- Hey, Sayu-chan, j’t’invite à la cafétéria du centre commercial samedi, à quatorze heures ! Et impossible de refuser !

C’est les mots que j’avais adressé à Sayuri  Hesediel, l’infirmière de l’établissement et amie de longue date, avant de m’enfuir comme un voleur, le vendredi soir. N’ayant été embauché que très récemment, nous n’avions pas encore eu le temps de discuter au calme tous les deux. Et c’est donc en entrant brutalement dans l’infirmerie que je lui avais donné rendez-vous pour un après-midi tranquille à taper la causette. J’aurais p’têtre dû préciser que j’amenais la petite par contre.

Car oui, ce week-end, peu de boulot que ce soit pour l’établissement ou en dehors, donc mon petit bout de chou restait avec moi jusqu’à dimanche soir, pour mon plus grand plaisir. J’espère juste qu’elle ne restera pas cachée tout l’après-midi derrière ma chaise, en ayant peur de dire bonjour à la dame, au vu de sa grande timidité. De toute façon, si elle décide de se comporter comme ça, j’mangerais sa part devant elle.

Le jour J, habillé en jean et chemise, je marchais dans la rue commerçante, la petite sur les épaules, observant avec elle les différentes vitrines de boutiques. Elle se mit d’ailleurs à s’exciter devant un magasin de jouets, où elle avait visiblement repéré une peluche qui lui faisait de l’œil, un panda roux plutôt mignon, en version géante. Je rétorquai d’abord, lui affirmant que le prix était trop élevé, que je ne pourrais pas lui payer. Et au final, cinq minutes plus tard, je ressortais de la boutique, un gros sac à la main. J’vous jure, ces vendeurs, sont doués pour taxer les parents

Arrivant devant le lieu de rendez-vous, je posai mes fesses sur le sol, Rea sur les genoux, attendant Sayuri. C’est amusant de se rappeler de l’époque où je devais la couvrir pour cacher ses retards et lui éviter les foudres de la chauve-souris. Dire que les deux sont mariés maintenant… Attends, j’serais pas en train de devenir vieux moi ? Quand j’étais élève, on racontait souvent que ressasser des vieux souvenirs constamment, c’était le commencement de la vieillesse…

Me sortant des mes pensées qui me semblaient horribles, une ombre planait au dessus de ma tête. C’était l’invitée du jour, qui était arrivée sans que je m’en rende compte. Ça expliquait pourquoi ma petite fille était planquée dans mon dos, me griffant à moitié. Je la saisis et la reposa devant moi, pour que Sayuri puisse la voir.

- Ça fait un bail, non ? En tout cas, ça fait plaisir de te revoir ! Je te présente Rea, mon adorable fille !

- B-Bonjour… Madame…

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