Dimanche matin... Le bonheur d’un repos bien mérité après une longue semaine de cours. Que demander de plus ? Quelques jours supplémentaires bien sûr...
S’étirant de part et d’autre de son lit, Flare faisait les mêmes gestes, au même instant pour tenter de se réveiller. La scène était assez comique et après s’être étirée, Mio décida enfin de sortir de son lit. Le réveil affichait déjà midi et demi ; une heure à laquelle tout le monde était déjà réveillé, bien entendu. La petite brune devait sûrement être la seule de l’établissement à dormir autant...en même temps, elle n’y pouvait rien si elle n’arrivait pas à s’endormir avant deux ou trois heures du matin. Son anxiété et la musique la laissait souvent éveiller de longues heures durants, avant de trouver enfin les bras de Morphée.
Flare vint se coller contre les jambes de sa maîtresse, réclamant maintes caresses qui voulait sans nul doute, la convaincre de rester encore un peu plus longtemps dans le lit. Mais ce n’est pas que cela ne lui donnait pas envie, bien au contraire, c’est surtout que son ventre commençait vraiment à crier famine. Néanmoins, l’heure de petit-déjeuner que les étudiants pouvaient prendre dans le réfectoire était maintenant terminé depuis bien longtemps. Il faudrait donc se déplacer en ville pour aller se chercher à manger.
Sautant sous la douche, se maquillant et enfilant des habits du dimanche - soit un jean et un haut noir - elle sortit de la chambre, suivit du petit chat qui, visiblement, avait aussi faim que la petite brune. Se précipitant dans les escaliers du quatrième étage, elle descendit en trombe les marches, les sautant deux à deux comme si personne ne pouvait se trouver sur son chemin. Et malheureusement, ce qui devait arriver, arriva. Arrivée au deuxième étage, elle se cogna contre quelqu’un et trébucha en bas des escaliers... Rien de grave heureusement, hormis une grosse bosse sur la tête et un poignet bien abimé...
Relevant la tête, elle remarqua un garçon en haut des escaliers...
Phelan rêvait. Il rêvait que ses boucles d’oreilles ne marchaient plus, et que ses yeux fondaient. Il cauchemardait en fait. En sueur qu’il était, il se sentit soudain un museau froid le lécher doucement au visage, comme pour le réveiller. Mais ses yeux continuaient de fondre, alors que lui il ne voulait pas, qu’il hurlait, qu’il était plus expressif que jamais. Et les crèpes autour de lui riaient, parce que c’était amusant, Phelan mourrait. Il entendit une voix l’appeler par son nom, lui dire de se réveiller, et de nouveau sentit qu’on lui léchait doucement le visage puis les doigts. Mais il ne parvenait pas à se réveiller, comme si quelque chose le bloquait, ses boucles d’oreilles, étaient-ils à ses oreilles ? Doucement, encore dans son rêve, il posa dans la vraie vie ses mains sur ses oreilles et compta doucement…Quatre…Ah alors c’était bon elles étaient toutes là…
- Quatre….. Non elles sont cinq.
Il se redressa brusquement et vit que Shizuka, petit tigre blanc à l’apparence adulte, mais pas enfant était couché sur lui, et paraissait inquiète, avec un visage tellement maternel qu’on aurait presque pu la prendre pour sa mère si Phelan n’avait pas été humain.
- Phelan, tu es réveillé. - Shizuka, il me manque une boucle d’oreille. - Oui, elle traîne par terre.
Alors le jeune homme tendit la main et remit sa boucle, puis tenta de se rendormir parce qu’il sentait encore le sommeil le submerger, mais cela ne marchait pas, il avait assez dormi d’après son esprit, et il ne pourrait pas se reposer avant ce soir. Il émit un long soupir et se leva. Il était neuf heures, et il n’avait rien envie de faire, alors à la place il mangea une crèpe. Le temps passa, et il passa sa matinée à regarder le dehors, et lire le livre qu’il avait commencé la veille. Shizuka à ses côtés, restait sage et ne l’embêtait pas avec des caresses ou des choses du même genre.
A midi il décida de se lever, et ne remarqua pas que la boucle d’oreille qu’il avait mise le matin même s’enleva et tomba par terre dans la chambre. Même Shizuka ne le nota pas et ils partirent comme ça. C’est ainsi qu’ils finirent dans les escaliers, et qu’une demoiselle tomba dans les escaliers, un peu par sa faute, et sans le vouloir aussi. Il voulu la rattraper, mais c’était trop tard, elle était tombée. Alors il descendit les marches pour s’approcher…
Et compris qu’il lui manquait quelque chose quant il vit non seulement qu’elle se nommait Mio Akiyama, dix-sept ans, quatrième classe, troisième année, qu’elle possédait un pouvoir d’ultrason, qu’elle aimait plus que tout la musique….Mais aussi qu’elle avait dormi tard, qu’elle s’était réveillée tout aussi tard, qu’elle pensait surtout à sa chute actuellement, et quelques uns de ses autres goûts. Alors au lieu que Phelan dise « est-ce que tout va bien » il fit :
- Il me manque une boucle d’oreille encore.
