Bienvenue au Royaume de la Terreur

C’était quand même incroyable, ça ! Comment faisais-je pour m’égarer tout le temps, comme ça ? Ce devait être un don. Je savais que j’étais au troisième étage. C’était déjà ça. Mais je ne savais absolument pas où trouver la grande terrasse alors que j’étais montée uniquement parce qu’on m’avait vanté la vue magnifique qu’on pouvait y avoir sur le pensionnat et ses dépendances.
Shanku qui voltigeait à mes côtés commença à se tordre de rire alors que nous nous enfoncions dans une portion peu utilisée de l’étage. Je rebroussai d’ailleurs immédiatement chemin car je ne voulais pas vivre de nouveau ce qu’il m’était arrivé quand je m’étais perdue dans une section similaire du premier étage.
En plus, comble de la malchance, pas un élève en vue à qui exposer mon désarroi.

Alors que je continuai mon chemin le long du couloir principal de l’étage, je distinguai en passant, un petit couloir transversal, carrelé en damier noir et blanc.
Je revins sur mes pas.
Qu’est-ce que c’était que ça ?
A une dizaine de mètres de l’embranchement, le couloir carrelé s’arrêtait. Une porte en forme de cercueil empêchait d’aller plus loin.
Le couloir était sombre, le tout était glauque. Cela attisa pourtant ma curiosité. Qu’y avait-il derrière ?

J’avançai ma main vers la poignée mais Shanku m’envoya un message télépathique me conseillant d’abandonner cette initiative et de redescendre dans le jardin pour que nous jouions toutes les deux.
Ma main retomba le long ma cuisse. Je sentais une aura bizarre émaner de derrière cette porte tandis qu’un sombre pressentiment s’emparait de moi.
Toutefois, la curiosité était vraiment forte.

*Eh bien, Shanku, tu as donc peur ?* lui demandais-je mentalement.

A ma grande surprise, celle-ci acquiesça. Elle était d’habitude la première à rire des histoires d’épouvante, elle était ma protectrice anti-démons et autres émanations effrayantes. Je n’avais jamais rencontré personne, humain, hybride ou familier, de plus incrédule face aux entités de l’au-delà.
Je reculai donc d’un pas, puis de deux.
Mais la curiosité se faisait vraiment très puissante. Je voulais savoir mais j’avais un peu d’appréhension.

Bienvenue au Royaume de la Terreur

Une étrange créature me fit sursauter en se plantant devant moi tandis que j’hésitais toujours, partagée entre la curiosité et l’appréhension.

-Qu’est-ce que…

La bestiole me faisait un grand sourire qui me mit mal à l’aise. Comment devais-je prendre ça ?
Je lançai un regard par-dessus mon épaule, histoire de découvrir à qui appartenait ce familier au sourire glauque.

Il y avait justement une élève, au bout du couloir, qui me regardait d’un air intrigué.
Je m’approchais d’elle et lui dis d’une voix mal assurée :

-Salut… je…heu. Je cherchais la terrasse mais je suis tombée sur ce cercueil. Qu’est-ce que c’est, au juste ?

D’après la couleur de son foulard, je pouvais déduire que la jeune fille était en troisième année. Rien d’étonnant, à vrai dire puisqu’on se trouvait ici à l’étage qui leur était réservé.
Shanku commençait à lier, de son côté, conversation avec le familier qui m’avait surprise, tout à l’heure.
Je déposais ma sacoche à mes pieds car elle commençait à peser lourd sur mon épaule.

Je profitais de sa réponse pour la détailler à la dérobée. Elle était jolie. Avec de longs cheveux bleu. Je rougis. Ça ne se faisait pas d’observer les gens.
Je fis donc tomber quelques mèches de mes cheveux devant mon visage pour cacher la soudaine coloration de celui-ci

-Je heu. Je m’appelle Anko Iwanishi.

Bienvenue au Royaume de la Terreur

Une porte ? Comme c’était intéressant. La curiosité me démangeait de plus en plus. Je ressentais une espèce d’excitation à l’idée d’ouvrir le cercueil pour voir ce qui se cachait derrière. Toute ma main droite était parcourue de fourmillement et je dus la secouer pour faire partir la désagréable sensation.

Je fis un grand sourire à mon interlocutrice.

-Il n’y a pas de mal. Je suis enchantée de faire ta connaissance, Mikie. J’espère qu’on va bien s’entendre, toutes les deux.

De petits piaillements retentirent derrière moi et je me retournai pour voir que nos deux familiers n’avaient pas perdu de temps et semblaient bien s’amuser tous les deux. J’étais contente que Shanku se fasse des amis. C’était important qu’elle ne reste pas toujours collée avec moi et qu’elle ait sa propre vie sociale. D’ailleurs, elle était bien d’accord avec ce point de vue.

J’étais un peu confuse. Un blanc gênant s’était installé et je ne savais pas vraiment comment le briser quand, tout à coup me vint une idée.

-Ça te dirait de venir voir avec moi ce qu’il en est réellement ? Parce que j’aurais bien envie d’y aller mais toute seule…

Shanku ronchonna mentalement, partageant sa bouderie par télépathie. Non, je ne l’avais pas oubliée. Enfin pas vraiment. Je m’approchai d’elle et la pris dans mes bras pour apaiser son mécontentement avant de retourner auprès de Mikie.

-Ne te sens pas obligée. Si tu n’en n’a pas envie, ce que je peux tout-à fait comprendre, j’irais une prochaine fois. Ce n’est pas grave.