Après sa rencontre avec Zora au réfectoire, Kurogami retourna dans sa chambre pour continuer la lecture de son livre.

*Alors? Qu'est-ce que ça t'as fait de rencontrer une fille, une vraie, et pas seulement d'en observer une de loin?*
-Hm... j'imagine que je suis heureux.
*Tiens, môsieur le gentil garçon timide a disparu, hiss hiss hiss, pourquoi ce changement?*
-Changement? Haha... Tu crois vraiment que j'étais sérieux?, dit-il, d'un ton assez neutre.
*Bah, rappelles-toi que tu ne peux rien me cacher... Même si tu le nies, je sais que tu apprécies cette fille. Crains-tu que "l'autre" puisse en tirer avantage? Hiss Hiss...*
-Parfois, je me demande vraiment de quel côté tu es... Je te préviens, si jamais "l'autre" s'en prend à Zora, tu seras le premier à en pâtir. Kurogami avait jeté un regard meurtrier à son familier.
*Hiss hiss... Je plaisante, je plaisante... Ne t'en fais pas, je suis de tout coeur avec toi, mais ce n'est pas le cas de "l'autre".*
-Je sais. Bon, je vais prendre l'air, reste ici.
*Bien, si c'est ce que tu désires...*

Kurogami sortit du bâtiment annexe et se dirigea vers le lac. Diverses pensées fusaient à toute allure dans son esprit. *Zora... vraiment charmante cette fille... J'imagine que j'ai de la chance de l'avoir comme... amie?* Il balaya cette pensée avant de s'aventurer sur un terrain glissant de son esprit. Il s'assit à l'ombre d'un arbre et continua à lire son bouquin.

Après une heure de lecture, il entendit des bruits de pas. Etant conscient de l'endroit où il se trouvait, et ne voulant attirer l'attention, il grimpa dans l'arbre et s'installa sur une branche. *Avec un peu de chance, on ne me remarquera pas.*

Il voulait reprendre sa lecture, mais la silhouette du nouvel arrivant attira son attention. *Zora?! Ici?! Mais... mais... Ah, mais suis-je bête, Zora est une jeune fille gentille, et de plus, elle est très belle, c'est normal qu'une fille comme elle soit à un endroit pareil. Après tout, c'est le coin idée pour les amou-...* Il fut étonné de remarquer que son pouls s'était accéléré, et il fut encore plus étonné de voir qu'il était énervé. *Ce n'est pas possible... Pourquoi suis-je aussi énervé?* Et à nouveau, la pensée qui le turlupinait toute à l'heure lui revint à l'esprit ; il chassa de suite cette pensée qu'il qualifiait de puérile de son esprit. *Ce genre de chose ne m'intéresse pas. Je ne peux m'intéresser à ce genre de chose, sinon "l'autre" va...*

*CRAC*

La branche venait de casser, mais heureusement, Kurogami se réceptionna tant bien que mal sur ses jambes. Il tourna ensuite les yeux vers le lac. *"Avec un peu de chance, on ne me remarquera pas", hein? Faut croire que je suis pas vraiment chanceux...* Il se cherchait déjà un prétexte pour expliquer sa présence en ce lieu.

Kurogami aurait dû être soulagé que la jeune fille et son familier n'aient pas remarqué sa présence, mais il ne pu s'empêcher d'être un peu frustré. Puis, se disant que c'était une bonne occasion d'en apprendre plus sur elle, il décida d'aller lui parler. Décider de le faire, ça, ce fut facile, mais la suite en revanche... *Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire? Elle va croire que je l'ai suivie si j'apparais aussi brusquement de nulle part...*

Ne sachant que faire, il décida de se cacher derrière l'arbre et de les observer. Après quelques minutes "d'espionnage", il réalisa que ce serait pire si elle la voyait dans cette situation. *Mais qu'est-ce que je peux bien faire?! Si je reste là et qu'elle me voit, parce qu'elle va bien finir par me remarquer à un moment ou à un autre, elle va définitivement croire que je suis un voyeur, un gros obsédé qui va mater les jeunes filles au bord du lac...* Il soupira, puis resta encore quelques minutes supplémentaires derrière ce mince abri que représentait l'arbre.

