L'inconnu faisait peur. Un constat simple qui était valable pour la majorité des gens sur cette terre. Ce qu'on ne connait pas ou que l'on connaît mal, on le redoute, on s'en méfie, et c'est là un instinct purement naturel. Pourtant, l'inconnu était aussi porteur de rêves en tous genre. Et Yûko était une brave rêveuse. Alors que les formalités pour Tadakai étaient faites, et après s'être démenée pour pouvoir y suivre Toujou au grand dam de ses parents, sa mère perdant de la main d'oeuvre domestique et son père voyant s'échapper sa petite fille adorée du cocon familial, tout était enfin bon.

Elle se sentait un peu coupable de réaliser un tel acte égoïste. Vraiment coupable même... Car bien qu'elle ne portait pas spécialement ses géniteurs dans son cœur, ils ne restaient pas moins ses parents... Mais il était temps pour la jeune femme de prendre son envol. Après tout, elle rejoignait une école de magie, c'était presque un rêve qui devenait réalité! Bon, certes, son pouvoir était peut-être magique mais c'était de la magie qui absorbait la magie, c'était complètement étrange, mais... Vu que visiblement elle arrivait à voir le bâtiment, elle était une mage.

En tout cas, Shido et Toujou étaient de la partie, fort heureusement d'ailleurs, et il était donc l'heure d'aller découvrir ce magnifique lieu et de rejoindre les rangs de ce pensionnat secret. Yûko était toute excitée rien qu'en y pensant et elle ne le cachait pas vraiment puisque sur le chemin de l'établissement, elle sautillait comme une fillette. Enfin... Pour peu que l'on puisse vraiment sautiller en traînant une valide derrière soi. Bien que celle de Yûko n'était vraiment pas lourde du tout. Elle n'avait toujours eu que très peu de possessions, et le terme de shopping n'était qu'une douce utopie compte tenu de son argent de poche qui ... n'existait pas. C'était aussi simple que cela.

Enfin bref, ce fut avec joie qu'elle retrouva Toujou et Shido, constatant que l'un était toujours aussi rayonnant et l'autre toujours aussi déprimé, ce qui était à vrai dire au final tout à fait normal. Passons sur tout ces événements, et arrivons-en à l'établissement. Yûko était plutôt admirative, parce-qu'il était plutôt imposant, et qu'en plus c'était presque comme un conte de fée... Presque. Le petit groupe devrait se séparer le temps d'invoquer leur familier et de faire un peu de paperasse, et de se voir attribuer une chambre. Quà cela ne tienne, Yûko leur donna rendez-vous dans la cour une fois que tout cela sera terminé.

Une fois ses affaire posées dans sa chambre, accompagnée de Fried qui n'avait pas dit un seul mot depuis qu'il existait, et qui la regardait avec un air d'une indifférence inégalée, ce qui était frustrant, Yûko se dirigea vers la salle de bain. Rapide et efficace, son nombre d'affaires absolument ridicule lui donnait une avance certaine sur les deux autres. Elle réajusta son écharpe, alla mettre son nouvel uniforme, constatant que le tissu rouge lui allait plutôt bien avec ce genre de vêtements. Elle hocha la tête et se dirigea donc vers la cour de l'établissement.

Elle regardait constamment autour d'elle, un peu émerveillée, s'attendant à voir surgir une créature surnaturelle d'un moment à un autre mais... rien ne se passait. Au final, elle s'assit simplement sur le sol et essaya de faire parler Fried, avec cette impression TRES gênante qu'elle se parlait toute seule. Pourtant on lui avait dit qu'un familier était doté de parole... Elle constata néanmoins que sa laine était incroyablement douce. " Bon... Tu dis rien? Tu veux pas me parler? C'est peut-être parce-que tu es une peluche... Ça doit pas être facile tous les jours, je comprends... Et surtout pourquoi tu as la même écharpe que moi en miniature? " dit-elle d'un ton compatissant.

Alors qu'elle leva la tête, attirée par des bruits de pas, une voix masculine retentit juste sous son regard, là où se trouvait justement Fried. " Je t'en pose des questions, moi. Et tu pourrais avoir choisis un meilleur nom quand même. " Yûko riva son regard sur la peluche qui venait de parler avant de gonfler les joues en l'attrapant. " Maiiis! Tu peux parler en fait! Arrête de m'ignorer, soit pas si méchant!! " s'indigna la jeune femme alors que la peluche était redevenue complètement silencieuse...

Un nouveau monde s'offrait à lui, une aventure merveilleuse et pleine de surprise, du moins c'est ce que ses amis Toujou et Yûko lui disait afin qu'il les suive dans ce pensionnat. Une sorte d'école de magie, un truc que certains de ce monde pouvait utiliser et évidemment Shido en était doté, sinon il ne serait pas devant cet établissement à douter de cet avenir si radieux que cela pouvait lui apporter. Cette bâtisse était d'ailleurs assez impressionnante, enfin Shido voyait là simplement un gros tas de béton sans grande valeur. Fallait dire que plus grand chose n'avait de valeur à ses yeux...

Quoi qu'il en soit, il était là bien présent en compagnie des deux seules personnes ayant de l’intérêt pour lui. Ils devaient apparemment se séparer pour remplir un sorte de formulaire, obtenir leur chambre et découvrir leur familier obligatoire pour tout bon mage. Ensuite, les trois amis se rejoindraient dans la cour principale de l'école afin de... se retrouver déjà, pour le reste on verra.

