He... Gné?

Furent les premières pensées qui me traversèrent l'esprit quand je me retrouvai consécutivement sur le sol près de mon lit en train de contempler une jeune fille aux cheveux roses manquée de se faire écraser par sa valise sur lequel trônait un petit animal.

Je rêve encore ?

En fait, je venais de sortir brutalement d'une sieste de sur mon lit en tombant de ce dernier. Ça arrivait parfois quand je m'agitais trop. Mais il ne m'arrivait jamais d'avoir des hallucinations après mon réveil.

Donc ça doit être vrai...

Je me redressai en me frottant le bas du dos et m'approchai de la jeune fille. Mes vêtements étaient un peu fripé et mes oreilles de neko sortait de mes cheveux mais je ne m'en rendais pas compte.

D'un geste un peu automatique, je soulevai la valise pour la poser non loin et je tendais la main vers la jeune inconnue pour l'aider à se relever.

Rien de cassé ?

Lui demandai-je d'une voix encore embrumée. Mon visage était clairement l'expression même de quelqu'un de mal réveillé. J'avais encore les yeux mi-clos et je te retenais difficilement quelques bâillements.

Peu à peu, je sortais du brouillard et mes sens s'aiguisaient. La première chose qui me parvint fut l'extrême douceur de sa main lorsque je la tins pour la relever. Cela me donna l'impression d'avoir effleuré un nuage.

Ensuite, je sentis son parfum, quelque chose de doux et de chaud, d'animal aussi, comme les jeunes filles de mon pays, une hybrienne. Son odeur me plaisait, elle paraissait sucrée.

Enfin, mes yeux finirent par retrouver leur acuité naturelle et ils purent mieux définir les courbes raffinées ainsi que les couleurs chatoyantes qui caractérisaient la jeune fille qui me faisait face.

Mince... Elle est mignonne, en fait...

Oui, il avait fallu tout ce temps pour parvenir à cette conclusion mais le sommeil avait vraiment le talent d'endormir mes sens ainsi que de ralentir considérablement mon processus de pensée.

Du coup, j'étais un peu pris de court. Mon cœur se mettait à battre plus rapidement et je commençai à ressentir quelques bouffées de chaleur.

C'est cet instant qu'elle choisit pour me tendre la main.

Mon cerveau venait d'arrêter de nouveau de fonctionner alors je fis exactement ce qui me semblait le plus naturel de faire quand une belle et charmante jeune fille vous tend la main: je la pris délicatement dans ma propre main et porta sur le dos de la sienne un baiser à la manière des nobliaux.

Puis je pus me traiter mentalement d'idiot.

Quoi ? Même pas un coup, rien ?

Je me redressai pour poser mon regard sur la jeune fille. Je prenais alors conscience de la rougeur de ses jours et sentit, comme par enchantement, les miennes faire de même.

Je... Je suis Yuhei, Detsuda Yuhei. Enchanté de te rencontrer.

Au mince, j'ai pas lâché sa main.

Je m'empressais d'ailleurs de le faire puis je caressai ma nuque en fixant le sol d'un air profondément ennuyé.

Je te demande pardon, je n'étais pas du tout réveillé quand tu es arrivée et j'ai pensé... Enfin...

Attends, valise, lit encore libre, nouvelle résidente ?

Tu viens t'installer dans la chambre 5, toi-aussi ?

Demandai-je alors d'un air intéressé et quelque peu soulagé de changer de sujet.

Elle... Elle est trop gentille! Elle se met pas en colère! Elle me cris pas dessus! Elle m'accuse pas d'être un pervers! Elle... Elle m'a posé une question! Réponds!

Je... Je... Depuis quelques heures... Je suis arrivé tout à l'heure... Ce matin!

Mon familier sortit de sous mon oreiller et sauta du lit pour venir s'approcher de moi. Il s'arrêta, s'assit et posa ses grands yeux verts sur Aishi ainsi que sur son familier. Mais comme à son habitude, il ne dit rien.

