Ce matin là, je m’étais réveillé avec une certaine appréhension de ce qui pourrait arriver dans la journée. Vous ne voyez peut-être pas de quoi je veux parler…Et bien c’est simple. Aujourd’hui n’était pas un jour comme les autres. Ma classe et moi allions nous rendre à la forêt de bambous si célèbre de Kyoto. Je m’étais d’ailleurs toujours demandé à quel point ces végétaux pouvaient être grands. Avaient-ils déjà pu atteindre les étoiles ? Ou donner l’impression de les toucher ? Toutes ses questions se mélangeaient dans mon esprit partagé par la curiosité de voir les bambous de plus près, et la peur que j’éprouvais à me balader dans une ville aussi imprévisible que l’était Kyoto…Je devais avouer me méfier pas mal de la foule car une dame maladroite pouvait bien me renverser de l’eau dessus comme la dernière fois. Enfin bon, j’avais envie d’être présent pour mes camarades de classe. J’étais leur délégué désormais, alors il faudrait que je me montre plus courageux à l’avenir…Enfin…je ne voulais surtout pas leur faire trop de honte.

Ce fut donc vers 9h00 que le train commença son trajet pour nous emmener à la gare de Kyoto. Nous n’avions pas eu besoin de dépenser de l’argent puisque l’excursion d’aujourd’hui était exclusivement prise en charge par le pensionnat. Je pu donc m’adosser tranquillement contre la vitre qui se trouvait à ma gauche, pour observer les divers paysages de Nara défiler devant moi…Maintenant que j’y pensais, il était vrai que je ne sortais pas si souvent que ça…Il y avait tellement de chose que je redoutais…L’inattendu entre autre.

La durée du trajet m’avait semblé plutôt courte. Il faut dire qu’une fois plongé dans mes pensées, le temps avait tendance à s’écouler plus rapidement pour moi. La classe 2 que nous formions avec mes camarades ne tarda pas à se retrouver à bord d'une navette. Cette fois, la proximité avec la foule ne me mit pas très à l'aise,  mais bon. Il fallait faire avec.

Lorsque que le bus se stoppa à l'entrée du parc, il était déjà 10h45. Je ne pu cacher mon émerveillement une fois face à face avec ces immenses végétaux. Le professeur ne nous avait pas vraiment menti sur la taille des bambous...Ils semblaient vraiment pouvoir toucher les cieux...Quelle chose extraordinaire.

Les minutes s'ecoulèrent vite, ou notre guide du jour nous expliqua un peu plus en détails l'origine de cette fameuse forêt de bambous. Je me montrais assidu comme à mon habitude,  même si mon esprit avait encore tendance à se perdre dans les histoires de notre tuteur...Vraiment.  j'aurais vraiment aimé essayé d'escalader ces tiges solides.  C'était une idée assez dangereuse et que je redoutais d'un certain côté,  mais l'imaginaire servait bien à quelque chose. Je ne pouvais néanmoins pas nier le fait que j'enviais pas mal Jeancool,  mon perroquet.  Ce dernier semblait d'ailleurs s'être hissé jusqu'au plus hauts sommets des végétaux.

A 12h30, la pause déjeuner pu commencer.  J'avais emmené un sandwich fait maison pour l'occasion ainsi qu'un soda acheté au distributeur du lycée.  Nous avions d'ailleurs obtenu quartier libre poir une durée de deux heures, tant que nous ne quittions pas le parc. J'étais donc là.  Assit sur ce banc comme un idiot à me demander bien ce que j'allais pouvoir faire après manger...D'ailleurs, lorsque cet inconnu s'approcha de moi pour m'annoncer le prix de ses bouteilles d'eau,  je ne pu que lâcher un cri de surprise à la vue de tout le chariot qu'il se trimballait avec lui. Le vendeur ambulant ne compris pas pourquoi j'affichais une mine si apeurée à la vue de sa cargaison...C'était bien normal. Autant d'eau comme ça. Ça avait déclenché une véritable angoisse chez moi. Celle de me retrouver engouffrer dans une quantité terrifiante d'eau. Je ne pouvais que lui faire des gestes grotesques indiquant que je voulais qu'il s'éloigne de moi avant que je ne fasse une crise cardiaque...Enfin. Le plus gênant dans cette histoire c'est que j'attirais l'attention sur ma personne et ce malgré moi...Je devais passer pour un clown débile aux yeux du reste de ma classe.

Je continuais de faire des gestes tous les plus incompréhensibles les uns des autres à mon interlocuteur. A cet instant précis, j'avais vraiment peur qu'il m'asperge avec sa bouteille. Une situation assez irréaliste, certes, mais que vouliez vous ? J'avais vraiment la trouille. C'est alors qu'une de mes collègues de classe intervenu.

"Qu'est ce qui se passe Étienne ?"

Lilianna, c'était son prénom. Une étudiante à la chevelure blonde avec qui j'avais déjà eu l'occasion de travailler sur quelques projets de cours. Je la savais sérieuse et assidue. Mais sa question, aussi simple soit-elle, me fit réfléchir quelques instants. Qu'est-ce qui était en train de se passer ? Et bien l'idiot qui se tenait devant elle essayait de se débarrasser maladroitement du commerçant. Ce dernier finit par s'éloigner de moi, ma façon bizarre de gigoter l'avait sans doute convaincu de me laisser tranquille. Quel soulagement. j'avais l'impression d'avoir survécu à un tsunami ! Mais maintenant que ma peur se dissipait, je réalisais peu à peu le ridicule de la situation, ne cachant pas ma gène à Lilianna. Quel abruti…Devais-je lui révéler la raison d'un tel agissement ? C'était plutôt…Plutôt gênant.

"Je…Ce n'était rien."

Voilà, je faisais mon trouillard. Je n'avais finalement rien dit, même si je savais très bien au fond de moi que quelqu'un finirait bien par lui en parler. Peut-être avais-je eu peur de passer pour un délégué minable ? Oui, c'était sans doute ça. Je savais très bien que certains élèves de la classe me voyaient comme tel et cela me blessait un peu.

"Braaaa ! Il a peur ! Peur de l'eaaaaau !"

Cette voix…C'était Jeancool qui venait de se poser soudainement sur ma tête, m'arrachant même un petit sursautement de surprise. Je n'aimais pas vraiment quand il faisait ça ! Et puis…Attend que venait-il de lui dire ?…Non Jeancool par pitié ! Tu n'avais pas le droit de lui en parler ! Voilà maintenant que j'étais rouge de honte. Vraiment, Il fallait que je tente de rattraper la situation:

"Heu…oui…enfin non…Enfin oui. Le commerçant m'a juste un peu effrayé…avec sa cargaison. Mais tout va bien maintenant !"