<< Mettez-en un à deux fois par jour, selon la douleur, et n'oubliez pas de vous ménager un peu. Plus de sport jusqu'à la cicatrisation de votre blessure pour bien laisser le temps à la pommade de faire son effet. N'en abusez pas non plus, cela pourrait vous brûler et aggraver vos maux >>.

 Lilly expliquait calmement ce qu'il fallait faire à un élève qui est venu à l'infirmerie, appliquant par la même occasion des bandages antiseptiques afin que la plaie ne s'infecte pas avec les activités dudit élève.
Aujourd'hui, et comme toujours, l'infirmière était en plein travail, s'occupant avec délicatesse et gentillesse de ceux qui venaient toquer à sa porte afin de recevoir des soins. Rien de bien grave, ces derniers temps, et heureusement pour eux, se dit la jeune femme. A part quelques entailles, plaies ou hématomes, il n'y avait rien à signaler.

 Finissant d'appliquer les bandages, cette dernière partie en direction de son bureau et revint avec une petite boite en boite ronde ainsi qu'un bonbon dans ses mains. Elle donna le tout à l'élève.

<< Voilà ta pommade, tu pourras l'appliquer seul quand le besoin se fera. Les bandages devraient bien tenir pendant au moins deux jours mais, au delà de ce délai, tu devras venir me voir pour que je puisse changer tes bandages et voir où en est ta blessure, d'accord ? >>.

 L'élève répondit d'un hochement de tête, lui souriant, déjà plus rassuré et soulagé depuis qu'il est entre les mains expertes de Lilly.
Même si elle faisait peur à première vue, presque tout le monde s'était rendu compte que l'hybride était, en fait, très gentille, douce, avenante avec ses patients et d'une timidité très présente. En quelques sortes, elle n'avait rien de cette réputation glauque du serpent, à savoir : fourbe, mesquine, méchante et sans pitié.
 Se relevant, elle ouvrit les rideaux pour montrer à cet élève qu'il pouvait maintenant ressortir et retrouver ses amis qui l'attendaient déjà sur le seuil de l'infirmerie.

<< Bonne journée, Madame !
- Bonne journée à toi aussi, dit-elle en riant, toute contente... N'oublie pas : une à deux fois par jour selon la douleur, pas plus !
- Ne vous inquiétez pas, je ferais attention >>.

 Et l'élève parti alors avec sa petite bande, un sourire radieux sur son visage. C'était pour cela que Lilly aimait son métier. Elle adorait admirer les sourires radieux de ceux qui sortaient de son infirmerie. Bien sûr, il y avait toujours des renfermés, des timides et des têtes-brûlées qui n'était pas aussi joyeux mais, dans la globalité, l'hybride avait toujours eu le droit à des sourires en guise de remerciement. Elle ne s'en lasserait jamais, c'était certain. Elle aimait ce monde, ces élèves, ses collègues du pensionnat, le pensionnat lui-même... Oui, elle aimait tout !

 Retournant à son bureau, Lilly prit le temps de tout bien ranger dans ses étagères. Depuis les folies d'hier soir, elle n'avait plus grand chose en stock et devrait aller les préparer au laboratoire du pensionnat se situant au premier étage. Encore un plaisir de descendre tous ces étages !
Ceci dit, elle n'avait pas trop le choix alors, prenant son courage, elle prit dans un petit sac tout les récipients qui ont servis à ces précédents médicaments et ferma l'infirmerie pour le moment, plaçant provisoirement le petit écriteau sur la porte "Fermée".
 Elle descendit jusqu'au premier étage et, une fois arrivée au laboratoire, s'assura qu'elle pouvait bien y entrer pour préparer tout ce qu'il lui fallait sans que quelqu'un ne la dérange. Très rapidement, elle prit place face à une paillasse, déposant son sac sur le tabouret et allant poser sa veste sur le porte manteau mural. Ainsi commença ses préparations.

 Tout d'abord, Lilly prit soin de se laver les mains et de les désinfecter, après le lavage, avec de l'alcool liquide avant de nettoyer sa paillasse avec de la Javel afin de ne laisser aucune trace des précédentes manipulations sur son poste de travail. Il est important, en effet, qu'aucune source de danger ne soit oubliée, y compris la paillasse qui, en cas d'oublie, peut s'avérer être un nid à bactérie en tout genre, des plus inoffensives au plus agressives.  
Par la suite, une fois que cette dernière se revêtit de la traditionnelle blouse de laborantin, elle s'occupa de prendre tout le matériel dont elle avait besoin : pipettes, béchers, scalpel et autre petits outils. L'hybride déposa également un livre sur la petite étagère sur roulette disposée à côté de la paillasse pour plus de sécurité quand les laborantins doivent suivre des instructions tout en manipulant dangereusement avec un bec bunsen ou des produits corrosifs par exemple.
Tout était prêt pour sa réalisation ; il ne manquait plus que les ingrédients.
 Aujourd'hui, Lilly allait refaire son stock de gel anti-douleurs, de pommade et d'onguents faciles à réaliser. Bien évidemment, pour ceux qui sont bien plus difficiles à réaliser, elle laisserait les laborantins s'en charger et les lui apporter en temps voulut.