Je... Je viens d'arriver dans ce monde. Et... Et toi ?

Mais pourquoi je n'arrive pas à parler ? Pourquoi c'est si difficile ?

J'avais peur. J'étais terrifié par l'idée de l'effrayer, qu'elle puisse avoir peur de moi. Cette simple idée suffisait à me fendre le cœur. Du coup, ma voix était hésitante, trainante. Mes joues étaient toujours rosies. C'était comme une torture, la regarder, ne pas la regarder. J'hésitai.

Ah, elle me regarde. Elle me regarde! Souris! Souris!

Je me fendis d'un sourire.

Pas trop! Pas trop!

Timide...

Je suis heureux...

Ma bouche venait de parler sans me demander mon avis, ou étais-ce mon coeur ? Le ton de ma voix trahissait la sincérité de mes propos. Comment rattraper ça!

... Heureux d'avoir une camarade qui vient d'arriver en même temps que moi! On pourra découvrir le pensionnat ensemble.

J'allais pour refermer la porte et ainsi gagner du temps pour reprendre un peu contenance. Mais, à l'instant ou je la fermais, je me rendais compte que cela nous plongeait dans une certaine intimité.

On pourra ainsi se soutenir si jamais l'acclimatation est difficile. Tu connais beaucoup de choses sur le monde des humains ?

Oui, j'avais fini par reprendre le contrôle de ma bouche et aussi de mon esprit, du moins, tant que mon regard n'était pas tombé sur elle.

Aishi... Ai-chan...

Mais cela finit par se reproduire car, je finissais par me détourner de la porte pour porter de nouveau mon regard sur elle. Je croisai alors ses yeux et me sentais comme tomber dans les deux océans bleutés qui me fixaient. C'était comme un vertige, délicieux et enivrant.

Mon familier, quand à lui, sembla se désintéresser de la scène et alla se glisser sous un lit.

Elle souriait. Son sourire paru un instant envahir tout mon cœur et le baigner tout entier dans une douce et chaude lumière. Je voulais revoir ce sourire, je voulais le voir autant et plus encore sur son visage.

J'acquiesçai à ses mots à la manière d'un automate, un sourire gagnait aussi mes lèvres et d'une certaine manière, je me détendais. Je mis alors mes mains derrières mon dos pour lier mes doigts entre eux.

Veux-tu que je t'aide en quoi que ce soit ? As-tu des questions? Je peux peut-être y répondre ?

Quelque part, il me pressait de lui être utile d'une manière ou d'une autre. Je voulais l'aider de toutes mes forces. Et puis, je voulais surtout que notre discussion ne s'arrête pas là. Je voulais qu'elle dure des heures! Je voulais en savoir plus sur elle.

Elle voulait en savoir plus sur moi ?

La perspective ne me réjouissait pas. Mon histoire était plutôt triste et puis, cela allait l'amener à connaître mon pouvoir.

Mon sourire se fit plus discret et mes traits s'assombrirent un peu. Heureusement, elle dévia du sujet et il me parut alors plus aisé de lui répondre.

Ah ? Ça... Et bien, je viens d'arriver. Je vais être en première année, vu mon âge. Et je suppose que je suis là pour suivre toute ma scolarité ici. Après tout, je veux vivre dans le monde des humains ensuite.

Tout d'un coup, je me rendis compte que j'étais toujours debout un peu au milieu de la pièce, sans raison apparente. Mais, je ne pouvais pas vraiment aller jusqu'à mon lit sans m'éloigner d'Aishi.

Alors, après un court instant d'hésitation ou je parcourrai les alentours du regard, je décidai de m'asseoir en tailleur sur la moquette de la chambre.

J'ai cru comprendre aussi que j'allai vivre dans cette chambre. Je n'ai pas encore eu de cours, donc je n'en sais rien mais je suppose que ça doit pas être plus terrible qu'ailleurs à Hybriland.

