Aujourd'hui, c'est le jour du grand déménagement. Après toutes ces heures à rendre service au centre commercial et au pensionnat, Yosuke avait acquis une belle petite fortune, qu'il s'était empressé de dépenser ! Une chambre individuelle, rien que ça ! Et le confort qui allait avec, évidemment. Fini les embrouilles, bonjour à sa nouvelle vie ! Aaah, cette colocation forcée, avec un individu des plus "sympathiques". Le genre à faire la fête tard le soir (et le boucan qui va avec) et à ne jamais ranger ses affaires. Ce manque cruel de savoir-vivre, parsemé de chaussettes sales éparpillées dans la chambre, avaient eu raison du blondinet. A présent, Yoyo allait savourer la tranquillité et la solitude ! Après tout, ras-le-bol de passer derrière les autres ! Ce serait une jolie fille, il ne dirait rien, et il se plierait en quatre, surtout s'il s'agissait d'une quelconque dulcinée… Mais là... Et puis de toute façon, les jolies filles ne sentent jamais mauvais, c'est une règle qu'enseignent toutes les mamans dès le plus jeune âge ! Après... Loger avec une inconnue, qu'elle soit jolie ou non, cela restait gênant, question d'habitudes, d'hormones, et cetera... Et puis il allait encore passer pour un pervers, ce qu'il ne voulait absolument pas !

Ces clichés mis à part, il fallait à présent transférer les bagages d'une chambre à une autre. Le hasard, toujours taquin, avait fait en sorte que la chambre soit située à l'étage au-dessus, et que personne ne viendrait l'aider. La malchance pouvait devenir une habitude chez Yosuke, mais ils auraient pu faire un effort en ce jour libérateur. Au moins le pallier d'en dessous, s'il-vous-plait… Et bien non, il s'était "brisé" le dos à monter ses affaires en haut. Après tout, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. S'il n'avait pas été fils d'un patron de centre commercial, il n'aurait pas autant de possession sur lui. Encore un avantage à accorder au "petit peuple" qu'il rêvait tant d'appartenir. Mais il songeait à ce jacuzzi… A bien y réfléchir… Au diable le normal, et merci au luxe qui soulagerait ses courbatures ! Et après une vingtaine d'aller-retour, il croisa son ex-colocataire et, lui faisant un pied-de-nez dans son dos, ferma la porte derrière lui. Enfin seul !

Ses valises étaient parsemées au quatre coins de la pièce. La chambre était spacieuse au point de pouvoir loger deux personnes, ce qui était une bonne chose. Il inspecta rapidement les alentours, en espérant que tout fonctionnerait comme sur des roulettes. Il ouvrit finalement ses valises, n'en sortant pas son contenu, et s'assit sur le lit en sortant une précieuse liste à cocher. Tiens… C'est un lit double ? Depuis quand il avait demandé un matelas aussi grand ? Peu importe, ce devait surement être ses parents qui lui faisaient un cadeau. Il penserait à regarder le contenu du dressing plus tard également. Il commença à cocher par-ci par-là, se soulageant minute après minute de n'avoir rien oublié. Le blondinet espérait aussi ne pas retrouver dans ses affaires les horreurs de monsieur Saleté, ne voulant pas refrapper à sa porte avec un sourire d'hypocrite pour lui rendre ce qui lui "appartenait". Une fois l'affaire terminée, il s'étira longuement, laissant échapper un petit gémissement élancé. Ses courbatures oubliées le lancèrent à nouveau, et il se courba comme un petit vieux. Il eut une idée saugrenue de prendre un bain, ce qu'il fit avec empressement. L'eau chaude était présente, hourra ! Ses muscles redevenaient mous sous la pression de la chaleur, et il se laissait doucement porter par la vapeur et l'eau…

En sortant du bain, il prit sa serviette, se sécha avec minutie et entoura ses hanches de celle-ci pour sortir de la salle de bain. Yosuke se mit contre la porte d'entrée, pour mieux chercher des yeux ses sous-vêtements et des vêtements de rechange, qu'il avait oublié de prendre avec lui. "Oublier" était un bien grand mot, personne allait entrer dans la chambre, surtout qu'il était persuadé de l'avoir fermé à clé. Mais, en cette illusion de belle journée, le hasard refit un caprice, et entreprit le plus grand dessein de l'existence du blondinet : allait-il ruiner sa vie, ou l'embellir à jamais ? C'est à vous d'en juger.

La porte derrière lui s'entrouvrit soudainement, et la surprise de l'impact, mêlé à une certaine force, le frappa à la tête. Il bascula, non pas de faiblesse, mais de choc, vers le sol, et finit à quatre pates sur celui-ci. Par chance, la serviette ne s'était pas échappé, mais il était à présent dans une situation embarrassante. Qui osait entrer sans frapper dans sa nouvelle demeure ? Bref, ce n'était pas encore l'heure pour de telles interrogations. Il entendit finalement une voix s'échapper par l'ouverture de la porte. Comment ça c'était sa chambre ? Et le traiter de voleur en plus ? Nan mais pour qui elle se prenait, cette voix, c'était chez LUI. Il avait usé de ses économies pour l'avoir, quel squatteur oserait s'imposer comme ça ?!

Mais… Il reconnaissait cette voix… Oui, c'était une voix qu'il n'oublierait jamais. Yosuke se radoucit soudainement. Il était bercé par la voix d'Ami, qu'il reconnaissait entre mille. Le sort ne pouvait les empêcher de se retrouver sans arrêt ! Il sourit, se disant qu'il allait enfin pour discuter avec elle à nouveau. Le blondinet secoua la tête, et se rappela soudain qu'il était presque nu comme un vers. Sans chercher à répondre à ses interrogations, il s'exclama avec fermeté, toujours au sol et se remettant de son coup à la tête :

-N'entre pas Ami ! Pas tout de suite… !

Il se releva et se précipita vers le premier sous-vêtement qui se présentait à lui. Un noir ? Parfait, cela cacherait mieux son embarras. Et un pantalon, qu'il enfila aussitôt. Voilà, il avait au moins le minimum de prestance sur lui, car il ne pensait pas que cette fille qui l'enchantait tant, ne tienne en place plus longtemps face à un prétendu "voleur". Il sentit un courant d'air derrière lui, ce devait être elle qui passait le seuil de la porte. Le garçon ne la regarda pas un seul instant, cherchant des yeux les éléments susceptibles de créer une panique chez sa "visiteuse". Il remarqua finalement sa valise pleine de sous-vêtements, et il se jeta sur celle-ci pour la fermer en un éclair. Yoyo se releva finalement, plus qu'embarrassé, et lui dit en rougissant, en croisant les bras de la manière la plus gênée possible. Il bredouilla ces quelques mots, ne sachant plus ou se mettre :

-Ce n'est pas ce que tu crois ! C'est surement… Une erreur… Administrative…

Il la fixa finalement dans les yeux, pour apercevoir son si joli regard cuivré, qui l'apaisa aussitôt. Il se retourna, redevant le Yosuke sûr de lui et responsable, et se mit à la recherche d'une chemise ou d'un t-shirt convenable.