*Bon, Kurogami, tu n'es pas une chiffe molle. C'est ton amie maintenant, il n'y a pas de mal à aller la rejoindre!* Pourtant, il était angoissé ; il avait peur qu'elle lui demande ce qu'il faisait là. Dans ce cas-là, il bafouillerait sûrement, et ne saurait pas quoi dire. D'abord, il devait trouver un prétexte... Mais lequel? Il était habituellement doué pour simuler, mentir et tromper. Cependant, il était également un homme d'honneur, et il avait fait une promesse à Zora. *Bon, j'imagine que je vais devoir lui donner mes vraies motivations si jamais elle me questionne...* Et il s'approcha d'elle :

"Hey, quelle surprise! Qu'est-ce que tu fais là?", dit-il, un sourire radieux, presque exagéré, sur le visage. *Espérons qu'elle ne me demande pas ce que je faisais là...*

Elle avait posé la question... *Ah oui, j'oubliais, je n'ai jamais eu de chance.*
"O-Oh, j'ai l'habitude de venir ici pour lire, comme ça je prends un peu l'air..."
Ce n'était pas tout à fait faux, mais pas entièrement vrai non plus. *... J'imagine que ça ira ça... Hm... Tiens? Elle a les joues un peu rouge... Se pourrait-il...? Se pourrait-il qu'elle attende quelqu'un?! Aaaaaaah... Je veux pas tout gâcher!* Il avala sa salive, et, en rassemblant ce qui lui restait de courage, il tenta d'articuler quelque chose comme "Désolé si je dérange, ahem, je m'en vais maintenant", mais rien ne sortit.

*Non, non, non! Ca ne peut pas être vrai, elle ne peut pas avoir un petit-ami! ... Mais qu'est-ce que je raconte? Bien sûr qu'elle peut en avoir un, pourquoi ne pourrait-elle pas? ...* Il repensa à sa discussion, plus tôt dans la journée, avec son familier *Au fond, il avait peut-être raison... peut-être que j'apprécie un peu trop Zora... Peut-être que... Non! Je refuse... Je ne peux simplement pas...*

Il se résolut alors à lui demander directement, c'était la solution la plus simple à son problème. Mais... un seul regarde à la gueule du loup finit d'achever les dernières miettes de son courage, maintenant envolé. *Z-Zut... Il a pas l'air de m'apprécier lui... Bon, après tout, c'est le familier de Zora, il doit pas être bien méchant...* Il déglutit, et se força à sourire le plus naturellement possible :

"Est-ce que tu attendrais quelqu'un? Après tout... on est au lac de Tadakai, ce serait normal que tu... hum..." *J'y arrive pas, j'y arrive paaaaas... Décidément, je suis qu'un gros pétochard...* Il réussit quand même à articuler cette dernière phrase, avant d'être réduit au silence par sa gêne.
"Se pourrait-il que tu aies rendez-vous avec quelqu'un?"

Ces paroles avaient eu l'effet d'une brise rafraîchissante, et Kurogami se sentit soulagé. Soulagé? Oui, il l'était, sans en comprendre la raison. Ou plutôt, en ignorant volontairement cette raison. *Allons bon... Je me suis encore imaginé des trucs... Je suis vraiment content que... que quoi finalement?* s'interrogea-t-il. Il ne cessait de fixer la jeune fille. Ses joues rouges s'accordaient parfaitement avec les deux perles brillantes avec lesquelles elle le regardait.

Il rougissait lui aussi, mais cela ne le gênait pas ; ne le gênait plus. Il était simplement heureux, d'être là, presque seul avec Zora. De toute sa vie, il ne s'était jamais senti aussi heureux. Mais d'où lui venait donc ce sentiment intense de joie? *Est-ce ce que les humains appellent l'amour?* Il sourit à cette pensée. *Ainsi, même moi, je peux ressentir ce genre de chose...? Haha... Ce n'est pas désagréable comme sensation.*

S'il ne craignait pas que le loup ne le morde, il aurait volontiers "embrassé" Zora -ce terme avait souvent été utilisé par ses camarades, et Kurogami en avait à peu près saisi le fonctionnement. Il pensa que c'était un moment propice pour le faire, mais il ignorait tout de sa signification. Le loup restait tout de même un obstacle, alors il coupa court à la tentation. Il resta planté là, à contempler la beauté de cette jeune fille. *Elle me rappelle ces déesses grecques, dont j'ai vu tant de représentations dans mes livres...*

Comme par enchantement, il avait repris un peu plus confiance en lui. Il sortit un petit bout de papier de sa poche. C'était un plan du 4ème étage du bâtiment annexe, avec une croix là où se trouvait la chambre du jeune homme. Il tendit le papier à Zora, sans réfléchir, et dit spontanément, non sans une pointe de gêne dans la voix :
- T-tiens... Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, tu pourras me trouver là. Si je ne suis pas là, tu peux t'adresser à Orochi, mon familier ; il saura où me trouver.

