Vers les onze heures d’une belle matinée ensoleillée, Seikatsu avait son heure de libre et se promenait alors, tranquillement, sur les chemins près des bosquets verdoyants des jardins de Tadakai, son familier perché sur son épaule droite. Les majestueux et grands arbres autour d’elle lui permettaient d’échapper à la chaleur du soleil déjà bien cuisant, une douce brise venant lui soulever l'une des mèches de ses cheveux dont les reflets étaient presque aussi mauves que les belles horminums qui bordaient le sentier. Tandis que sa fine queue de panthère s’agitait au rythme de ses pas tranquilles, ses yeux à l’iris rouge pourpre parcouraient les lieux d’un regard intéressé, d’habitude si impassible. Elle était plus que bien parmi la nature surtout par un temps aussi agréable, cela faisant resplendir toutes les magnifiques plantes qui emplissaient les jardins du pensionnat.
Notre panthère se disait que se balader dans un silence parfait sans personne pour interrompre cette tranquillité était la meilleure chose, du moins pour elle, à faire. Bien qu’il n’y ait qu’une seule et unique personne qu’elle aurait tant voulu avoir près d’elle durant cette promenade… Son frère, Moka. Ce dernier était partit de Tadakai pour des raisons d’affaires « d’adultes », des affaires familiales, apparemment… Seikatsu supportait assez mal cette brusque séparation après tant d’années à être de vrais inséparables, mais elle tâchait d’aucunement le montrer. Déjà lorsqu’elle était séparée de lui durant quelques heures le temps des cours ne lui plaisait guère, alors pour une durée indéterminée et sans même être sûr qu’il ne revienne au pensionnat… C’était assez dur pour elle. La Shiwa était peut-être une personne au très fort caractère peu émotif, mais Moka était absolument tout pour elle ; son frère, son sauveur, son entraineur,… Celui qui avait toujours été là pour elle, surtout dans les pires épreuves. Et fatalement, avec cette situation de séparation, lorsqu’elle n’avait pas ce genre de calme elle était encore plus hargneuse, froide et repoussante qu’à son habitude. Vraiment méchante. Mais bien heureusement, son frère l’appelait de temps à autres pour passer une bonne heure au téléphone avec elle. Elle savait dans ce cas qu’il se portait bien, et ces jours d’appels elle était plus calme. Sauf qu’aujourd’hui, elle n’avait pas eu son appel… De quoi ne pas trop l’enquiquiner.
A la suite de cette petite pensée pour son frère, Seikatsu secouait alors la tête comme pour chasser le mal de la situation et continuait sa promenade en soufflant doucement tandis que sa fine queue de panthère continuait de battre doucement dans l’air chaud. Après quelques pas, elle se rendait compte qu’elle se trouvait devant le fameux labyrinthe des jardins de Tadakai, se stoppant alors face à une entrée bordée par deux immenses murailles végétales, des deux côté. Rien que cela décourageait et ne donnait pas spécialement envie d’y entrer. De plus on disait de ce labyrinthe qu’il était dur d’en trouver la sortie et que, de plus de cela, il était magique. Mais tout cela faisait l’effet inverse chez Seikatsu, cette dernière étant tentée de défier ce labyrinthe et toutes ces choses que l’on dit sur lui. Une lueur joueuse brillait alors dans ses yeux, les choses complexes de ce genre l’intéressaient particulièrement, cela lui permettait de lui faire penser à autre chose.
-Enerie, tu es prête à affronter le fameux labyrinthe de Tadakai avec moi ?, faisait Seikatsu sur un ton enjoué, ce qui était rare.
La tarentule, toujours accrochée à son épaule droite, fixait le labyrinthe de ses trois paires d’yeux, ses belles couleurs vives luisants à la lueur du soleil.
-Bien entendu, Seikatsu, faisait son familier en agitant ses crochets.
L’hybride panthère s’aventurait alors dans le labyrinthe, d’un pas assuré. Sauf que une dizaine de pas et elle se perdait déjà, l’entrée par laquelle elle venait de passer ayant disparu derrière elle. C’était donc vrai, ce labyrinthe avait un potentiel magique ! Et incroyablement discret… En revanche, cela ne n’inquiétait nullement la Shiwa, bien au contraire, elle avait d’autant plus envie de s’enfoncer dans cet étrange lieu, à jouer avec ces murailles de plantes qui formaient de nombreux tournants, lignes droites, culs de sac,… Changeant toujours de forme lorsqu’elle détournait simplement la tête. La tarentule était même amusée de voir sa maitresse s’investir autant pour trouver la sortie, qui était d’ailleurs pratiquement introuvable ! Mais la panthère n’était pas du genre à abandonner si facilement…
Cela faisait bien déjà une demi-heure que Seikatsu parcourait ce labyrinthe, à la recherche d’une quelconque sortie lorsque, soudain, elle percuta brusquement quelqu’un à un tournant. Combien y avait-il de chance pour qu’elle croise une seule personne ici ?... Vraiment, pas beaucoup. Et cela fit remonter la rage que contenait Seikatsu, la colère de cette fichue douleur de la séparation précipité de son frère. Elle était là pour être seule. Pour évacuer tranquillement sans que quiconque ne la dérange… C’était peine perdue avec l’inconnue qu’elle venait de percuter. Aussi vite qu’elle n’était tombée sur les fesses, la Shiwa se relevait d’un bond tout en envoyant un regard haineux et toujours aussi tranchant à celle qui l’avait dérangé, ne la connaissant aucunement. L’hybride ne perdit pas son temps à l’observer, serrant les poings tout en grommelant, sans lâcher la nouvelle venue du regard.
-Vous auriez pu faire attention !, crachait Seikatsu, alors qu’elle aussi aurait dû être plus vigilante.
Sa queue de panthère fouettant l’air, elle imposait un regard lourd, tranchant et froid sur cette autre personne, la colère l’aveuglant un peu que cette inconnue n’y était pour rien.
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