Le Hanami fait de
drôles de choses ! ~

Je me suis levé assez tôt ce matin, sans grande raison. Surtout que nous n’avons pas cours aujourd’hui. Dehors, le soleil a presque atteint son zénith. Je décide de sortir en ville. Je l’admets, ce n’est pas ce que je préfère comme endroit. Je suis constamment aux aguets, stressé, au point de me retrouver à étreindre mon écharpe si fort que ça me fait mal. J’arpente au hasard les ruelles, évitant de croiser le regard des gens. Je ne suis pas à l’aise avec tout ce monde. Bref, en simple, les endroits peuplés, je ne les apprécie pas trop… Mais bon… N’est-ce pas la Saison du Hanami ? Les Cerisiers en fleurs… et puis, il fait beau. Autant en profiter ! J’aime beaucoup cette Saison car c’est le moment que les animaux choisissent pour sortir de leur terrier après la longue période d’Hiver.

Sortant des Dortoirs et courant dans l’allée principale du Pensionnat, je m’arrête soudainement en croisant un attroupement d’Élèves. Que se passe-t-il ? Je m’approche discrètement, pour savoir de quoi ils parlent… Sur un promontoire, notre Jeune Directrice, un micro à la main, un bocal près d’elle, elle pioche quelque chose dedans et sort un bout de papier. Elle annonce dans le micro mon nom. Je sursaute, sans comprendre pourquoi elle m’appelle. Je ne bouge pas pour autant, inquiet. Elle plonge à nouveau sa main dans le bocal et retire un autre bout de papier. Elle poursuit : « Devra passer la journée avec Shiyu Tsukimiya pour le Hanami, au Parc ! » Hein ? Quoi ? Mais je comptais le passer tranquille tout seul au Parc, justement ! En plus, c’est qui Shiyu Tsukimiya ? Je ne me souviens pas avoir entendu ce nom quelque part dans le Pensionnat ! Bah, ça n’a pas d’importance. Si je dois la retrouver dans le Parc, je la retrouverai là-bas ! Je m’extirpe de la foule et reprends ma course vers le Parc.

Tout en marchant, je parviens à la sortie d’une avenue et tombe directement sur l’entrée d’un Parc. Je le cherchais ! C’est parfait ! Qui sait que le sens de l’orientation et moi, ça fait toujours deux. Je m’approche doucement et m’arrête à la grille. Une légère rafale de vent passe pile à ce moment-là secouer les branches des Cerisiers et des pétales de fleurs s’envolent. Je tends mes mains devant moi dans lesquelles des pétales se déposent doucement. Un sourire se dessine aussitôt sur mes lèvres. Je sens Flocon qui relève la tête – elle dormait – et éternue. Un pétale a dû se poser sur son museau. Je glousse discrètement et l’attrape pour la prendre dans mes bras. Elle ronronne et se frotte contre moi joyeusement. Je traverse alors le portail pour entrer dans le Parc…

Tout autour de moi s’entendent des espaces verts à perte de vue. Des arbres se dressent sur les côtés du chemin terreux principal. L’air est frais, parfumé des odeurs qui s’échappent des fleurs. Le ciel bleu et le soleil rayonnant sur l’herbe, lui donnant une douce lueur étincelante. Au loin se dresse une petite fontaine, au milieu d’une sorte de place avec des bancs. Des inconnus parlent entre eux, se font des câlins, et autres actions… Ils sont nombreux, j’aurais dû m’en douter… Il y a aussi des enfants qui jouent et quelques attractions, surveillés par leurs Parents. Quelle ambiance chaleureuse ! Contrairement aux rues polluées par l’essence des voitures, le Parc offre un lieu splendide où règne l’harmonie entre la faune et la flore. Aucune architecture ne le souille.

J’avance de quelques pas avant de tourner vers la droite. J’entends des petits Animaux, pris dans une grande discussion. Bien qu’ils me voient arriver, ils ne s’enfuient pas, comme s’ils sentaient que je ne leur voulais aucun mal, ce qui est le cas d’ailleurs. Je m’assois près d’eux et les salue joyeusement. Flocon miaule et descend de mes bras en voletant et se pose en douceur à côté. Bizarrement, ils ne paraissent pas étonnés de la voir avec des ailes. Tant mieux ! Étant dans la capacité miraculeuse de comprendre leur langage, je me joins gentiment à leur conversation. Au bout d’un moment, ils partirent rejoindre leurs enfants qui avaient sûrement faim. Je souris en les observant s’éloigner, avant de lever les yeux vers l’arbre qui me surplombe. Je grimpe sur la première branche et m’adosse au tronc.

