« Dégage j’en ai marre de toi ! »

Ce fut mes derniers mots à Hanabi. J'étais énervée, beaucoup trop d'ailleurs, tellement que des mots blessants sortirent de ma bouche. Je ne le pensais pas vraiment, c'était sur le coup de la colère. Mais cela a suffi pour faire fuir la petite bête. Fin d'après-midi, il faisait plutôt bon. Le vent se levait quand j'entendis ses pas déguerpir après ces mots. Je n'ai pas osé me retourner pour la regarder partir dans le côté opposé. Comment pourrais-je continuer à la regarder après ce que je lui ai dit ? La raison n'est franchement pas glorieuse d'ailleurs. Une petite dispute complètement idiote, qu'est-ce qu'il m'a pris de lui dire ça ? Les larmes me montèrent aux yeux mais je me retenais avec tous les efforts du monde. Quelques larmes ont réussi à s'échapper et se poser sur mes genoux. Je soupirai et continuai à regarder le sol vert du gazon. Après quelques minutes sans bouger, je me décidai à me lever pour aller me reposer. Loin de cet endroit et surtout loin de Hanabi. J'avais honte au fond de moi, mais je ne voulais absolument pas aller m'excuser. Allez savoir pourquoi, mais en tout cas ce n'est pas de ma faute. C'est elle qui a démarré la dispute aussi... moi je n'ai fait que répliquer. Et au bout d'un moment, on peut exploser et dire toutes les atrocités du monde. Sans certainement le penser.

Je passai le portail entre Tadakai et Hybridland. Hybridland, c'est ma terre natale. C'est là où je vivais, avant. Il y a un endroit dans la forêt enchantée que j'aime beaucoup. En fait, j'aime bien m'adosser à un arbre et regarder le ciel caché par les nombreux arbres. C'est la saison où le feuillage commence à être bien dense. Je continuais à marcher, le regard dans le vide et ne pensant à rien d'autre que la forêt. Amumu était sur mon épaule, il s'accrochait à mes cheveux pour éviter de tomber à la renverse. Je savais qu'il s'inquiétait et pour le rassurer, je lui souriais et lui caressais la tête. Mais ça ne suffisait pas pour effacer son inquiétude. Je soupirai une nouvelle fois, je pris Amumu dans mes bras et passai mes poignets sous ses bras pour le tenir contre moi. En fait, je voulais seulement avoir quelque chose contre moi, comme une peluche pour me rassurer.

Quelques minutes de marche après, je me retrouvai dans la forêt enchantée. Je m’enfonçais dans la forêt, je connaissais le chemin par cœur puisque je venais souvent me réfugier ici. Entre les cours, entre les heures de séchage ou bien à l’époque quand j’avais besoin de respirer l’air frais. L’arbre est là, juste là. Cet immense arbre qui ressemble à tous les autres mais qui a une importance particulière pour moi. Il n’y avait pas vraiment d’histoire particulière derrière, c’était juste… de l’instinct. Il me paraissait accueillant comme arbre. Je m’adossai à l’arbre et me laissai glisser le long du tronc.

Je soufflai, je respirai l'air frais de la forêt. Je regardais le ciel en pensant à ce qu'il s'était passé mais quand j'ai senti les larmes remonter, j'ai secoué ma tête et me grattai la tête. Ce n'était pas le meilleur endroit pour pleurer, je n'étais pas censée pleurer ici. J'étais censée me détendre. Tout d'un coup, un bruit différent du vent et du feuillage retentit. Mes oreilles ont instinctivement commencé à bouger comme s'il captait quelque chose, un peu comme des antennes. Je cherchais autour de moi le bruit, petit à petit, je commençais à me redresser sur mes jambes. Quel était ce bruit ? D'où il venait ? C'était bizarre franchement. Instinctivement, mes jambes ont commencé à bouger vers le bruit en question. Amumu me suivi perplexe car il ne savait pas ce qu'il se passait vraiment et d'ailleurs il avait un peu peur de la suite des évènements. Je commençai à accélérer les pas, je voyais Amumu traîner un peu derrière à cause de ses petites jambes. Je décidai alors de l'attraper au passage et le remis sur mon épaule. Mes pas commençaient à s'accélérer de plus en plus, jusqu'à trottiner vers le petit point d'eau non loin de mon lieu de détente.

