Je m'étirai, grognant en même temps, me plaignant de mon dos et de ma nuque, ah... les ravages de la vieillesse. Bon, aussi, quelle idée de rester assise dans son lit, penchée pendant trois heures sur son devoir de technologie. Foutu devoir d'ailleurs - je t'en mettrai des dossiers sur l'évolution scientifique dans le monde moi... J'ai toujours préféré le dessin et le Français, de toute façon. Je jetais un coup d’œil sur mon téléphone pour voir qu'il n'était "que" dix-neuf heures ; je pouvais très bien amener ce devoir de malheur au professeur, il n'était pas encore trop tard. C'est bien décidée que je me levais de mon lit, mon dossier à rendre à la main.

Comme les cours étaient finis depuis ce midi (j'aimerais pour toujours le mercredi), je n'étais plus en uniforme depuis longtemps, ne supportant toujours pas de porter des jupes (quelle idée. Quoi, moi, garçon manqué ?), je m'étais vite changé pour mettre une tenue plus à mon gout ; long pull léger noir m'arrivant au milieu des cuisses, débardeur bleu, leggin noire et mes grosses bottines de la même couleur. Rien de mieux qu'une tenue un peu grunge et confortable pour la journée.

Je me tournais vers Moon, couchée sur mon oreiller ; encore pour me mettre plein de poils...

- "Tu m'accompagnes ?", lui demandais-je, sachant qu'elle ne dormait que sur une oreille.

- "Pourquoi pas", me répondit-elle en s'étirant tout en se relevant en position debout.

Je m'approchais donc d'elle, la pris dans mes bras pour l'approcher de mes épaules qu'elle rejoignit en se lovant contre ma nuque, sa queue s'enroulant autour de mon cou - je ne me lasserai jamais de cette sensation. Je me dirigeai vers la porte, m'arrêtant devant elle pour être sûre de ne rien oublier. Je regardais ma main, j'avais toujours mon dossier, il ne me manquait rien d'autre, que je sache, je passai donc la porte, la refermant à clé derrière moi (mes colocataires en avaient une aussi).

Je sortais du dortoir et me dirigeais vers le bâtiment principal pour rapidement prendre les escaliers ; ce n'était pas souvent que je les prenait pour me diriger vers le haut. De ce que je rappelle, cet étage était le plus grand de tous, et qu'il ne faudrait pas que je me trompe de salle. J'atteins l'étage, m'arrêtant au milieu du couloir, assez large pour qu'un éléphant puisse y circuler librement, et me basant sur mes souvenirs, je me dirigeais vers la droite. Presque que tout au fond, je tombais enfin sur une porte, "Salle d'informatique" juste au-dessus, m'indiquant que mes souvenirs ne m'avais pas fait faux bond.

Je toquai à la porte et l'ouvris doucement, la lumière de la salle éclairant mes bottines, je passais la tête dans la pièce, ne voyant pas de professeur.

- "Merdasse", songeais-je.

Je m'avançais totalement dans la classe, scrutant bien tous les recoins sombres mais ne trouvais pas de chevelure bleue. Soudain, assez loin de moi, devant l'écran d'un ordinateur, je remarquai qu'il y avait quelqu'un dans cette pièce, les lumières n'étant pas allumées pour rien, finalement. Il n'était pas face à moi, je ne voyais donc qu'un dos et une chevelure plutôt courte châtaine. Garçon, je pense, quatrième année, fort probable, sourd, c'était sûr (les ravages de la vieillesse également ?). Je soupirais, il fallait bien que je trouve ce professeur, peut-être que cette personne savait quelque chose...

Je m'approchais à pas de loup, une fois juste derrière lui, je pouvais confirmer que c'était bien un garçon, je lui tapotais donc l'épaule, doucement, histoire de ne pas trop le surprendre.

- "Excuse moi de te déranger, mais, est-ce que tu saurais où se trouve le professeur Dullac ?"

« - Bonjours Monsieurs Dullac, puis-je vous empruntez votre salle pour faire des recherches sur ordinateur ? S'il vous plaît » Demandais-je poliment.

« - Bien-sur mon garçon. » Me répondit-il agréablement.

Ainsi mon professeur de technologie accepta que je puisse travailler dans sa salle malgré l'heure. Je le remerciai poliment puis celui-ci s'en alla, je ne sais où, il allait surement revenir pour fermer sa salle à clef. Pourquoi avais-je besoin d'un ordinateur ? C'est bien simple, une nouvelle collection de canard en caoutchouc allait être mise en vente ! Et il fallait absolument que je sois le premier à l'acheter ! La vente allait se dérouler à 19 h 30 donc par précaution j'étais arrivé trente minutes à l'avance. De plus pour être sur d’être le premier acheteur, il me fallait une machine compétente, ce que je n'ai pas. J’attends avec mon fidèle Kiki sur mes genoux mais c'est long et ennuyant, je ne voulais pas trop toucher l'ordinateur au cas où il surchaufferait pour ensuite s'éteindre. Cependant ma longue attende fut interrompue par une jeune fille. En effet celle-ci me tapota à l'épaule pour me poser une question.