Shido avait obtenu la chambre juste à côté de celle de Toujou et Yûko qui avaient eu la chance, ou pas, de se retrouver dans la même chambre. Ensuite, il était venu le temps de découvrir son nouveau compagnon imaginaire, un sorte de... euh un truc imaginaire quoi. La première impression de Shido fut relativement mauvaise quand l'animal fonça sur lui pour le câliner en criant à tout va "Shidoooo t'es mon ami, Shido t'es mon ami, Shido t'es mon ami!!" Evidemment, il avait du tomber sur le familier le plus énervant du pensionnat, comme si cela pouvait lui redonner un peu de gaieté dans son cœur. "Shido donne moi un nom et Shido donne moi un nom Et OOOHHH Shido donne moi un nommm"Shido qui était de nature assez désespéré atteint un record de désespoir encore inégalé, soupirant quelque peu il attrapa la bestiole en déclarant "Tu vas t'appeler emmerdeur, ça te va?" Le familier eu un petit instant de réflexion avant de faire une moue qui en disait long sur ce qu'il pensait de ce nouveau surnom. "Tu veux pas m'appeler Cronos plutôt? Je préfère ! Hey tu veux pas m'appeler Cronos? CRONOS !"Abdiquant à ce personne étrange, il ne chercha pas à poursuivre le débat et se contenta simplement d'hocher la tête comme guise de réponse. La vie au pensionnat allait certainement être plus compliqué que prévu.

Habillé de son nouvel uniforme, il se dirigea vers la cour car il était temps pour lui de rejoindre les deux autres au point de rendez-vous. Il aperçu Yûko au loin qui semblait toujours plus radieuse de jour en jour. Cette idée de pensionnat lui plaisait vraiment comparé à lui qui s'en fichait un peu. Mais il était au moins content qu'elle soit heureuse. Il leva la main au loin pour lui faire signe et s'approcha doucement.

Personne n'aurait pu deviner qu'un tel événement allait arriver, que quelque chose de si peu naturel pouvait vraiment se produire. Enfin, la magie n'était certainement pas naturelle, enfin bon, tout de même invoquer un familier potentiellement complètement aléatoire n'était pas commun. En plus, ce genre de choses n'étaient pas censées être le camarade de leur invocateur? Une aide pour les aider à maîtriser leur magie? Tout d'abord, ce n'était pas comme si Yûko avait besoin d'aide pour maîtriser sa magie, puisqu'elle n'était pas dangereuse du tout. Elle avait toujours réussi à surmonter les 'crises' de Shido, même inconsciemment, alors ce familier semblait être pour elle un bonus non nécessaire. Enfin, s'il avait une conscience, ce qui était le cas, elle n'avait pas de raison d'être méchante, mais peut-être qu'il sentait son opinion sur son existence même et que cela ne lui plaisait pas particulièrement.

Quoi qu'il en soit, Yûko était vraiment très intriguée par cette écharpe rouge. Coïncidence ou bien une part d'elle-même qui s'était transformée en lama en peluche et avait hérité de son admiration pour son vêtement... Mystère complet compte tenu que cette bestiole était un véritable coffre fort à paroles. Ce fut alors que Yûko essayait désespérément de faire un câlin à la douce laine de la créature en peluche qu'elle fut interrompue par Shido, qu'elle avait aperçu au loin. Yûko se leva alors que la tignasse blanche approchait calmement, et lui retourna son signe de main. Elle se dirigea aussi vers lui en même temps, regardant rapidement autour si Toujou n'était pas les environs aussi. Techniquement ils ne devraient pas arriver avec un timing trop différent vu qu'ils avaient certainement à peu près autant d'affaires à ranger l'un que l'autre. " Shido-kun! Ça a été ton arrivée? Tu as pu voir ta chambre? J'espère que le pensionnat te plaira, ça a l'air plutôt sympa comme endroit! Et c'est super joli en plus! Tu trouves pas? " prononça-t-elle rapidement, avec un sourire radieux qui lui ressemblait bien. Il était toujours affecté par ses démons du passé, mais Yûko elle était de plus en plus rayonnante, en apparence. En tout cas son dynamisme compensait certainement le caractère un peu blasé de son ami.

Une fois qu'elle eut fini de parler, elle put apercevoir le familier du bonhomme, un... animal un peu étrange qu'elle n'avait jamais vu. Elle s'approcha timidement de la bête avant de s'accroupir devant elle. " Hm... Coucou, toi! Tu as un nom? " demanda-t-elle en penchant la tête sur le côté. Mais elle n'attendit même pas vraiment la réponse et elle tourna la tête vers Shido en restant accroupie devant son familier, tandis que Fried, lui, s'était posé un peu plus loin, dans l'herbe, et les ignorait complètement. " Ah, d'ailleurs, tu sais où est Toujou? Il en met du temps! " demanda Yûko, se demandant tout de même pourquoi il était aussi lent à arriver. Il était encore parti rêver quelque part sans les prévenir? C'était pourtant un endroit qu'aucun d'entre eux ne connaissait...

Un monde nouveau, un univers aux couleurs vivantes, aux gens étranges et intéressants. Un lieu de magie auquel Toujou correspondait mieux. Cet énergumène n'était qu'un penseur trop libre, se plaisant à vivre en harmonie avec ce qu'il entourait, à trouver de la beauté partout. Alors que dire de l'extase quand il ressentit on ne sait comment l'atmosphère du pensionnat Tadakai. Un sentiment de paix encore plus grand que d'habitude l'envahit, il avait tout laissé pour venir mais n'avait pas de remords, ses parents avaient compris son ambition, ses envies et eux qui l'avait mené dans la religion l'avait meme encouragé à y aller. Peut-être se débarrassait-il de cette boule de calme un peu frustrante pour les gens autour.

Qu'importe, les portes de Tadakai avaient déjà été poussées et Toujou découvrait cet immense lieu. Formalités administratives, quelques signatures au hasard firent l'affaire et hop, le blondinet n'était déjà plus là. Il y eut une petite cérémonie qui l'obligea a se séparer des deux autres. L'invocation d'un nouvel ami. Pour Toujou, ce fut une petite boule d'ectoplasme bleue-blanche. Un fantome ? Rien de mieux pour conforter les croyances en la réincarnation, en la survie de l’être après le décès du corps. La chose parlait, entendait et voyait sans avoir ni bouche, ni oreilles, ni yeux. Pas asse pour choquer le jeune qui trouve cet être parfaitement normal et digne d'un grand intérêt. Une voix ambiguë, un air plutôt sympathique, le renommé Az' se présenta.

