Roméo marchait lentement à travers le grand hall clair de l’école. Il était précisément 15h30 et la sonnerie retentissait dans toute la pièce qui, par son immensité, faisait résonner la mélodie rappelant à tous qu’il était temps.

*En effet il est temps* songea Roméo qui venait de jeter un coup d’œil à sa montre

Il s’activa tout en pensant qu’il allait enseigner pour la première fois. Une grande expérience ! A la fois terrifiante et palpitante, il s’agissait d’être à la hauteur pour lui, d’assurer ! La perspective de faire face à une trentaine d’élève ne l’effrayait pas, c’était plutôt l’idée un peu préjugée qu’il se faisait des cours. Lorsqu’il était lui-même étudiant, Roméo n’aimait pas particulièrement les cours, ni les professeurs d’ailleurs. Par réflexe il regarda autour de lui les élèves, essayant de deviner qui était qui, et qui appartenait à quelle année. Il crut deviner des 5èmes années qui étaient presqu’aussi grand que lui. Des petits groupes d’étudiants s’étaient formés çà et là et se ruaient vers les salles de cours. On pouvait entendre des « Vite on va être en retard ! » comme des « On s’en fout c’est nul ce cours ». Roméo sourit, cette dernière phrase lui rappelait quelqu’un ...
Il fut bousculé par un élève qui ne regardait pas devant. Roméo le fixa et le garçon paru tout gêné, il ramassa ses livres en s’excusant :

-« Je suis désolé Monsieur, je … je … »

-« Pas de problème » sourit Roméo en lui tendant son dernier livre

Le garçon prit le livre et s’empressa d’aller rejoindre ses camarades sûrement déjà installés. Le jeune professeur soupira, on venait de le tirer de ses rêveries. Il s’arrêta un instant et demeura sur place immobile quelques secondes. Le silence. Le hall était en effet vide, le moment d’agitation venait de passer, il n’y avait plus personne maintenant. Ses yeux noirs allaient d’escaliers en escaliers, de couloirs en couloirs. Vide. C’était presque trop beau ! Le hall était magnifique comme ça, la solitude est précieuse et Roméo le savait. Il en profita pour se poser quelques instants en s’asseyant sur les marches de l’escalier central en marbre. Roméo replongea dans ses rêveries et oublia presque l’école, il était en Italie avec sa famille, à Naples précisément et …

*Qui me dérange encore ? C’est pas vrai y’en a qui sont encore en retard ?

C'était des bruits qui venaient de derrière lui, comme des dizaines de petites choses qui dégringolaient. Il en reçut une dans le dos ce qui le fit sursauter.
Tout en se retournant Roméo remarqua de nombreux stylos, livres, cahiers et objets en tout genre qui étaient éparpillés dans l’escalier. En haut des marches se tenait une jeune fille qui, réalisant qu’elle était face à un homme ressemblant fortement à un professeur, souriait pour mieux dissimuler son malaise. Roméo fit une moue compatissante et se releva pour se dresser face à la jeune fille. Il monta les marches et ramassa quelques objets tombés devant lui. Puis avec un air interrogateur il lança :

-« Je sais pas si tu avais l’intention d’aller en cours mais tu risques d’être bien en retard ! Bon j’vais t’aider à ramasser ça ! »

Comme il attendait la réponse de la jeune étudiante, Roméo rassemblait quelques crayons dans la trousse qu’il lui tendit d’une main amicale.

Il était quatorze heure trente, l'heure pour les classes trois d'aller en maths, mais Keiko n'en avait pas la moindre envie. Elle et les chiffres, une grande et passionnante histoire d'amour... Elle se résigna quand même à y aller. Cependant, la jeune élève ne put s’empêcher de regarder sa montre toutes les deux minutes, calculant combien de temps il restait avant que la cloche ne sonne pour annoncer la fin du supplice.  Pour Keiko, l'heure sembla durer une après midi entière, mais enfin, le cours pris fin à quinze heure trente, elle griffonna les exercices que le prof donnait à faire pour le cours suivant, rangea ses affaires dans son sac qu'elle oublia de fermer puis sorti de la classe sans se presser.

-« Ahhh, enfin... » soupira t'elle.  