« - Excuse moi de te déranger, mais, est-ce que tu saurais où se trouve le professeur Dullac ? »

Elle était très jolie, une longue chevelure noire, des yeux profonds et perçants comme les chats avec quoi s'accompagnaient une magnifique queue et de mignonne oreille. Celle-ci était surement en 3 ème années, car je ne l'avais jamais vu dans ce couloir mais bien entendu je répondis à sa question !

« - Manque de chance,  tu viens de le louper ! Mais il va sûrement revenir pour fermer la salle à clef donc patiente à peu il ne devrait pas tarder ! » La rassurais-je

Je soupirais un malheureux "merci", mes oreilles s’aplatissant sur les côtés, déçue que le professeur ne soit pas là. Bon, il était censé revenir, il ne me restait plus qu'à tuer le temps... Je n'avais même pas pensé à prendre mon carnet, je savais bien que j'avais oublié quelque chose.

N'ayant franchement pas envie d'attendre debout, je m'asseyais sur le siège voisin à celui du garçon, m'adossait à l'un des accoudoirs, mes jambes par-dessus l'autre accoudoir et me mis à lire mon dossier pour passer le temps. Enfin, ce n'était qu'une feinte, d'où j'étais, je pouvais détailler à ma guise le jeune homme (d'un an mon aîné, avec son chapeau bleu de l'uniforme à côté de lui). Pourquoi ne s'était-il pas changé d'ailleurs ? Que je sache, il en aurait eu tout le temps... Peut-être qu'il aimait bien son uniforme ? Ou c'était à cause du chapeau, il voulait une bonne raison pour le garder ?

Bon, oublions le chapeau et passons au reste. Il devait être grand (même si assis, c'était dur de juger), pas très musclé, cheveu noisette avec des reflets roux complètement décoiffé, les yeux verts scintillants et le visage harmonieux. Et je présumais que le singe qu'il avait sur les genoux devait être son familier. Mignon, très mignon même... Je parle du singe bien sûr, ne vous faites pas d'idées, eh, oh !

Le ricanement discret que Moon n'avait pas réussi à retenir me fit piquer un fard monumental, que je cachai tant bien que mal en enfonçant ma face dans mon devoir de technologie. Je repris contenance comme je put, je me raclais la gorge et commençais la lecture de mon dossier, parce qu'il me restait vraiment plus que ça à faire. C'était sans compter sur mon familier qui n'arrivait pas à calmer son fou rire et qui continuait de se moquer de moi par la même occasion. Elle gigotait, cachait son fou rire dans mon cou pour tenter de ne pas trop attirer l'attention. C'est toujours les joues un peu rouges que j'essayais d'y faire abstraction. C'est dur d'avoir un familier qui ressent vos sentiments...

La jeune fille hybride ainsi que son familier se posa donc à mes cotés. Elle était en train de lire des papiers, sûrement un devoir qu'elle devait rendre au professeur. Je n'osais pas la regarder de peur que celle-ci se sente offensé mais je ne sais pourquoi, j'avais envie de la contempler, c'est comme-ci celle-ci m’enjôlé. Mais pas de temps à perdre à fixer une fille que je ne connaissais pas, il fallait que je me concentre sur mon achat. Il était 19 h 25, dans cinq minutes je pourrais enfin avoir la collection de mes rêves mais pour cela je devais être le premier à commander ces œuvres exceptionnelles que sont les canards en caoutchouc.

Cependant mon fidèle ami Kiki commençait à s’exciter, il voulait jouer par conséquent il commença à tourner autour de moi. N'ayant pas le temps je le repoussai, ce qui bien sur le contredit ! Alors pour se venger, il bondit de sa chaise pour directement retomber sur les papiers de l'hybride et ainsi avec ses pattes, il lui arracha la moitié de ses feuilles pour ensuite s'enfuir. Précipitamment, je me levis et ma première réaction fut de voir si la porte était fermée : heureusement, elle l'était ! Bien évidemment l'étudiante se redressa également pour regarder d'un air à la fois surpris mais aussi mécontent. Etan gêné je ne savais pas quoi lui dire pour m'excuser ! Mais je savais une chose, c'est que moi tout seul, je ne pourrais jamais attraper Kiki et qu'il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour trouver la sortie ! Par instinct je me hâta directement vers la porte pour faire barrière puis en criant, je lui lança :

« - Essaye de l'attirer vers moi, ainsi il sera coincé entre nous deux et nous pourrons l'attraper ! »

Je connaissais bien le mode de fonctionnement de Kiki et je ne voyais pas comment faire d'autre ! Heureusement pour nous cet espace était étroit, seulement il serait difficile pour nous de circuler avec le matériel scolaire. Enfin c'est ce que je croyais, jusqu'à ce que je vois l'agilité de la brunette.