« Je suis un... une... un... je sais pas, je viens... je ne sais pas, j'aime … je ne sais pas... héhéhé »

La main de Toujou traversa son corps immatériel dans la plus grande des normalités. Les deux idiots avancèrent et avancèrent. Les maigres valises du blondinet ne le gênait et il  ne remarqua que plus tard qu'il était censé aller dans sa chambre.

« Donc Az', on est... je sais pas où »

Un couple désespérant à première vue. Déjà perdus. Il leur fallait quelques minutes de plus pour retrouver leur chambre. Elles étaient mixtes et remarqua les valises de son amie Yuko. Il était content qu'elle soit si proches bien que le contact avec les autres ne le dérangeait pas, bien au contraire. Pour ce qui est de Shido... Il ne se souvenait plus de l'apparence de ses affaires. Puis il partit vers la cour, n'ayant pas oublié le rendez-vous avec Yuko et Shido. Le sourire aux lèvres, il se fit remarquer de loin en leur adressant un grand signe de main tout en avançant vers eux. Le musicien vit alors deux étranges petits familiers, l'un ayant la même écharpe que Toujou avait offert à Yuko. C'était amusant. L'autre était bruyant mais semblait rayonner au contraire de son maitre Shido. Le regard du jeune se fixa sur le familier posé sur la poitrine de Yuko puis il releva le regard avant de s'expliquer bien qu'ils aient déjà compris.

« Héhé, je me suis perdu avec Az', donc j'ai pris un peu de temps... D'ailleurs... Il n'est plus là lui... ». « Si... Mais j'avais oublié que je traversais les murs et tu m'avais enfermé... ». « Ah... Sinon Yuko-chan, on est dans la même chambre je crois, héhé... On fait un tour ?  »

Rien à dire de plus... Il n'accapara pas plus la parole mais cela allait venir... Dire que son fantôme était aussi idiot que lui par moment. Toujou voulait les forcer à aller faire un tour, visiter la beauté de cet endroit, y trouver des coins tranquilles et paisibles où ils pourraient se retrouver ou bien encore un endroit beau et pur pour laisser le blondinet dedans, dans son élément.

Un cadre magnifique, un décor imposant et fleuri, c'était presque un rêve. Un grand Soleil et une température au rendez-vous, agrémenté d'une petite brise qui rendait le tout parfaitement supportable et qui agitait doucement les brins d'herbe qui parsemaient la cour. Yûko avait toujours ce petit remord de laisser seuls ses parents, son père autant que sa mère, bien qu'elle n'était pas toujours le mieux traité ou bien en position de grandir convenablement. Elle avait dix-sept ans après tout... Néanmoins elle se sentait toujours trop égoïste dans sa prise de décision, mais elle ne pouvait pas non plus se résoudre à abandonner Toujou et Shido. Elle avait besoin de l'un et l'autre avait besoin d'elle.

En tout cas pour le moment elle faisait connaissance avec le familier de Shido. Enfin... Pour peu que faire connaissance puisse se définir comme tel. La bestiole (ou quoi que ce soit) lui sauta dessus sans crier gare, pile au niveau de sa poitrine d'ailleurs ce qui lui arracha un "Kyah" sonore face à cet assaut imprévu. En attendant le familier déblatérerait rapidement et avec enthousiasme que Yûko avait du mal à assimiler, elle n'était pas parmi les plus rapides d'esprits... Néanmoins elle arriva à se défaire sans méchanceté de l'assaut du familier avant de répondre... " Hum... merci... Enfin peut-être, j'ai pas tout compris... "

Elle ne savait pas trop comment réagir à ces familiers à vrai dire. Avaient-ils quelque chose d'humain ou pas? Faisaient-ils parti de leur conscience, peut-être la partie que chacun refoulait? Cela expliquerait le mutisme de Fried qui lui ressemblait beaucoup à l'époque, l'air dédaigneux en bonus, ou à Cronos ou quel que soit son nom qui était l'exact opposé de Shido. Shido qui évoqua d'ailleurs que Toujou avait peut-être oublié le rendez-vous... Enfin non, il s'était certainement perdu, comme souvent il rêvassait sans arrêt et était toujours un peu dans la lune. Yûko aurait donné cher pour pouvoir être dans ses pensées, mais elle avait aussi peur d'être déçue, alors bon... De tout de façon elle n'en avait pas la capacité.

En tout cas, alors que Shido lui demanda si elle avait prévu de faire quelque chose, Toujou arriva, preuve qu'il n'avait pas oublié, ou bien qu'il les avait trouvés par hasard, difficile à savoir. Le blond arriva donc à leur niveau avant de s'expliquer simplement sur la raison de la chose, alors que les yeux noisettes de Yûko se noyèrent dans ceux dorés de Toujou sans que leur regard ne se croise vraiment pour autant. La brune loupa donc la moitié des paroles du blond... Chacun se perdait dans un milieu différent, il semblerait...

Elle comprit néanmoins que là, son familier semblait très... semblable à son maître. Une petite boule d'ectoplasme, c'était original et simple. Et cela ne dérangeait pas Yûko plus que ça à vrai dire. Par contre, une phrase n'échappa pas à la rêverie de la brune et sembla même résonner dans ses oreilles en boucle... Elle était dans la même chambre que Toujou? Il était bien vrai qu'il restait de la place lors de son arrivée, et du coup en ayant posé ses valises un peu trop vite elle l'avait loupé de peu? C'était possible, largement même. Mais l'imagination un peu trop importante de Yûko ne l'épargna pas et elle s'imaginait déjà dans un cadre de vie un peu plus intime avec Toujou. Vivre dans la même pièce, dormir à quelques mètres de lui... C'était des choses qui étaient complètement impossibles encore hier et voilà que c'était le cas. Elle s'imaginait déjà à quoi tout cela pouvait ressembler pendant la vie de tous les jours, les cours, les révisions... Et elle sentit irrémédiablement son cœur s'accélérer et ses joue rosir légèrement, alors qu'avec quelques instants de retard tout ce qu'elle fut capable de bredouiller fut... " Oh... C'est bien! " avec un sourire... niais, et un ton sincère. Oui, elle était heureuse, mais en se rendant compte à quel point elle était peut-être actuellement ridicule elle se ressaisit et prit sur elle pour intérioriser ses émotions comme elle savait si bien le faire.

