je rigole. Tu devrais voire ta tête ! »


Et c'était reparti pour des rires. Ombre avait retrouvé sa taille normale. Donc ce dragon était cookivore. Mouais, pourquoi pas après tout … Ca me rassurait. Plus ou moins. Il m'avait quand même avalé tout rond le gros pépère ! Elle s'excusa de sa conduite, chose logique, mais après tout, elle n'était pas responsable. Tout ça, c'était arrivé par la faute des trois racailles des bacs à sable. Remarque, je leur devait quand même ma rencontre avec Rebekah …



« Bah, t'en fais pas. Au moins maintenant je peux me vanter d'avoir vu l'estomac d'un dragon ! Et d'être encore en vie pour en parler, cela dit. J'espère que t'as pas aussi mauvais caractère qu'Ombre si t'as pas ta dose de cookies quand même. J'aimerais pas que tu me refasses les fesses une deuxième fois … D'ailleurs, elle avait bon goût ? »


Je préférais en rire que d'en pleurer. J'avais encore mal, et la douleur était un peu accentuée à cause de l'acidité des sucs digestifs du familier de la jeune demoiselle. Je boitais un peu, mais rien de bien grave … Nous étions tous les quatre, Ombre ayant regagné les bras de Rebby, en train de marcher vers les dortoirs, lorsque la jeune hybride se stoppa net, comme si elle avait eu peur de quelque chose. Et ce quelque chose, c'était en fait quelqu'un. Une harpie ? Ici ? A Tadakai ? Non, pas possible … Ces créatures que je connaissais bien, pour avoir été emporté une fois dans un de leur nids pour nourrir les nouveaux-nés, je les connaissais bien. Leur instinct les poussaient à tuer les hybrides, et probablement les humains. Un rapide coup d’œil au couloir, et j vis une autre crinière blonde. A croire que c'était la mode, les cheveux de cette couleur … En plus, elle avait l'air d'être autoritaire, et énervée. Génial .. Elle nous interpella. Les trois chouineurs nous balançaient en nous mettant toute la responsabilité sur le dos. J'arquai un sourcil à cette réflexion, et ne pus m'empêcher de lancer une pique bien sentie, avant de répondre à l'interrogation de cette nouvelle venue.


« Bah alors ? C'est facile de jouer les loubards et d'embêter les plus jeunes, hein, mais quand ça se prend une dérouillée, ça va pleurer sous les jupons de leur mère hein ! Et sinon … J'ai vraiment envie de prendre ma douche, là, tu peux pas directement lire dans mes pensées ? ...Non ? Bon ok. J'ai trouvé Rebekah suspendue par un pied à un arbre à cause d'un piège de ces trois idiots. Je les ai entendus parler de la victimiser encore plus, et Rebby m'a dit qu'ils lui volaient souvent son goûter. Ils lui ont aussi piqué son sac, dans lequel il y avait son familier qui dormait. Il s'est réveillé, a repris sa taille normale et on a flanqué une correction aux trois types qui pleurnichent sur ton épaule. Voilà, voilà, on pourra y aller une fois que tu auras fini de lire dans ma tête ? C'est pas que je suis pressé, mais si, ça commence à me retourner l'estomac cette odeur. Et j'ai une fesse à soigner. Ca c'est encore plus important. Oh et puis zut … Si y'a un problème, cherche Zael Farahr, chambre quatorze du couloir deux. »


Je pris en vitesse la main de Rebby, et Nausicaä me suivit. Je les entraînai en courant vers le dortoir. Cette odeur était juste épouvantable. Je crois que j'allais me laver à l'acide pour faire partir les relents … Et puis, l'autre mage blonde pourrait venir enquêter de nouveau si elle le voulait, mais quand je serais propre. Là, c'était plus possible ni vivable. On atteignit enfin ma chambre. Je souris et ouvris la porte.


« Fais comme chez toi, ma chambre c'est la première à droite. J'ai pas grand-chose d'intéressant, désolé, tu risques peut-être de t'ennuyer un peu. Nausi, sous l'eau, allez hop ! »


Je poussai mon familier avec des gants pour qu'elle aille sous l'eau. Elle se rinça et retourna auprès de Rebby, me laissant la douche pour moi tout seul. Enfin, la sainte bénédiction approchait … L'eau sacrée ! Je n'avais pas trop de souci à me faire concernant les deux filles. Je suis certain qu'elles allaient s'occuper ensemble.