Kurogami était un peu moins tendu, maintenant que le loup était parti, Dieu sait où, mais parti en tout cas. Il répéta plusieurs fois dans sa tête cette phrase que la jeune fille venait de prononcer, et ne put réprimer un large sourire. *Wah... mais attends... pourquoi me proposer ça à moi? Est-ce que...? Rah, non, voyons, c'est impossible... Je viens de la rencontrer aujourd'hui... Je dois encore m'imaginer des trucs.* Il mourrait d'envie de répondre "Oui, avec joie!", mais cela ne le trahirait-il pas? Après tout, s'il s'était encore fourvoyé sur le véritable sens de ces paroles, ne risquait-il pas de faire fuir Zora? Mille doutes de ce genre fusèrent dans son esprit, à la vitesse d'un éclair. *Si je me suis encore trompé, je risque bien de mourir de honte, et pire que ça, de perdre la seule amie que j'ai jamais eue... Non! Elle doit sûrement me proposer ça en toute amitié. N'est-ce pas tout à fait normal pour deux amis de balader ensemble, au bord d'un la-...*

Mais ce n'était pas n'importe quel lac, et Kurogami était bien placé pour le savoir, puisqu'il visitait quotidiennement cet endroit, en quête d'un peu de calme. *Bon, de toute façon, je serai fixé si j'accepte, non? Et puis Zora est une fille bien... Ca ne me gênerait pas du tout qu'elle devienne ma... ma...* Ce mot restait bloqué dans sa tête, et ses joues s'empourprèrent de plus belle.

Après quelques instants de réflexion, il finit pourtant par répondre, timidement :
- A-Avec joie!

Kurogami remarqua que Zora avait l'air très tendue, elle aussi. *Hm... même comme ça, elle est vraiment craquante...* Il frémit. *Je suis vraiment un gros dégueulasse, ma parole?! Mais qu'est-ce que je raconte encore moi... Trouver qu'une fille qui a l'air embarrassée est plaisant, mais quel monstre suis-je... Non mais zut quoi! bref, il faut que je me calme, et que je ne laisse pas mon esprit se disperser.*

Il prit la main de la jeune fille, sans réfléchir, et la traîna doucement, en marchant à quelques centimètres d'elle. Il ne savait pas quoi dire, et était un peu gêné, mais soit. Il était heureux, vraiment heureux. Mais il se sentit quand même obligé de démarrer une discussion, ne pouvant plus supporter ce silence pesant.

- Au fait, où est passé ton familier?, dit-il, car c'était la seule chose qui lui venait à l'esprit. Il aurait voulu poser mille questions à son amie, mais, de peur de l'effrayer, il avait préféré poser cette question simple. J'ai l'impression qu'il ne m'aime pas beaucoup...

Puis, il se sentit bête. De toutes les questions qu'il voulait lui poser, c'est celle-ci qu'il avait posé. *Idiot! Idiot, vraiment idiot! J'aurais dû lui demander ce qu'elle aime écouter, ou faire, mais non, il a fallut que je demande où son familier est passé... Bougre d'âne que je suis!*

Il sut ne pas montrer ce petit conflit mental, et la seule chose qu'il laissait paraître sur son visage, était un sourire radieux, ponctué par ses joues toutes rouges.

Kurogami avait attentivement écouté ce qu'avait dit Zora, et, regardant toujours devant lui, il avait répondu :
-Ne t'en fais pas, je ne te ferai jamais de mal.