Mais vu qu'elle avait loupé la dernière remarque de Toujou, elle répondit un peu à côté de la plaque, ou... pas forcément de la manière des plus adaptés, puisque ça donnait l'impression qu'elle avait complètement ignoré le blond. " Je pense que l'on peut aller visiter, non? Vous en pensez quoi? Vu que Shido est le meilleur en orientation ce serait mieux que ce soit lui qui mène.. " proposa-t-elle donc à ses deux amis, toujours avec un sourire. Au final, elle ne regrettait pas du tout d'être venue ici.

Le trio d'amis était enfin réuni à nouveau, chacun avait pu poser ses affaires prendre ses marques. D'autant plus qu'ils avaient tous rencontrés leur familier qui était assez différent l'un de l'autre. Celui de Yûko était muet contrairement à Cronos qui n'avait pas sa langue dans sa poche. Et puis aux cotés du blondinet, il y avait cet espèce de spectre qui n'avait pas de yeux ou de bouche mais qui arrivait apparemment à parler. Et au vu de son intervention, il devait être certainement aussi tête en l'air que son maître. Quoi qu'il en soit, Toujou déclara qu'il était dans la même chambre que la jeune fille, ce qui provoqua un petit mal aise dissimulé chez Yûko mais qui ne trompait en rien le familier de Shido. Quand il observa la scène, il ne pu s'empêcher de foutre le bordel en déclarant des propos toujours avec sa voix énervante."Hey Yûko !! Pourquoi tu rosis des joues? Dis moi et Dis moi !! Le familier se tourna ensuite vers le bard avant de se présenter également mais cette fois-ci en gardant une certaine distance. "Coucou toi, moi je suis Cronos ! CRONOS !! Si jpeux te donner un conseil, c'est que tu devrais changer la couleur de tes cheveux." Shido attrapa alors son familier afin de l'obliger à se taire un peu et il adressa un nouveau un regard désolé à Toujou.  

Décidément, il allait vraiment avoir du mal à se familiariser avec ce qui considérait comme un boulet. Enfin dans la suite logique des choses, Yûko proposa donc de visiter un peu les alentours et demanda même que ça soit Shido le guide car c'était celui qui avait le plus le sens de l'orientation. En réalité c'était juste qu'il était le moins rêveur du groupe et donc le plus à même à déterminer le bon chemin à suivre, quoi que... Irréfutablement, une pensée vint alors troubler son esprit, voilà qu'il était transposé quelques années en arrières. Le moment ou avec son âme sœur, ils devaient chercher de l'aide au plus vite pour secourir la blessure que c'était faite Yûko lors de la balade en montagne. Ce moment là ou il avait fait le mauvais choix, son soit disant sens de l'orientation l'avait mené tout droit vers une fin des plus tragiques, cette situation qui hantée toute les nuits du garçon. Le même phénomène se provoquait à chaque fois qu'il revoyait la scène ou il lâchait la main de Saori, la gravité autour de lui se mit à changer brutalement créant ainsi une pression difficilement acceptable, Cronos se retrouvait alors cloué au sol et les deux autres individus avaient du mal à rester debout.  

Néanmoins, dans sa colère, Shido réussi à croiser le regard de son amie Yûko. Un regard qui en disait long, c'était comme si elle lui transmettait toute ses bonnes ondes afin de le calmer et de l'apaiser. La colère s'estompa peu à peu et Shido retrouva ses esprits.

"Je...Je suis désolé les amis..."

Cronos avait l'air choqué de ce qui venait de subir et pour la première fois depuis leur rencontre, il ne fit aucune remarque. Shido n'arrivait pas à contrôler ses colères et il s'en voulait à chaque fois qu'il faisait du tort à ses amis les plus proches. Il décida cependant d'accepter la requête de Yûko afin de faire bonne figure. Il fixa les alentours et quelques mètres plus loin, on pouvait apercevoir une étendue de verdure qui ressemblait précisément à un jardin bien entretenu.

"Je suggère que nous nous dirigions vers ici."

Le bras tendu vers le jardin, Shido entama la marche en essayant d'oublier ce qu'il venait de se passer. Pour cela, il devait absolument penser à autre chose et il savait qu'aux cotés de ses deux amis, il en était capable.

L'une avait l'air troublé par le fait qu'elle était dans la même chambre que Toujou. Est-ce que cela la gênait ? Hélas ils n'avaient pas choisi... Mais au final cela ne dérangeait pas vraiment Yûko qui pour une raison ou une autre semblait appréciait la nouvelle. D'ailleurs le familier de Shido ne se priva pas de faire remarquer que la jeune femme avait légèrement rougi. Pas le temps de vérifier ou réagir que Toujou se fit agresser par le joyeux luron qu'était Cronos. Il se présenta au blond qui lui sourit en l'écoutant lui donner un petit conseil. Qu'y avait-il à propos de ses cheveux ? La couleur n'allait pas ? Pourtant il n'avait rien fait de spécial à ceux-là, c'était au naturel. Une remarque anodine qui n'embêta pas du tout le hippie qui rigola même au regard désolé du maître de l’énergumène. Yûko proposa ensuite d'aller visiter les alentours. Bonne idée.