Nausicaä



« On va être toutes les deux pendant un moment je crois … Zael met toujours du temps sous la douche ou dans le bain. Dis, est-ce que tu trouves toi aussi que je sais pas faire de câlin ? »


J'étais contente à l'idée de passer du temps avec cette fille. Elle était vraiment toute mignonne ! J'avais envie de frotter ma joue contre la sienne et la serrer fort dans mes bras, mais si je le faisais, j'allais encore me faire gronder … Alors, je joignis nerveusement les épines qui me servaient de doigts entre elles, la tête baissée, un peu triste. J'avais envie de la chouchouter cette petite, mais j'étais un cactus, et un cactus, ça ne se mélange pas avec un être humain. Ou hybride.


« Tu sais, tu as de la chance d'être aussi jolie. Tout le monde doit vouloir te faire des câlins ,non ? D'ailleurs, c'est comment ? Tu ressens quoi ? Ca fait mal aussi ? Ou alors c'est juste à cause de moi que les gens ont mal ? »


J'étais vraiment curieuse de tout ça. Je voulais vraiment savoir ce que ça faisait de recevoir des marques d'attention et d'affection. En donner c'était bien, en recevoir, je suppose que ça devait l'être aussi … C'était mon rêve. D'être couverte d'affection, et que les gens m'adorent. Il y avait déjà Zael, c'était un très bon début, même s'i lévitait quand même le contact physique avec moi … Mais il m'avait promis quelque chose, alors je lui faisais confiance. Un jour, grâce à mon premier ami, je pourrais toucher les gens ! J'avais tellement hâte ...

Rebekah était très gentille avec moi. J'avais souvent entendu que ce qui était petit était mignon et tout gentil … Eh bien je pouvais l'affirmer avec elle. Cette hybride était très douce et patiente, alors que cela faisait très peu de temps qu'on s'était rencontrés. D'habitude, les gens me jetaient des regards bizarres quand je m'attachais à eux tout de suite et que j'essayais de leur apporter un peu de chaleur avec mes câlins. Quelques fois ils me repoussaient même. Mais Rebekah, non. Elle me réconfortait même. C'est vrai que je n'apparaissais jamais triste devant Zael, car les rares fois où ça se produisait, il se mettait en colère, et je n'aimais pas ça. Même si ce n'était pas contre moi, bien sûr, je le savais ça … Mais c'est juste le simple fait de ne pas le voir sourire qui me déplaît. C'est pour ça que j'avais toujours l'air joyeuse : je ne voulais pas qu'il soit contrarié ou que je lui pose un quelconque souci, directement ou indirectement. J'apprenais donc à convertir les choses tristes en choses heureuses.


Je ne sais pas pourquoi, mais les douces paroles qui sortaient de sa bouche me réchauffaient à l'intérieur. Je n'avais pas de cœur ni d'organes, alors je ne pouvais pas utiliser l'expression humaine reliée à ça, mais c'était tout comme. Mais j'avais envie de pleurer aussi. C'était bizarre … Pourtant, je ne me sentais ni trop triste, ni trop joyeuse … J'avais passé une journée riche en émotions, mais de là à craquer … Ca ne m'était encore jamais arrivé. La petite bouille blonde me raconta un peu qu'elle aussi n'avait pas eu beaucoup d'affection. Je me retins de justesse de la serrer très fort contre moi et la bercer un peu. Mais finalement, c'est elle qui me câlina. Je fus surprise. Et des larmes coulèrent, cette fois de joie, parce que quelqu'un d'autre que Zael faisait attention à moi. Je la serrais très très fort.


« Alors toi aussi les gens ont été méchants avec toi … T'en fais pas, maintenant ça ira bien. Même si Zael ne veut pas, moi je t'adopte ! Et je te ferais tout plein de câlins, tout le temps, comme ça tu ne manqueras jamais d'affection ! Tu dois en avoir à rattraper en plus ... »


