Olga fronça les sourcils tandis qu'elle se concentrait davantage sur son œuvre. Ils ne comprennent pas. Parfois, c'est dur de respecter les règles et parfois les omettre n'est même pas le résultat d'une volonté belliqueuse.
Mais d'une profonde lassitude. Cette lassitude on la ressent certains matins, au lever. On œuvre les yeux et on se dit ; « Non, ça va pas se passer comme ça. » La plupart collent leur visage sur le radiateur, s'invente des talents de comédien, et réussissent à déjouer les règles de la vie sociale moderne le temps d'une journée en prétextant la montée d'une fièvre. D'autres décident de faire dans le conceptuel et de traîner leur culs paresseux en classe.

En pyjama.

Elle savait bien que l'uniforme était obligatoire. Mais elle avait pensé qu'on aurait un peu de clémence pour sa pauvre âme tourmenté, ses cernes et ses yeux injectés de sang. Que nenni, ce monde est cruel, et la jeune fille en fut consciente lorsqu'elle vit la veine apparente sur le front de sa professeure.
Elle se fit traîner comme une criminelle jusqu'au bureau, ses bras prit par deux surveillants alors que ses pantoufles faisaient couiner le sol. Devant elle, la surveillante rendit son verdict après quelques sermons sur la bienséance, le respect de soi et la dignité, ce genre de conneries.
Tout ce que Olga entendit fut une seule chose: le nombre d'heures de colle. Une au compteur. Qu'est-ce qu'une heure sur une vie ? Rien, le temps n'existe pas et tout est relatif, pensa t-elle tandis qu'elle s'imaginait déjà braver les rues de l'université la plus proche, un doctorat de philosophie à aller réclamer.
Elle se crispa lorsqu'elle entendit le nom du professeur qui allait prendre en charge sa carcasse pendant soixante minutes. Vergil était non seulement suspecté d'avoir la capacité de tuer les élèves d'un regard, mais aussi celle d'avoir un sacré balais dans le fondement lorsqu'il s'agissait de l'application des règles. Contre toute attente Olga sentit ses lèvres s'étirer légèrement en un sourire mesquin. Le genre de sourire qu'une gamine un peu fêlée vous lance lorsqu'elle a un plan à mettre en exécution.
Elle déchanta lorsque la surveillante lui rendit son sourire.
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Alors la voilà, à jouer un peu naïvement avec sa création dans une salle de classe vide et un peu morbide. Dehors, le ciel grisâtre ne lui donnait même pas envie de s'éclipser par la fenêtre.
Olga inspira profondément avant de souffler de lassitude, les yeux dirigés vers le plafond. La jeune fille tapota la table de ses mains à la recherche de la dite sarbacane. Elle fit une grimace, les yeux fermés et la tête toujours inclinée vers le haut. Une fois l'objet de ses désirs entre ses mains, elle s'autorisa un sourire avant de le fourrer dans sa bouche.

Tirer en haut ? Nan. Trop classique.
Ses yeux curieux cherchèrent une cible qui pouvait égaler son goût insatiable du défi. La porte fut désignée comme victime.

"... Oups."

Ou Vergil, qui passait par là.

Mes deux doigts suffirent et j’attrapai en plein vol un petit projectile qui se trouvait être ici une petite boulette de papier. Une sarbacane ? C’est médiocre… Mes yeux comme croisant le fer, le feu et les enfers, c’est calme que ses yeux transpercèrent les siennes d’un regard noir. Je la regardais dans un silence absolu comme si le temps s’arrêtait devant moi. Je disais sans l’ombre d’une quelconque pitié :

-Attention. Avec les projectiles.

Un lourd dossier en main, j’entrai et refermai derrière-moi. Je marchai jusqu’au bureau, pris un siège sans l’ombre d’un piège et y déposai ce dossier que je me dois d’étudier. Je l’ouvris, un stylo en main et commençant un travail chargé et complexe, aucun regard dirigé à l’élève que je ne regardai point mais que je surveillai comme une tourelle automatique prête à engager le feu. Personne n’était capable de m’échapper, ici, elle devrait abandonner tout espoir avant qu’on ne déclare un blessé. Néanmoins, pendant ce temps… Ma pensée tournoyait aux évènements précédant cette situation…

Suite à la fin d’un cours, j’avais été appelé. L’on voulait que je m’occupe d’une élève qui poserait problème… En vérité, depuis mon arrivé, à cause de ma présence, du stress que j’instaurais et de la discipline de fer que je possédais, j’étais l’un de ceux qui était le plus demandé à relever le niveau disciplinaire du pensionnat. Cet établissement manque sérieusement de rigueur ou même de volonté, c’est un centre de loisirs à mes yeux mais c’est ce qui pose problème pour les élèves ayant de réels problèmes à cause de leur pouvoir. Je pensais en particulier sur le plan mental, beaucoup d’élèves souffrent encore de leur différence et des persécutions liées à cela durant leur enfance ou leur âge actuel. Cela conduit à une mauvaise utilisation des pouvoirs, mais si ce n’était que le seul problème ici… Non, il n’y en avait bien d’autre. Néanmoins, je comptais faire mon possible comme j’étais capable de les aider sur ce point-là. Mes compétences sont très élargies parmi les domaines que j’ai exploré et l’une de mes spécialités se trouvait être le domaine psychique… Je savais donc ce qu’il me restait à faire.