Shido les guidait alors vers n'importe où puis Toujou réalisa qu'il avait déjà proposé cela avant la brune. Il avait été ignoré ou quoi ? Non, il n'avait pas eu le temps d'y penser au vu des interventions de l'opposé de Murasaki. Plongé dans ses pensées, le jeune homme continuait sa route sans vraiment prêter attention aux deux autres. Devait-il changer sa couleur de cheveux ? En quoi ce détail superficiel serait mieux ? M'enfin, ce n'était pas si grave, il demanderait à Yûko quoi faire plus tard. Les trois amis se dirigeaient vers le jardin, Toujou sentait déjà la sérénité de la-bas. Il avait vu ce bel endroit et se hâta d'y aller. Mais le musicien se retrouva dans l'incapacité de bouger alors que Cronos était cloué au sol. Le blondinet tourna alors sa tête vers Shido qui leur faisait une petite sotte d'humeur. La gravité autour des trois étaient beaucoup plus forte, le garçon devait avoir pensé à Saori.

Toujou aurait tant aimé convaincre Shido que sa sœur était partie pour un monde meilleur, qu'elle n'était pas triste de tout cela, que son être vivait encore. Autre part, loin de tout. Mais le jeune homme n'était pas aussi croyant que le blond, il n'arrivait pas à se dire ça. Il ne pouvait donc rien faire pour lui si ce n'est réparer les dégâts autour de lui. Seule Yûko pouvait y faire quelque chose. Elle le calma d'un regard, usant de son pouvoir. Tout revint à la normale et Shido s'excusa de tout. Yûko et Toujou avait l'habitude de cela malheureusement. Le blondinet lui sourit comme si rien ne s'était passé et rattrapa Az' qui n'avait pas été affecté par la gravité et avait avancé sans les voir s'arrêter. Les jeunes finirent par aller dans le jardin.

Les yeux de Toujou se remplirent d'étoiles, la nature était belle. Il se voyait déjà sécher les cours ici, sans s'en rendre compte évidemment. Passant ses journées à jouer, à s'harmoniser avec les environs. Les gens normaux utilisaient les chemins mais pas lui. Le blondinet traversa l'herbe et renifla un peu trop fort des fleurs. Cela finit par lui piquer les yeux mais la bonne odeur valait le coup. Toujou était parti devant sans trop faire attention aux deux autres. Il écarta les bras et s'étira, le bizarre se sentait bien dans les jardins, il cueillit une tige de lavande bien corsé et rejoint le groupe s'imprégnant de l'odeur. Puis il demanda à Yûko à côté de qui il s'était placé, sans même la regarder.

« J'dois faire quoi avec mes cheveux ? Hey Shido ! Tu veux sentir ? »

C'était un monde merveilleux qui s'offrait à elle. Yûko en était convaincue, son instinct confirmait ses impressions comme tout ce qu'elle pouvait voir autour d'elle. Tout cela n'était peut-être pas vraiment fidèle à un conte de fée mais c'était un environnement plus que satisfaisant par rapport à la vie habituelle et morne qu'elle entretenait d'habitude. Et en plus elle était assignée à la même chambre que Toujou. Si Dieu ou le Destin existaient elle avait de quoi leur être reconnaissant. Sinon peut-être avait-elle dépensé ici une partie du capital chance de sa vie. Quoi qu'il en soit, elle s'en fichait un peu de Cronos qui continuait d'être... chiant. Elle l'avouait, mais elle ne le montrait pas.

Néanmoins sa demande, qui avait ignorée celle de Toujou sans que personne ne s'en rende réellement compte, étrangement, fut plutôt bien accueillie. Enfin, pas pour longtemps car Yûko ressentit un peu comme tout le monde une pression importante peser soudainement sur ses épaules. Phénomène qui ne dura pas très longtemps puisque sa magie fit effet presque immédiatement et absorba son effet, uniquement pour sa personne, et aussi pour Fried, lié à elle par le lien du maître et de son familier, qui regardait la scène d'un air blasé et complètement pas concerné. La jeune femme déporta de suite son regard sur Shido, le responsable de tout cela. Elle hésita à avancer mais alors que leur regards se croisèrent, l'effet cessa. Elle n'insista pas, elle avait compris, mais elle se promis de parler de tout cela avec lui seul à seul et au calme, afin de mettre les choses au point.

Elle avait toujours été surprise, et heureuse, de cet effet qu'elle pouvait posséder pour le calmer. Fut un temps ou un simple regard ne suffisait pas. Mais en tout cas elle se sentait fière, et utile, et c'était tout ce qui lui importait vraiment dans cette histoire. Tant qu'elle était persuadée qu'elle l'aidait à aller mieux et peut-être un jour à recommencer à aller de l'avant, cela lui allait. Quoi qu'il en soit il s'était donc mis à prendre les directives pour avancer et les mena directement dans un jardin, bien entretenu et verdoyant, fleuri. Un régal pour les yeux. Yûko adorait déjà cet endroit, et en voyant Toujou gambader dans l'herbe et dans les fleurs elle était persuadée que cela lui plaisait beaucoup aussi. Elle sourit, simplement.

Le blond fut bientôt de retour, une tige de lavande à la main et il s'arrêta à côté d'elle en se dirigeant vers Shido. Il en profita pour lui demander simplement si elle pensait qu'il devait changer la couleur de ses cheveux. Encore un conseil de Cronos et Toujou y avait cru. Pour la jeune femme, son avis était clair sur la question, et elle répondit sans hésiter, à mi-voix pour éviter que l'autre familier ne réussise à l'entendre clairement. " Non... Je les préfère comme ils sont là! Je ne t'imagines pas avec une autre couleur de cheveux. "

Sur cela, Yûko laissa Shido répondre à ce que disait Toujou, lui jetant un petit regard pour s'assurer que tout allait bien de son côté. Et voyant que ce n'était pas pire que d'habitude, elle décida de prendre un peu d'avance, marchant tranquillement en regardant autour d'elle alors qu'une légère brise estivale faisait un peu virevolter son écharpe et sa chevelure dans les airs. Elle se sentait bien, heureuse, et là elle s'imaginait d'un coup dans ces jardins, main dans la main avec Toujou et...