A ma plus grande surprise je vis Kitsu qui émettait des sons étranges. Il disait sûrement quelque chose mais il était impossible pour moi de comprendre ce qu'il disait. Kitsu était le familier de Hanabi. L'eau... Kitsu paniqué... Hanabi n'était nulle part. Mais ce qui m'intriguait le plus c'était les bulles qui remontaient à la surface. Il m'a fallu bien une ou deux minutes avant de comprendre la situation. Et puis un lointain souvenir d'une particularité de Hanabi remonta à la surface. L'eau... c'est mauvais pour elle, très mauvais. Qu'est-ce que je pouvais faire ? Je n'avais pas d'armes sur moi et l'eau était un mauvais terrain de jeu surtout pour moi. Je n'aime pas trop l'eau. Je serrais les poings et cherchai des yeux un objet non contondant. Nous étions dans la forêt et il est très difficile de trouver un objet de cette propriété. Amumu accouru à mes pieds pour me donner un gros bâton qu'il avait trouvé. Je remerciai Amumu. Sans hésitation, je me jetai à l'eau et plongeai pour voir ce qu'il se passait sous. Un kraken des forêts ? Qu'est-ce que c'est moche ce truc ! Mais ce n'était pas le plus horrible des spectacles. Je vis Hanabi qui commença à couler tout au fond de l'eau, elle était en train de se dissoudre.

Une énorme lutte pour sauver un être aimé allait commencer. Malheureusement, un kraken des forêts ne disposait d'aucune nuque donc il était impossible pour moi de le charmer. Si seulement j'avais une épée ! Je fonçai tête baissée dans le kraken et commençai à l'attaquer avec mon vulgaire bâton. Il commença à se tourner vers moi, au moins j'ai attiré son attention ! Il dirigea ses vulgaires tentacules vers moi, je me pris un coup au niveau de la hanche et au niveau de la tête. Mais il me fallait plus que quelques coups pour m'achever ! Je m'accrochai à l'une de ses tentacules et d'un grand coup, plantai le bâton. Il était assez contondant pour percer un petit peu sa peau. Le jeune kraken des forêts s'enfuit en pleurnichant car sa pauvre tentacule a été transpercé. Avant de manquer d'oxygène, je me dirigeai vers Hanabi pour la faire sortir de l'eau.

Je la déposai sur la berge et l’allongeai. Elle ne respirait plus beaucoup. Je commençai un massage cardiaque et un bouche à bouche… Je ne pouvais pas la perdre comme ça. Son corps était brûlant, malgré la douleur je continuais le massage. Le contact avec ses lèvres étaient douloureux mais tant pis. Il fallait que je la sauve à tout prix, quoi qu’il arrive. Les larmes montèrent jusqu’à mes yeux, j’avais peur, mon cœur battait de peur. Je pleurnichais comme une petite fille. Mes cheveux mouillés se collèrent à mon visage, d’un mouvement de main je les remis en arrière.

« Allez Hanabi ! Respire ! Je ne veux pas te perdre, bon sang ! Pourquoi t’as fait ça, hein ?! Tu sais très bien que je t’aime et que je ne pensais que ce que je disais. » dis-je tout en reniflant.

Quoiqu'il arrive je ne pouvais pas la perdre. Je ne voulais vraiment pas perdre une fille comme elle, surtout après ce que je lui ai dit. Pendant que je la réanimais, j'avais peur, mon battait la chamade, il ne pouvait plus s'arrêter. J'avais bien trop peur de la perdre pour me rendre compte de la douleur à mon poignet. Faire ce massage était très fatigant pour les bras et surtout pour le poignet qui frottait son corps fumé. Ma respiration se fit de plus en plus difficile, entre renifler, retenir mes larmes, la fatigue, je commençais à atteindre ma limite. Mais je ne voulais vraiment pas abandonner, en tout cas, mon corps ne voulait pas. Même si mes poignets commençaient à se déchirer je n'arrêterais pas d'appuyer, de l'a réanimer, d'essayer de la reprendre de son sommeil. Qui c'est elle ne voulait plus vivre ? J'étais assez forte pour la sortir de ce gouffre auparavant. Je sais qu'elle n'allait pas bien et pourtant elle était encore là. Mais après ce que je lui ai dit, qui ne voudrait pas mettre fin à ses jours ? J'ai été horrible et je l'admets, j'aimerais réparer mes erreurs quitte à y laisser mes bras. C'était une meilleure punition que de la perdre après tout.

Ses lèvres commençaient à bouger, je ne voulais pas perdre espoir. Elle recommençait petit à petit à reprendre vie dans son petit corps, je continuais sans broncher. *Allez je t'en prie...* me disais-je dans la tête. Petit à petit elle reprit les esprits. Je me laissai tomber en arrière soulagée et fatiguée, mes poignets me faisaient mal. Elle n'arrêtait pas de s'excuser, moi aussi je me sentais coupable. D'ailleurs elle ne devrait pas. Hormis le fait qu'elle ait fait quelque chose d'insensée, j'étais celle qui l'a poussé à faire cela après. De simples mots pouvaient ruiner toute une vie. Je l'ai sauvée car je l'aimais et pas à cause de représailles. Qu'est-ce que j'en avais à faire de ces représailles. Perdre quelqu'un était beaucoup plus douloureux que me faire persécuter ou cracher dessus par d'autres élèves qui n'en valaient pas la peine.