La jeune demoiselle se dirigeait vers les escalier, sa journée venait de prendre fin, et elle avait bien l'intention de se prélasser sous un arbre ou dans son lit pour le reste de l'après-midi. Elle dévala quelques marche quand une pimbèche de sa classe remarqua son sac ouvert et ne pu s’empêcher de tirer dessus pour en vider le contenu par terre. Elle pouffa et s'éloigna rapidement, comme si de rien était. Keiko devint rouge jusqu'au oreilles, au même moment, elle croisait le regard d'un adulte. Il n'avait pas pu voir la peste faire et devait se dire que la rouquine était une empotée. Un sourire crispé se dessina sur ses lèvres.

-« Je sais pas si tu avais l’intention d’aller en cours mais tu risques d’être bien en retard ! Bon j’vais t’aider à ramasser ça ! »

L'homme se baissa et ramassa deux trois truc qui était à ses pieds, et les tendit à la jeune fille avec un sourire aimable. Keiko se baissa et ramassa ses affaires en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et les fourra dans son sac qu'elle pris soin de fermer. Quand elle se redressa, elle détailla celui qui lui était venu en aide et remarqua qu'il n'était pas du Japon.

-« Merci Monsieur! Et euh, non, ma journée viens de se terminer avec le cours de maths, donc j'ai le reste de l'après midi pour moi.»

Elle vit que son journal intime était rester sur le sol, elle se baissa et le ramassa. Elle ne pris pas la peine de le mettre dans son sac et le garda en main.

-« Je suis Kuwahara Keiko, de la classe trois, en deuxième année.  Je ne vous ait jamais vu dans l'enceinte de l'école avant. Vous êtes un nouveau professeur ?»

Une fois que la trousse fut complète et que Keiko l'eut rangée, le professeur afficha un léger sourire de satisfaction. Il gravit les quelques marches qui le séparait encore de l'étudiante et vint se placer devant elle. Il lui dit :


- "Enchanté Mademoiselle Kuwahara ! Je m'appelle Roméo Marconi et je suis professeur ici depuis le début de cet année. A vrai dire je suis dans l'école depuis un an mais je m'entraînais à ... à mieux contrôler ma magie on va dire."


Il marqua une petite pause, sembla réfléchir un instant, avant de reprendre :


- "Enfin bref, j'enseigne une matière un peu spéciale, l'Histoire de la Magie : ses premières apparitions, les grands magiciens, les formes diverses de magie existantes, les contes et légendes magiques, aussi bien humain qu'animal. C'est passionnant je trouve de savoir que la magie est un art qui s'est développé au fur et à mesure des siècles et qui ..."


Roméo s'arrêta voyant qu'il partait trop loin, il ne voulait pas faire fuir la jeune fille dès la première rencontre ! Il vit le journal toujours présent dans la main de Keiko et se dit qu'ici les élèves devaient vite se faire une impression des profs', et il ne voulait surtout pas figurer sur la liste noire !

*Surtout pas !* se dit-il à lui-même


Il montra d'un signe de la main le couloir qui s'étendait à leur gauche. Tout était calme et tous deux avaient du temps libre visiblement.


- "Si tu veux nous pourrions marcher un peu, histoire de faire un peu plus connaissance ! Il se trouve que justement je vais donner des cours aux 2ème année dans peu de temps; j'aimerai bien connaître un peu plus chacun de mes futurs élèves."


Keiko fit un signe affirmatif de la tête et tous deux commencèrent doucement à se mettre en marche dans le grand hall désert. Leurs pas résonnaient seuls, se répercutant contre les larges parois de la grande salle. La lumière perçait à travers les fenêtres et les rayons filtraient jusqu'à leurs pieds, dessinant de grandes ombres sur le sol. Marchant ainsi, Roméo continua :


- "Alors dis m'en un peu plus sur toi ! Tu es en classe 3 et comment as-tu intégré l'école ? Ce sont des histoires souvent intéressantes, enfin la mienne est assez étrange ... Et ta magie ? Les magies des élèves sont toujours plus impressionnantes les unes que les autres ! Et ... Oups désolé je m'emporte !"


Le jeune professeur s'arrêta avec un petit air de gêne, il sourit à Keiko en attendant la réponse. Soudain un petit animal apparut aux côtés de Roméo et en quelques secondes grimpa sur son bras avant de s'asseoir sur son épaule.

Spoiler:

- "Ah et voici Enyeto mon familier ! Un petit ourson qui n'en fait qu'à sa tête ! Mais c'est sans doute pour ça que c'est le mien ! Et le tien ? Comment est-il ?