Non non non... Elle secoua sa tête pour supprimer cette image de son esprit avant qu'elle ne se mette à rougir trop fortement. Elle fit un petit effort pour se ressaisir, et d'un coup, le paysage était bien moins envoûtant. C'était traître! Un si bel endroit lui donnait forcément des idées romantiques et elle ne pouvait pas s'en empêcher! Néanmoins ce serait aussi peut-être un lieu agréable pour Shido. Cela était nouveau, dépaysant et relaxant, un nouveau départ qui serait parfait pour l'aider à repartir dans la vie. Et ça, c'était rassurant.

Profitant de sa petite avance, Yûko fut la première à découvrir un petit lac un peu plus loin sur le chemin, caché jusqu'alors par la végétation. Une petite pente se dirigeait vers le centre de celui ci. Le temps ensoleillé et les reflets du jardin dans l'eau étaient aussi une scène agréable à voir. Elle se retourna vers ses deux amis et leva la mains pour leur faire signe. " Hey! Venez voir! " leur conseilla-t-elle de loin d'une voix assez forte pour se faire entendre.

Il ne fallait pas qu'il change de couleur de cheveux ? Un sacré soulagement pour Toujou qui fit confiance à Yûko aveuglément comme toujours. Il ne se voyait pas devenir brun ou blanc ou autre, il était bien comme il était et ne voulait pas faire d'effort pour cela. Par contre Shido lui pouvait essayer d'en faire des efforts ! Il attrapa la tige que lui proposait le blondinet puis la renifla pour simplement déclaré qu'elle sentait la lavande. Il n'avait vraiment aucune poésie, aucun sens de la beauté, Toujou se contenta de gonfler les joues puis passa directement à autre chose. Il remarqua rapidement le silence de l’énergumène lui ayant dit de changer ses cheveux. Il devait être impressionné par la démonstration de Shido. Cela ne vint même pas à l'esprit de ce dernier qu'il ait pu avoir peur ou qu'il ait pu ne pas comprendre l'émotion de monsieur.

Pendant ce temps Yûko était descendu et avait trouvé un beau lac qui bien évidemment plu au jeune homme. Le complexe de Tadakai était vraiment beau, mais pas le temps de s'attarder qu'une dispute éclata entre Cronos et Shido. Le grand aux cheveux blancs s'étaient quand même inquiété pour sa petite créature, c'était un bon signe car aussi petit qu'est l'avancée, il faut l'accueillir comme un grand progrès. Il essaya de savoir ce qui n'allait pas quand la petite forme explosa. Elle était très émotive et remplie d'affection. C'était un être simple, ne souhaitant qu'aimer et recevoir en retour, ne souhaitant que s'amuser avec les personnes qui lui sont chères. Toujou ne put qu'applaudir intérieurement cet être certes chiant mais d'une pureté sans fin. Cronos avait déjà compris Shido, espérons qu'il puisse faire quelque chose pour lui afin d'accepter le départ de Saori comme cela aurait dû être fait il y a des années.

Toujou soupira et rejoint Yûko laissant de l'intimité à l'amitié naissante entre les deux opposés. Il lui adressa un sourire en se mettant à côté d'elle profitant ainsi de ce lac reflétant la lumière d'une soleil, brillant d'une magnifique couleur. Le silence s'installa avant d'entendre un ''plouf''. Toujou y avait pensé mais n'avait pas osé faire cela à Yûko, il apprécia tout de même la blague du familier de Shido, pas comme le maître... Le blondinet laissa s'échapper un petit rire à tout ça avant de se faire traverser par Az'. D'une vivacité d'esprit qu'on ne lui connaissait pas, le musicien expliqua à Az' qu'il nétait pas très fûté.

« Az'... Tu as oublié que tu ne pouvais pas toucher les gens, n'est-il pas ? »

La boule d'ectoplasme acquiesça simplement l'air abattu, pourvu qu'on ait assez d'esprit pour comprendre les gestes de ce familier. D'un soupir, le jeune homme finit par s'asseoir au bord du lac, se disant que flâner ici était une bonne idée, surtout que Shido devait sécher et poursuivre Cronos. Il proposa sa main à la demoiselle à l'écharpe près d'elle afin qu'elle s'y tienne pour s'asseoir avec lui. Toujou n'oubliait pas d'être cavalier avec les filles tout particulièrement avec la brune qui était comme sa princesse depuis l'enfance. Enfin c'est ce que disait Saori. Il ne se priva pas d'une remarque concernant leur venue à l'académie.

« Je pense que venir ici était une bonne idée. Il pourra se retrouver et redevenir … Shido. Regarde-le. Puis je suis sûr qu'on va se plaire aussi nous deux ici, non ?  »

Ne se rendant évidemment pas compte des petites ambiguïtés de ses paroles, Toujou avait posé sa main sur Fried, le caressant légèrement bien qu'il ne savait rien de lui. Espérons que la main bénite du blondinet ne soit pas mal perçu par ce dernier.

Fractales végétales et ramures de vie, le jardin était plus que visible tout autour des eaux qui reflétaient les rayons de l'astre de feu. Tout cet endroit baignait dans une quiétude qui étrangement, était dérangée par Shido et son familier. Yûko n'était pas dérangée pour autant, et à vrai dire elle trouvait ça presque rassurant, elle n'avait pas vu Shido aussi énergique depuis des années. Mais à vrai dire en entendant un "plouf" sonore, alors qu'elle avait détourné le regard, elle se leva presque d'un coup en voyant le blanc tombé à l'eau sous l'impulsion de son familier. Elle n'était pas loin d'avoir eu le réflexe de sauter à l'eau elle aussi pour aller l'aider mais ... Ce n'était pas la peine parce-qu'il savait nager et qu'il revenait vers la rive pour corriger son familier.