Et il voulut lui sourire, mais lorsqu'il remarqua la larme qui lui perlait sur la joue, il s'arrêta brusquement. *... J'ai encore fais une gaffe on dirait... Peut-être a-t-elle eu une enfance difficile elle aussi...? ...*
Il se remémora alors le passage d'un livre qu'il avait lu, un jour. *Hm... J'imagine que je vais devoir tenter ça.*

Il la serra contre lui avec un bras, et de l'autre, il lui releva la tête en lui soulevant doucement le menton avec son index, de manière à ce que ses yeux plongent dans ceux de la jeune fille.
-Hey, est-ce que ça va aller? Je suis là pour toi, maintenant, alors souris, ça te va si bien.

Il avait dit cela sur un ton presque trop naturel, et ça le choqua. *Waouw... Si j'avais su un jour que j'allais dire un truc comme ça... Et en plus, d'un ton si naturel... Je m'impressionne... Raaah! Idiot, arrête de te complimenter et réfléchis! Placer ton discours de beau gosse ne va pas suffire, qu'est-ce que tu vas faire maintenant? Pense Kurogami!*

Et il eut une idée : il cueillit une magnifique fleur aux pétales rose pâle sur le bord du chemin, et la mis dans les cheveux de Zora.

-Ca va vraiment bien avec la couleur de tes yeux, dit-il, avec un sourire tendre et chaleureux.

Kurogami aurait vraiment voulu dire quelque chose, mais la gêne le paralysait complètement. Il aurait voulu presser ses lèvres contre les siennes, mais il se ravisa ; il ne la connaissait que depuis un jour, et surtout, ce n'était pas certain qu'elle partage ses sentiments. *Je ne peux pas... Mais cette situation... Elle ressemble beaucoup trop à celles dans mes livres... Raaaah...* Il était rouge, et il sentait les mains de Zora sur ses joues... *Elles sont vraiment douces... Et ces yeux tout brillants vont finir par avoir raison de moi... Non, il faut que je résiste, je ne veux pas la perdre à cause de cette partie trop "humaine" en moi. Je ne suis qu'un observateur, pas une personne qui agit.*

Il sourit tendrement à la jeune fille, lui reprit la main, et il continua à marcher. *J'ai beau renier mon "humanité", mais elle ne va pas me quitter de sitôt, alors, le plus tôt je l'aurai accepté, le mieux ce sera... Mais... Pas maintenant...*

Kurogami connaissait assez bien cet endroit, y étant allé beaucoup de fois, et il se souvint qu'à quelques mètres de là, il y avait un banc blanc. *Hm... je vais l'emmener là, peut-être qu'elle en a marre que je la traîne à droite et à gauche comme ça... C'est une fille délicate et fragile après tout...* Et il l'emmena jusqu'à ce banc. Pourtant, bien qu'il connaissait assez bien les alentours du lac, il avait omis un détail : ce banc était surnommé "Le banc des amoureux", car les jeunes couples avaient l'habitude de se former là, au coucher du soleil, sur ce magnifique banc d'ivoire.

Le ciel bleu commençait doucement à prendre des teintes violacées, puis roses, et à mesure que le soleil disparaissait, ces pulsions "humaines" commencèrent à monter à la tête de Kurogami.
*Peut-être que... juste une fois...?*
Il plongea son regard dans celui de Zora, et ses joues s'empourprèrent. De sa main droite, il remit une mèche de cheveux -qui était tombé devant le visage de la jeune fille- derrière son oreille.

-T-Tu es vraiment magnifique, dit-il. Sa voix tremblotait.

*Beau, moi? Quelle blague! Mon corps est frêle et fragile, je suis maigrichon, et j'ai des cheveux blancs neiges, comme les vieux... La seule chose que la Nature m'est donnée est ma taille...*

Il rapprocha son visage de celui de Zora. Ses joues virèrent de plus en plus au rouge, et il commençait à comprendre ce que les humains appelaient l'amour. *Donc, c'est ça, l'amour? Le coeur qui bat la chamade, la face rouge comme une tomate, un sentiment de bonheur indescriptible...* Ses pensées s'assombrirent pourtant. *Non... Je ne peux me permettre ce bonheur. "Il" ne le permettrait pas, et je refuse qu'il blesse qui que ce soit d'autre, et surtout pas Zora.*

Il voulut déposer un baiser sur les lèvres de la jeune fille, puis détourner le regard vers le lac, s'excuser auprès d'elle, lui dire à quelle point il l'aim... l'appréciait, mais il ne put s'y résoudre. Il craignait beaucoup trop que "l'autre" ne la blesse.