<<  Pommade à la calendula, ingrédients : 50 ml d'huile végétale,
15 gr de cire d'abeille et 10 gr de fleurs de calendula >>.

 Aussitôt lu, aussitôt fait, elle alla chercher les ingrédients dans les stocks du laboratoire du pensionnat de Tadakai. Evidemment, pour ce qui était des fleurs de calendula, Lilly s'était chargé d'en récupérer en-dehors des murs du pensionnat.
Déposant le tout sur sa paillasse, la jeune femme lu la suite et prit une fiole de 100ml dans laquelle elle mit les 50ml d'huile végétale et les 15g de cire d'abeille. De nouveau, elle se déplaça dans le laboratoire et alla déposer sa fiole dans l'un des bains maries, celui-ci étant à une température de 60°C ; température idéale pour la fusion de la cire d'abeille.
 Le temps d'attente passa rapidement et, prenant toutes les précautions possibles pour ne pas se brûler au passage, Lilly ramena sa fiole jusqu'à sa paillasse, la déposant sur un support de bois où l'on place généralement les tubes à essai. Par la suite, elle s'occupa des fleurs de calendula, écrasant ses dernières dans un mortier avant d'ajouter celles-ci au mélange. Maintenant, elle n'a plus qu'à laisser son petit mélange au laboratoire pendant une journée entière avant de le récupérer et procéder aux prochaines étapes.

 Le reste de ses expériences passa sans le moindre problème, Lilly ressortant donc, pour le moment, avec un gel anti-douleurs, deux onguents et une pommade rapide à réaliser, à base d'eucalyptus. Bien évidemment, elle n'oublia pas de se laver les mains, de désinfecter sa paillasse ainsi que son matériel, de tout ranger et de déposer sa blouse avant de partir pour de bon du laboratoire de Tadakai.
Remontant les escaliers, l'hybride s'attarda un peu sur la vue qu'offrait une fenêtre de la tour sur le pensionnat. Il n'y avait pas à dire, c'était grandiose. D'ici, on pouvait presque voir l'ensemble du pensionnat et, à cette idée, Lilly ne put que remercier la direction de l'avoir acceptée comme infirmière.
 Arrivée devant la porte de l'infirmerie, elle retira l'écriteau de sa porte, signalant ainsi qu'elle était ouverte. Une fois à l'intérieur, la jeune femme rangea ses nouveaux produits à leur endroit respectif, dans des étagères prévues spécialement pour les préparations en provenance du laboratoire et, très souvent, élaborés par ses soins. Bien qu'elle ne s'en vantait pas, Lilly était également bonne laborantine à Hybriland. Lors de ses études, elle s'intéressa grandement à la préparation des remèdes, trouvant cela très pratique au lieu d'attendre bêtement que quelqu'un le fasse à sa place. Ainsi, elle savait parfaitement ce qu'elle mettait dedans et, en cas de problème, elle était l'unique responsable. Bien évidemment, la médecine humaine était bien différente de celle que l'on trouve sur Hybriland, les humains ne possédant pas le même matériel, la même faune microscopique et la même flore que son monde natal. Néanmoins, elle n'était pas surnommée "Rat de bibliothèque" pour rien. Quand elle le pouvait, Lilly se rendait souvent à la bibliothèque afin d'apprendre tout ce dont elle avait besoin sur les bonnes pratiques de laboratoire du monde des humains.
De plus, et par la grande gentillesse des laborantins, l'hybride s'était souvent exercée au laboratoire, non sans une surveillance constante d'un laborantin humain expérimenté.

 Soudain, quelqu'un toqua à la porte, la tirant de force de sa rêverie. Refermant minutieusement les étagères, Lilly se précipita vers la porte d'entrée de l'infirmerie après avoir remit sa chère blouse blanche si longue qu'elle atteint ses mollets. Timidement, elle ouvrit la porte afin d'accueillir le ou la nouvelle venue, son sourire éternellement radieux sur son visage.

<< Bonjour, que puis-je faire pour vous aid-... Paul ?! >>.