Quand le petit singe sauta sur mes feuilles, je ne compris pas trop, encore moins lorsqu'il repartit avec la moitié de mon devoir dans les pattes. Instinctivement, je me levais, surprise, la colère commençant à monter en moi. Eh, mais, je rêvais pas ? Ce sale macaque venait de me chiper la moitié de mon travail qui m'avait demandé bien trois heures et une douleur au dos et à la nuque ? Ah... Non, mais non, ça allait pas le faire du tout ça.

Mon regard déviait quelques instants sur le garçon qui semblait premièrement désolé et qui deuxièmement se dirigeais vers la seule porte de la salle, en me criant :

« - Essaye de l'attirer vers moi, ainsi il sera coincé entre nous deux et nous pourrons l'attraper ! »

Ses paroles ne m'atteignirent même pas, tellement que j'étais obnubilée par le petit singe qui courait partout à une grande vitesse. Décidée à récupérer mes biens, une certaine concentration commençait à monter en moi, mes années d’entraînements avec mon père refaisaient surface, aiguisant mes sens.

Je me sentais déjà humiliée de n'avoir pas réagi lorsque ce singe m'avait pris mes feuilles, j'étais déconcentrée par ce garçon, et par mes sentiments. Je n'allais sans doute pas me faire avoir par ce singe et ne pas réussir à récupérer ce qui m’appartenait. Ce serait un comble !

Je pris une longue inspiration, je sentis vaguement que Moon quittait mes épaules pour ne pas me déranger, me laissant gérer ça, sachant que je voulais le faire seule. Je fermais les yeux, aiguisant mon ouïe, entendant le petit singe courir partout, sauter de haut en bas, de droite à gauche, puis j'ouvris les yeux, me concentra au maximum, et calai mon regard sur la forme rapide du voleur. Et alors, anticipant son prochain mouvement, je pris de l'élan, couru, pris appuie dans un geste souple sur une table, sauta par-dessus les ordinateurs, haut, et attrapa d'une main le petit corps du singe juste au moment où il s'accrochait au lustre au plafond. Mon saut continuait, je passais de l'autre côté de la table et des ordinateurs et me réceptionnai sur la moquette, en fléchissant les genoux pour ne pas me faire mal. J'emprisonnai les mouvements des bras du petit animal blanc et noir avec mes doigts calés en dessous et au-dessus de ses épaules. J'avais fait tout cela avec maîtrise et vitesse, de quoi impressionner, mais je n'en mettais même pas rendue compte sur le coup.

Je tournais le corps du singe vers moi pour qu'il rencontre mes yeux bleu clair glacials, mon expression plus que sévère, pour qu'il se rende bien compte qu'il ne fallait pas jouer à ce genre de truc avec moi. Je tendis mon autre main devant sa face, tout en disant, ma voix froide et autoritaire :

- "Mes papiers."

Il semblait hésiter quelques instants, mais mon grognement tout sauf humain qui sortit de ma bouche fermée couplée à celui de mon familier qui m'avait rejoint sur mes épaules en sautant du bord d'une table qui elle ne se gênait pas pour montrer ses dents blanches bien tranchantes, le petit singe s'empressait très vite de me rendre mes biens. Stoppant mon grognement, arrêtant mon regard qui tue, je le lâchai simplement parterre. Je lissais mes feuilles calmement lorsque je me rappelais qu'il y avait quelqu'un d'autre dans la salle, et pas n'importe qui en plus.

Un peu gênée, je me tournais vers le châtain tout en disant, la voix un ton plus bas que d'habitude :

- "Euh, désolée d'avoir réagi comme ça avec ton familier, mais, tu sais, je ne lui aurais pas fait de mal, enfin, physiquement parlant, quoi."

Je détournai mon regard de lui, presque dignement - du moins j'essayais - et retournai à ma place, pour rassembler mon devoir, le dos tourné au garçon, faisant tout pour ne pas croiser son regard sûrement choqué et effrayé.