*Pourquoi ne pourrais-je pas être heureux, une fois dans ma vie?* Il déglutit. *Ha, j'ai compris. C'est donc elle qui te perturbait depuis toute à l'heure? Hahaha... Je te l'enlèverai, alors, mon cher Kurogami. Hahaha... Ha... ha... ha? Non. Ce dont j'avais peur, c'était de perdre Zora, pas de la blesser... C'était vraiment égoïste de ma part. Non, je ne la perdrai pas, je ne laisserai personne s'interposer entre elle et moi, personne, ni même "l'autre", ni même moi! Tu m'as compris?!*

Et il fit ce qu'il brûlait d'envie de faire depuis un moment : il pressa ses lèvres contre celles de Zora. A ce moment là, plus rien d'autre n'existait ; le ciel, le soleil, le lac, le sol, plus rien n'avait d'importance à ses yeux. Même sa peur de "l'autre" avait disparue à cet instant. Tout ce qui comptait, ici, maintenant, là, c'était Zora. Puis, il ferma les yeux, et profita de cet instant, ce bref instant. Il aurait voulu que le temps s'arrête, qu'il se suspende, pour le laisser profiter de ce minuscule moment de bonheur...

Lentement, Kurogami releva sa tête et sourit tendrement. Il commençait à reprendre un peu ses esprits. *C'était... c'était vraiment... bien? C'est ce que tu veux dire? Haha... Tu ne mérite pas ce bonheur, pas après ce que tu... ce que nous avons fait. Tu dois sûrement t'en rappeler, n'est-ce pas... Hm? Tu ne me réponds pas?

Silence. Quoi? Tu commences à t'énerver? Silence. Qu'est-ce que tu vas f... ?! SILENCE! Ceci est mon corps, mon esprit, mon être. Ma vie! Je ne te laisserai pas gâcher ce bonheur. Si je dois, j'éliminerai cet esprit tordu que tu es, même si pour ça, je devrai périr avec toi. Hey... Tu rigoles hein? Je... On dirait que j'ai atteint une corde sensible... Pffft... Hahahaha. Très bien, je ne ferai rien. Haha... Je ne serai pas celui qui vous détruirai, non, tu finiras bien par le faire toi-même... Hahaha!*

Ca devait bien être la première fois qu'il tenait autant tête à son "autre" facette. *Mon bonheur... je ne laisserai personne le gâcher. Je te protégerai Zora, je t'aime.* "Aimer", c'était quelque chose qu'il n'avait jamais pensé aussi sincèrement. Il ramena la jeune fille vers lui en passant son bras par dessus son épaule. Il commençait à s'habituer à la proximité de son corps. *Je suis amoureux, définitivement, et ce n'est pas si désagréable.*

-Dis Zora, dit-il avec un air bienveillant, est-ce que tu crois au destin? Je veux dire, peut-être qu'on était destiné à se rencontrer ici, et à être heureux, ensemble, tu ne penses pas?

-Je te le promets, jamais je ne te laisserai!, sussura-t-il à son oreille.
Kurogami sentait le souffle de la jeune fille sur sa peau, à un rythme très régulier *Elle doit s'être assoupie...* pensa-t-il. Ne voulant la réveiller en bougeant brusquement, il se contenta de rester dans cette position, et de contempler le lac. *Cet endroit est vraiment beau...*

Déjà, le soleil avait fait place à un croissant brillant qui s'élevait au-dessus des eaux. La lune parsemait ci et là le lac de magnifiques reflets argentés, contrastant avec la noirceur du lac. *Peut-être que moi aussi, au milieu de toute la noirceur de ce monde, j'ai enfin trouvé ma lumière... Oui, ça doit être ça... C'est grâce à elle que j'échapperai enfin aux ténèbres qui enchaînent mon coeur... Merci, merci d'être là, Zora...*

Le jeune homme sentit un léger courant d'air et un frisson  parcourut tout son corps *Bien... Je pense qu'il est l'heure de rentrer...* murmura-t-il. Ne voulant tirer sa bien-aimée de son sommeil, il décida de la porter, à la manière d'une princesse, jusqu'aux dortoirs.