Soudain, je ressens une vague douleur traverser mon corps. Je rouvre les yeux directement, le cœur battant. Je regarde autour de moi avant de baisser la tête vers les gens qui se promènent en bas. Que se passe-t-il donc ? Je frôle le Sceau sous mon œil gauche. C’est de là que la douleur est partie… Quelqu’un… Un autre Manipulateur du Temps se trouve dans les environs… J’en suis presque certain… Mais qui ? Mon regard s’arrête alors sur une Fille… Je ne sais pas pourquoi… Toutefois, elle ne me paraît pas normale… Je pense que c’est elle…

La Fille croise mon regard, qui semble me dire « Va-t-en d’ici ! ». Directement, je me détourne d’elle pour regarder Flocon. Et puis quoi encore ? Je suis arrivé là le premier ! C’est à elle de partir ! Toutefois, j’avais raison. C’est bien elle, la seconde Manipulatrice du Temps des environs. Elle aussi a dû ressentir une espèce de Distorsion dans le Temps. Les Contrôleurs Temporels ne sont pas faits pour vivre ensemble. Façon de parler, bien entendu.

À l’époque, d’après quelques livres sur les Origines de la Magie, le Pouvoir Temporel était contrôlé par une seule et même Famille. Mais celui-ci, au fil des générations, c’était divisé en plusieurs. Moi, j’ai hérité du Chronodriver. Lequel peut-elle bien posséder… ? Et puis, je me suis toujours demandé ce qui se passait lorsque deux personnes vivant hors du Temps et de l’Espace se croisaient. Apparemment, rien, à part cette fichue douleur !

Cependant… si jamais elle utilise son Pouvoir par hasard… si elle ne s’en sert pas déjà sans que je le remarque… le mien réagirait-il et s’activerait ? Je n’espère pas ! Alors peut-être que je ferais mieux d’obéir à ce qu’elle dit indirectement pour ne pas le déclencher ! J’ai peur du mien… Je ne le contrôle pas… Je soupire et penche la tête sur le côté en observant Flocon. Elle miaule en faisant de même. Je souris, amusé. Je me redresse sur la branche pour descendre, comptant quitter le Parc, tant pis pour la journée paisible, quand tout à coup un animal apparut de nulle part me fonce dessus. Que… quoi ? Aaahhh ! Non ! Je suis en équilibre sur la branche !

Et voilà. Le loir, qui a sauté de l’épaule de la Jeune Fille, m’atterrit dessus et essaye d’attraper les pétales. Bien sûr, moi, n’étant pas préparé à son arrivée, je dérape de la branche et me ramasse par terre. Étalé sur le sol, je grogne un « Aïeuh ! » et me redresse difficilement en frottant ma tête douloureuse, grimaçant et assez sonné par le choc. Flocon saute de l’arbre et vient se poser devant moi gracieusement. Raah, les gens de nos jours ! Ils ne savent pas tenir leurs animaux en laisse ! Demain, j’aurai une bosse. Ce n’est pas très classe. Mais bon, je ferai passer ça pour ma maladresse habituelle.

« Ton Animal n’est pas très gentil, quand même. Il aurait pu faire attention. »

Déclare-je en tournant la tête vers la Jeune Fille. Puis, je me remets debout et tape mes vêtements pour retirer la couche de poussière ainsi que les bouts d’herbe collés dessus. Flocon, comme à son habitude, regrimpe sur ma tête. Je lève les yeux vers le Loir qui s’amuse toujours avec les pétales. Et je souris de nouveau.

Quelle personne grossière ! Non mais pour qui elle se prend à me parler sur ce ton désagréable ? Je me trouvais sur la trajectoire de son Animal ! Et puis quoi encore ! Si elle le tenait un peu, il ne m’aurait pas sauté dessus ! C’est entièrement de sa faute ! Elle ose m’accuser ! Je n’ai rien fait de mal, moi ! Je suis innocent ! Enfin bon. Ce qui est fait, est fait. De même pour ce qui a été dit. De toute manière, je ne compte pas rester là. J’allais profiter qu’elle s’approche de l’arbre pour récupérer son Animal et m’éclipser, cependant quelque chose me retient.