- "Eh, déjà que je suis une hybride, pour sûr qu'avec ce que je viens de faire, il va faire comme tout le monde et me donner des regards remplis de dégoût", pensais-je amèrement. Je sentais mes yeux me piquer ; je n'allais pas me mettre à pleurer quand même ?

Soudain, la douce caresse que me fit Moon à la joue me fit sursauter et me calmer. Les sentiments qu'elle me transmettait étaient rassurant, calmant, et doux. Ce dont j'avais besoin.

- "Ne fais pas de préjugés trop hâtif, Ookami", me dit-elle par pensées. Elle avait raison, mais c'était tellement logique que ça se passe comme ça...

Et puis, après tout, qu'est-ce que ça pouvait me faire ? J'allais juste oublier ce garçon, cette histoire et tout serait réglé. Il ne s'était rien passé ici, j'étais juste venue pour remettre ce dossier de malheur au professeur - ah... je me sentais déjà mieux. En parlant de ça, d'ailleurs, qu'est-ce qu'il fichait ce professeur ? Voulant savoir quelle heure il était, je jetais un regard à l'heure sur l'ordinateur qu'utilisait précédemment le garçon, sans faire attention sur quelle page il naviguait, et remarquait qu'il était déjà 19h30 ; bientôt une demi-heure que j'étais ici ! Mais qu'est-ce que fichait ce professeur à la fin ? Etant sincèrement surprise, je n'avais pas fait attention que j'avais dit tout haut l'heure.

En soupirant, nonchalamment, je me rasseyais dans mon siège, dans la même position que dernièrement, reprenant ma lecture tant bien que mal.

« - Waouh ! » Pensais-je ébahis

La jeune hybride était incroyablement habile, j'eus à peine le temps de réaliser la situation que celle-ci était déjà en plein mouvement. Bon, il est vrai que je n'étais pas très bon en sport et que mes réflexes laissaient à désirer mais j'étais sur d'une chose : ce que faisait la brune était incroyable et impossible pour la plupart de la population de Tadakai ou bien même du monde entier. Elle pris de l'élan puis dans une extrême vitesse se précipita sur le petit singe tout en évitant les ordinateurs et attrapa Kiki avec sa main, à l'instant où celui-ci allait se camoufler sur le lustre puis comme une grande gymnaste se réceptionna sur le sol.

Une fois mon singe en sa possession, elle le  fixa avec son visage ténébreux et ce petit filou n'eut pas le choix que de lui rendre les papiers, c'était la première fois qu'il était autant intimidé. Je n'étais pas vraiment choqué, tout le monde aurait eu la même réaction si on avait substitué un devoir sur lequel on avait surement beaucoup travaillé. Après lui avoir rendu son dossier, Kiki se rapprocha de moi pour se mettre sur mon épaule et me faire ses yeux doux, il savait que je n'allais rien faire, c'était malheureusement vrai.

« - Alalala je suis vraiment trop gentil avec cette petite boule de poils ! » Songeais-je

Cependant après avoir récupéré ces papiers la jeune fille m'adressa la parole pour s'excuser.

"Euh, désolée d'avoir réagi comme ça avec ton familier, mais, tu sais, je ne lui aurais pas fait de mal, enfin, physiquement parlant, quoi."

Cette dernière détourna le regard, je ne comprenais pas pourquoi. Enfin je ne comprenais même pas pourquoi celle-ci s'excusait, il était tout à fait légitime qu'elle récupère son devoir, ce n'était en aucun cas de sa faute mais de Kiki et de la mienne. De plus, elle me tourna le dos et je la sentais un peu dépitée.

« - Je devrais aller lui parler ! » Songeais-je

Puis je l'entendu marmonner à haute voix, le seul mot que je perçus était « une demi-heure » et cela me rappela quelque chose de très importante, la chose pour laquelle j'étais venus. Je regardai ma montre : 19 h 31. Précipitamment, je bondis jusqu'à l'ordinateur et regarda la collection de canard en caoutchouc, pour être sur quel ne soit pas vendu, je réactualisai la page et on m'indiqua que la page avait disparu : Ils avaient été vendus. Pour la première fois depuis que je suis rentré à Tadakai, je lança un regards noir à Kiki et celui-ci se cacha directement sous la table. Mon moral était tombé à 0, même moins, il devait être proche du zéro absolu. Puis je tourna ma tête en direction de la brune qui était en train de relire son dossier. Elle devra surement attendre encore une heure, alors pourquoi pas lui tenir compagnie, après tout je peux faire ça pour me faire pardonner alors s’engagea la discussion tout en gardant mon sourire charmeur.