Elle avait toujours vécu dans le monde des humains ? Ouah, c'était une chance, ça. On m'avait dit qu'il n'était pas si différent du miens mais quand même. C'était deux mondes différents. Ça ne voulait pas rien dire! Il devait y avoir des trucs à savoir.

Tu vas pouvoir m'apprendre pleins de trucs! Vu que je compte y rester toute ma vie, j'aurai bien besoin de conseil.

M'exclamai-je avant d'abaisser légèrement le menton sans quitter son regard du mien.

Peut-être vais-je trop loin, trop vite ? Il ne faut pas que je l'envahisse non plus... Elle vient d'arriver, elle a peut être envie de faire pleins d'autres trucs.

Enfin... Si tu veux bien, hein ?

Il n'était pas dit, après tout, qu'elle serait forcément enchanté à l'idée de se trainer un boulet comme moi. Nul doute qu'elle devait être une fille géniale, avec pleins d'amis et tout. Moi, j'étais loin d'être envié.

Je comprendrai si tu préférai pas...

Je perdais alors mon regard sur la moquette, mes traits s'attristant. J'avais l'habitude après tout. Être rejeté, c'était quelque chose de normal pour moi. A cause de mon pouvoir, les gens prenaient toujours de la distance. D'ailleurs...

Mon visage s’illumina d'un sourire à sa réponse. Je ne pouvais croire qu'elle n'est eu jamais beaucoup d'amis. Elle était gentille, belle et sociable.

Je ne vis pas de quoi elle parla ensuite. Il fallait que ça vaille la peine pour être enthousiaste? Il ne suffisait pas se d’enthousiasmé sans se poser de question ?

Elle semblait soudainement triste, je ne saurais dire pourquoi mais j'en avais la sensation. Puis, elle me demanda si je voulais qu'on soit ami.

Oui!

J'avais presque crié. C'était sorti du cœur et maintenant je me sentais terriblement bête. J'avais de nouveau perdu le contrôle. Je m'étais empressé et maintenant je rougissais comme une pivoine en fouillant la moquette de mon regard.

Je veux dire... Je serai très heureux d'être ton ami. Ca me plairait beaucoup.

Je relevai mes yeux pour les plonger dans les siens, un sourire timide aux lèvres.

J'en fais trop. J'en fais tellement trop! Je suis un crétin. Mais j'en ai tellement envie! Je veux être proche d'elle.

Au moment ou elle levait les yeux, j'étais déjà près d'elle. Je n'avais pas pu résister. C'était comme un appel impérieux, un rôle à jouer, un devoir à accomplir, un instinct protecteur. Je l'entourai alors doucement de mes bras, posant l'une de mes mains sur son dos et l'autre derrière sa tête.

Ça va aller...

Lui dis-je alors sans trop savoir de quoi je parlai. Je savais juste que je devais la rassurer, qu'elle devait se sentir soutenue et que ces mots-là pouvaient le lui montrer.

J'étais un peu plus grand qu'elle, une dizaine de centimètres. Mais c'était idéal, non ? Comme ça, elle pouvait poser sa tête contre mon épaule et moi, je n'avais qu'à me baisser un peu pour embrasser ses joues.

Je caressai ses cheveux et massai l'arrière de sa tête comme pour la détendre. Ces gestes, je ne les avais appris nul part. J'étais un enfant unique et mes parents n'avaient jamais vraiment montré beaucoup d'affections à mon encontre. Pourtant, ces gestes là, je les connaissais. C'était étrange et ça ne me ressemblait pas du tout. Peut-être qu'Aishi y était pour quelque chose?

Quelle semblait délicate et fragile! On ne s'en rends jamais assez compte quand on est un garçon car on se sent solide, rude et costaud. On a jamais cette impression de fragilité, de préciosité, de grâce qu'on rencontre soudain quand on tient une femme dans ses bras.

C'est comme un autre monde, moins dur, moins violent et moins heurté. Un monde qui serait plus doux, plus chaud et plus tendre, qu'on aurait envie de serrer contre soi, de protéger de ses bras, de préserver comme un secret sur l'existence, un trésor du monde, une source de force.

