Aujourd’hui, j’allai enfin découvrir ma nouvelle chambre ! Pourquoi donc, nouvelle ? Et bien tout simplement car l’ancienne ne me convenait pas. Franchement, ils m’avaient collé avec une fille qui a une peur bleue des oiseaux. C’est bête. Je suis une hybride colombe et en plus de cela ma coéquipière est un phoenix. En plus, elle trouvait cela sale et non hygiénique. Bref. Au final, j’ai décidé de partir puisque cette charmante demoiselle ne daignait pas se bouger. Étant relativement gentille - impossible d’être compréhensive, ici - j’ai décidé de faire un petit effort. Enfin, je ne voulais pas que cela commence à m’énerver, ni Plume. Une bagarre ne m’aurait certainement pas déplue, mais à la direction, si. Et puis, voyons le bon côté des choses : cela me permet de voir de nouvelles têtes, ce qui n’est pas plus mal.

J’étais maintenant dans le couloir numéro un. Combien de fois l’administration m’avait répété : « Couloir numéro un, chambre trois. » Je résistai, avec un grand sourire, à l’envie de partir en courant, n’en pouvant plus de ses papiers administratifs. Et puis, une seule fois suffisait, cela fait quand même déjà trois ans que je suis ici. J’entame ma quatrième année en compagnie de Plume ! Celle-ci était d’ailleurs perchée sur mon épaule, semi-attentive à la scène.

« Alors, impatiente de découvrir notre nouvelle chambre ?!
- Oui ! En espérant qu’on ne retrouve pas une folle dingue comme l’autre fois.
- J'te l'fais pas dire ! »

À ces mots, j’ouvris doucement la porte, persuadée qu’elle serait vide. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque j’aperçus une fille en train d’essayer de garder l’équilibre. Je restai à la regarder, l’air bête. Elle poussa un cri - ce qui paraissait être une réaction normale - et sembla tenter de… voler. Je lui apprendrai, je pense. Aussi me rapprochai-je rapidement lorsque celle-ci m’attrapa le bras pour ensuite se vautrer au sol. Échec critique de tentative de secours !

« Euh… Ça va ? » demandai-je. « Oui, non. J’imagine que ça ne va pas trop bien en fait. Tiens, prends ma main. »

Je lui tendis gentiment la main afin de l’aider à se relever. Cette première approche me donnerait un rapide aperçu de son caractère. Soit les gens acceptent, soit ils refusent. Le pourquoi peut-être expliqué par plusieurs raisons.

« Et bien, comment as-tu fait pour te retrouver dans une telle situation ? »

Les yeux de la demoiselle à terre étaient fixés sur moi. Elle devait sans doute m’analyser rapidement de la tête aux pieds. Sauf que j’étais comme une idiote avec le bras tendu, attendant qu’elle se décide enfin à se relever. Ce qui ne tarda pas. Elle m’attrapa la main et se remit debout en me remerciant. Néanmoins, un détail me frappa immédiatement : elle était bien plus grande que moi ! De plus, de beaux cheveux blonds tombaient sur ses épaules et le long de son torse. Ils étaient vraiment superbes. De manière générale c’était une très belle fille.

Nous nous faisions faces lorsque la maladroite me répondit sèchement que c’était à cause de son familier. Mes yeux s’écarquillèrent de surprise. Je ne m’attendais pas à rencontrer une personne si aimable. Je repensai déjà aux paroles que j’avais échangée avec Plume avant de pénétrer dans la chambre. Jetant un coup d’oeil à celle-ci, je vis qu’elle ne réagit pas. Elle restait là, patientant sur mon épaule. Mon regard se reporta sur la demoiselle. Lorsque je voulus répondre aux douces paroles de ma nouvelle colocataire, celle-ci me devança. Je croisai mes bras, légèrement agacée. Aidez les gens et voilà comment ils vous remercient, en vous parlant comme si vous aviez provoqués leur chute.

« Oui, c’est ma chambre. » répondis-je calmement avant de répliquer plus sèchement : « J’ai changé de chambre à cause d’une idiote, alors s’il te plaît ne prend pas sa place. »

Je me rendis rapidement compte que j’avais été inhabituellement froide. Je répondais rarement sèchement, favorisant le pardon et la compréhension, mais sa première réaction m’avait hérissé le poil. Il y avait certaines manières à avoir avec les gens, surtout quand ils cherchent à vous apporter leur aide. Me détournant, je repartis chercher ma valise laissée sur le pas de la porte dans mon élan de secours raté. En passant, je refermai la porte derrière moi. Je déposai toutes mes affaires à côté de mon lit et allai déposer Plume sur le rebord de la fenêtre que je me permis d’ouvrir. Peu importe le froid ou la chaleur, Plume a besoin de se percher quelque part. En tant qu’oiseau, il lui était inconfortable de se trouver sur le sol. Il faudrait absolument que je retourne chercher son perchoir dans mon ancienne chambre, mais cela attendrait visiblement. D’ailleurs, je me demandai à quoi pouvait bien ressembler son familier. Apparemment, c’était à cause de celui-ci qu’elle était tombée, alors il devait être allé se cacher pour ne pas se faire disputer ou autre. J’allai finalement m’asseoir sur mon lit, reportant mon attention sur l’étudiante blonde.