La Jeune Fille – dont je n’en connais toujours pas le nom et ça n’a pas d’importance car je n’espère pas la revoir – revient vers moi et, cette fois, s’excuse plus convenablement. Je cligne des yeux, surpris, avant de me retourner vers elle. Quel changement de caractère, tout à coup. Cette Fille est vraiment bizarre… Bah, à force de rencontrer des gens pas très normaux, ça ne m’étonne plus trop à vrai dire. Je souris avant d’hausser les épaules. Sur le point de répondre que ce n’est pas grave, je la vois s’approcher et passer sa main en coup de vent sur mes cheveux, pour faire s’envoler un pétale de fleur.

D’accord… Va-t-elle bien ? Je ne sais pas. N’ayant pas l’habitude de sentir une Fille si proche et encore moins agir de la sorte, je baisse la tête en rougissant légèrement. Wh-… What ? Mais qu’est-ce qu’elle fait ? C’est moi-même qui me retrouve à reculer. Intelligent ça ! Avec son geste, elle a repoussé les quelques mèches qui camouflent mon Sceau ! Je passe ma main dans mes cheveux courts après elle pour remettre mes quelques mèches près de mon œil gauche. Je ne supporte pas trop qu’on le voie. Encore moins qu’on le touche. Même si ça peut passer pour un tatouage, les gens le regardent parfois bizarrement. Surtout un tatouage… sous l’œil gauche… tellement commun !

« Ah eumh… mer-merci… euh… bon… je vais m’en aller, désolé de t’avoir dérangée… »

Je lui adresse un léger signe de la main et fais demi-tour. Aurais-je dû lui demander quelle Partie du Temps elle contrôle ? Je ne sais pas. Peut-être au moins comment elle s’appelle ? Qui sait, ça me serait utile une prochaine fois ? Je m’arrête et me retourne.

« Au fait, moi c’est Kamiyo. »

Sans ajouter le « Et toi ? » au cas où elle ne souhaiterait pas me répondre. Après tout, c’est comme elle veut. On va dire que… j’ai fait le premier pas.

Mon prénom annoncé, j’attends quelques instants au cas où elle se présenterait à son tour, avant de partir. Comme ça au moins, si je la recroise à Tadakai, je saurai qui elle est. Si je la revois là-bas un de ces quatre ! Parce que cette fichue douleur qui traverse sans cesse mon corps à cause de sa présence proche est vraiment désagréable et ne me donne pas particulièrement envie de la revoir un jour ! Espérons donc qu’elle ne soit pas en première année ! Non, elle semble un peu plus âgée que moi… un an ou deux, peut-être… tant mieux !

La Jeune Fille se décide à répondre. Mais pas en disant qui elle est… non, au contraire. Elle pose une question. Elle s’enquit de savoir si je suis bien Kamiyo Saigetsu. Comment connaît-elle mon nom de famille alors que l’on ne s’est jamais vus et encore moins parlés ? Intriguant tout ça… J’allais lui demander comment elle le savait quand elle poursuit en se présentant, enfin. Shiyu Tsukimiya. … … … J’ai une étrange impression de déjà entendu. Cependant où et quand ? Je me frotte le front en essayant de me rappeler. Rien à faire, ça ne me revient pas. Pourtant je suis sûr de l’avoir perçu quelque part… Raah !

Et là… je claque des doigts. Bien sûr ! Quel débile, je fais ! La scène de ce matin où on annonce mon nom lors d’une loterie ! Je devais profiter du Hanami en compagnie d’une certaine Shiyu Tsukimiya, au Parc ! Comment avais-je pu oublier un truc aussi important ? C’était pour ça que je m’étais rendu au Parc, en plus ! Et dire que je partais comme ça, sans attendre la venue de la dénommée Shiyu… Quelle chance d’être tombée sur elle par pure hasard ! Je crois que je dois remercier le Temps d’avoir provoqué cette rencontre imprévue. Je reviens vers elle et tends légèrement ma main en souriant.