Yûko soupira, et regarda la scène de loin avec un sourire amusé. Elle put voir le familier de Toujou le traverser soudainement, ce qui lui fit hausser un sourcil. Visiblement il avait eu la même idée que Cronos, mais sa nature l'empêchait de faire une telle chose. Az et Toujou se ressemblaient vraiment au final, l'un était tout autant distrait que l'autre et cela fit rire la brune, qui soudain eu une légère peur... Elle se retourna d'un coup, et dévisagea Fried qui était un peu plus loin. Il les regardait d'un regard blasé, comme d'habitude, ça aurait été une vache qui broutait de l'herbe que ça aurait eu un effet complètement similaire. Le lama en peluche était capable de changer d'expressions au niveau du visage, mais la seule qu'il semblait connaître et apprécier semblait vouloir dire que " eux, là bas, c'est une belle bande d'idiots ".

Au final, le blond décida de s'asseoir au bord de l'eau, et offrit même sa main à Yûko, au sens propre du terme. Bien entendu, elle accepta avec un sourire, sans rougir. Ses actes princiers étaient une évidence et une des raison pour laquelle elle était tombée amoureuse, elle n'avait pas à en être gênée. Elle s'installa donc à côté de lui, alors que le blond donna son avis sur leur arrivée à Tadakai. Yûko hocha la tête. " Oui, je pense que sortir du quotidien lui sera bénéfique, c'est une bonne occasion pour lui de repartir de zéro. " commença-t-elle en se concentrant ensuite un peu plus sur la deuxième partie de sa phrase. Oui, elle était heureuse d'être ici, elle aussi. Elle ne le disait pas mais elle-même avait grandement besoin de repartir elle aussi. Son imagination ne percuta pas spécialement un éventuel sous-entendu, bien que le terme de 'nous deux' sonnait à ses oreilles comme la plus douce des mélodies. " Je suis sûre que ça va être bien. En tout cas tu t'y plais ici, ça ne fais aucun doute en te regardant gambader partout! " ajouta-t-elle donc ensuite toujours en souriant. Au final, tout le monde y trouvait son compte, sauf peut-être Shido qui ne voyait que le comportement de son familier pour le moment... Mais cela lui sera aussi profitable dans le futur, peut-être... Yûko espérait que ce soit le cas.

" Hey blondinet, lâche-moi la grappe, veux-tu? Ou bien c'est moi qui te pousse à la flotte. ". Yûko fut presque surprise en entendant cette voix, et elle put voir en effet Toujou tenter une approche sur le lama en peluche qui ne bougeait pas, mais n'affichait aucun signe de bonheur particulier sous les câlins. On dirait que ça l'emmerdait plus qu'autre chose à vrai dire... La brune soupira en voyant le comportement de son familier. Ce n'était pas du tout la même relation qu'entre Shido et Cronos... Ce n'était pas chiant du tout, c'était comme si elle n'avait pas de familier du tout en fait. " Fried... Tu pourrais être un peu plus gentil avec Toujou quand même! " tenta de le sermonner Yûko. Sans grand succès puisque la réplique du familier se fit immédiate et cinglante. " C'est pas parce-que t'aimerais être à ma place que je dois agir comme toi. " répondit-il de la voix qui le caractérisait tant.

Yûko gonfla les joues, frustrée, oui, il avait raison, mais il n'avait pas le droit de le dire comme ça. Sa réponse ne fut pas vraiment des plus habiles par contre. " Ne dis pas n'importe quoi! Je suis pas une peluche, enfin... " répondit-elle en se perdant un peu dans son explication. Oui, bien sûr qu'elle aimerait se faire pat pater de la sorte, mais elle n'était pas une peluche non plus... Yûko se leva d'un coup et utilisa donc la technique ancestrale du changement de sujet. " Bon, assez traîné! On doit aller chercher une serviette pour Shido, il est trempé! On doit rentrer aux dortoirs je pense. Si tu n'en as pas je peux toujours d'en prêter une, Shido! " conclut-elle d'une voix un peu forte pour que Shido, qui était parti en courant, puisse aussi l'entendre. En espérant qu'il ne maltraitera pas trop son familier s'il arrive à l'attraper.

Yûko n'avait pas non plus de doutes quant au choix qu'ils avaient fait de tout quitter pour venir à Tadakai. Elle trouvait que Toujou s'épanouissait déjà et que l'atmosphère était de bon augure pour le rétablissement mental de Shido. Il était vrai que le futur leur réservait bien des surprises l'optimiste ne voyait que du bon... Comme d'habitude me direz-vous. Le blondinet trouvait le sourire de la brune rassurant, confirmant ses dires et espérances. Sans penser à rien il était rester à la fixer avec un petit sourire. Jusqu'à ce qu'un voix viennent les perturber. La sainte patte du musicien ne fut pas apprécié de ce lama. Il le menaça même de le pousser à l'eau.

Mais ce n'était pas grave pour le jeune homme qui étouffa un rire de sa réaction. Ce compagnon était étrange, ronchon mais pas méchant. Enfin en parlant de compagnon étrange, les deux autres étaient sûrement pire. Yûko tenta de réprimander son familier pour avoir osé répondre à son ami de la sorte mais elle ne fit qu'empirer la situation. Selon lui, sa maîtresse était juste jalouse de cet élan d'affection de la part du garçon. Toujou recula légèrement la tête ne comprenant pas vraiment en quoi cette caresse pouvait être enviée par son amie. Si elle en voulait et bien elle en aurait mais Toujou ne pouvait pas savoir si son amie voulait être chouchoutée comme on voudrait le faire d'une petite et mignonne créature.

La fille à l'écharpe s’énerva légèrement, avait-il touché juste ? Ou elle n'aimait simplement pas le fait d'être assimilé à une petite chose. Pourtant elle était mignonne aussi, mais soit apparemment, elle n'était pas une peluche et ne voulait pas être traitée en tant que tel. Toujou n'y voyait aucun mal, mais cela avait l'air de la gêner... Le blondinet testera à l'occasion afin d'assouvir sa curiosité. Cependant le sujet n'était pas là, il fallait sécher Shido. En effet, bien qu'amusante, la blague de Cronos était plutôt embêtant au niveau des vêtements. Les voilà donc reparti vers les dortoirs pour récupérer des affaires décentes pour l'autre monsieur torse nu.