« - En faite comment tu te nommes ? Je m’appelle Daren Austen, je suis en 4 ème années. Je m'excuse pour ce que mon familier a fait à ton devoir, il voulait juste jouer ! »

Vous allez surement penser que c'est ringard comme approche ( et sa l'est ) mais j'étais quelque peu gêné même si je ne le montre pas.

Au moment où je me rasseyais sur ma chaise, le garçon s'était littéralement jeté sur l'ordinateur, me surprenant un peu, mais me rendant contre mon gré encore plus négatif. "Pas une seule parole", "On m'ignore déjà", "Je l'avais dit", "C'était couru d'avance", me passait par l'esprit, me faisant m’enfoncer plus profondément dans mon siège. Comme j'observais toujours le garçon, je remarquais son regard noir qu'il lançait à son familier sur son épaule, qui partit bien vite se cacher sous la table. Alors, ce garçon pouvait faire peur ? Voilà à quelque chose dont je ne m'attendais pas vraiment... Il n'empêche que ce qu'il faisait sur son ordinateur devait être important pour qu'il réagisse ainsi - je pense. Je soupirais discrètement, me convainquant de détacher mon regard du châtain et d'attendre le professeur, qui allait finir par venir, rassurez-moi... Je soupirais une nouvelle fois, regrettant vraiment mon carnet. J'aurais pu passer le temps beaucoup plus facilement comme ça. Plutôt que du broyer du noir en (essayant) de lire ce fichu devoir, qui, je commençais à le croire, ne m’apportait que du malheur. Je préférais dessiner mes idées noires que me les garder dans ma tête, elles prenaient trop de place.

Étant absorbée par mes pensées, je n'avais pas remarqué que le garçon me regardait, mais je m'en rendis compte lorsqu'il prit la parole, me surprenant un peu :

« - En faite comment tu te nommes ? Je m’appelle Daren Austen, je suis en 4 ème années. Je m'excuse pour ce que mon familier a fait à ton devoir, il voulait juste jouer ! »

Alors, finalement, on me parlait ? Mauvaise foi ou bien alors c'est moi qui m'étais trompée sur son compte ? Je lui jetais un regard méfiant, pas sûre de l'origine de son beau sourire, ni de l'expression gentille de son visage. J'étais un peu perdue, je ne savais pas trop comment réagir. Si je me mettais à lui répondre froidement voir méchamment, je ne savais pas comment ça allait finir, en plus, il était presque gentil en engageant la conversation comme ça, mais je ne voulais pas paraître pour une fille niaise que je n'étais certainement pas en lui répondant trop gentiment.

- "Sinon, êtres soi-même est une bonne option, aussi", me fit remarquer mon familier.

Je soupirais en souriant discrètement tout en fermant les yeux. Heureusement que je l'avais, cette écharpe vivante.

- "Ookami Buzuko, en 3ème année, même si je suis arrivée ici que depuis un mois à peu près", lui répondis-je finalement, sans être froide, mais ni l'inverse, ma voix était d'un ton presque "plat". Je rajoutais en remarquant aux pieds du garçon le petit singe farceur, "ce n'est pas si grave ce que ton familier m'a fait, c'est dans la nature des singes, d'être joueur comme ça, de toute façon, pas vrai ?", questionnais-je pas vraiment.

Me rappelant le dernier regard noir qu'avait donné le garçon - Darren, me dis-je - à son familier après avoir regardé sa page de navigation sur l'ordinateur, j'eus envie de lui demander quelque chose. Être soi-même, c'est dire ce que l'on veut et ce que l'on pense.

- "Sans vouloir paraître indiscrète, est-ce que je pourrais savoir ce que tu faisais sur l'ordinateur ?"

Eh oui, de nature, je posais des questions bizarres.

Après avoir engagé la discussion d'une manière plus ou moins ringarde, la jeune brune ne me répondit pas directement. Elle devait être surement surprisse que je l'accoste puisque tout à l'heure j'étais bien trop embrouillé pour lui répondre, je la sentais troubler. Puis sur un ton monotone, l'hybride répliqua suite à ma question :

"Ookami Buzuko, en 3ème année, même si je suis arrivée ici que depuis un mois à peu près"

Comme je me doutais, elle était plus jeune que moi, et normale que je ne reconnaissais pas sa tête comme elle venait d'arriver. En tout cas je trouvais son nom très mélodieux, et il lui convenait parfaitement. Je remarquai que cette dernière regarda à mes pieds mon petit singe.