Je soupirai après avoir repris ma respiration normale. Elle me prit dans ses bras et continuait à s'excuser. Elle n'avait rien fait de mal, c'était moi la fautive. Mais j'étais bien trop fière pour l'avouer devant elle avec une voix claire et intelligible. Je tapotai son dos pour la rassurer que tout allait bien, tout de même. « Arrête de t'excuser. » J'avais l'air en colère, oui, contre moi. J'avais honte de moi. Amumu me tapota le bras qui me servait d'appui. Mh, merci. Je pris Hanabi par les épaules et l'a reposai contre le tronc de l'arbre. « Tu devrais te reposer. » Je caressai sa joue de mon index. Je me levai et commençais à déboutonner mon uniforme. Rien de plus horrible qu'un uniforme collant à sa peau, je me sentais beaucoup trop mal à l'aise dans mes vêtements. De toute façon nous étions entre filles et je n'avais rien à cacher vu le court uniforme qu'on avait. J'accrochai mes vêtements mouillés sur une branche d'arbres à ma hauteur pour les faire sécher au peu de soleil qu'il y avait. Puis, je m'agenouillai pour déboutonner celui de Hanabi car ça ne devait pas être agréable et surtout que des vêtements mouillés au contact de sa peau n'était pas une bonne idée. Son corps me brûlait un petit peu, elle avait la même texture que l'eau de mon bain chaud. Douce mais brûlante à la fois. Ce n'était pas un souci pour moi, je supportais malgré tout.

« Ne t’inquiètes pas. Personne d’autre que les personnes ici présentent ne te verra en sous-vêtements. Il vaut mieux que je t’enlève tout y compris les sous-vêtements pour éviter que l’eau ne te pénètre. Mais je préfère que tu les gardes, il vaut mieux. »

Je n’avais rien à lui prêter de rechange, j’étais partie sans sac. Et nous n’allions pas faire le remake d’Adam et Eve, il fallait qu’elle l’endure un peu. Je suspendis ses vêtements à la même branche, elle ne pouvait pas refuser ça, je l’aurais forcé de toute façon. Puis une idée me vint. Je m’approchai d’elle et approchai mon index pour tirer sur son soutien-gorge. Une… deux.. trois fois et ainsi de suite.

« Relax c’est juste pour le faire sécher. Oh j’ai une jolie vue ! »

Je souriais et l'a laissai tranquille quelques minutes. Je voulais détendre un peu l'atmosphère, promis je ne voulais pas en profiter. Je m'approchai du petit point d'eau car la douleur de mes poignets recommençaient à me faire souffrir. Je plongeais mes poignets dans l'eau et il semblait que cela apaise un peu ma peau brûler par le frottement.

Mes poignets me brûlaient affreusement, on dirait que j’avais passé des jours à canarder mon poignet sur une surface corrompu par les frottements. Mes poignets étaient très rouge mais la couleur et la douleur partait peu à peu grâce aux particularités de l’eau qui détendait les muscles, notamment. Je soupirai, j’avais soif aux premiers abords, mais je me suis souvenu de cet horrible kraken qui baignait dans cette eau souillée. Prise de répulsion je me laissai tomber par terre, les poignets mouillés. Hanabi se mit à s’inquiéter en me voyant. Je n’allais pas l’enfoncer encore plus, de toute façon je savais que j’allais souffrir un peu. Et pourtant j’ai continué malgré tout, j’aurais très bien pu arrêter et la laisser en plan pour sauver ma peau. Mais je ne suis pas du tout comme ça, Hanabi savait que je l’aimais et pourtant elle continuait à me poser cette question idiote. Je soupirai énervée et lui répondit plutôt froidement.