N'y résistant pas plus, je venais coller ma joue contre celle couverte de larmes d'Aishi pour lui déposer un tendre baiser et lui souffler.

On est ami, on est plus seul, ok ?

Sans que je ne m'en rende compte, je pleurai aussi et cela se perçu à ma voix légèrement tremblotante.

Aimer... Hein ? De ? Quoi ? Mais ?!

Elle fila alors de la pièce.

Qu'est ce que j'ai fais! Qu'est-ce que j'ai fais ?!

Non, attends, Aishi! Attends!

Je me mis à sa poursuite sans hésiter. Parce que j'étais pas du genre à hésiter... Ni à réfléchir non plus... Je la trouvais alors contre le mur du couloir en train de pleurer piteusement.

Ai-chan...

Reprenant mon souffle, je semblais désemparé. Je m'approchai doucement d'elle et posais mes mains sur ses épaules, plongeant mon regard dans le sien.

Hey... Ai-chan...

Qu'est ce que je pouvais répondre à ça ? Aimer, c'était un très grand mot! Je pouvais pas me mettre à aimer une fille juste en trente minutes, si ? On peut ?

Je...

Je pouvais pas lui dire ce qu'elle voulait entendre sans en être certain mais je n'en étais pas certain! Les hommes sont comme ça, il leur faut plus de temps, Aishi! On peut pas demander à un homme de se décider si vite sur un truc aussi important. Pitié!

Je suis heureux que... Tu puisses m'aimer mais... On ne sait pas grand chose l'un de l'autre et... Ça serait pas bien de ma part de te dire que je t'aime aussi si j'en suis pas certain!

Pareil pour toi, tu comprends? Tu crois que tu m'aimes. Mais aimer, moi, je sais pas ce que je sais, tu vois? C'est gros, je crois! Énorme, même! Mais mon avis que ça prend un peu plus de temps à se faire.

Alors, on devrait se laisser le temps. Le temps de se connaître, le temps de partager, le temps d'affronter ensemble. On va passer toute notre scolarité ici, on va être dans la même chambre, peut-être même dans la même classe! On est pas prêt de se quitter! Tu vois ?!

Je lui faisais un grand sourire, histoire de la remettre d'aplomb.

Quel idiot... Mais quel idiot!

Je me sentais alors tellement bête. C'était moi qui m'était emballé en vérité. J'avais cru... Rah, c'était trop gênant même d'y repenser. Le visage rouge comme une pivoine, la gêne ne m'empêcha pas d'accompagner son rire du mien.

Elle dû ensuite communiquer avec son familier car elle parue un peu perdue. Je l'aidai à se relever puis la regardai partir en sautillant tel un joli petit lutin. Un sourire resta sur mon visage, expression discrète de la chaleur que je ressentais dans mon cœur.

Je soupirai mais ce n'était ni de lassitude ou d'amertume mais bien d'émotions. Le tourbillon dans lequel nous avions été entrainé il y a quelques minutes venait de s'évanouir aussi vite qu'il était arrivé. Je n'étais pas habitué. Je n'avais rien senti de tel dans ma vie, rien d'aussi agréable et passionné. J’espérai qu'accompagner Aishi allait m'offrir encore ce genre d'expérience dans le futur.

En attendant, je regagnai la chambre ou elle s'était, elle-même, rendue. Passant la porte, je lui demandai.

En fait, comment me permets-tu de t'appeler? Nobuaki-san ?

Je l'avais appelé Ai-chan pas plus tard qu'il y a deux minutes mais c'était clairement dans la précipitation et histoire de la rassurer en me montrant affectueux. Je pensais pas pouvoir la nommer ainsi en public sans que des gens se fassent des idées.

Mon regard se posa sur elle alors qu'elle rangeait ses ... sous-vêtements... Mes yeux se hâtèrent alors de plonger vers le sol avant que je ne me retourne, l'air de rien, pour aller vers mon lit.