"Ce n'est pas si grave ce que ton familier m'a fait, c'est dans la nature des singes, d'être joueur comme ça, de toute façon, pas vrai ? "

Il est vrai, que les singes ne sont pas d'un naturel sage mais bon sa n'excusait en rien Kiki. Mais en y repensant ce n'était pas vraiment de la sienne mais de la mienne, si seulement j'avais joué avec lui quelques minutes au lieu de l'ignorer ! J'allais lui répondre mais Ookami me devança en me posant une question :

"Sans vouloir paraitre indiscrète, est-ce que je pourrais savoir ce que tu faisais sur l'ordinateur ?"

Cette question était assez bizarre mais légitime, tout le monde par curiosité aurait demandé la même chose. Seulement j'hésitais à répondre, je ne voulais pas paraitre bizarre de peur de l’effrayer. C'est vrai, qui de nos jours collectionne des canards en caoutchouc mais ce ne serait pas très courtois de mentir et puis je ne risquais rien, ce n'est pas comme ci après cet évènement actuel, j'allais la revoir. Mais je n'allais pas me tracasser pour rien, après tout j'assume ce coté de ma personnalité, et puis peut-être que celle-ci aime aussi ce genre accessoires ! Par conséquent, je répondis tout d’abord au comportement de mon singe et ensuite aux raisons de ma présence dans ces lieux tout en gardant mon sourire et mon air enjoué :

« - Oui c'est vrai que Kiki est un grand joueur tout comme les membres de son espèce ! » Affirmais-je au propos de la jeune fille. « Pour tout te dire, j'étais en train d'attendre une nouvelle collection de canard en caoutchouc pour l'acheter mais je suis arrivé trop tard ! » Soupirais-je.

Kiki se posa sur mon épaule car il savait que je l'avais pardonné et se frotta même à ma joue comme signe d'affection. Je ne regardai pas la réaction de la jeune hybride car elle me paraissait évidente : elle allait surement me trouver bizarre. Cependant ce n'était pas pour autant que je ne devais pas continuer la conversation.

« - Je suppose que tu attends le professeur pour lui rendre ton devoir ? »

Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais envie de dialoguer avec cette fille, elle m’intriguait.

Ma question posée, Darren ne me répondit pas tout de suite. Parce qu'il était surpris de ma question ? Parce qu'il me trouvait définitivement bizarre ? Déjà que je savais faire des sauts impressionnant, maintenant, je posais des questions étranges ? Ouais, ouais, je le comprenais. Enfin, peut-être pas, il semblait plutôt être en train d'hésiter... Hésiter à me répondre ? Mais qu'est-ce qu'il faisait sur cet ordinateur, à la fin ? Des trucs qui ne respectait pas la loi ? Nan, même si je ne le connaissais pas - ou vraiment pas beaucoup -, il ne me donnait pas du tout l'impression de faire ce genre de truc. Enfin, peut-être qu'il cachait juste très bien son jeu... Finalement, il me répondit, me sortant de mes pensées emmêlées, à nouveau joyeux :

« - Oui c'est vrai que Kiki est un grand joueur tout comme les membres de son espèce ! » Il me répondait donc d'abord au sujet de son singe, Kiki ? Hé, ça lui allait bien, comme nom. « Pour tout te dire, j'étais en train d'attendre une nouvelle collection de canard en caoutchouc pour l'acheter mais je suis arrivé trop tard ! » Soupirait-il.

Des... canards... en caoutchouc ? Je le regardais, les yeux un peu écarquillés, tendit qu'il avait tourné la tête vers l'écran de l'ordinateur, évitant ma réaction, avais-je l'impression. C'est vrai que c'était très différent de mes idées de délinquant. Oh... Peut-être s'attendait-il à ce que je me moque de lui sévèrement ? Ce n'était pas mon genre. Je profitais inconsciemment qu'il ne me voyait pas pour sourire, dévoilant mes dents pointues, tendit que je posais mon dossier sur la table à côté de moi, croisant les bras. J'avais décidé de jouer la carte de la franchisse ce soir, je n'allais pas changer maintenant, c'était naturellement que je taquinais les gens, sans être méchante, il me semblait. Mais le châtain me devançait d'une demi-seconde et il me demandait une chose à son tour, sans me regarder :

« - Je suppose que tu attends le professeur pour lui rendre ton devoir ? »

Il supposait bien. Mais je n'allais pas le laisser filer, et c'est la voix un peu plus expressive que je dis mes pensées sur cette histoire de canards.

- "Des canards en caoutchouc ? Voilà une lubie pas très répandue", dis-je sans le lâcher du regard, un petit sourire aux lèvres. "Surtout qu'il me semble que nous n'avons pas de baignoires dans Tadakai. Enfin," m'exclamais-je, "pas que je sache ! Il y en a ?"