« Effectivement, je… je suis Kamiyo Saigetsu… En-Enchanté de faire ta connaissance… Shiyu ! Nous… nous devions passer le Hanami ensemble… de ce que j’ai cru vaguement comprendre ! »

Cool ! J’ai trouvé la personne que je cherchais ! Enfin, je ne la cherchais pas tant que ça, puisque je dormais dans un arbre sans surveiller qui passait, mais bon… Je vais tenter de me rattraper ainsi ! Le truc c’est que… c’est bien beau de s’être trouvés, on fait quoi maintenant ? Non parce que sincèrement, moi, je n’en ai aucune idée ! Peut-être qu’elle sait, elle ?

« Tu… tu as une idée… de ce qu’on doit faire… aujourd’hui ? Parce que… moi, je ne sais pas vraiment… »

Quelle vivacité, j’exprime. Whouah ! Magnifique. Tu peux faire mieux, Kami’. Sauf que je n’ai jamais vraiment été très à l’aise en présence d’autres personnes, surtout des inconnus… En plus, cette Fille est bizarre, parce qu’aller jusqu’à retirer un pétale de mes cheveux sans être gênée… Flocon l’aurait enlevée d’elle-même quand elle se serait posée sur ma tête de toute façon… D’ailleurs… elle est rendue où, cette chipie ? Je regarde autour de moi et la découvre en train de jouer avec des pétales de cerisiers.

Je m’accroupis dans sa direction et siffle pour l’interpeller. La Chatonne blanche tourne la tête vers moi. Elle jette un dernier regard à son petit jeu et me rejoint aussitôt. D’un bond, elle saute dans mes bras et se blottit contre moi. Je souris et la caresse doucement, avant de reporter mon attention sur Shiyu avec un air interrogatif.

HRP:

Malheureusement, Shiyu n’en sait pas plus que moi sur ce qu’on doit faire… Elle suppose simplement que l’on doit faire des activités ensemble et apprendre à se connaître… Mais sans idées d’activités, on ne va pas aller loin… Et puis, rester avec elle toute la journée… avec cette fichue douleur qui me tiraille, bien que je commence à m’y habituer et qu’elle me fait moins mal, c’est désagréable. L’avantage, c’est que je sais que mon Pouvoir ne se déclenche pas, même en la présence d’une personne « semblable ».

Bref. Retour à la réalité. Je caressais Flocon et lorsque je relève la tête, je remarque que la Jeune Fille s’est volatilisée. Je regarde tout autour de moi, paniqué à l’idée qu’elle m’ait lâché sans prévenir. Ce qui ne serait vraiment pas sympa ! Mais je la repère près d’un arbre, en train de lancer un regard noir à son Familier qui est perché au sommet de l’arbre. Je ris légèrement, amusé par la scène. La pauvre ! Je la vois faire un nœud à sa robe… Ce qui lui donne un petit aspect ridicule…

Shiyu s’apprête à grimper à l’arbre, si je comprends bien. Je me frotte la tête, un peu embêté de la laisser faire ça, surtout pour une Fille. Je m’approche tranquillement, Flocon toujours dans les bras, et lève les yeux vers le petit Loir. Je croise le regard de l’Animal. Il se moque de sa Maîtresse, de ce que je lis dans ses yeux. Je soupire, avant de sourire. Je tourne la tête vers ma Camarade d’École et lui dis d’attendre quelques instants. Que je vais essayer de le faire revenir. J’y parviendrai peut-être, pour une personne comme moi qui peut parler avec les Animaux.

Je reporte alors mon attention sur le Loir, qui n’a pas bougé. Je ferme les yeux, juste deux secondes, comme si je cherchais le langage de cet Animal avant de commencer à parler avec des mots complètement inconnus. Les gens qui passent doivent me prendre pour un fou. Mais moi je me saisis parfaitement ce que je raconte. Je demande à l’Animal de descendre rejoindre Shiyu. Bien qu’il soit surpris, celui-ci refuse catégoriquement. Enfin, je suppose que c’est un refus, vu qu’il monte sur la branche d’au-dessus encore.

Raté. Bon, tentons autre chose ! Hum… J’ai une idée ! Et au moins, ça nous fera une occupation pour la journée ! J’espère juste que Shiyu a de l’argent sur elle ! … Ça mange quoi, un Loir aussi ? C’est omnivore, comme Animal, il me semble. De la même catégorie qu’une souris. Des graines et de fruits secs sans doute ! Je reprends donc dans la langue des Loirs pour dire que s’il descend, sa Maîtresse promet de lui acheter des graines et des fruits secs après. Le regard du Familier se met à briller et il rapplique aussitôt, autour du cou de Shiyu.