Le familier de Shido demanda quelque chose à Toujou. C'était assez drôle qu'il demande ça, il était décidément déjà bien attaché à son maître. C'était un farceur mais il ne voulait pas brusquer le garçon aux cheveux blancs, il s'inquiétait alors de savoir si il faisait bien ou pas. La petite bête avait sûrement peur d'être haïe pour ces bêtises par Shido. Mais Blondie Bouddha le rassura bien vite.

« C'était drôle oui. Et ne t'en fais pas, je pense que tu n'auras pas de mal à créer ce lien que tu veux avec lui. Avec le temps ça ira mieux et même si parfois Shido montre le contraire, je sais qu'il peut s'attacher au chose et les chérir. Alors sois toi-même et votre lien se renforcera de lui-même. Rassure-toi, vous ne serez peut-être pas en harmonie de suite mais cela viendra...  »

Du moins, cela Toujou osait l'espérer. Leur amitié était un lien très fort qui les unissait encore malgré les drames. Ils étaient unis avant, pendant et après ce funeste événement. Alors quoi qu'il montre, Toujou savait qu'il pouvait aimer. Ou du moins qu'il ne pouvait détester cette petite chose lui portant tant d'affection. Il résuma en bref en levant son pouce vers la petite bestiole et déclara

« Donc il faut recommencer !  »

Un esprit farceur pas si rare chez ce garçon sage, mais qui n'était qu'anodin et n'ayant pour but que de faire vivre le moment. Un petit rire plus tard et le jeune homme vit revenir son familier à lui qui n'avait pas vu qu'ils étaient partis... Mais le maître n'avait pas vu qu'il était resté... C'était affligeant d'un côté comme de l'autre. Shido revint tout propre ayant trouvé un autre uniforme et demanda si les deux autres voulaient poursuivre la visite. Toujou n'y voit aucune objection, mais rien ne les obliger réellement à continuer cela, ils avaient déjà fait un peu le tour. Le musicien avait repéré quelques lieux paisibles où il traînerait sûrement en oubliant d'aller en cours.

« Je visiterai les moindres recoins de cet académie... Si je ne me perdais pas si souvent. Donc c'est comme vous voulez pour aujourd'hui, après tout... Le temps est en notre faveur ~ »

L'autre peste de Fried, il était drôlement prétentieux pour une peluche tout de même. Tout d'abord, n'est-ce-pas une des fonctions premières des peluches de se faire câliner? Alors pourquoi celle-là refusait un tel traitement? Bon, le fait était que c'était une peluche parlante, donc, forcément, il y avait déjà quelque chose d'anormal à la base dans cette histoire. Et si, en fait, toutes les peluches du monde détestaient se faire câliner et qu'elles ne pouvaient en fait ni bouger ni parler pour le faire comprendre? Peut-être nous, les hommes, leur infligeons un supplice forcé auquel elles ne peuvent pas se dérober et qu'elles sont obligées de super parce-qu'elles sont toutes douces et trop mignonnes! Tant de cruauté envers ces pauvres petits êtres...

Mais Yûko chassa ce délire de son esprit un peu trop actif, préférant, pour une fois, se concentrer sur la réalité des choses qui était bien plus agréable que la pensée de peluches torturées par des câlins. Au final, il était temps de se mettre en route, et Yûko se tourna vers son familier. Elle lui fit un petit signe en voyant qu'il ne bougeait pas d'un pouce. " Allez, viens! " demanda-t-elle gentiment. La peluche laissa échapper un soupir sonore avant de se mettre à suivre la petite troupe. Yûko regardait autour d'elle, redécouvrant les lieux sous un autre angle puisque c'était d'ici qu'ils venaient. Shido s'inquiétait d'un éventuel manque d'uniformes mais vu qu'il était obligatoire il y en avait forcément plusieurs, sinon ce serait juste sale de tout le temps garder le même sans avoir le temps de le laver. Bref, au final, l'attente ne fut pas longue, et de tout de façon cela ne gênait pas spécialement Yûko qui était du genre patiente.

Vint ensuite la grande question : Continuer la visite ou non? Tant qu'un autre événement du genre n'arrive pas, c'était possible. A vrai dire, Yûko aimerait bien visiter encore un peu toute la surface du pensionnat avec ses deux amis mais, hypocrite comme elle était, elle savait que son avis aurait peut-être une influence sur leur choix. Elle sourit, avant de déclarer... " Oh... C'est comme vous préférez. Cela m'est égal de mon côté. " répondit-elle donc, ne faisant en rien avancer la chose.

Il était vrai que l'incident de la chute dans le petit lac les avait un peu coupé dans leur élan... Et au pire ils pourraient toujours découvrir le reste eux-même. Yûko trouverait bien des endroits sympathiques qu'elle irait ensuite montrer à Toujou ou à Shido. Enfin, à l'un, ou à l'autre selon le type d'endroit, même si Shido n'en aurait peut-être rien à faire, la brune pensait tout de même que tout cela avait un impact sur lui. Elle ferait tout pour lui faire regagner sa joie de vivre, bien qu'elle n'avait jamais vraiment su comment faire, mis à part en étant toujours là pour le réconforter.

Après, Toujou avait raison, il faisait beau et le temps était parfait pour la visite. Yûko aurait encore le temps de défaire sa valise et ça ne prendrait certainement pas bien longtemps. Et en plus elle se rappela qu'elle partageait la même chambre de Toujou... Mais elle n'arrivait pas à s'imaginer comment la vie de tous les jours pourrait être dans de telles conditions. Elle ne l'avait jamais fréquenté dans ce genre de moments et donc elle n'arrivait pas à imaginer les actions et réactions du blond dans un tel contexte, mais elle était vraiment impatiente de le découvrir. Elle avait aussi beaucoup de gens à connaître et rencontrer... Bref, il y avait juste trop de choses intéressantes à faire dés son arrivée au pensionnat, c'était assez perturbant...