A son intention, sans détourner un quelconque regard du travail que j’exécutais et dont les deux piles de feuille s’étaient divisées en deux parties égales, je posais cette question :

-Quel est ton nom et ton prénom ?

Olga cligna des yeux. Elle ne s'attendait pas vraiment à ça. La jeune fille prit une pose défensive, un peu surprise, les yeux écarquillés. Rapide, ok, il était rapide. Et Olga, elle connaissait la rapidité. C'était cool, pratique pour draguer, et ça vous donnait un petit côté badass.

« Attention. Avec les projectiles. »

Comme si il se sentait menacé. Était-ce de l'ironie ? Olga sentit ses épaules se crisper sous l'impression désagréable d'être moquée. Elle ressemblait un peu à un petit animal protégeant tant bien que mal son territoire. La jeune fille scruta le visage du professeur, à la recherche de la moindre faille, de ce qui pourrait lui dire ce qu'il y avait d'attaque derrière ce masque de marbre.

Alors voilà ce fameux Vergil, un monsieur dont l'assurance était égale à ce petit côté hautain qu'Olga apprenait à détester derrière sa forteresse : une petite table de bois ridicule où elle rangeait son courage.

Un sourire trahit le visage agacé de la demoiselle. Un sourire qui disait « Ok, je relève le défi. »

Changement d'ambiance. Elle décroisa les jambes, un air bien plus détendu. Le bruit des papiers froissés se mélangea rapidement à celui d'une chaise qu'on fait balancer. Olga avait reposé ses coudes sur l'arrière de chaise, et son sourire ne cessait de s'élargir au fur et à mesure que ses yeux gagnait du terrain sur le moindre centimètre carré de la peau du jeune homme. Le silence dura quelques longues minutes. De longues minutes permettant aux deux protagonistes de tester le terrain à leurs manières dans une petite salle qui leur servirait bientôt de champ de bataille.

« -Quel est ton nom et ton prénom ?
-Vous pouvez m’appeler Dieu. » lança t-elle avec un sourire carnassier qui dévoila ses dents jaunes.

Quant à Olga, elle était déjà prête pour partir en croisade contre l'ordre et la discipline.
Plus de sarbacane au compteur ? Peu importe, elle reste sa meilleure arme.

Mon stylo ruait et gravait sur chacune des feuilles que je classais un à un, mais ce n’est qu’à sa réponse que je me stoppais net. Lentement, puis assurément, et j’élevai légèrement les yeux en sa direction. Un instant me suffit et un état des lieux comme celui-ci s’était formé en moi.

Tout d’abord, à en juger par la tension que j’avais subitement émit sur la jeune fille dès mon entrée en classe et son changement de comportement, la seule chose qu’elle a réussie à voir de la scène précédente était une lettre de défi, de duel. Sa posture détendue et son sourire clarifiait cela, je n’avais donc que quelques choix d’ouverture possibles. La première était de maintenir une apparence formelle et augmenter la tension qui régnait entre nous, la seconde était que je pouvais simplement paraître à la compassion avec un certain jeu d’entente, elle se sentirait alors comme plus à l’aise et elle serait facile à dompter. Néanmoins, mes pensées et mon choix, ils se tournèrent vers la dernière option. Nous ne sommes pas dans un établissement scolaire ou semblable à comme il y a en dehors de cet établissement, de ce fait le pensionnat est autonome et ne suit pas des règles régit par un Etat. C’est-à-dire que nous sommes dans un pensionnat magique, et ici nous apprenons à maîtriser nos pouvoirs aussi bien pour un besoin nécessiteux, que pour l’art de la guerre. Ce que j’ai appris, l’art de tuer. Si je me décidais de suivre mes enseignements, alors j’invoquerai une pleine hostilité contre elle. Si elle survivait, alors je lui accordais un répit et l’honneur de la délaisser légèrement, si elle mourrait, alors elle n’aurait été capable de prouver rien ou peut-être un brin suicidaire et irréfléchi.

Je n’allais donc offrir que quelques chances avant de mettre fin à cet élément nuisible. J’allais donc montrer ma pleine gentillesse en ne faisant pas immédiatement d’elle un exemple pour les autres élèves.
Je déposai alors mon stylo, entrant comme dans une méditation qui rassemblait tous les pouvoirs aux vœux meurtriers. Mes yeux entièrement sombres, je disais :

-Je te pose une dernière fois cette question. Présente-toi immédiatement ou prépare-toi.