« Non c’est rien t’inquiètes pas, c’est pas de ta faute. »

Je raclai ma gorge, je ne pouvais pas m’empêcher de lui répondre froidement. J’étais un peu énervée. J’en avais un peu marre qu’elle s’excuse tout le temps et qu’elle culpabilise comme ça. Elle ne devrait pas, elle devrait tout simplement accepter l’aide des gens car nous l’aimons. Je ne l’ai pas fait pour donner bonne impression ou quoi que ce soit. Et de toute façon, il n’y avait personne pour admirer ma magnifique intervention digne d’un héros. Je croisai les bras sur mes genoux, je semblais en position fœtal. Je posai ma tête sur mes bras ne sentant enfin plus la douleur dans mes poignets. Je regardai à droite tout en gardant un œil derrière moi, là où la jeune Hanabi commençait à s’endormir. Un petit sourire se dessina sur mon visage marqué par la tendresse du jeune hybride. Elle était vraiment mignonne comme ça, ma colère s’adoucissait à la vue de ce spectacle. Et je fermai momentanément les paupières sans pour autant m’endormir complètement. J’étais plutôt fatiguée par les évènements. Mais peu après un énorme cri aigüe me réveilla tout de suite et par instinct je me mis tout de suite sur mes deux jambes et commençai à chercher le danger. Mais ce n’est qu’en suivant le son que je me rendis compte que c’était Hanabi qui criait comme ça. Je me jetai alors sur elle pour m’accrocher à son bras et en lui caressant la tête.

« Ca va, ce n’était qu’un cauchemars. Calme-toi ! »

Puis, je soupirai une nouvelle fois et me laissai tomber en arrière un peu plus loin. Mais cette dernière voulait tout de même me suivre et se rapprocher de moi. Pendant qu'elle bougeait j'étais semi relevé pour l'attraper en cas de chute. Mais la jeune fille avait fait ce petit trajet à elle toute seule comme une grande. Elle me questionna alors sur « ça ». J'arquai un sourcil indécis. De quoi parlait-elle ? Mais ce n'est qu'après réflexion que je compris ce qu'elle voulait me dire. Elle parlait du moment que l'on avait partagé toutes les deux dans nos vies respectives. J'ai vu la maison de mes parents se désintégrer sous mes yeux, dans les flammes. Un sourire moqueur se dessina sur mon visage. Je ne pouvais pas pleurer sur ce moment-là, ce n'était pas le bon moment et je n'étais pas de bonne humeur. C'est vrai que je lui avais vaguement raconté. Pas en détails certes mais c'est un évènement de ma vie que j'aimerais cacher mais pas forcément à Hanabi en particulier. C'est difficile de parler de la mort de nos parents. J'étais jeune et se fut une expérience très traumatisante. Mais j'ai grandi et j'ai vu beaucoup de choses aussi horribles. Et puis Hanabi et moi... nous étions un peu dans le même cas. Je me retournai pour être face à elle et l'a regardai dans les yeux.

« C’est vrai que je ne t’ai pas raconté en détail. Je peux juste te dire que… c’était horrible. Et toi alors ? Comment c’était ? »

Je n’étais pas encore prête à m’ouvrir complètement.

La jeune Hanabi commença à me conter son récit. L'évènement le plus marquant de sa vie. C'est vrai que si on me demandait de raconter mon histoire. Ma maison qui brulait serait le point fort de mon histoire. C'était ça aussi notre principal point commun. Nos tragédies nous avaient réunies. Malgré que ce n'était pas la première fois que j'entendais ce récit. Ce jour-là son histoire avait un ton plutôt différent. Et son histoire me touchait toujours autant. Moi on m'avait empêché d'y rentrer et d'essayer de les sauver et dans tous les cas mon pouvoir ne m'aurait pas aider à les sortir de là contrairement à elle. Alors, je me sentais de plus en plus coupable. Est-ce que j'aurais aimé périr avec ma famille ou j'aurais préféré vivre ? Ma vie au pensionnat n'était pas parfaite mais elle n'était pas mauvaise non plus. On y rencontrait des gens formidables et grâce à eux, on pouvait oublier nos soucis comme notre passé. Mais quand nous étions seules, le plus souvent la nuit dans notre lit. Les pires souvenirs revenaient à la surface.

Je la regardais parler de son histoire, l'a conter une nouvelle fois, avec des mots différents et avec une voix différente. Ce n'était pas une fausse histoire, ce n'était pas inventé, elle l'avait vécu. Je m'avançais près d'elle pour la prendre dans mes bras et lui caresser la tête. Je lui murmurais alors à l'oreille.

« En aucun cas, c'est de ta faute. Je t'aime avec tous tes défauts. Le passé, c'est le passé. »

Après quelques minutes, a essayé de la réconforter. Je me levai, regardai les vêtements qui étaient déjà bien sec grâce au soleil qui ne bougeait pas beaucoup. Le ciel était totalement dégagé après tout, nous avions de la chance. Je décrochai les vêtements et les balançai sur Hanabi et pris les miens. Je commençai alors à me changer.

« On ferait mieux de partir, je n'ai pas envie de me attraper par un professeur et toi non plus je pense. Est-ce que tu arriveras à marcher ? »