J'étais franchement intéressée par ça. Pas que je n'aimais pas les douches, mais un bon bain me faisait du bien, de temps en temps. Pouvoir se "vautrer" dans l'eau, avec pleins, pleins, pleins de mousse, et puis, peut-être avec un canard en caoutchouc. Mon sourire me quittait, tendit que ma voix sans émotions reprenait sa place.

- "Sinon", commençais-je en reprenant mon devoir dans les mains, "c'est exact, j'attends le professeur Dullac pour pouvoir lui remettre mon devoir."

J'avais retenu au dernier moment sur ma langue "de malheur", pas que je montre trop mon ressentiment concernant ce devoir, tout de même. Il n'empêche que j'étais surprise, Darren ne semblait pas faire la comédie en parlant ainsi, même après avoir vu mon "spectacle" peu accommodant. Enfin, j'imagine que quand on aime les canards en caoutchouc, on ne réagit pas vraiment de la même façon que les autres pour certaines choses. Une question me passait à l'esprit, et je ne la retins pas longtemps, la posant presque directement oralement. Peut-être être trop moi-même ne m'allait pas tant que ça ? Du moment que je gardais ma voix monotone, ça irait, j'en étais sûre.

- "Dit moi, depuis combien de temps tu es à Tadakai, toi ?"

- "Des canards en caoutchouc ? Voilà une lubie pas très répandue. Surtout qu'il me semble que nous n'avons pas de baignoires dans Tadakai. Enfin, pas que je sache ! Il y en a ?"

Comme je m'y attendais, la jeune fille répliqua sur ma passion des canards en caoutchouc, mais celle-ci semblait le prendre sur le ton de la rigolade ! J'étais assez content de savoir que cette étudiante n'était pas le genre de personne à juger la personne sans la connaitre ! En plus elle était naturelle, elle ne semblait pas en faire trop, pas comme la plupart des filles de ma classe. Ça pourrait paraitre étonnant, sachant que je n'ai pas beaucoup d'amis mais j'avais envie de me socialiser, alors avec franchise je lui répondis.

« - Oh contraire, il y a plein de gens qui en collectionnent, la preuve je viens de me faire voler cette magnifique collection en une fraction de seconde ! » Argumentais-je « - C'est bien vrai et dommage, qu'est ce qu'une baignoire serait agréable mais non je les range dans une commode. »

J’espérais ne pas en faire trop, peut-être qu'après tout elle n'en avait rien à faire. Mais il fallait que je sois positif après tout je me fiche de tous qu'elle pense, elle me pose une question j'y réponds en espérant de ne pas la perturber et de l’intéresser! Ookami répondit à ma question, seulement je remarquai que cette fois-ci sa voix redevenait monotone alors qu'avant celle-ci était mielleuse.

"Sinon, c'est exact, j'attends le professeur Dullac pour pouvoir lui remettre mon devoir."

Comme je le pensais évidement. Mais avant que j'eus le temps de répliquer, cet hybride me coupa dans mon lancer pour me poser une question. Quel était curieuse mais qu'est ce que je trouvais ça charmant et mignon.

"Dit moi, depuis combien de temps tu es à Tadakai, toi ?"

Je ne m'attendais pas à ce genre de question, parce que je ne voyais pas en quoi cela pourrait l’intéresser. J'aurais plus imaginé: Que fais-tu à pars collectionner les canards en caoutchouc ? Tu aimes collectionner d'autres choses étranges ? Tes amis le savent ? Tu n'as pas hontes ? Mais non c'était une simple question à laquelle j'allais répondre, toujours avec le sourire.

« - Eh bien, c'est ma quatrième année, eh oui je suis un ancien ici ! »

Je n'avais pas envie qu'elle soit la seule à me poser des questions. En général je n'aime pas trop me dévoilé mais je ferais une exception, mais dans ce cas-là j'avais aussi envie d'en savoir plus sur elle. Donc comme une petite fille curieuse je lui demanda, toujours avec mon sourire des détails sur celle-ci :  

« - Sans être indiscret, pourquoi es-tu venu à Tadakai ? »

« - Eh bien, c'est ma quatrième année, eh oui je suis un ancien ici ! »

J'étais un peu impressionnée si bien qu'un "wouah" silencieux se créai sur mes lèvres. J'avais un vrai étudiant de Tadakai devant moi ! Quatre ans... C'est beaucoup, quand même. Je ne sais pas si j'aurais réussi à être aussi longtemps loin de ma famille. Bon, ok, il y avait les vacances, mais quand même ! Eh, mais, je dis ça, mais si ça se trouve, Darren était en froid ou quelque chose comme ça avec sa famille. Ça arrivait, je le savais. Mais ça ne pourrait pas arriver avec ma famille, c'était une des choses dont j'étais sûre depuis le début de mon existence.

