Où est mon violon ?! Sérieusement, j'ai réussi à perdre une boite aussi grande que moi ! J'arrive pas à croire que je suis aussi doué. Je fouille un peu partout, et quand je dis partout, ce n'est pas une phrase comme ça. Est-ce que je peux trouver un violon dans le tiroir de mes vêtements ? Non, mais je cherche quand même. Je ne pense pas qu'il soit dans la douche, mais mieux vaut que je sois sûre. C'est avec ce genre de pensée qui m'oblige à ouvrir la fenêtre. Qui sait, peut-être est-il accroché au toit par un file en fer et qu'il pendouille devant mes vitres. Je peux pas la savoir moi ! Après avoir fouillé de fond en comble, j'attrape mon carnet, mon stylo et sort de la chambre en laissant tout en désordre. J'espère que Phelan me pardonnera d'avoir foutu le bazar dans sa chambre, mais j'ai des choses plus importantes à faire que faire le ménage. Même si logique, je devrais toujours ranger derrière moi. Bah, je le ferais en rentrant, je dois trouver mon violon. Avant de fermer la porte, Elly se faufile dehors, monte sur mes chaussures et va se cacher sous mes vêtements. Je frissonne un peu, faisant les mîmes d'un rire sous ses pattes velues. Une fois que ce sentiment est partit, je me remet à courir précipitamment dans les couloirs. Et c'est là, mon seul soucis. Courir, ou même faire de simple effort est très déconseillé pour moi. Mais j'en ai rien à faire de ce que me dit le médecin ! Je suis assez grande pour me prendre en main et je suis assez libre pour courir quand j'en ai envie ! Et puis j'ai mon médicament sur moi, ça réduit les risques.
J'en ai rapidement besoin. J'ai un petit malaise au milieu d'un couloir. Je sors une inhalateur et l'apporte à mes lèvres, redonnant à deux reprises de l'air dans mes poumons. J'aurais bien voulu reprendre ma course pour atteindre plus rapidement mon objectif -parce que je me doutais où j'avais posé mon violon. Mais je me rends compte que mon inhalateur est vide. J'en ai bien un autre, mais il est dans ma chambre, et je n'ai pas envie de perdre du temps. Je n'ai plus qu'à espérer ne pas avoir trop peur, ni d'avoir à courir. Donc c'est en marchant que je reprends ma route. J'arrive rapidement devant la porte de la salle de musique. Il n'y a qu'ici que j'ai pu laisser mon instrument. Sinon, ça veut dire qu'il peut être n'importe où dans le pensionnat ! Et je n'ai pas envie qu'on me le vol ! Pas parce qu'il coûte assez cher, ce n'est qu'un détail, mais surtout parce qu'il m'est très cher ! Et muette comme je suis, il n'y a qu'avec lui que je peux faire du bruit. C'est comme un ami pour moi. S'il pouvait être vivant, je pense qu'on serait les meilleurs amis du monde. Mais cette place est déjà prise par Elly. Mais au moment où je veux ouvrir la porte, un bruit monte à mes oreilles. Et pas n'importe quel bruit. Il est si...Mélodieux. Un piano, il n'y a aucun autre instrument qui peut faire un bruit aussi beau à part le violon. Et ce n'est pas le son d'un archet qui glisse sur des cordes. Devrais-je repartir ? Attendre que le musicien ai fini ? Je n'ai pas envie de le déranger. Je n'ose même pas poser ma main sur la poignée sans trembler. Et si j'entrais en plein cour ? J'aurais vraiment l'air stupide...
Trop tard, j'ai ouvert la porte. Et d'un regard, je remarque que le jeune homme qui joue est tout seul. Elly s'est posé sur mon épaule, et je lui fais signe de ne pas faire de bruit pour ne pas le déranger. Mon violon est posé juste de l'autre côté, dans son étui bleu clair. Je vais essayer de le prendre sans attirer l'attention. Je ne compte pas partir tout de suite après, juste me poser dans un coin. Et peut-être si l'envie farceuse m'en prend, me mettre à jouer avec lui. Accélérer la mélodie pour faire un contraste. Le genre de chose que je ne connais absolument pas. Je ne connais qu'un morceau par coeur, alors je devrais sortir mes partitions. Car je le joue seulement lors des grandes occasions. Bon, la seule exception était le moment sur le toit, mais je n'ai pas l'habitude de le jouer comme ça. Accroupis, je me dirige lentement vers mon violon sans trop faire de bruit. Mais je suis quand même repérer. La voix du jeune homme me fait sursauter et je tombe la tête la première sur le sol. Pas de trop haut, mais il m'a fait une petite frayeur. Frayeur ?! J'ai eu de la chance de ne pas avoir une crise d'asthme...Parce que là j'y passais. B..Bref, je ne dois pas penser à ça. Ma tête dépasse juste de la table, regardant le jeune homme qui joue. Comment je peux lui répondre ? Je ne peux pas lui parler. J'ai une idée. Je prends mon violon, passant ma main dessus avec délicatesse. Je sors mon archet et je me dirige lentement vers le piano et son musicien de talent. Soulevant avec attention ma robe, je m'assoit sur l'instrument. J'essaye de faire attention. Je sais à quel point c'est fragile, cher et magnifique. J'ai beaucoup de respect, alors j'évite de mettre tout mon poids dessus, une jambe sur le sol. Je pose mon violon sur mon épaule avant de prendre une grande inspiration.
Je dois faire mon maximum pour ne pas faire de faute. Je ne veux pas que ma musique de novice bousille son talent. Alors c'est avec délicatesse et un peu de stresse que je commence à faire glisser mon archet sur les cordes de mon instrument. Un petit son timide y sortit, avant d'être coupé par un autre plus puissant. Et ça fait comme ça jusqu'à ce que je puisse suivre le son du piano. J'essaye d'oublier que je ne suis pas seule pour jouer correctement. Je fais quelques erreurs au départ, mais quand je me sens enfin seule, je me laisse emporter. La mélodie est trop tentante aussi. Je ne peux pas m'empêcher de la suivre sans trop faire attention. Puis l'envie me vient d'accélérer. Comme prévu, le contraste laisse la beauté de la musique intacte. Puis je termine ma tirade par une longue mélodie. Dès que je finis mon morceau, je me lève du piano pour déposer mon instrument sur la table la plus proche, toute souriante. A chaque fois que je fais de la musique, seule ou accompagnée, je suis toujours heureuse. Une fois que j'ai sortis mon carnet de ma poche, je me mets à écrire. Je ne sais pas s'il va comprendre quoique ce soit, s'il va se demander pourquoi je ne parle pas, mais je m'en fiche. De toute façon, ce n'est pas un sujet taboue chez moi.
Bonjour ! Excusez-moi de vous avoir dérangé, je voulais juste récupérer mon violon à la base. |