Je caressais le plus délicatement possible ses cheveux avec ce qui me servait de doigts. En plus, ils faisaient office de peigne, alors j'en profitais pour les démêler. Je ne savais pas ce que ça faisait de me serrer dans ses bras, hormis que cela faisait mal, mais Rebby m'aida à le savoir. J'étais fraîche et douce ? Si je sentais bon, je suppose que c'est parce que je venais de me rincer et me nettoyer … Je lui souriais, comme une grande sœur le ferait, sauf que je ne l'étais pas et que je ne pouvais pas l'être. Biologiquement, nous étions incompatibles … Et on ne laisserait sûrement pas un cactus vivant devenir un parent d'une hybride louve. Je la repris contre moi, ne pleurant plus, et écouta ses paroles. Les personnes adaptées à moi … Oui, mais qui étaient-elles ? A part elle et Zael, je ne voyais personne qui correspondrait. J'avais repensé peut-être à l'autre jolie blonde, mais son ton effrayant de tout à l'heure m'en dissuada immédiatement. D'ailleurs, elle avait été gentille de ne pas nous punir … Je ne savais pas trop si elle en avait le droit, mais apparemment, comme Rebby la craignait, c'était une possibilité. Et je n'avais pas envie de prendre de pari …


« C'est gentil … Mais je veux pas que tu te fatigues trop pour moi, hein ! Ne t'en fais pas, je ne comptais pas lui faire de câlin … Il me fait peur quand il est gros … Même s'il est trop mimi en miniature, je préfère le laisser où il est, je n'ai pas envie de me faire manger. »


Elle cessa de me garder dans ses bras. Elle devait être fatiguée … Je me demandais si elle avait d'autres amis à me présenter. Comme ça, eux aussi je pourrais essayer de leur faire plaisir, et trouver d'autres gens adaptés à moi, comme elle me l'a conseillé. Enfin, c'est ce que j'espérais. Mais d'ailleurs, est-ce que Rebby avait elle aussi ce genre de personnes autour d'elle ?


« Dis Rebekah, est-ce que tu as quelqu'un d'adapté à toi ? Un garçon ? Une fille ? Quelqu'un qui s'occupe bien de toi ? C'est dur à trouver ? »


Zael


Bon sang, les entrailles de dragon, c'était vraiment infâme. L'odeur collait vraiment fortement à la peau. J'ai cru que j'allais devoir me dépecer et me faire coller une nouvelle peau par-dessus la chair pour m'en débarrasser. Ca ne s'en éloignait pas trop cela dit, étant donné que je me frottais le corps presque jusqu'au sang parfois. Je crois que ça faisait la cinquième fois que je me passais du gel douche et du shampooing, et l'odeur avait presque disparu. Satisfait, je sortis de la douche, et me rhabillai avec des vêtements propres. Nausi et Rebby devaient encore être en pleine discussion. J'étais vraiment heureux pour elles qu'elles s'entendent aussi bien. Je me débrouillerais pour passer du temps avec notre p'tite blondinette préférée. Bien que je n'en ai rencontrée que deux jusqu'ici. Mais l'autre, la soi-disante harpie, même si elle avait été cool de nous laisser nous en tirer sans nous faire morfler, elle m'avait semblé … lourde, à parler, parler, parler inutilement, et à utiliser des mots compliqués ou élaborés. Enfin bref. Une fois sorti de la salle de bain, je les rejoignis, tout sourire.


« Je vois que ça discute bien ici ! J'aimerais bien vous laisser entre filles, mais Rebby, tu as encore cours non ? Déjà que t'as pas pu être là une fois, si tu rates a fin de journée, ça risque d'être dur pour toi pour la suite, non ? Sinon, tu peux rester ici un peu, moi ça m'dérange pas. Y'a personne pour le moment de toute façon pour râler. Ou si tu préfères, si tu n'as pas cours, je peux aussi te raccompagner avec Nausi jusqu'à ta chambre. Et puis, si vous voulez rester un peu toutes les deux … C'est comme vous voulez ! Je ne suis que votre humble serviteur. »


Je leur souriais grandement et de façon bienveillante. Rebby était arrivée à point nommé dans nos vies. Surtout pour mon familier. Je sentais très bien que ses différences lui pesaient sur le cœur depuis un petit moment maintenant, mais l'hybride arrivait à les transc… Euh … Les dépasser. Et ça, c'était super cool. Peut-être même que Nausicaä allait passer plus de temps auprès d'elle qu'avec moi. Mais cette pensée ne me dérangeait pas. Je savais qu'elle serait en très bonne compagnie, et qu'elle pourrait s'épanouir, pendant que je chercherai de mon côté une solution à ses tourments. Je pourrais même lui faire plus facilement la surprise !