Après avoir prit place sur le lit, mon regard se reporta sur l’inconnue blonde qui ne tarda pas à répondre à ma remarque, faisant même apparaitre un léger sourire. Alors comme ça, elle aussi a changé de dortoir à cause d’un autre élève ? Décidément, on se retrouve finalement dans la même situation. Quelle drôle de coïncidence.

« Tant que Plume ne te dérange pas, il n’y aura aucun problème. » soupirai-je. « Attendons maintenant de rencontrer nos autres coloc’, s’il y en a. »

Ma dernière proposition s’accompagna d’un gentil sourire en réponse au sien. Visiblement, cela me semblait peu probable d’avoir des ennuis avec cette fille. Elle devait être dans le même état d’esprit que moi. Soudain, j’aperçus rapidement du coin de l’oeil une… loutre (?!) sortir de sous le lit. Elle se dirigeait vers la fenêtre. Mon regard la suivit, tandis que j’aperçue ma colocataire blonde froncer les sourcils. J’observai la scène qui se passait sous mes yeux avec attention. La loutre tentait de rejoindre Plume qui, elle, ne bougea pas une plume. Cela ne m’étonna même pas d’elle. Sa tête était haute, légèrement détournée de la loutre. Je me retournai vers l’inconnue au moment où celle-ci sortit un juron envers son familier.

« C’est… c’est quoi ça, Lynna ?
- Euh… Une loutre visiblement.
- Elle compte rester là longtemps ?
- Oh ça va, amuse toi avec un peu. »

Plume me foudroya du regard mais je n’y prêtai pas attention. Rapidement, je me relevai pour retourner vers la fille. Lui tendant la main, je répliquai :

« Lynna Winter, élève en quatrième année, enchantée ! Apparemment, nos familiers ont l’air de déjà s’apprécier. »

À ces mots, je me retournai pour les regarder. La loutre semblait toute excitée à côté de Plume. Cette dernière semblait prendre sur elle pour ne pas lui donner un coup de bec. Peut-être qu’un jour Plume se décidera à jouer avec. Cela ne lui ferait pas de mal d’ailleurs.
Courage Plume. C’est toujours mieux qu’une hystérique n’aimant pas les oiseaux.

Je souris lorsque j’appris le nom de la loutre. Lyn. Cela aurait presque pu être un diminutif de mon prénom. Peut-être que ma rencontre avec ma colocataire était déjà toute écrite finalement.
Néanmoins, j’appris que la demoiselle s’appelait Alison. C’était joli, Alison. J’aimais beaucoup. Après sa remarque, je posai les yeux sur nos familiers. En effet, Plume n’était en aucun cas ravie de la compagnie de Lyn.

« Non, elle n’apprécie pas du tout. Mais j’aimerais qu’elle devienne un peu plus sociable. Je la trouve trop distante avec les personnes ou familiers qu’elle rencontre. Et encore, là elle n’est pas agressive ! » lançai-je en riant.

Bon. Ce n’était pas sûr que cela fasse rire Alison. Personne n’aimait voir un être auquel on tient se faire attaquer par un phoenix. Je l’observai faire comprendre à Lyn qu’elle y allait peut-être un peu fort pour une première rencontre. Je souris à Plume qui tourna brusquement la tête sur le côté avec son air de boudeuse en colère. Cela lui passera. Lorsqu’elle aura faim, elle sera bien obligée de me reparler. J’aperçus à nouveau le regard d’Alison pesait sur moi. Je me demandais bien ce qu’elle pensait pour me regarder de façon si insistante.

« Contente aussi ! » répliquai-je gaiement.

En plus, je l’étais réellement. Certes, notre rencontre n’avait peut-être pas commencé sur de bonnes bases, mais j’avais l’impression que nos familiers avaient un tant soit peu détendu l’atmosphère.

« Si j’ai du changer de chambre, c’est à cause d’une fille qui a la phobie des oiseaux. Elle voulait faire rôtir Plume à la broche ! » m’exclamai-je. Du coin de l’oeil, j’aperçus Plume légèrement tressaillir. « Et comme elle ne voulait pas bouger de chambre, c’est moi qui m’y suis collée. Enfin bon. Et toi ? »

Tant qu’à faire, autant connaitre la raison de l’arrivée d’Alison ici aussi.