« Hum… J’espère que tu as de l’argent pour acheter à manger à ton Ami ! Car je lui ai dit que tu lui achèterais des graines et des fruits secs ! »

De nouveau, je me frotte la tête, gêné. J’ai peut-être un peu exagéré sur les bords. Maintenant, elle se retrouve presque dans l’obligation de lui donner de la nourriture, par ma faute. Mais au moins, il est revenu !

Zut. J’aurais dû m’en douter que son argent de poche lui revenait en premier, qu’elle allait plus s’en servir pour elle que pour son Familier. Je me frotte la tête, gêné. C’est une Fille après tout. Elle va vouloir faire les soldes, trucs du genre ! Une bonne partie des Filles économise dans ce but : faire les soldes. Je ne vois vraiment pas ce que ça a d’intéressant, comme activités, d’ailleurs. Ma Mère aussi adorait faire les boutiques… Et des fois, elle m’embarquait de force. Du coup, je la suivais souvent en traînant les pieds. Bref. Tout ça, c’est du Passé. Aujourd’hui, je suis libre comme l’air ! Ou presque.

Au pire, si Shiyu refuse d’acheter des graines pour son Loir, je les payerai avec mon propre argent de poche. Contrairement à elle, je me sers primordialement de mon argent pour nourrir Flocon ou lui acheter des petits bibelots. Ça lui fait toujours plaisir ! Et moi, j’apprécie la voir heureuse. J’aime passer du temps avec elle, jouer avec elle et tout… La Faune et la Flore sont mes principaux Amis. Ils passent largement avant moi. Si je dois mourir pour protéger quelqu’un ou quelque chose, ce seront eux. Enfin bon. Le Temps refuse ma mort.

Finalement, la Jeune Fille finit par me remercier pour mon aide. Je lui souris gentiment. C’était tout naturel ! Je n’allais pas rester au pied de l’arbre à la regarder l’escalader pour attraper son Compagnon alors que moi, je suis capable de parler aux Animaux. Et puis, j’aime bien aider les gens qui ont des problèmes aussi. Je passe doucement une main sur le doux pelage de Flocon. Ma petite Chatonne ronronne. Je croise son regard améthyste brillant de joie. Je la serre légèrement contre moi, en souriant un peu plus.

Soudain, alors que j’étais assez perdu dans mes pensées, Shiyu me propose qu’on aille se balader, ou faire quelque chose d’intéressant. Je veux bien… mais quoi ? Je n’ai rien prévu pour la journée, moi ! À vrai dire, je n’avais même pas prévu de la croiser comme ça dans le Parc, étant donné que je ne savais pas qui elle était ! Je finis par acquiescer de la tête, acceptant l’idée d’aller se promener. Au même moment, une bourrasque de vent vient faire voler des pétales de cerisiers jusqu’à nous. Ceux-ci s’emmêlent dans mes cheveux et d’autres se collent plus ou moins à mes vêtements.

Un petit rire m’échappe en me voyant recouvert de ces pétales. Avec ma main libre, je secoue mes cheveux pour chasser les fleurs et je tapote légèrement mes vêtements pour retirer le reste. Shiyu se trouve dans un état pire que le mien. Surtout qu’elle a les cheveux longs ! Je rigole de nouveau lorsqu’elle essaye de les enlever à son tour. Je profite de ce moment de distraction pour me présenter convenablement :

« Bon, je me suis présenté assez vite fait tout à l’heure… Je recommence. Je m’appelle Kamiyo Saigetsu, mais tu peux m’appeler Kamiyo, ou Kami’. Voici Flocon, ma Chatonne Ailée, ma Familier. Et comme tu l’auras deviné, je maîtrise le Temps. Plus précisément, je peux Remonter le Temps. Je suis également capable de parler le langage des Animaux, pour une raison qui m’est inconnue, mais sûrement parce que je suis proche d’eux. J’adore la Faune et la Flore. »

Eh oui. Pourquoi cacher tout ça plus longtemps ? Je suppose que je peux lui faire confiance. De un, car elle est du même Pensionnat que moi. Et de deux, car elle ne semble pas méchante du tout. De trois, car je suis immunisé contre les effets Temporels. Donc même si elle essaye de se servir de son Pouvoir contre moi, ça n’aura aucun effet. Pour conclure, je lui ai proposé de se promener à travers le Parc pour observer les cerisiers…