Shizuka entendit ça et regarda, et remarqua qu’en effet c’était le cas. Mais là s’il retournait dans sa chambre ça serait malpoli au possible, de fait, elle ne fit aucune remarque et Phelan regarda la jeune fille, espérant qu’un mal de crâne ne surveille pas trop vite :
- Je ne voulais pas que tu tombes. Tu n’as pas trop mal ?
En un sens il ne semblait pas non plus très préoccupé vu que le ton qu’il prenait, mais en vérité il était presque inquiet. Décidément les gens se blessaient toujours en sa présence.
Par politesse il tendit sa main pour la rattraper :
- Tu ne dois pas être réveillée encore. Vu l’heure à laquelle tu t’es levée.
Shizuka le regardait et émit presque un soupir parce que son maître avait tellement l’habitude de recevoir des informations qu’il ne se préoccupait même plus de si les gens le savaient ou non. C’est vrai que ça sonnait louche, mais bon, espérons que Mio ne se rende pas trop compte.
La petite brune était toute déconcertée. Elle ne comprenait pas tout ce qui venait de lui arriver : réveil- faim - escalier - garçon - chute ; en résumé, tout s’était à peu prêt déroulé dans cet ordre précis, mais dans la tête de Mio cela ressemblait plus à un seul mot : flou.
Celui qu’elle avait heurté dans sa chute, se tenait toujours en haut des marches se touchant l’oreille et se fichant complètement de ce qui venait de se passer. Il la regardait et avait l’air de l’analyser sans chercher à lui venir en aide. Une bonne vingtaine de secondes passèrent, elle, sur les fesses, la tête et le poignet engourdis et lui, du haut de l’escalier, marmonna une phrase incompréhensible. Finalement après ces longues secondes il se décida à descendre les marches et à lui demander si tout allait bien :
«Je ne voulais pas que tu tombes. Tu n’as pas trop mal ?»
Sa voix laissait plutôt entendre qu’il faisait cette démarche uniquement par politesse... Mio soupira et pensa que c’était bien un garçon, toujours m’enfoutiste au plus haut point. La jeune fille se releva à l’aide du jeune homme qui lui tendit la main. Debout, elle déposa sa main droite sur sa tête et l’autre pouvant à peine bouger, gisant le long de son buste. Elle devait sûrement s’être foulée le poignet... Le garçon enchaîna avec une phrase qu’elle entendit sans y prêter attention :
«Tu ne dois pas être réveillée encore. Vu l’heure à laquelle tu t’es levée»
Ce qui lui faisait soucis pour le moment était l’état de son poignet et surtout cette pensée horrible qui traversa son esprit...
*Mais...Mais...ça veut dire que je ne pourrais plus jouer de la basse...*
Prise de panique la petite brune se mit à sangloter et à paniquer à cette idée... Des larmes se mirent à couler le long de ses joues...
«Désolée...c’est ma faute si je suis tombée...pas la tienne...et maintenant je ne vais plus pouvoir jouer de la musique correctement... Encore une fois parce que je suis trop nulle»
Ces mots sortirent de sa bouche sans regarder le jeune homme dans les yeux. Elle se sentait coupable de ce qui venait de se passer. L’appel de la faim avait fait en sorte qu’elle soit punie de musique... Quelle horrible ironie du sort...
Phelan la regardait, et contrairement à ce que Shizuka aurait pu penser, la jeune fille ne fit aucune remarque sur le fait que le jeune homme avait dit une phrase que seul des gens vraiment spéciaux comme des voyants ou ce genre de chose pouvaient dire. Seulement la jeune fille sur le moment semblait plus préoccuper par autre chose. La basse. Alors elle jouait de la basse. C’était quoi une basse, se demanda le jeune homme. Et en plus elle se mit à sangloter, comme si c’était la plus horrible des choses. Phelan n’avait pas le don du soin, et ne pouvait donc rien pour elle, alors il regarda vaguement sa main :
- Tu n’es pas trop nulle, tu es tombée parce que tu étais heureuse d’aller manger. Je ne peux pas te soigner, mais je comprends.
Neutre, antipathique au possible, mais compréhensif et attentif. N’était-ce pas un garçon parfait ? Shizuka se taisait toujours, restant au pied de son maître.
- Moi si je pouvais plus faire de crèpes je serais très triste. Ca te fais vraiment mal ? Je pense plus que c’est une foulure. Tu pourras en rejouer, dans trois jours.
Et il avait vrai, les foulures duraient trois jours, parfois plus mais ça allait. Il ne bougeait pas pour autant, il ne pouvait rien faire, parce qu’il n’y avait rien à faire. Il la regardait, c’est tout, et se disait que décidemment les Mio, Mia et mi dans le même genre adoraient toutes la musique.
- Tu es gauchère alors ? Moi je suis gaucher.
Comme il ne savait pas ce que la basse c’était, il n’avait fait que supposer.
Lun 12 Aoû - 11:57