Les cours de la journée venait de terminer et la fin d’après midi s’annonçait radieuse. Il n’en fallait pas davantage pour que Gin ne se faufile hors des salles de permanence pour se rendre dans le jardin. Son sac sous la main ainsi que son petit chat sur les talons, il se déplaçait comme un bien-heureux, chantonnant à tout va sans faire attention aux gens autour de lui. Il savait qu’il leur cassait les oreilles mais il n’en n’avait que faire, il était de bonne humeur aujourd’hui. Et ça, même après avoir passé une journée un peu trop longue de cours à son goût. Il estimait avoir mérité ce petit moment de détente. Alors il en profitait dès maintenant. Le rouquin contourna une petite fontaine, toujours de son même pas énergique, avant de s’arrêter sous un arbre. Ce serait le parfait endroit pour se reposer un peu. Pour une fois qu’il ne cherchait pas désespérément la présence de ses congénères.

Gin se laissa glisser contre le tronc sur le sol avant d’étirer ses bras au dessus de sa tête. Il resta un instant béat, tapotant le haut de la tête de Keïko puis entreprit d’attraper son carnet de dessin. Il commença à dessiner les prémices d’un arbre, quelques fleurs, une fontaine. Puis il dessina également un couple assis sur un banc. Il était plutôt content de lui quand une personne inconnue lui vola son carnet des mains en riant à gorge déployée. Le rouquin se releva brusquement, il n’était pas du tout amusé quand on regardait ses dessins. C’était personnel et cela le rendait extrêmement mal à l’aise.

« - Rends moi ça ! » Vociféra-t-il.

« - Viens le chercher ! » Répondit l’autre avec un rire.

Et il s’élança vers l’homme, bondissant sur lui et tentant de lui faire croche pied. La lutte sembla acharnée mais Gin fut le premier à reculer. Serrant les dents, il avait très envie de le frapper. Ce ne serait pas la première fois qu’il se battait et il aurait aimé que cette journée ne se finisse pas ainsi. Et puis qu’est-ce qu’il avait celui-là ? En y repensant, il était peut-être le petit copain de cette fille qu’il avait légèrement draguée la veille. Comment lui expliquer qu’il draguait à peu près tout ce qui avait une poitrine ? Mhh, délicat. Très délicat.

« - Attaque, Keïko ! » Cria Gin comme un dresseur pokemon.

« - Non merci, je profite du spectacle. » Répliqua le félin.

Et l’autre garçon rit de plus belle, provoquant la colère du rouquin. Cette fois-ci, il ne se fit pas prier et chargea l’autre, lui coupant le souffle sur le coup. Ils tombèrent tous les deux à terre sous le regard médusé des autres. La lutte ne dura guère trop longtemps. Gin fut sur le point d’utiliser son pouvoir mais il eut peur d’abimer les beaux parterres de fleurs. Il se retint et se contenta d’écraser le visage de son agresseur avec une main et de lui subtiliser son butin de l’autre. Finalement, l’autre lui infligea un bon coup de carnet dans les mâchoires avant de se relever.

« - Je comprends même pas ce qu’elle te trouve, t’as autant de force qu’une mouche. » Fit-il avant de se retourner et de s’éloigner.

Gin, toujours à terre, le regarda s’éloigner en se massant douloureusement la joue. Bon, on ne l’y reprendra plus à draguer une jolie demoiselle. Quoique… Enfin, pour le moment, il devait récupérer un petit peu de dignité.

« - Reviens quand tu veux ! M’en fou ! » En lui faisant un charmant signe du doigt dans son dos.

C’est alors qu’il entendit un ricanement dans son dos. Celui de son chat, Keïko, et un autre qu’il ne connaissait guère. Oh, cela n’amenait rien de bon.

(c) LADY PATPAT