Quatre ans... Ça lui arrivait encore de se perdre dans l'établissement ? Il connaissait tous les recoins secrets de Tadakai ? Les passages secrets, et tout plein d'autres trucs ? Je me le demandais... Et j'allais le dire oralement, mais il me devançait de quelques secondes. Lorsque j'entendis sa question, je sentis tout mon être se figer, se refermant comme une huître.

« - Sans être indiscret, pourquoi es-tu venu à Tadakai ? »

Pour combattre ma malédiction, qui est aussi mon pouvoir. Génial, hein ? Comme si j'allais lui dire ça. Bah oui, j'allais lui expliquer simplement que mon pouvoir m'interdisait de tomber amoureuse - pas qu'il me bloque ce sentiment, non, ce serait trop beau, trop simple ! Je tombe amoureuse d'un gars, le charme fait effet, le gars en question se fait envoûter par ledit charme, moi, je ne peux pas résister, attirée par son amour, et je l'embrasse, dévorant ses sentiments affectifs, le faisant tomber dans l'inconscience pour quelques jours. Ouais, ouais, j'allais lui dire ça, bien sûr. Mais une personne peut aussi tout simplement tomber amoureux de moi, et le résultat serait le même. En somme, mon pouvoir n'est pas si mortel, sauf quand on sait que mon appétit pourrait être sans fin, et qu'il serait possible que beaucoup soient les gens à ne plus avoir cet instinct de tomber amoureux, de ne plus rien ressentir de ce genre de sentiment, mais sans ça, plus d'enfants, plus d'avenir. Donc, en fait, mon pouvoir était grave, comprenez ? Je serais même pas étonnée si jamais un jour je devrais mourir si je me laissais aller à mon pouvoir.

- "Ookami... Ookami ? Ookami !"

Mon prénom crié autoritairement dans ma tête par Moon me fit comme reprendre "connaissance", me sortant de mes pensées. C'est comme si je venais de sortir de l'eau, d'une noyade. J'avais été submergée par mes pensées... Je respirais fortement, je m'étais redressée comme un ressort sur mon siège, les yeux écarquillés. Je tremblais, mon devoir serré contre ma poitrine. J'avais du mal à respirer. Je ne me sentais pas bien, vraiment pas bien. Bon Dieu, qu'est-ce que je détestais lorsque ce genre de crise me prenait, ça m'arrivait lorsque j'étais sous de fortes pressions émotionnelles. Soudain, je me souvenais où j'étais, et pourquoi. Il fallait vite que je parte, il ne fallait pas que Darren puisse me poser d'autres questions. Je ne pourrais pas y répondre. Je me levais prestement, en ayant l'impression que mes jambes allaient me laisser tomber tellement elles tremblaient. J'étais face au garçon, mais je ne le regardais pas, et je ne le regarderais pas. Je lui tendis mon dossier, le mettant tout simplement dans sa main, la prenant prestement, ma main tremblant toujours. Je ne l'avais pas regardé, mes mèches cachant de toute façon mes yeux.

- "Désolée, je dois y aller, donne ça au professeur s'il te plaît, dit lui que c'est d'Ookami Buzuko, il comprendra."

J'avais l'impression que j'avais du verre dans la gorge, que chaque parole me coupait, rendant ma voix enrouée et douloureuse, comme si je gardais un sanglot. J'avais juste une bille tranchante de la taille de mon poing qui se trouvait dans ma gorge, alors que tout se comprimait au niveau de ma poitrine, à l'intérieur. J'avais encore du mal à respirer, je détestais ça. Le dossier donné au châtain, je quittais la salle, le fuyant presque. La porte passée, je ne pensais même pas à la refermer derrière moi, et c'est uniquement avec mes réflexes instinctifs que j'évitais quelqu'un qui allait rentrer dans la salle. Je ne regardais même pas qui c'était, ne me retournant même pas pour voir si tout allait bien, je voulais juste rentrer dans ma chambre, me prendre une bonne douche et dormir avec Moon, en espérant que tout irait mieux le lendemain, juste ça, et rien d'autre. Ah, si, je ne voulais plus jamais rencontrer à nouveau ce Darren.

Ce n'était pas de sa faute, il ne savait pas qu'en posant une question d'apparence si banale et normale, je réagirais ainsi. Hé, comme quoi, j'étais une fille bizarre jusqu'au bout. J'espérais juste qu'il laisserait tomber et qu'il finirait par se dire comme tout le monde qu'il fallait me laisser tranquille, je ne voulais rien d'autre, vraiment rien d'autre.

Faite juste que ce vœu soit exaucé...